Surtsey

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Article principal : Volcans d'Islande.
Surtsey
Surtsey au dessus des flots
Surtsey au dessus des flots
Altitude 174 m
Pays Islande Islande
Massif Îles Vestmann
Type Volcan rouge
Activité Actif
Dernière éruption 8 novembre 1963 - 5 juin 1967
Code [1] 1702-01
Observatoire volcanologique Nordic Volcanological Institute
Coordonnées géo. 63° 18′ 11″ N 20° 36′ 11″ W / 63.303056, -20.603056
Surtsey
Localisation de Surtsey en Islande
Pays Islande
Localisation Océan Atlantique
63°18′N 20°36′W / 63.3, -20.6
Superficie 1,4 km²
Point culminant non nommé
174 m
Population inhabitée

Surtsey est une île volcanique située sur la côte sud de l'Islande. Elle s'est formée à la suite d'une éruption volcanique qui a commencé à 130 mètres sous le niveau de la mer et a atteint la surface le 14 novembre 1963. L'éruption a dû commencer quelques jours plus tôt et s'est terminée le 5 juin 1967. C'est à ce moment que l'île a atteint 2,7 km2, sa superficie maximale, avec un sommet culminant à 173 mètres d'altitude. Depuis, en raison de l'érosion due au vent et aux vagues, l'île a diminué de taille pour ne plus atteindre que 1,4 km2 en 2005. De surcroît elle a perdu en altitude par l'érosion, par le compactage des couches sédimentaires sous-jacentes et à moindre degré par l'isostasie de la lithosphère.

Dès son apparition, l'île fut étudiée par de nombreux volcanologues et, depuis la fin de l'éruption, elle est l'objet de l'intérêt des botanistes et des biologistes car la vie a colonisé l'île peu à peu. En 2001, le gouvernement islandais a présenté l'île à l'UNESCO en vue d'être listée comme un site du patrimoine mondial[1]. Elle est interdite au public ; seuls sont admis les scientifiques.

Son nom signifie en islandais « l'île de Surtur », le Vulcain ou géant du feu de la mythologie nordique.

Sommaire

[modifier] Géographie

[modifier] Situation

À 63° 18' de latitude Nord et 20° 36' de longitude Ouest, elle se situe à l'extrémité sud de l'Islande, à une vingtaine de kilomètres des îles Vestmann. C'est le point le plus au sud de l'Islande depuis sa formation[2]. Surtsey fait partie de l'archipel des îles Vestmann, constitué de dix-huit îles et de nombreux récifs. L'île la plus importante de l'archipel est Heimaey avec une superficie de 13,6 km2. Avec 4 200 habitants c'est aussi la seule île habitée de l'archipel[3].

L'accès est difficile car soumis à l'autorisation du muséum d'histoire naturelle de Reykjavik. Le survol de l'île est autorisé et permet d'observer l'ensemble de l'île[4].

[modifier] Système volcanique des îles Vestmann

Carte du système volcanique de l'Islande : Surtsey fait partie du système volcanique des îles Vestmann au sud-ouest.
Carte du système volcanique de l'Islande : Surtsey fait partie du système volcanique des îles Vestmann au sud-ouest.

Les cheminées sous marines qui ont donné naissance à Surtsey font partie de Vestmannaeyjar, un système volcanique sous marin qui fait partie de la faille qui court au centre de l'océan Atlantique. Ce système volcanique est situé à l'extrémité sud-est de l'arc volcanique islandais et fait partie de la formation Nordurklettar. C'est un système récent dont l'activité a débuté il y a 100 000 ans par de nombreux petits volcans[3]. Il est aussi caractérisé par une absence d'activité hydrothermale et par la formation de tufs de palagonite et de brèches surmontées de laves. Cette zone est constituée essentiellement de basaltes alcalins à olivine[5]. Durant l'Holocène, l'activité volcanique de cette zone a été faible.

Carte des îles Vestmann.
Carte des îles Vestmann.

L'archipel des Vestmann est constitué d'environ quatre-vingt volcans dont dix-sept situés au-dessus de la mer. De plus, trois volcans constituent l'île de Heimaey, l'île principale de l'archipel[6]. Leur apparition est similaire à celle de Surtsey par une éruption phréatique sur le plancher océanique. Les volcans les plus importants sont Bjarnarey, Elliðaey et Suðurey, ainsi que les volcans Stórhöfði et Sæfell-Helgafell sur l'île Heimaey. On dénombre vingt-quatre éruptions volcaniques dans le système volcanique des îles Vestmann dont deux éruptions au XIXe siècle : la célèbre éruption d'Eldfell sur l'île d'Heimaey en 1973 et celle de Surtsey entre 1963 et 1967[7]. Depuis plusieurs dizaines d'années, le système volcanique était considéré comme éteint jusqu'aux récentes éruptions. Les scientifiques s'accordent pour dire que la zone est redevenue active[8].

Les plus importantes activités volcaniques du système se rencontrent sur l'île Heimaey, la plus grande île de l'archipel. Il s'agit du point central de l'activité du système qui se serait formé il y a 5 000 à 6 000 ans avec les volcans de Stórhöfði et Sæfell-Helgafell[9]. La zone est considérée comme extrêmement dangereuse pour la population islandaise car elle est isolée par des îles et rend donc difficile d'éventuelles évacuations en cas d'éruptions. De plus, le régime magmatique du complexe associé au peu d'informations annonciatrices d'une éruption rend les volcans de cette zone particulièrement dangereux[8].

[modifier] Topographie

Carte topographique de Surtsey.
Carte topographique de Surtsey.

Le volcan Surtsey, à la fois aérien et marin, forme l'île du même nom. La taille maximale du volcan à sa base est de 2,9 km pour une aire de 13,2 km2. Sa hauteur est de 285 mètres dont 130 mètres sous la mer. Ces mesures ont été obtenues par l'administration maritime d'Islande qui a opéré une mission autour du volcan en 2000. L'île a beaucoup changé depuis sa formation et la fin des éruptions en 1967. L'érosion a joué un grand rôle dans son aspect actuel[10].

Aujourd'hui, l'île mesure 1,33 km de large d'est en ouest et 1,80 km de long du nord au sud, pour une hauteur de 155 mètres au dessus du niveau 0 de la mer. L'île est constituée de deux cônes volcaniques appelés Surtungur à l'ouest et Surtur à l'est. Chaque cône est surplombé d'un pic : le Vesturbunki à l'ouest à 141 mètres d'altitude et l'Austurbunki à l'est à 154 mètres d'altitude, point culminant de Surtsey. Les cônes sont constitués de tephra et de tuf de palagonite tandis que le flanc sud du volcan est constitué de laves. Chaque cône est morcelé par de nombreuses fissures et de nombreux petits cratères[11]. Les cratères de tufs sont de taille moyenne par rapport aux autres volcans d'Islande avec respectivement une largeur de 0,43 km pour Surtur et 0,52 km pour Surtungur[12]. Le sud de l'île présente des falaises abruptes, face au large et des plages de sable noir au nord constitué de nombreux sédiments. L'ouest de l'île sous le Vesturbunki est une falaise de 135 mètres de haut surplombant la mer.

En mer, la profondeur autour de l'île est variable et des éruptions ont formé quelques petites îles aujourd'hui disparues sous l'eau. Le plus vieux point volcanique est celui de Surtla situé à 2,5 km au nord-nord-est de Surtsey. Ce point est à une profondeur de 60 mètres et mesure entre 0,6 km de large et 0,9 km de long. Cette zone s'est formée lors de l'éruption de décembre 1963 à janvier 1964. Plus proche de l'île se trouve Syrtlingur dont l'éruption s'est déroulée en 1965. Cette plate-forme sous marine se trouve à une profondeur de 70 à 80 mètres. Enfin, une dernière plate-forme se situant à l'est à 1 km de Surtsey et appelé Jólnir s'est formée durant l'éruption de 1965-1966[13]. L'ensemble de ces formations ainsi que l'île Surtsey se sont formés le long de la même faille.

[modifier] Volcanisme et géologie

Schéma d'une éruption volcanique de type surtseyen.
Schéma d'une éruption volcanique de type surtseyen.

Le volcan Surtsey est un modèle en terme de volcanisme et a permis de comprendre la formation des îles de l'archipel des Vestmann. C'est l'un des volcans les plus étudiés et observés d'Islande. Il a donné son nom à un type de volcanisme appelé « surtseyen » qui définit les volcans explosifs se formant sous quelques mètres d'eau[14].

Les éruptions se caractérisent par une phase hydromagmatique suivie par une activité volcanique de type hawaïen, dès que le cratère est sortie de l'eau. Tant que l'eau recouvre le cratère, la lave sort par une fissure et forme une montagne en table faite de pillow lavas et de hyaloclastites. La pression de l'eau empêche toute activité explosive ce qui explique que personne ne s'est aperçu au départ de l'éruption. Puis lorsque le cratère monte vers la surface de l'eau et que la pression devient plus faible, l'activité devient explosive car l'eau froide en contact avec le magma à plus de 1 000°C, ce qui provoque une réaction violente. Elle engendre dès lors un important panache blanc constitué de vapeurs d'eau et de cendres appelées cypressoïdes[15]. Une fois que le cratère dépasse le niveau de la mer, son activité se transforme en activité effusive. La lave est alors à l'origine de la formation de l'île[16].

Carte géologique de l'île Surtsey.
Carte géologique de l'île Surtsey.

Le volcan Surtsey est considéré comme un tuya c'est-à-dire une montagne plate issue d'un volcan qui s'est formé par éruption sous une profondeur d'eau de mer faible[17]. Le terme tuya n'était au départ utilisé que pour les volcans se formant sous un glacier mais il a été étendu aux volcans se formant dans un lac ou en eau de mer peu profonde[18] car sa formation est très similaire à celle des volcans subglaciaires.

Le volcan est constitué de deux composants majeurs : les téphras et la lave. Une grande partie des tephras est constituée de basalte issu du magma refroidi lors du passage dans l'eau de mer. Les tephras forment aujourd'hui les deux cônes principaux du volcan et recouvrent une superficie de 0,34 km2. Ce type de cratères est nommé tephra ou anneau de tufs[12]. La lave du volcan de Surtsey est du basalte alcalin à olivine qui a les mêmes caractéristiques que celui retrouvé dans le reste de l'archipel des Vestmann ainsi que dans la péninsule de Snæfellsnes à l'ouest de l'Islande[19]. D'autres composants se sont également formés sur l'île comme les tufs de palagonite, les lœss et de nombreux sédiments issus de l'érosion des flancs du volcan et des côtes de l'île.

[modifier] Climat

Le climat de Surtsey est relativement doux. La température moyenne du mois de juillet est de 10 °C et il ne gèle jamais entre mai et octobre[20]. Le reste de l'année, les températures moyennes mensuelles sont rarement inférieures à 0 °C ; en effet, l'île bénéficie de l'influence des courants chauds du Gulf Stream et plus particulièrement du courant d'Irminger. De plus elle est soumise à des vents dominants de sud et sud-ouest, amenant une forte quantité de précipitations, jusqu'à 1 200 mm par an. La combinaison de ces masses d'eau chaude et de l'humidité de l'air entraîne la formation fréquente de brouillard[21].

  Relevés aux Îles Vestmann (124 m)[22],[23]
Mois Janv Fév Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Déc Année
Températures moyennes (°C) 1 2 2 3 6 8 10 10 7 5 2 1 4,75
Précipitations moyennes (mm) 158 139 141 117 105 102 95 140 131 162 154 144 1 588

[modifier] Histoire

[modifier] Prémisses de l'éruption

Le 14 novembre 1963 à 07h15, le cuisinier du Isleifur II, un chalutier croisant au large de l'archipel des îles Vestmann, au sud de l'Islande, remarque une colonne de fumée sombre en direction du sud-ouest. Le navire s'approche peu à peu de celle-ci car le commandant de bord pense en premier lieu qu'il s'agit d'un bateau en feu. Au lieu de cela, l'équipage découvre des explosions éruptives générant des colonnes de cendres, signes d'une éruption sous-marine[4].

Bien que l'éruption n'ait pas été prévue, certaines indications indiquaient qu'une activité volcanique était imminente. Une semaine auparavant, un sismographe à Reykjavík enregistre des faibles secousses, mais leur position n'a pas été déterminée. Deux jours avant le début de l'éruption, un navire de recherche marine note que la mer dans cette zone est plus chaude que la normale. De plus, les habitants de la ville côtière de Vik sur le continent à quatre-vingt kilomètres avaient remarqué une odeur de sulfure d'hydrogène[4].

Il est probable que l'éruption ait commencé quelques jours avant le 14 novembre. Le fond de la mer est situé à 130 mètres en-dessous de la surface et, à cette profondeur, les explosions sont étouffées par la pression de l'eau. Comme l'éruption construit peu à peu un volcan s'approchant du niveau de la mer, les explosions apparaissent à la surface[24].

[modifier] Le début des éruptions

Surtsey en éruption lors de sa formation.
Surtsey en éruption lors de sa formation.

À 11h00, le 14 novembre 1963, le panache volcanique de l'éruption atteint 6 000 mètres de hauteur[4]. Au début, les éruptions ont lieu à trois endroits différents le long d'un axe nord-est/sud-ouest par des fissures volcaniques. Mais l'après-midi les panaches de l'éruption fusionnent en un seul panache le long de la fissure. Au cours de la semaine suivante les explosions sont continuelles et après seulement quelques jours, le 16 novembre, une nouvelle île formée essentiellement de scories apparaît, mesurant plus de 500 mètres de long pour une hauteur de 45 mètres[4].

La nouvelle île est nommée d'après le dieu du feu Surt de la mythologie scandinave. Plus tard, les éruptions continuent et se concentrent au niveau d'un évent le long de la fissure, agrandissant progressivement l'île avec une forme plus circulaire. Le 24 novembre, elle mesure environ 900 mètres sur 650 mètres. Les violentes explosions provoquées par la rencontre de la lave et de l'eau de mer explique que l'île se compose d'un tas de roche volcanique, les scories. Cette formation est rapidement érodée par les vents de l'océan Atlantique nord durant les tempêtes d'hiver. Toutefois, les éruptions sont plus importantes que le rythme de l'érosion des vagues, et en février 1964, l'île a un diamètre maximal de plus de 1300 mètres.

Le 6 décembre 1963, trois journalistes français du magazine Paris Match atterrissent sur l'île. Ils y restent pendant environ quinze minutes avant que la violence des explosions ne les encouragent à partir. Par plaisanterie, ils revendiquent la souveraineté de l'île, mais l'Islande affirme rapidement que la nouvelle île lui appartient puisqu'elle fait partie de ses eaux territoriales. Le volcan Ferdinandea, près de la Sicile, est une île similaire créée par des éruptions volcaniques dont la souveraineté a fait l'objet de nombreux différends.

Le 28 décembre 1963, une autre éruption phréatique apparait à 2,5 km au nord-est de Surtsey formant une crête de 100 mètres de haut au-dessus du plancher océanique. Le mont sous-marin est nommé Surtla mais n'a jamais atteint le niveau de la mer[24]. L'éruption de Surtla se termine le 6 janvier 1964 et le mont a depuis été érodé pour atteindre une profondeur minimale de 23 à 47 mètres en-dessous du niveau de la mer.

[modifier] La formation de l'île

Formation de l'île observée depuis un avion le 30 novembre 1963.
Formation de l'île observée depuis un avion le 30 novembre 1963.

Les premiers signes d'accalmie apparaissent le 20 novembre avec un arrêt des éruptions de cinq minutes puis le 16 décembre avec un arrêt de dix-sept heures. Les scientifiques profitent de cette accalmie pour venir prélever des échantillons de laves et de scories. Ils identifient de la lave à phénocristaux d'olivine. Fin janvier 1964, l'activité explosive de l'éruption cesse sur l'île de Surtsey[25].

Les explosions de l'éruption phréatique ont jeté des pierres jusqu'à un kilomètre de l'île à cause de la facilité d'accès de l'eau aux bouches. Elles ont également envoyé des cendres volcaniques jusqu'à 10 kilomètres d'altitude. Le tas d'ejecta non consolidé a rapidement été emporté avec l'arrivée du magma et les grands nuages de poussière ont longtemps été aperçus s'échappant de l'île au cours de cette phase de l'éruption.

Dès le début de l'année 1964, la persistance des éruptions abouti à une île aux dimensions telles que l'eau de mer ne peut plus atteindre les évents. Aussi, l'activité volcanique devient beaucoup moins explosive. Les fontaines et les coulées de lave deviennent la principale forme d'activité. Elles permettent la formation d'une enveloppe de roches très résistante à l'érosion sur le dessus d'une grande partie de la butte volcanique, ce qui empêche l'île d'être emportée. Un lac de lave de 120 mètres se forme sur l'île et plusieurs coulées sont observées. L'éruption effusive de type hawaïen se poursuit jusqu'en mai 1965, date à laquelle l'île atteint une superficie de 2,5 km2[25].

[modifier] La fin progressive des éruptions

Les cratères vus d'avion aujourd'hui.
Les cratères vus d'avion aujourd'hui.

En 1965, l'activité volcanique sur l'île a diminué, mais à la fin du mois de mai de cette même année, une éruption commence par un évent à 0,6 km au large sur la rive nord. Le 28 mai, une île apparaît et est nommé Syrtlingur. Les éruptions de Syrtlingur se poursuivent jusqu'au début du mois d'octobre 1965, époque à laquelle l'île atteint une superficie de 0,15 km2. Cependant, ce nouvel affleurement au dessus de l'eau est rapidement érodé dès que les éruptions cessent le 24 octobre[24].

Un des cratères vu depuis la mer.
Un des cratères vu depuis la mer.

Le 28 décembre 1965, une autre activité sous-marine est détectée à 0,9 km au sud-ouest de Surtsey. Une autre île, nommée Jólnir, se forme. Pendant les huit mois de l'éruption, elle atteint 70 mètres de haut pour une superficie de 0,3 km2. Comme Syrtlingur, l'activité volcanique cesse après le 8 août 1966 et l'île s'érode pour disparaître sous le niveau de la mer durant le mois d'octobre 1966[26].

Le 19 août 1966, les éruptions effusives de l'île principale reprennent, lui apportant davantage de matériaux résistants à l'érosion. L'éruption se réduit progressivement et le 5 juin 1967, l'éruption est terminée. Le volcan est alors en sommeil depuis cette période. Le volume total de matériaux éruptifs émis pendant les trois ans et demi de l'éruption est d'environ 1,1 km3 dont 70 % de tephra et 30 % de lave. L'île a également atteint une superficie de 2,65 km2 pour une altitude de 174 mètres au-dessus de la mer[10].

Depuis la fin de l'éruption, l'érosion de l'île a provoqué une diminution de sa taille. Une grande partie du côté sud-est de l'île a été complètement érodée tandis qu'au nord un banc de sable appelé Norðurtangi (pointe nord) s'est formé. On estime que près de 0,024 km3 de matière a été perdu en raison de l'érosion, ce qui représente environ un quart du volume original de l'île au-dessus du niveau de la mer[27].

[modifier] L'apparition de la vie

Surtsey est devenu un site classique pour l'étude de la biocolonisation de populations fondatrices venant de l'extérieur (allochthone). Elle est classée comme réserve naturelle en 1965 alors que l'éruption est encore active. Aujourd'hui, seul un petit nombre de scientifiques sont autorisés à accoster sur Surtsey. Seule l'observation depuis un avion est encore autorisée. Cela permet de laisser se constituer une succession écologique de l'île sans interférence humaine ou extérieure.

[modifier] Vie végétale

Au cours de l'été 1965, les premières plantes vasculaires sont découvertes sur Surtsey. La première plante est découverte le 3 juin 1965 et s'appelle Cakile edentula[26]. Les mousses sont visibles en 1968 et les lichens colonisent la lave à partir de 1970. La colonisation par les plantes a minutieusement été étudiée, surtout les plantes vasculaires dont la croissance et le développement sont beaucoup plus significatifs que les mousses et les lichens[28].

Mousses et lichens recouvrent rapidement une bonne partie de l'île. Les vingt années suivant l'apparition de l'île, vingt espèces de plantes ont été observées à un moment ou à un autre, mais seulement dix se sont finalement installées dans le sol sablonneux pauvre en nutriments. Avec la nidification des oiseaux sur l'île, les conditions du sol se sont améliorées et des plantes plus complexes ont pu survivre. En 1998, le premier buisson a été retrouvé sur l'île, une plante du genre Salix phylicifolia qui peut atteindre jusqu'à quatre mètres de haut. Au total, au moins soixante espèces de plantes ont été trouvées sur Surtsey, dont environ une trentaine se sont établies. D'autres espèces continuent de coloniser l'île à une vitesse d'environ deux à cinq nouvelles espèces par an[28]. En juillet 2007, cinq espèces de plantes ont été découvertes pour la première fois[29].

[modifier] Oiseaux

Les premiers macareux ont été trouvés sur Surtsey en 2004.
Les premiers macareux ont été trouvés sur Surtsey en 2004.

L'expansion de l'avifaune de l'île a contribué à faire progresser la colonisation de la vie végétale. En effet, les oiseaux assurent la dispersion des végétaux lorsqu'ils transportent des morceaux de plantes pour la nidification. Ils jouent aussi un rôle dans la dissémination des graines et fertilisent les sols avec leur guano. La nidification des oiseaux sur Surtsey a commencé trois ans après la fin de l'éruption avec tout d'abord des fulmars puis des guillemots. Huit espèces sont maintenant régulièrement observées sur l'île.

Les colonies de mouettes ne sont présentes que depuis 1986 bien qu'elles aient été observées sur les rives de la nouvelle île quelques semaines après son apparition. Les colonies sont très importantes dans le développement de la vie végétale sur Surtsey, et les mouettes ont eu beaucoup plus d'impact sur la colonisation végétale que d'autres espèces en raison de leur abondance. Une expédition en 2004 a révélé les premiers signes de nidification de macareux moines sur l'île. Les macareux sont extrêmement fréquents dans le reste de l'archipel.

En plus de fournir une zone de nidification pour certaines espèces d'oiseaux, Surtsey est aussi un lieu de repos sur la route des migrateurs, en particulier pour ceux qui transitent entre les îles Britanniques et l'Islande. Les espèces aperçues sur l'île sont le cygne chanteur, et diverses espèces d'oie et de corbeaux. Bien que Surtsey se trouve à l'est des principaux axes de migration, l'île est devenue un point d'arrêt assez fréquenté avec l'augmentation de sa végétation[30].

[modifier] La vie marine

Peu de temps après la formation de l'île, des phoques ont été observés autour de l'île. Ils ont bientôt commencé à s'installer sur la grève en particulier sur la pointe nord qui grandissait au fur et à mesure que les vagues érodaient l'île. En 1993, les phoques se nourrissaient sur l'île et un groupe de soixante-dix individus a fait de l'île son lieu de vie. Les phoques gris sont plus répandus sur l'île que les phoques communs, mais les deux s'y sont désormais bien établis. La présence de phoques attire les orques, qui sont souvent aperçus dans les eaux de l'archipel des Vestmannaeyjar et autour de Surtsey.

Sur la partie immergée de l'île, de nombreuses espèces marines ont été découvertes. Les étoiles de mer sont abondantes, comme les oursins et les patelles. Les roches sont couvertes d'algues, et le varech recouvre la plus grande partie sous-marine des pentes du volcan, avec une couverture dense entre dix et vingt mètres au-dessous du niveau de la mer[31]

[modifier] Autres formes de vies

Les insectes ont envahi l'île de Surtsey peu après sa formation et sont découverts pour la première fois en 1964. Au début, ce sont les insectes volants qui accèdent à l'île par les airs. Certains ont parcouru de grandes distances depuis le centre de l'Europe continentale avant d'arriver sur Surtsey. Plus tard, des insectes non volants sont parvenus sur l'île dans des morceaux de bois flottants et des cadavres d'animaux échoués sur l'île. Des scientifiques ont analysé des mottes d'herbes arrivées sur l'île par la mer en 1974. Ils y découverts 663 invertébrés terrestres dont le plus souvent des mites et des collemboles qui ont pour la plupart survécu à la traversée[32].

Cet afflux d'insectes est une source de nourriture pour les oiseaux qui eux-mêmes ont permis l'établissement d'autres animaux sur l'île. Les cadavres d'oiseaux assurent la subsistance des insectes carnivores tandis que la fertilisation des sols et l'expansion de la flore offrent un habitat viable pour les insectes herbivores.

Certaines formes de vies supérieures ont également colonisé le sol de Surtsey. Les premiers vers de terre ont été trouvés dans un échantillon de sol en 1993, probablement apportés de Heimaey par un oiseau. Des limaces ont été découvertes en 1998 et ressemblaient à des variétés vivant dans le sud du territoire islandais. Des araignées et des coléoptères se sont également établis sur l'île[33],[34].

[modifier] L'avenir de l'île

L'île de Surtsey vue d'avion dans son ensemble, en 1999.
L'île de Surtsey vue d'avion dans son ensemble, en 1999.

Les scientifiques estiment que sauf nouvelle éruption l'île aura disparu dans 500 ans au plus tard. Il ne restera plus que des pitons de palagonite, issus de la transformation du basalte en roche dure par des bactéries et l'eau de mer.

Dès la fin de l'éruption, les scientifiques ont mis en place une grille de critères afin de mesurer les changements de forme de l'île. Dans les vingt ans qui suivent la fin de l'éruption, les mesures ont révélé que l'île ne cessait de s'effondrer verticalement et a perdu environ un mètre de hauteur. Le taux d'affaissement était à l'origine d'environ vingt centimètres par an, mais il a ralenti de un à deux centimètres par an depuis les années 1990. Il existe plusieurs causes à cet affaissement : un tassement des tephras formant l'essentiel du volcan, un compactage des sédiments du sol marin qui soutient l'île, la déformation et l'enfoncement de la lithosphère en raison du poids du volcan[35].

Évolution de la forme de Surtsey depuis sa formation.
Évolution de la forme de Surtsey depuis sa formation.

Le schéma typique du volcanisme dans l'archipel de Vestmannaeyjar est en général une éruption unique par site. Aussi, l'île est peu susceptible de s'élargir dans le futur par une nouvelle éruption. La mer autour de l'île l'a érodé dès son apparition et, depuis la fin de l'éruption, près de la moitié de sa superficie initiale a été perdue. L'île perd actuellement environ 10 000 m2 de superficie chaque année[36].

Toutefois, l'île a peu de risques de disparaître entièrement. La zone érodée actuelle est constituée de tephras fragiles facilement emportés par le vent et les vagues. Le reste de la surface de l'île est recouverte par des coulées de lave dures qui sont beaucoup plus résistantes à l'érosion. En outre, des réactions chimiques complexes au sein des tephras ont formé des tufs de palagonite peu à peu résistants à l'érosion durant un processus connu sous le nom de palagonitisation. Sur Surtsey, ce processus s'est passé très rapidement, en raison des températures élevées situées non loin sous la surface du volcan[37].

Les autres îles de l'archipel permettent de montrer les effets de siècles d'érosion.
Les autres îles de l'archipel permettent de montrer les effets de siècles d'érosion.

Bien que l'île s'érode et rapetisse, elle va probablement subsister pendant plusieurs siècles avant d'être complètement érodée. Une idée de sa future forme est visible en observant les autres petites îles de l'archipel des Vestmannaeyjar, qui se sont formées de la même manière que Surtsey plusieurs milliers d'années auparavant et qui se sont considérablement érodées depuis leur formation[36].

[modifier] Activités

Avant même la fin de la période éruptive, le gouvernement islandais décida que l'île deviendrait un laboratoire grandeur nature d'observation réservé aux scientifiques. Un organisme, la Surtsey Research Society, a été créé dès 1965 avec le soutien de fonds étrangers afin d'étudier le volcanisme et la géologie mais surtout l'installation progressive de la faune et de la flore.

[modifier] Annexes

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Surtsey.

[modifier] Notes et références

  1. (fr) Tentative d'inscription de Surtsey, UNESCO, patrimoine mondial. Consulté le 17-03-2008
  2. (en) [pdf] Document pour la présentation de Surtsey à la liste du patrimoine mondial de l'Unesco p.8
  3. ab (en) [pdf] Document pour la présentation de Surtsey à la liste du patrimoine mondial de l'Unesco p.13
  4. abcde M. Krafft, F.D. de Larouzière, Guide des volcans d'Europe et des Canaries, Éditions Delachaux et Niestlé, (ISBN 2-603-01155-3), 1999, p.183
  5. (fr) [pdf] Mémoire sur la Distribution de la taille des cristaux dans les laves basaltiques d'Islande, p. 19
  6. (fr) [pdf] Mémoire sur la Distribution de la taille des cristaux dans les laves basaltiques d'Islande, p. 20
  7. (en) [pdf] Document pour la présentation de Surtsey à la liste du patrimoine mondial de l'Unesco p.14
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