Sun Yat-sen

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Sun Yat-sen est un nom chinois, coréen, khmer ou vietnamien ; le nom de famille, Sun, précède donc le prénom.
Sun Yat-sen
Sun Yat-sen

Sun Yat-sen (孫中山, Sun Zhongshan en mandarin, 12 novembre 1866 - 12 mars 1925) était un leader révolutionnaire et un homme d'État chinois qui est considéré comme « le père de la Chine moderne ». Il a eu une influence significative dans le renversement de la dynastie Qing (dont le dernier représentant a été Pu Yi) et l'émergence de la République de Chine. Sun Yat-sen, l'un des fondateurs du Guomindang, a été le premier président de la République de Chine en 1912 et son leader de 1923 à 1925. Il a développé une philosophie politique connue sous le nom des trois principes du peuple (nationalisme, démocratie et bien-être du peuple).

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Enfance et années d'étude

Photo de Sun Yat-sen et de ses amis, surnommés Si Da Kou (四大寇), au Hong Kong College of Medicine for Chinese (de gauche à droite : Yang Heling, Sun Yat-sen, Chen Shaobai and You Lie ; debout, Guan Jingliang)
Photo de Sun Yat-sen et de ses amis, surnommés Si Da Kou (四大寇), au Hong Kong College of Medicine for Chinese (de gauche à droite : Yang Heling, Sun Yat-sen, Chen Shaobai and You Lie ; debout, Guan Jingliang)

Sun Yat-sen est né dans une famille aisée du village de Cuiheng (翠亨村), situé dans le district de Xiangshan, devenu depuis la ville de Zhongshan (en chinois 中山市), dans la province du Guangdong (广东), dans le sud de la Chine.

Après avoir été à l'école de son village, Sun Yat-sen, à l'âge de treize ans, va vivre avec un frère aîné, qui avait émigré à Honolulu (Hawaii), et qui y est devenu un marchand prospère. Il étudie ainsi au lycée de Iolani (1879-1882), au lycée Diocesan Boys (1883) et à la Queen's University (1884-1892) à Hong Kong. Il obtient finalement un diplôme de médecine à l'université de médecine pour les Chinois de Hong Kong, dont il a été l'un des deux premiers diplômés. Il pratique alors brièvement la médecine à Hong Kong en 1893. Il épouse à vingt ans Lu Muzhen (卢慕贞), qui provient du même village que lui. Elle lui donne un fils, Sun Ke et deux filles, Sun Yan et Sun Wan. Ils mèneront vite des vies séparées, Lu Muzhen n'étant pas en mesure de le suivre dans ses tribulations, en raison entre autres de ses pieds bandés. Sun Yat-sen aura par la suite une autre compagne qui l'assistera dans ses activités politiques, Chen Cuifang (陳粹芬 1873-1954). Considérée avec son accord comme une concubine par la famille Sun, elle est enterrée dans le cimetière familial. En 1914 il demande la main de Soong Ai-ling à son père Charles Soong qui refuse. L'année suivante, il épousera Song Qingling soeur de Ai-ling contre l'avis de Charles Soong, après avoir cette fois divorcé de Lu Muzhen car les Song sont méthodistes. C'est elle qui sera connue internationalement comme « Madame Sun Yat-sen ».

Ses années d'étude à Hawaii l'ont poussé à développer un fort intérêt pour le système économique américain, dont il devient l'un des plus ardents défenseurs. Il attache un intérêt tout particulier aux idées de Alexander Hamilton et Abraham Lincoln. La phrase de ce dernier « Le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple » lui inspire d'ailleurs ses « trois principes du peuple ».

[modifier] Carrière politique

Sun marque aussi sa forte opposition au gouvernement Qing de la Chine, et commence sa carrière politique en essayant d'organiser des groupes de réforme des Chinois exilés à Hong Kong. En octobre 1894 il fonde le Xingzhonghui (littéralement « société pour le redressement de la Chine ») pour exposer ses idées pour la prospérité de la Chine et comme plateforme de ses futures activités révolutionnaires.

En 1895, un coup d'État qu'il fomente échoue et il doit s'exiler pour seize ans en Europe, aux États-Unis, au Canada, puis au Japon, réunissant de l'argent pour son parti révolutionnaire. Au Japon, il rejoint d'autres groupes révolutionnaires chinois et fonde avec eux le Tongmenghui, ligue d'union dont il est élu président, et dont il exprime ainsi le programme : « Chasser les étrangers, restaurer la Chine, fonder une république et redistribuer équitablement les terres ».

[modifier] La création de la République de Chine

Le 10 octobre 1911, une révolte à Wuchang, à laquelle Sun Yat-sen n'est pas lié, provoque la chute du système impérial de la Chine, vieux de deux millénaires. Le 14 décembre un gouvernement républicain provisoire est proclamé et tous s'entendent sur l'appel à Sun Yat-sen pour en être président, prenant de vitesse Yuan Shikai. Sun Yat-sen, aux États-Unis après son expulsion du Japon, est surpris par la révolution qu'il apprend par la presse, mais il ne se hâte pas de rentrer. Il ne débarque à Shanghai que le 25 décembre 1911. Le 29 décembre, il est élu président provisoire et proclame à Nankin la République de Chine au début de 1912.

L'histoire officielle du Guomindang accentue fortement le rôle de Sun comme le premier président provisoire, mais un grand nombre d'historiens remettent en question le rôle de Sun dans la révolution de 1911 et indiquent qu'il n'a eu aucun rôle direct dans la révolte du Wuchang et qu'il était alors hors du pays. Dans cette interprétation, sa nomination en tant que premier président provisoire est due à sa position de personnalité respectée mais relativement peu importante, qui faisait de lui un candidat de compromis entre les camps révolutionnaire et conservateur.

Sun Yat-sen organise alors la République de Chine, en provoquant dans chaque province des élections destinées à établir l'Assemblée nationale de la République de Chine. Cette assemblée vote les objectifs et la loi provisoire de la République.

En 1911 la Révolution chinoise de Sun Yat Sen a lancé un mouvement de codification.

[modifier] La prise de pouvoir par Yuan Shikai

Cependant, le gouvernement provisoire est rapidement en position de faiblesse. Les provinces du sud de la Chine ont déclaré leur indépendance de la dynastie Qing, mais ce n'est pas le cas de la plupart de celles du Nord. De plus, le gouvernement provisoire ne dispose d'aucunes forces militaires propres, son contrôle des mutins de la Nouvelle Armée est limité et une grande partie des forces militaires ne se sont pas prononcées contre les Qing.

L'hypothèse d'une intervention des puissances occidentales en Chine pour soutenir l'empire inquiète suffisamment le gouvernement de Nankin pour que soit trouvé un compromis avec la puissante armée du Beiyang de Yuan Shikai. Lors de la révolte des Taiping l'armée britannique avait été poussée à soutenir les Qing pour défendre ses concessions. Une pareille intervention en 1911 aurait pu être fatale au mouvement. Pour éviter que l'histoire ne se répète, un compromis est trouvé avec Yuan Shikai. Celui-ci, principal soutien à l'empire négocie la reddition du jeune empereur âgé de quatre ans, Pu Yi. En contrepartie de quoi il demande sa nomination au poste de président de la république. À sa trahison envers l'empereur s'ajoute rapidement une autre, celle envers les révolutionnaires.

Il fait en effet assassiner en 1913 le représentant du Guomindang à Pékin, le leader Song Jiaoren. Puis, les élections donnant gagnants les révolutionnaires, Yuan les chasse de l'Assemblée, fait dissoudre la Chambre et poursuit les nationalistes. Sun s'enfuit au Japon. Commence la dictature de Yuan, au cours de laquelle en 1915 il cherche à se faire nommer empereur.

[modifier] Le retour en Chine et la lutte pour l'unité du pays

Statue de Sun Yat-sen dans le parc qui porte son nom à Pékin
Statue de Sun Yat-sen dans le parc qui porte son nom à Pékin
Statue de Sun Yat-sen dans sa maison à Shanghaï
Statue de Sun Yat-sen dans sa maison à Shanghaï

Sun retourne en Chine en 1917 et est élu président du gouvernement national auto-proclamé à Canton en 1921. En 1923, il prononce un discours durant lequel il proclame les « trois principes du peuple » comme principes de fondation du pays et la constitution des cinq pouvoirs (ou yuan : le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif, le pouvoir judiciaire, le pouvoir d'examen et le pouvoir de censure) comme la base du système politique et de l'administration.

Pour développer le pouvoir militaire nécessaire au renversement du gouvernement des seigneurs de la guerre de Pékin, il crée l'Académie militaire de Huangpu près de Canton, à la tête de laquelle il nomme Tchang Kaï-chek.

Au début des années 1920, il reçoit de l'aide du Komintern pour réorganiser le Guomindang comme un parti nationaliste anti-impérialiste et anti-féodal. Le Guomindang coopérera alors avec tous les partis communistes chinois. Sun est alors convaincu que la réalisation d'une Chine unifiée passe par la conquête militaire partant de sa base dans le Sud, suivie d'une période de transition qui s'achèverait dans un passage à la démocratie.

Le 10 novembre 1924, Sun Yat-sen voyage dans le Nord et donne un nouveau discours pour suggérer l'idée d'une conférence pour le peuple chinois et l'abolition de l'ensemble des traités inégaux avec les pays occidentaux. Deux jours plus tard, il est à nouveau en voyage pour Pékin pour discuter de l'avenir du pays, malgré la détérioration de son état de santé et la guerre civile provoquée par les seigneurs de la guerre. Son objectif est de tenir des pourparlers de paix avec les leaders régionaux à propos de l'unification de la Chine. Il meurt d'un cancer le 12 mars 1925 à l'âge de cinquante-neuf ans, sur la route de Pékin. La veille de sa mort, il fait rédiger, vraisemblablement par Wang Jingwei, un message[1] adressé au Comité exécutif central des soviets. Ce message[2] émet le vœu que les communistes et le Guomindang continuent à collaborer étroitement. La suite des événements devait montrer que ce vœu ne se réaliserait pas et la rupture entre les deux partis révolutionnaires devait survenir moins de deux ans plus tard.

[modifier] Notes et références

  1. Cf. Jacques Guillermaz, Histoire du Parti communiste chinois. Des origines à la conquête du pouvoir (1921-1949), Petite bibliothèque Payot, 2004, (ISBN 2-228-89843-0), pp. 153-155 qui cite Sun Yat-sen, Œuvres choisies, édition chinoise de Pékin (1957), p. 922.

[modifier] Bibliographie

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

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