Sturm und Drang

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Sturm und Drang (« tempête et passion » en français) est un mouvement à la fois politique et littéraire essentiellement allemand de la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Il succède à la période des Lumières (Aufklärung) et se pose en contestation de ce précédent mouvement. Il est le précurseur du romantisme. Le nom vient de celui d'une pièce de théâtre de Klinger : Sturm und Drang (« Tempête et passion » en français).

[modifier] Les idées

Le mouvement naît en réponse au rationalisme dominant, il prône la supériorité des sentiments, les émotions y sont exaltées. La passion est préférée à la raison. C'est un mouvement de contestation mené par la jeunesse. Il se révolte contre les autorités supérieures allemandes et les princes qui dominent et dirigent le pays. La Révolution française sera pour eux un idéal à atteindre. La liberté, les droits de l'homme sont des valeurs essentielles. Un autre aspect est la volonté d'émanciper l'individu, le mouvement refuse la vie professionnelle bourgeoise, considérée comme morne et étroite ainsi que les conceptions et valeurs morales de ce monde bourgeois. Le mouvement se développera cependant surtout dans les milieux cultivés. Enfin, Sturm und Drang est un non à la tradition littéraire et artistique existant alors. Ainsi, bien que ce mouvement se voulait aussi politique (ses idées le montrent), il se révéla en pratique être avant toute chose un nouveau courant littéraire. Si ses auteurs avaient bien voulu que cela mène à une révolution du peuple, ils durent se contenter de la révolution littéraire qu'ils provoquèrent.

[modifier] Les inspirations

Le mouvement s'inspire beaucoup de Jean-Jacques Rousseau et William Shakespeare. Les premières œuvres portent la marque de cette influence. En ce qui concerne les idées politiques, le mouvement naît dans une Allemagne où règne l'absolutisme. Ce régime est rejeté mais les écrivains ne peuvent pas vraiment agir contre lui et ce besoin d'agir, de changer les choses transparaît dans leurs personnages et leurs œuvres.

Cette volonté de liberté s'accompagne d'un intérêt nouveau pour la nature. Elle permet à l'individu de se retrouver, de ressentir davantage, d'éveiller ses sens. Émotions et sensations trouvent leur place dans un rapport plus étroit à la nature. Les personnages peuvent laisser s'exprimer leurs sentiments plus librement lorsqu'ils se trouvent seuls dans la nature. La nature est aussi un modèle de création, les auteurs se voudraient aussi créatifs que la nature, on recherche la spontanéité, l'intensité et l'originalité. Les auteurs se doivent d'être des génies (leur talent étant « inné ») plutôt que des poètes savants ayant appris leur art de l'étude.

[modifier] Œuvres et auteurs principaux

Friedrich Maximilian Klinger est évidemment un des auteurs clés du mouvement avec sa pièce Sturm und Drang bien que le terme existât en réalité avant même la réalisation de la pièce. En fait, ce sont surtout Friedrich von Schiller (Les Brigands) et Johann Wolfgang von Goethe qui seront les représentants principaux de ce courant. Les Souffrances du jeune Werther (Die Leiden des jungen Werther) est considéré comme un des romans les plus importants. Ce premier roman rend Goethe immédiatement célèbre (il a alors 24 ans). La plus grande partie de l'action est racontée sous forme de lettres que Werther écrit à son ami Wilhelm. Werther est un jeune homme qui ne sait que faire de son existence et qui part dans la ville de W pour fuir le monde bourgeois. Là, il se promène dans la nature pour la dessiner car il se croit artiste. Un jour il est invité à un bal au cours duquel il rencontre une jeune femme prénommée Charlotte (Lotte), fille d'un notable, qui depuis la mort de sa mère s'occupe de ses frères et de ses sœurs. Werther sait depuis le début que Charlotte est engagée à Albert. Cependant Werther refuse d'y penser et tombe immédiatement amoureux d'elle... à la fin, le jeune Werther se suicide, et l'impact de ce livre se manifesta sur la société par une vague de suicides en Allemagne.

On peut noter aussi Jakob Michael Reinhold Lenz (avec Der Hofmeister) ou encore Johann Georg Hamann, Johann Gottfried Herder, Göttinger Hain, Friedrich Leopold Heinrich Leopold Wagner, et bien sûr Friedrich Maximilian Klinger. Herder eut un rôle particulier, il mit en avant la poésie populaire et recueillit des chansons populaires de différents pays dans Les Voix des peuples dans leurs chants. Une autre figure emblèmatique de ce mouvement fut Friedrich Gottlieb Klopstock pour son poème religieux sensible Der Messias.

Les romans, pièces de théâtre mettent en scène des conflits sociaux entre un individu et la société. L'individu est seul, entier, il se refuse à tout compromis, il est passionné, il ne cède pas et reste fidèle à lui-même jusqu'au bout. Les sentiments, la subjectivité des gens s'y expriment sans détour.

Le refus des traditions et conventions littéraires conduit les auteurs à l'exploration des formes théâtrales, plus appropriées pour leur permettre d'exprimer leurs idées. Le mouvement fut donc particulièrement prolixe en matière de pièces de théâtre.