Spéléologie

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Spéléologues dans une belle cavité.
Spéléologues dans une belle cavité.
Vue d'un boyau géologique pouvant conduire à une cavité. La présence d'un courant d'air entrant ou sortant est le principal indice pour un spéléologue.
Vue d'un boyau géologique pouvant conduire à une cavité. La présence d'un courant d'air entrant ou sortant est le principal indice pour un spéléologue.

La spéléologie (du grec 'σπηλαιου'='spelaion' pour grotte et 'λόγος'='logos' pour raison, science) est l'activité qui consiste à repérer, explorer, étudier, cartographier et visiter les cavités souterraines, puis à partager ses connaissances. Celui qui pratique ainsi est appelé un spéléologue.

La spéléologie est donc une activité à multiples facettes : scientifique, sportive, technique, contemplative. Elle se pratique principalement dans les régions karstiques. Cependant les spéléologues s'intéressent aussi aux cavités tectoniques, volcaniques (tubes de lave), glaciaires et anthropiques (carrières souterraines, habitats troglodytes, souterrains...).

Contrairement à l'acception anglo-saxonne du mot 'speleology ' qui désigne des activités principalement scientifiques, la spéléologie au sens francophone recouvre aussi bien les activités sportives, de loisir, voire de tourisme que les activités scientifiques et d'exploration.

Cependant certains puristes préfèrent employer le terme de 'spéléiste', voire celui de 'touriste', pour désigner les seuls adeptes du sport ('caving' ou 'spelunking' anglo-saxon), ou du loisir.

Plus récemment, les visites à tendance sportive, de cavités pas ou peu aménagées, organisées à but lucratif, sont désignées par les mots anglais trekking ou safari, par analogie avec la randonnée ou la chasse.

La spéléologie se pratique également en milieu aquatique. Lorsqu'il est totalement immergé, le spéléologue est alors appelé 'spéléoplongeur' ou 'spéléonaute'.

Il n'est pas indispensable de pénétrer sous terre pour apporter une contribution utile à la spéléologie, dans ses aspects scientifiques, sportifs, techniques ou associatifs.

Ainsi, la descente de canyon relève de techniques et d'activités proches de la spéléologie. La Fédération française de spéléologie compte d'ailleurs de plus en plus d'adeptes de la descente de canyon.

Par contre, les adeptes de l'accrobranche et les randonneurs en milieu karstique ne sont pas actuellement considérés comme spéléologues en France.

Sommaire

[modifier] Naissance de la spéléologie

De tous temps, l'homme a fréquenté les cavernes pour trouver abri et protection puis pour se rapprocher de ses dieux et croyances.

La spéléologie moderne est issue des mythes comme de la curiosité mêlée de science du siècle des Lumières. Puis les romantiques en font une mode; plus tard encore, les aventuriers du XIXe siècle s'avisent du « conservatoire » privilégié que constitue la caverne.

Enfin, naissent sociétés savantes et associations dont Édouard-Alfred Martel, Robert de Joly et Norbert Casteret sont, chacun à leur époque, les fondateurs les plus connus en France (Voir la partie 'historique' de la Fédération française de spéléologie).

Le premier Institut de spéléologie au monde est créé en 1920 à Cluj (Roumanie) par le biologiste Emile Gustave Racovitza.

[modifier] Conquête des gouffres en France

On attribue à Louis Marsolliers la première descente, à la force des bras, dans un gouffre languedocien de près de quarante mètres, en juillet 1780 ! Peut-être s'agissait-il en fait de l'homonyme Benoît-Joseph Marsollier des Vivetières...

De nombreux pionniers contemporains de Diderot et de D'Alembert, poussés par une curiosité scientifique, seront les précurseurs d'une discipline qu'on nommera plus tard la « spéléologie ».

Avec les romantiques, la grotte devient à la mode. Les cavernes sont aménagées pour être visitées et l'aventure est recherchée par une bourgeoisie en quête d'émotion et de retour à la nature. Les archéologues découvrent les restes des hommes des cavernes et leurs peintures. La caverne séduit par son mystère, par son histoire redécouverte et par ses secrets.

C'est en juin 1888, avec la traversée de la rivière souterraine de Bramabiau, qu'Édouard-Alfred Martel met en évidence le système hydrogéologique d'un cours d'eau souterrain qu'il recherchera ensuite dans nombre de campagnes menées dans les différents massifs karstiques français. Martel mettra en œuvre plusieurs techniques, passant de l'escarpolette à l'échelle de corde, se servant du téléphone. Il fera découvrir l'hygiène des sources en démontrant qu'il est nécessaire de créer un périmètre de protection en terrain calcaire.

Après la guerre de 1914-1918, laquelle a interrompu pour un long moment l'exploration souterraine, deux grands noms vont assurer la relève : Robert de Joly et Norbert Casteret.

De Joly marquera son temps par la discipline spartiate et hiérarchisée qu'il impose à son équipe et par le matériel moderne issu de l'industrie de guerre qu'il mettra au point pour ses explorations.
Casteret est un solitaire, ses découvertes (notamment la résolution de l'énigme des sources de la Garonne) sont l'œuvre d'un individu exceptionnel qui a su ruser avec la nature. Ses quelques trente livres et plusieurs centaines de conférences ont fait de Casteret l'inspirateur de multiples vocations de spéléologues.

L'entre-deux guerres verra l'arrivée d'alpinistes, accoutumés au vide, apportant avec eux de nouvelles connaissances techniques. La spéléologie se « démocratise » du fait de l'emploi de la technique sur corde simple. Les expéditions, beaucoup plus légères, permettent la découverte d'énormes réseaux labyrinthiques bien plus complexes que ne l'envisageaient les théories de Martel !

À la Libération, les livres de Martel et l'esprit de liberté de l'après-guerre, font affluer de nombreux jeunes vers cette activité devenue « spéléologie sportive ». C'est la naissance des spéléo-clubs et avec elle l'augmentation des records de profondeurs atteintes dans les cavités. La spéléologie française organise des expéditions à l'étranger et se fédère : Fédération française de spéléologie (FFS). La FFS à son tour se structure et crée l'École française de spéléologie (EFS). L'apport de cet enseignement, lié à de nouvelles techniques de progression aux bloqueurs et descendeurs sur cordes simples, fait exploser le nombre des cavités explorées. Les records de profondeur ou de développement de réseaux se succèdent.

[modifier] Conquête des gouffres les plus profonds

Le record mondial de profondeur atteinte dans une cavité naturelle est resté longtemps en France, avec des cavités célèbres comme la Henne Morte, le gouffre Berger, la Pierre-Saint-Martin, le gouffre Jean-Bernard, le gouffre Mirolda...

Depuis octobre 2004 cependant, la plus grande profondeur atteinte par des spéléologues en cavités naturelles se situe dans le gouffre Krubera-Voronja, localisé en Abkhazie, province occidentale sécessioniste de la Géorgie.

Dans cette cavité remarquable du Caucase occidental, la profondeur mythique de -2000 mètres a été atteinte et même dépassée par des équipes de spéléologues internationaux, notamment des russes et des ukrainiens. Les explorations sont en cours, malgré les difficultés physiques et politiques rencontrées. La profondeur atteinte était de -2170 m en janvier 2007.

[modifier] Spéléologie et société

Aujourd'hui la spéléologie se pratique également comme un loisir de nature, démocratisé, où certaines cavités deviennent des « classiques », topographiées par les spéléologues mais visitées aussi bien par les spéléologues que par des centres de vacances, des familles ou des professionnels de l'industrie du loisir avec leurs clients.

À côté de cette pratique touristique et de loisir, le spéléologue est porteur d'une éthique, formulée notamment par la Fédération française de spéléologie (FFS) et par l'Union internationale de spéléologie (UIS). Il contribue ainsi à la connaissance et à la protection du patrimoine souterrain. Il devient alors un véritable acteur concret du développement durable.

En plus des valeurs éthiques qu'elle véhicule, la spéléologie tend à s'imposer de manière croissante dans le monde scientifique. Outre le complément indispensable qu'elle apporte à la géologie, la karstologie, l'hydrologie, l'archéologie, la paléontologie, la mécanique des roches... la spéléologie s'intéresse au monde souterrain dans des domaines scientifiques parfois originaux : on peut citer pour exemple les études d'acclimatation humaines "hors du temps" nécessaires à l'approche des vols spatiaux de longue durée; ou encore la paléodatation à l'aide des stalactites, plus précise et plus complète que la datation des carottes de glace. La spéléologie implique aussi une pratique de la topographie, de la biologie, de la météorologie... sous des formes adaptées au milieu souterrain.

Les contributions de la spéléologie aux disciplines scientifique précitées peuvent se résumer ainsi :

[modifier] Hydrogéologie

L'hydrogéologie est l'étude des eaux superficielles et souterraines, considérées soit dans leur action modelatrice soit dans leurs rapports avec les structures géologiques. En milieu karstique, la circulation des eaux est très différente de celle observée dans les autres milieux; elle mérite une étude particulière.

Le spéléologue qui observe directement des phénomènes généralement peu accessibles est le collaborateur indispensable de l'hydrogéologue. Même le 'spéléologue du dimanche', parfois qualifié de 'touriste', peut apporter une contribution importante par les observations inédites de circulation des eaux qu'il pourra rapporter. Il suffit pour cela de connaître quelques concepts de base, de s'intéresser au milieu et de s'armer de patience.

On n'insistera jamais assez sur la valeur d'une donnée géologique ou hydrogéologique, même approximative (pourvu qu'elle soit correctement relevée), recueillie lors d'une sortie spéléologique : il faut se souvenir que la même donnée, tirée d'un sondage mécanique à plusieurs centaines de mètres de profondeur, coûterait beaucoup plus cher.

Le spéléologue 'sportif' ou 'touriste' n'a pas besoin de se transformer en 'scientifique' de haut niveau. Il a simplement le devoir de transmettre ses observations aux scientifiques qui n'ont pas la possibilité d'entrer et de descendre sous terre.

Les eaux qui intéressent l'hydrogéologie en milieu calcaire peuvent avoir trois types de provenance distinctes, dont les conséquences sur le développement du karst sont bien différentes. Elles peuvent provenir : - de cours d'eau extérieurs à la zone karstique, - de précipitations météoriques - de condensation.

Le parcours des eaux souterraines est généralement tortueux et conditionné essentiellement par la fracturation du massif calcaire, par sa lithologie et par l'inclinaison des couches de terrain.

Compte tenu de leurs origines, les cours d'eau souterrains peuvent subir des crues soudaines et importantes, parfois différées par rapport aux précipitations initiatrices, tombées sur des versants parfois différents et éloignés de l'entrée des cavités.

De façon générale, la ligne de partage des eaux superficielles coïncide rarement avec celle des eaux souterraines. Il est donc important de préciser les limites souterraines de circulation des eaux.

Les sources karstiques sont caractérisées par une grande variabilité des débits, avec des crues impétueuses qui alternent avec des périodes d'étiage marqué voire de tarissement.

L'étude de l'hydrogramme de crue met en évidence la saturation progressive des fissures de la roche : c'est la phase de concentration. Dans un second temps, l'eau envahit les conduits : c'est la phase de paroxysme qui dure jusqu'à cessation de l'alimentation principale. Vient ensuite une lente décrue qui correspond à la vidange des conduits majeurs puis des fissures.

[modifier] Karstologie

La karstologie est une discipline scientifique à part entière dont l'objet d'étude se concentre sur les phénomènes associés aux terrains calcaires.

Les spéléologues apportent des résultats d'observations faites à la surface et au cœur même des massifs karstiques.

La contribution de la spéléologie à la karstologie est très importante :

L'observation et les mesures faites sur les paramètres physicochimiques de la cavité encaissante, ainsi que de l'air et de l'eau qu'elle contient, permettent de préciser le fonctionnement actuel du karst.

L'examen des spéléothèmes et de la morphologie générale des conduits permet d'échafauder des hypothèses sur la genése et les évolutions passées de la cavité.

Inversement, la karstologie appliquée à un massif et à un ensemble de cavités voisines permettra de mieux comprendre l'histoire et la logique spatiale d'une nouvelle cavité en cours d'exploration sur le même massif, ou au voisinage de cavités précédemment étudiées ou de même nature.

[modifier] Topographie hypogée

Une cavité n'existe réellement que lorsque ses caractéristiques sont décrites et lorsque ses formes et reliefs sont représentés par des plans. Sauf cas particuliers, l'ensemble de ces informations doit être publié pour assurer un partage constructif des connaissances, en vue de la poursuite des explorations de la cavité ou du massif.

Pour assurer une représentation graphique fidèle et utile aux explorations et études suivantes, il est nécessaire de réaliser une topographie de la cavité. Cette topographie est effectuée progressivement, en deux phases principales : 1 - Le levé : c'est le recueil de données caractérisant la position et la forme des différentes parties de la cavité. 2 - Le report : c'est le calcul et la restitution graphique des formes correspondantes sur un support adapté (papier, écran,..)

Les échelles de représentation utilisées sont variables (généralement de 1/100 pour les petites cavités au 1/000 voire plus faible pour les plus grandes cavités) selon l'extension de la cavité. Avec les méthodes modernes de calcul du report par ordinateur, ce facteur d'échelle peut être facilement ajusté. Dans le cas d'un report manuel, il faut bien choisir ce facteur a priori, sous peine de devoir recommencer une grande partie des calculs et du dessin en cours de travail.

Outre l'échelle utilisée, il faut également mentionner sur le dessin : - la position du Nord magnétique, - la date du levé (et non celle du report) nécessaire pour tenir compte de la déclinaison magnétique, - le nom de la commune et du lieu dit où se trouve l'entrée de la cavité, - le nom des auteurs (levé et report) de la topographie, - les coordonnées et l'altitude de l'entrée, - une indication du niveau de précision du levé. D'autres informations pertinentes (géologiques, climatiques, biologiques, etc..) peuvent être ajoutées sur le dessin, si elles n'alourdisssent pas trop la représentation. Dans le cas contraire, elles peuvent être mentionnées dans la description écrite de la cavité.

Dès que la cavité présente un certaine complexité (pentes et directions variables), il est nécessaire de produire au moins deux vues complémentaires (par exemple : une vue en plan développée ou projetée et une coupe verticale développée ou projetée), ainsi que quelques coupes transversales significatives des conduits.

Les coordonnées de l'entrée sont à mentionner dans un système de géolocalisation le plus universel possible (UTM,...) permettant une prise en compte facile dans les GPS.

Il existe de nombreux logiciels de topographie souterraine assistée par ordinateur. Les plus connus actuellement sont : TOPOROBOT, VISUAL TOPO, GH TOPO (projet HADES).

Les outils de levé souterrain doivent permettre de mesurer trois paramètres dimensionnels définissant le 'squelette' de la cavité : la direction dans un plan horizontal ('azimut'), l'inclinaison dans un plan vertical ('pente'), la distance entre deux points successifs de mesure ('distance'). Lorsque la cavité est sensiblement horizontale (grotte), on pourra se contenter d'estimer la pente. D'autres données morphologiques complémentaires, quantitatives ou qualitatives, permettent de dessiner un 'habillage' des conduits : largeur, hauteur, présence d'obstacles ou de reliefs spéciaux (spéléothèmes, blocs, arrivées d'eau, ...).

[modifier] Paléontologie

Les roches qui intéressent le spéléologue au premier chef sont d'origine sédimentaire; ce sont en particulier les roches carbonatées. Dans une grande majorité des cas, ces roches ont une origine organique : ce sont des détritus de coquilles et autres parties d'animaux ou végétaux marins, accumulées au fond d'anciennes mers, plus rarement d'anciens lacs, aujourd'hui disparus. Ces roches calcaires constituent des masses qui présentent une importance et une étendue très supérieures aux roches carbonatées d'origine chimique. Elles sont repérables, même pour le profane, par l'évidence et la régularité de leurs stratifications.

L'état de conservation des dépouilles des organismes qui ont contribué à leur formation est très variable. On appelle roches 'fossilifères' celles qui présentent des restes, nettement reconnaissables à l'œil nu, d'animaux ou de plantes fossiles. Très fréquemment, avec l'aide d'un microscope, on peut aussi repérer de très petits fossiles dans les calcaires où aucune structure organique ne se remarque à l'œil nu.

D'autres fois encore, des phénomènes chimiques ou mécaniques ont fait disparaître plus ou moins complètement les traces de la structure organique primitive ; On parle alors de processus de diagénèse, de dissolution et de recristallisation partielle, produits pendant ou peu après le dépôt du matériel sédimentaire. Cette transformation peut être très poussée et aboutir à une complète recristallisation, jusqu'à transformer toute la roche en une masse cristalline.

Pendant le parcours d'une galerie hypogée, il arrive souvent de trouver, enchassés dans les parois, des restes de coquilles de gastéropodes, de bivalves ou autre fossiles marins ou lacustres.

[modifier] Météorologie hypogée

La météorologie hypogée est l'étude du climat des grottes et de tous les phénomènes qui le déterminent.

Bien que l'environnement étudié soit limité en volume, l'étude du climat hypogée est difficile à cause des faibles intervalles de variation des paramètres à étudier. Par exemple, alors que la température extérieure d'un lieu varie de plusieurs degrés voire dizaines de degrés, celle d'une cavité ne fluctue souvent que de quelques dixièmes de degrés dans le même intervalle de temps. Les mesures doivent donc être effectuées avec une grande précision, en prenant garde aux influences parasites. Ces considérations restent valides pour d'autres paramètres tels que pression, humidité, mouvements d'air,...

Le but des recherches météorologiques hypogées est double : - approfondir la connaissance de l'environnement souterrain connu, - découvrir des parties encore inconnues ou impossibles à atteindre.

Les premières informations concernent surtout le biologiste qui s'intéresse aux conditions de la vie souterraine.

Les secondes informations intéressent le spéléologue, qui espère en savoir plus sur les parties inconnues de la grotte. En effet, les mouvements d'air permettent de déceler la présence de volumes importants non encore pénétrés. De même des variation de température en cours de progression permettent de déceler la présence d'embranchements.

[modifier] Température

La mesure de température se fait aujourd'hui à l'aide de thermomètres digitaux, affichant le dixième de degré, précis et peu encombrants.

[modifier] Archéologie

Le spéléologue doit parfois se transformer en archéologue amateur. Les grottes sont en effet des lieux privilégiés pour recueillir des informations indispensables à la connaissance de l'homme ancien. Le spéléologue est alors investi de reponsabilités précises et délicates.

Même en l'absence de présence stable et durable des anciens hommes dans les grottes, les cavités ont souvent fonctionné comme des pièges naturels et conservent ainsi de nombreux restes d'animaux ou d'humains, mais aussi d'autres êtres vivant dans le secteur (graines, ..).

La considérable importance des cavités naturelles pour l'étudie de l'homme ancien découle de quatre facteurs principaux : - elles concentrent les restes par effet d'attrait (piège, abri), - elles conservent les restes par effet d'ensevelissement, - elles conservent la chronologie des êtres et événements, par effet d'empilement - elles conservent les repères par effet de protection contre les intempéries.

Les cavités sont donc des sites de détermination aisée, exactement localisés et circonscrits dans l'espace. Par conséquent leurs dépôts sont favorables à la possibilité de découverte et d'étude.

L'homme ancien utilisa rarement les zones profondes des cavités, ou seulement pour des raisons rituelles. Il choisissait généralement comme implantation stable, la zone d'entrée ou vestibulaire, naturellement plus lumineuse et sèche. De telles zones pouvaient en outre être adaptées et réglées thermiquement au moyen de structures de peaux tendues sur des poteaux ou équivalent.

Donc la présence d'objets manufacturés dans les zones internes sera plutôt due au transport de ces objets par les eaux qui agirent sur des depôts archéologiques extérieurs.

Dans quelques cas exceptionnels seulement, les cavités peuvent se révéler intéressantes pour ce qu'elles révèlent sur leurs parois. Le spéléologue archéologue doit donc s'habituer à considérer les cavités comme des dépôts de remplissage riches en vestiges. Ces depôts dans les cavité doivent être explorés avec précaution, dans le domaine de programmes précis et durables. Cela est encore plus vrai si un potentiel archéologique est soupçonné.

Toute intervention dans un dépôt en cavité, doit suivre des modalités strictes de fouille scientifique. Car la caractéristique la plus originale de telles fouilles est qu'il s'agit d'une méthode hautement destructive. De telles fouilles doivent donc produire la plus grande quantité d'informations valides et donner lieu à une documentation rationnelle et permanente.

Il faut garder présent à l'esprit que toute destruction de gisement sera une perte irrémédiable, et sera également puni par la loi.

[modifier] Pratique de la spéléologie

Remontée d'un puits de mine
Remontée d'un puits de mine

Pour des raisons de sécurité et de respect du milieu karstique, il est fortement recommandé d'être accompagné par un membre d'encadrement titulaire d'un diplôme délivré par la Fédération française de spéléologie.

Le matériel nécessaire s'apparente à celui de l'escalade pour les passages verticaux :

  • un baudrier avec des longes pour s'assurer,
  • des cordes statiques de longueurs variées,
  • du matériel de descente (descendeur) et de remontée (poignée, pédale, etc.),
  • un casque avec son éclairage (la traditionnelle lampe à acétylène tend à disparaître au profit des lampes électriques à leds),
  • une combinaison protectrice et des sous-vêtements chauds,
  • des gants pour se protéger de l'abrasion, des coupures, voire de l'échauffement du descendeur.
  • un sac résistant appelé kit pour le transport du matériel, des vivres, de l'eau, d'un tamponnoir pour placer des chevilles dans la roche, de la trousse à pharmacie et d'une couverture de survie,
  • des chaussures de marche montantes, à semelle résistantes qui remplacent les bottes lorsque la cavité n'est pas trop humide.

Selon le milieu de progression et ses objectifs, le spéléologue peut avoir besoin de matériel spécial adapté :

L'effort physique, sans être forcément intense, n'est pas à négliger car la spéléologie possède une dimension sportive. L'endurance et la connaissance de ses limites, associées à la maîtrise des techniques de progression, permettent d'éviter les accidents. Une hydratation et une alimentation régulière est importante pour conserver ses capacités physiques. L'entraide est indispensable pour la sécurité du groupe.

En cas de doute sur ses capacités physiques ou morales, il est conseillé de renoncer à l'excursion.

Les topographies peuvent être obtenues et commentées de préférence par le biais des clubs.

[modifier] Logistique

L'exploration de certaines cavités nécessite une logistique importante. L'équipement de la cavité peut nécessiter des centaines de mètres de cordes et d'échelles. Il peut être nécessaire de descendre du matériel de désobstruction (pelles, foreuses, bacs de transport, pioches, seaux, barres à mine,...). Il peut être nécessaire d'installer des camps souterrains (bivouacs) avec de l'équipement pour dormir, cuisiner, s'éclairer,... L'exploration de siphons en fond de trou nécessite également des portages conséquents. Lorsque la cavité se trouve en montagne ou, plus généralement en zone isolée, il faut également apporter tout cet équippement à l'entrée de la cavité.

[modifier] Classification fédérale du niveau de difficulté des cavités

Les cavités sont répertoriées en cinq catégories, définies dans les recommandations de la Fédération française de spéléologie et entérinées par les pouvoirs publics :

  • Classe 0: cavité aménagée pour le tourisme.
  • Classe 1: cavité ou portion de cavité ne nécessitant pas de matériel autre qu'un casque avec éclairage.
  • Classe 2: cavité ou portion de cavité d'initiation ou de découverte permettant une approche des différents aspects du milieu souterrain et techniques de la spéléologie avec des obstacles ponctuels. Leur franchissement nécessite éventuellement du matériel et la présence d'eau ne doit pas empêcher la progression du groupe.
  • Classe 3: cavités ou portions de cavités permettant de se perfectionner dans la connaissance du milieu et dans les techniques de progression. Les obstacles peuvent s'enchaîner. L'ensemble des verticales ne doit pas excéder quelques dizaines de mètres, de préférence en plusieurs tronçons. La présence d'eau ne doit pas entraver la progression du groupe, ni entraîner une modification de l'équipement des verticales.
  • Classe 4: on retrouve le reste des cavités non classées dans les précédentes.

[modifier] Accidentologie

La spéléologie, pratiquée dans les règles n'est pas un sport dangereux. Des accidents arrivent et certains sont très médiatisés. Ils nécessitent parfois l'engagement de gros moyens, ils peuvent être long et coûteux. Le milieu étant hostile, le lieu de l'accident parfois loin de la sortie et difficile d'accès, la survie des accidentés est mise à rude épreuve. D'où la création de structures propres comme les 'spéléo-secours' nationaux (voir plus loin). Les accidents peuvent être classés en plusieurs catégories :

  • le ou les spéléologues peuvent se perdre dans la cavité. À court d'éclairage, de force, ils ne peuvent plus sortir par leurs propres moyens et sont obligés d'attendre les secours.
  • un spéléologue peut se coincer dans une étroiture.
  • Il peut chuter et se casser ou se fouler un membre.
  • Il peut recevoir des roches sur la tête ou un membre.
  • Enfin, il peut se retrouver bloqué par les eaux et peut même périr noyé s'il ne trouve pas d'échapatoire.[1]

[modifier] Le Spéléo secours français (SSF)

La Fédération française de spéléologie est la seule fédération sportive française à disposer d'une structure de secours autonome et entièrement bénévole. Le Spéléo secours français (SSF), qui a fêté en 2007 à Montélimar ses 30 ans d'existence, est une commission de la FFS regroupant au sein de structures départementales près de 2 000 spéléologues spécialisés dans le sauvetage et l'assistance de victimes en milieu souterrain.

Le Ministère de l'Intérieur, par convention nationale déclinée au niveau de chaque département, reconnaît le rôle prépondérant et incontournable du SSF pour ce qui concerne la partie souterraine des opérations de secours.

Le SSF a reçu en 2006 l'agrément de sécurité civile.

Les techniques et les matériels (civières,...) mises au point ont dépassé leur domaine d'application puisqu'ils sont repris par les secouristes en montagne, en ravin, en canyon, etc.

Le "savoir-faire" développé au fil des années s'est exporté dans le monde entier. Ce savoir faire recouvre en particulier les activités suivantes :

  • assistance et secours à victimes : point chaud, premiers soins, médicalisation ou assistance à médecin, maintien en vie, etc. ;
  • techniques d'évacuation de victimes en conditions difficiles (horizontale en milieu confiné et verticale en terrain complexe) ;
  • gestion et organisation d'une opération de secours ;
  • plongée souterraine ;
  • pompage ;
  • moyens de communication : téléphone et radio souterrains (système Nicola) ;
  • mise en œuvre de forages ;
  • désobstruction à l'explosif ;
  • ...

[modifier] Organisations spéléologiques internationales

Voici une liste (qui reste certainement à compléter):

  • L'Union internationale de spéleologie (UIS) facilite les projets et les échanges entre les spéléologues du monde entier. Ses membres sont les associations nationales de spéléologie (fédérations,...) du monde entier, dont on trouve la liste dans leur site internet (voir Liens externes).
  • La Fédération spéléologique de l'Union européenne (FSUE), créée en 1990 par l'Union internationale de spéléologie en tant que branche régionale pour l'Union européenne, a maintenant une totale autonomie et étend son champ d'action à l'ensemble des 49 pays qui ont tout ou partie de leur territoire sur le continent européen.
  • L'Union spéléologique des balkans (BSU).
  • La Fédération spéléologique d'Amérique latine et des Caraïbes (FEALC).

[modifier] Manifestations spéléologiques majeures

Des manifestations spéléologiques de grande renommée sont organisées par les fédérations nationales ou internationales, voire par des associations ad hoc. En voici une liste non exhaustive :

  • Le congrès international de spéléologie, organisé sous l'égide de l'UIS tous les 4 ans. Le prochain se tiendra du 19 au 26 juillet 2009 à Kerrville, Texas, Etats-Unis (KERRVILLE 2009).
  • Le congrès européen de spéléologie, organisé sous l'égide de la FSUE, un an avant le congrès international lorsque celui-ci se tient hors d'Europe. Le prochain aura lieu à Lans-en-Vercors, Isère, France du 23 au 30 août 2008 (VERCORS 2008).
  • Les congrès nationaux de spéléologie, organisés par la plupart des fédérations nationales, généralement chaque année.
  • Les festivals thématiques et régionaux, dont la réputation dépasse souvent les frontières des pays ou régions organisatrices...

Les manifestations importantes sont répertoriées dans les agendas spécialisés, et en particulier dans l'agenda FSUE et dans l'agenda UIS. On y trouvera en particulier :

La Fédération française de spéléologie (FFS) organise tous les ans, avec la participation active de ses structures locales, les Journées nationales de la spéléologie et du canyon.
Chaque premier week-end d'octobre, le grand public peut ainsi découvrir la spéléologie et le canyon.
  • Festival de l'image spéléo
  • Rencontre des enseignants en spéléologie
  • Festival des arts spéléologiques
  • ...

[modifier] Bibliographie

  • 1952 : Le gouffre de la Pierre-Saint-Martin de Haroun Tazieff, éd. Arthaud
  • 1970 : Cordées souterraines, par Fernand Lambert, éd. Dupuis, collection "Terre entière" , illustré par René Follet
  • 1973 : Techniques de la spéléologie alpine, Georges Marbach, Jean-Louis Rocourt (3me édition rev., 2000 : ISBN 2-9514640-0-2)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

[modifier] structures généralistes

[modifier] grandes manifestations internationales