Slam (poésie)

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Le slam est un art d'expression populaire oral, déclamatoire, qui se pratique dans des lieux publics comme les bars ainsi que dans les lieux associatifs, sous forme de rencontres et de joutes oratoires.

Sommaire

[modifier] Étymologie

Le mot slam désigne en argot américain « la claque », « l'impact », terme emprunté à l’expression to slam a door qui signifie littéralement « claquer une porte ». Dans le cadre de la poésie orale et publique, il s’agit d’attraper l’auditeur par le col et de le « claquer » avec les mots, les images, pour le secouer, l’émouvoir.[1]

Une autre explication du terme est donnée par l'initiateur du mouvement, Marc Smith, lors de son intervention en 2005 au Grand Slam national de Nantes : il explique avoir choisi ce terme pour son sens sportif et ludique de "chelem" (en tennis, basket, bridge, etc.).[2]

[modifier] Histoire

Slam en plein air (Minneapolis, 2007)
Slam en plein air (Minneapolis, 2007)

Le slam est né en 1984 lorsque Marc Smith, alors simple entrepreneur en bâtiment, mit en place un jeu de poésie dans un club de jazz à Chicago[3]. Il cherchait à donner un nouveau souffle aux scènes ouvertes de poésie en faisant participer le public aux scènes.

Marc Smith indique ainsi qu'il « détestait les scènes ouvertes de poésie - souvent longues et ennuyeuses ». Son but était de créer une mise en scène ludique pour améliorer la qualité du spectacle, mais aussi de mettre à mal la notion de qualité dans la poésie : quelques personnes, membres d'un jury arbitraire, exprimaient leur goût subjectif. Il a suscité un engouement populaire qui lui a permis peu à peu de se propager à New York puis jusque dans le monde entier[4].

En France diverses pratiques oratoires (poétiques ou non) se sont trouvées confondues sous le nom de Slam. Le terme est ainsi souvent appliqué à différentes pratiques  : spoken word, one-man show poétique, et scènes ouvertes de poésie, qui sont l'expression la plus commune[réf. nécessaire].

[modifier] Règles habituelles des scènes de slam

Les règles des scènes ouvertes de poésie sont généralement les suivantes, avec ou sans adaptation selon les organisateurs :

  • inscriptions ouvertes à toutes et tous ;
  • performance a cappella ;
  • absence de décorations sonores, lumineuses ou vestimentaires ;
  • liberté de l'expression ;
  • temps de parole de 3 minutes maximum.
  • un texte dit, un verre offert (non accumulable)

L'entrée est le plus souvent libre ou à prix minime. La plupart des scènes sont des scènes ouvertes. Il n'y a pas de limites d'âge ou de style. On vient y dire, lire, scander, chanter, jouer des textes de son cru sur des thèmes libres ou imposés. Le jugement est très rare pendant les scènes slam. Les débutants sont encouragés plutôt que critiqués. Chacun, artiste ou non, participe généralement pour le plaisir de partager son texte.[5]

Les règles des joutes ou slam de poésie y ajoutent :

  • un jury, choisi au hasard dans la salle, note les poètes ou équipes de poètes (poèmes collectifs) ;
  • on doit être l'auteur du texte que l'on présente au public ;
  • l'objet de la joute n'est pas de gagner ou ce que l'on gagne — c'est la poésie elle-même (et le spectacle).

Les scènes slam pratiquant ces règles du jeu incluent : le Grand Slam National, le Slam United et divers slams en France (Nantes, Reims, Rennes, Tours...). Cette approche, inventée par Marc Smith, est majoritairement pratiquée au niveau international: IWPS (individual world poetry slam), German International Poetry Slam, Harlem Poetry Slam (Hollande)...

Un petit nombre de scènes font voter toute la salle avec des cartons colorés comme dans les matchs d'improvisation ou un applaudimètre.

[modifier] Considérations critiques et sociales

Le slam est considéré par beaucoup comme une des formes les plus vivantes de la poésie contemporaine, un mouvement d'expression populaire, initialement en marge des circuits artistiques traditionnels.[réf. nécessaire] C'est un art du spectacle oral et scénique, focalisé sur le verbe et l'expression brute avec une grande économie de moyens, un lien entre écriture et performance.

Si des poètes, en particulier issus de la mouvance hip-hop, le revendiquent comme issu de la rue ainsi que le rap à ses débuts, il est néanmoins pratiqué par des poètes de tous styles, de tous milieux sociaux, en ville comme à la campagne.

« Marc Smith n'aura eu qu'à modifier le concept de départ pratiqué par les poètes-beat, en l'adaptant à son époque, aux goûts et désirs d'un public moins disposé à la spontanéité: il aura su saisir une opportunité circonstancielle, s'approprier une formule existante en l'ajustant aux nécessités contextuelles de l'heure et du lieu, et donner à une nouvelle génération le privilège de la prise de parole mais, ici encadrée et limitée dans la durée de la prestation (3 minutes!), se placant ainsi à l'opposé des aspects déflagrateur et iconoclaste, (voire libertaire et anarchique), intrinsèques aux manifestations scéniques propres à la Beat generation et à la contre-culture québécoise des années 70... Marc Smith aura relancé la prise de parole poétique sur la place publique et à l'échelle planétaire. Il incombe désormais à chacun d'avoir les mots pour se dire ! »
    — Lucien Francoeur

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[modifier] Le slam dans la francophonie

[modifier] En France

[modifier] Un engouement national qui va crescendo

Les collectifs historiques de la scène française sont : 8e Sens, Ma Quête, Slam o Féminin. Shakyamuni et Saer organisent des scènes à partir des années 2000 sur Paris. Depuis 2003, l'association Planete Slam de Tsunami MC multiplie scènes et ateliers en France comme à l'étranger.[réf. souhaitée] A Lyon, La Section Lyonnaise des Amasseurs de Mots, lancée par Marco DSL propage le mouvement depuis 1999 jusqu'à toucher la ville de Grenoble en 2004[6]. Une vision peu orthodoxe du slam va se développer dans cette dernière ville. L'aspect "compétition" semble relégué au second plan et les temps de passage peuvent excéder trois minutes. A Lille, Julien Delmaire et Stéphane Gornikowski ont lancé le slam en 2001 avec Demodokos puis la Générale d'Imaginaire. À Reims, le collectif Slam Tribu (Champion de France individuel 2007 et vice champion de France en collectif 2007 )œuvre en Champagne Ardennes et dans le Grand Est depuis 2004. A Tours et en région centre c'est le Collectif SLAM37 créé en 2006 qui fait connaître et lance le slam dans de nombreux lieux de la région. Bientôt le duo initial s'agrandit suite à une grande scène événement en 2007 qui rassembla plus de 100 personnes à Tours.[réf. souhaitée]

C'est à Nantes que se sont déroulées les trois premières éditions du Grand slam National, 2004, 2005 et 2006, ce qui a aidé la scène slam locale à se constituer de manière solide et durable. Patricio et Kad sont parmi ses initiateurs ; ensuite sont venus Jean-Michel, Monsieur Mouch, Juju-la-Tendresse, Frédérique, Yas, etc., réunis au sein du collectif Slam-Nantes-44.

[modifier] Médiatisation de masse

L'album Midi 20 du jeune slammeur de Saint-Denis (93) Grand Corps Malade est le second disque issu du mouvement slam français à bénéficier d'une bonne couverture médiatique radio/TV. Il connaît dès sa sortie un succès public inattendu et, se hissant aux premières places des ventes d'albums, fait connaître le genre à un très large public en dépassant de fait son audience initiale. Abd al Malik connaît également un certain succès. Khalis avec son titre Kamikaze et Kery James avec Banlieusards sont deux succés en slam issus du Net. Franc tireur, Renaud Papillon Paravel a sorti trois albums.

[modifier] En Belgique

En Belgique, et à Liège notamment, ville culturellement diversifiée, existent plusieurs collectifs et associations dont "La Zone", "l'Aquilone", et également "L'An Vert", (cette liste n'est pas limitative), qui, au travers de leurs multiples et variées manifestations, organisent régulièrement des tournois, des rencontres, des ateliers slam... etc, de même que toutes sortes d'activités gravitant autour de cette forme d'expression artistique alternative qui devient de plus en plus populaire, et qui correspond à un besoin manifeste de la part d'une frange très vraisemblablement significative de la population.

Par ailleurs, "La Zone" a organisé, lors du dernier week-end d'avril 2008, les premières "Vingt Quatre Heures Slam" connues à cette date et en Europe, événement qui a obtenu un réel succès tant de la part des slammeurs et des slammeuses présents que du public qui a assisté à cette manifestation ; cet événement, ainsi que les échanges que ce dernier ont généré, ont encouragé les organisateurs à poursuivre dans cette voie.

[modifier] Au Québec

Au Québec, un style semblable de poésie déclamatoire engagée a été pratiqué depuis le début des années 1970 par le poète-rock Lucien Francoeur, au sein de son groupe pop-rock Aut'Chose et ensuite sous son propre nom (Francoeur). Avant lui, le poète Claude Péloquin, sous le nom de Pélo avec son disque Laissez-nous vous embrasser où vous avez mal et le tube M. l'Indien, est précurseur du genre. Ces lectures spontanées sur scène, dans les cafés ou les bars avaient été pratiqués par les membres de la Beat Generation à San Fransisco (City Light Tavern), Los Angeles (Venice) et New York (Greenwich Village). Au Québec, ces lectures-performances eurent lieu, avec Raoul Duguay et l'Infonie, le Jazz Libre du Québec, Denis Vanier, Louis Geoffroy, Gilbert Langevin et le Baron Filipp, fin des années 1960 début des années 1970, à la Casa Pedro sous l'égide du mécène Pedro Rubio et de l'animateur-écrivain Pierrot-le-Fou-Léger et plus tard, au cours des décennies 1980-1990, à la Place aux Poètes animée par la poétesse Janou St-Denis. Ce mouvement est soutenu en France par les membres du Manifeste électrique (ainsi que Messagier, Bulteau, Villar, Delbourg, Dannemark, Cholodenko etc.) et le précurseur et porte-parole de la Beat Generation dans la francophonie Claude Pélieu.

[modifier] En Algérie

Le slam en Algérie s'est fait connaître par le groupe Sétifien Rime-Urbaine en 2006 qui organisait notamment des slam sessions.

[modifier] Le slam au cinéma

Quelques films se sont penchés sur le phénomène slam : c'est principalement le cas de Slam (1998), avec Saul Williams, et dans une moindre mesure, de 8 mile (2003), avec Eminem.

[modifier] Notes et références

  1. Glazner, G. : Poetry Slam: The Competitive Art of Performance Poetry, San Francisco, Manic D Press, (2000).
  2. Smith, M. : Communication orale, Grand Slam national (Nantes, 2005).
  3. Smith, M. : Crowdpleaser, Jeff Helgeson Éditions (1996)
  4. (en) FAQ: National Poetry Slam
  5. Smith, M. & Kraynak, J. : The Complete Idiot's Guide to Slam Poetry, Penguin/Alpha Press (2004).
  6. Le slam, un lieu de partage de la parole - Article du magazine d'étudiants de Sciences Po Grenoble

[modifier] Liens externes