Skikda

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Skikda
سكيكدة
Pays Algérie Algérie
Wilaya Wilaya de Skikda
Daïra Daïra de Skikda
Code ONS 2101
Code postal 21000
Président de l'APC
Mandat en cours

2007-2012
Longitude
Latitude
Superficie km2
Population 814 665 hab.
(1998)
Densité hab./km2

Skikda (anciennement appelée Philippeville depuis sa fondation en 1838 jusqu'à l'indépendance en 1962) est une ville d'Algérie septentrionale, chef-lieu de la wilaya du même nom. Elle située au nord-est du pays, et sa population est estimée à environ 170.000 habitants en 2007.

Sommaire

[modifier] Histoire

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Ancien comptoir phénicien fondé durant le premier millénaire avant Jésus-Christ près de l'antique port de Stora, la ville était appelée Rusicade (en latin Rusicada) à l'époque romaine, un nom phénicien qui signifierait Cap des Cigales[réf. nécessaire] ou Promontoire du feu (Rus el Ucadh en punique ou Râʾs el Wakaḏ en Arabe), une probable allusion[réf. nécessaire] à l'existence d'un phare sur l'un de ses promontoires donnant sur le golfe de Stora, l'antique Sinus Numidicus. C'était l'une des quatre républiques municipales autonomes de la province romaine d'Afrique. Cité du littoral méditerranéen et principal débouché maritime de la Numidie.

Blason de Philippeville
Blason de Philippeville

Les ruines de la ville antique, détruite par les Vandales au Ve siècle de l'ère chrétienne, furent investies par les Français en janvier 1838 lors de la colonisation peu après la chute de Constantine. Repoussées lors d'une première tentative par voie terrestre en provenance de Constantine, les troupes françaises étaient entrées par la baie de Stora, un ancien comptoir phénicien dont l'histoire remonte à 1000 avant Jésus-Christ, devenue plus tard le port de pêche de Skikda, et ont installé leur quartier général sur l'emplacement actuel de l'hôpital, situé en hauteur pour faire face à la résistance armée des tribus des environs. La ville fut rebaptisée Fort de France du nom du navire qui permit le débarquement des français dans la baie, puis Philippeville en hommage au roi Louis-Philippe. Elle conservera ce nom jusqu'en 1962.

C'est en négociant avec les tribus hostiles des environs, notamment les puissantes confédérations guerrières des Béni Méhenna et des Béni Béchir que les français purent occuper, dans un premier lieu, une des deux rives de l'Oued Saf-Saf (l'antique Thapsus) qui coupe les deux vallées sur lesquelles se trouve la ville actuelle. Les français négocièrent également les hauteurs de Bouabbaz en échange de la construction de la Mosquée de Sid Ali el-Adib, construite en 1840 sur l'autre versant de la ville faisant face au lieu. La mosquée de Sid-Ali el-Adib, nommée d'après le nom d'un saint d'origine syrienne venu de Béjaïa, est aujourd'hui la plus ancienne mosquée de la ville.

En 1911, au cours d'une grève de protestation des dockers du port de Phillipeville, les ouvriers musulmans levèrent un drapeau turc et un autre, de couleur verte, frappé du croissant et de l'étoile qui sera considéré comme l'un des ancêtres du drapeau algérien, pour exprimer leur solidarité et leur fidélité à l'empire ottoman.

En 1914, le port de Philippeville est violemment bombardé par deux bâtiments de guerre de la marine turque ottomane, alors en guerre aux côtés du IIe Reich allemand contre la France.

En 1942, les troupes alliées y débarqueront, notamment sur les plages de Jeanne d'Arc (actuellement Larbi Ben M'Hidi) où la carcasse rouillée d'un mini sous-marin gît toujours au niveau de la 7e plage.

La ville fut également la cible de bombardement aériens effectués par des avions bombardiers italiens et allemands au cours de la seconde guerre mondiale.

La venue des GI's américains suscita l'enthousiasme général des populations musulmanes de la ville et le ressentiment des autorités coloniales. En 1942, un incident entre un tirailleur sénégalais et des algériens servira de prétexte à un massacre commis au niveau du quartier arabe (l'actuelle Souika) durant lequel des tirailleurs sénégalais, armés et chauffés à blanc par des militaires français tueront une trentaine de civils algériens. C'est grâce à l'intervention de l'armée américaine que cessera le massacre dont les victimes seront inhumées en présence du maire de la ville, Cuttoli, et certain parmi les principaux notables européens et musulmans.

Au cours de la Guerre d'indépendance (1954-1962), Skikda essuya des pertes : le 20 août 1955, une série d'attaques menées par des unités de l'Armée de libération nationale (ALN) contre des cibles européennes au voisinage et dans la ville entraine des représailles de la part des forces de commando-parachutistes et de Bérêts rouges de l'armée française dont l'école était située à Jeanne d'Arc (7 km de la ville) et des milices armées constituées par des extrémistes[réf. nécessaire] pieds-noirs.

Les militaires tiraient à vue sur tous les hommes de 14 à 70 ans. Ceux qui ne furent pas sommairement exécutés sur place furent rassemblés et emmenés au stade municipal (aujourd'hui Stade du 20 août 1955) où ils furent massacrés et ensevelis dans des fosses communes recouvertes à la chaux vive tandis que des hameaux (notamment le Béni-Melek) subissaient des pilonnages massifs à l'artillerie et des bombardements aériens. On[réf. nécessaire] estime aujourd'hui à plus de 12  000[réf. nécessaire], le nombre de civils algériens désarmés tués lors de ce massacre tandis que les sources coloniales[réf. nécessaire] l'avaient évalué à 1  200[réf. nécessaire]. Des sources algériennes[réf. nécessaire] estiment que le bilan serait en réalité beaucoup plus lourd puisque on ne sait pas avec exactitude tous les lieux, mis à part le stade, où furent enterrés les autres victimes de la répression.

En 1962, la ville de Philippeville connut un exode massif[réf. nécessaire] de la population pied-noir vers la France.

Durant les années 1950, mais plus particulièrement à partir des années 1960 et 1970, la ville connut un afflux massif de populations rurales (mais également celles en provenance d'autres Wilayas aussi lointaines qu'Oran) à la recherche d'emploi dans le secteur tertiaire puis dans le domaine pétrolier, ce qui a eu pour effet de recomposer totalement[réf. nécessaire] les structures sociales de la ville et la disparition[réf. nécessaire] de sa population d'origine. Le même phénomène s'acccentua au cours des années 1990[réf. nécessaire] durant lesquelles les populations fuyant l'insécurité vinrent s'établir en ville.

[modifier] Structures

La ville dispose d'un Hôtel de ville de style néo-mauresque et d'une gare ferroviaire stylée, conçus par Le Corbusier. L'Hôtel de ville de Skikda contient des tableaux de maîtres d'une très grande valeur.[réf. nécessaire]

[modifier] Économie

Un pôle technologique dont le site se situerait à la sortie Sud de la ville est également à l'étude.

[modifier] Culture

Le drapeau de Skikda porte les couleurs Blanc-bleu de la Méditerranée.

La ville possède une tradition ouvrière. Celle-ci a commencé à s'exprimer politiquement dès 1911 avec la grève des dockers du port et s'est répercutée sur les tendances gauchistes des nationalistes Skikdis. En 1935, le réformateur religieux Abdel-Hamid Ibn Badis, visitant la ville y fut mal accueilli. Ce qui a donné naissance au mythe d'une ville dont les enfants auraient été maudits par le célèbre Prédicateur.

Durant les années 1920-1930, un prédicateur religieux errant du nom de Ben Aroua, émit une série de prophéties sur l'avenir de la ville dont celle, demeurée célèbre dans la mémoire collective, relative à la guerre et l'indépendance, à un serpent métallique dont les origines se perdent dans les sables du désert et la tête dans le mer, allusion allégorique au pipeline qui relie les champs pétrolifères du Sahara au terminal pétro-chimique, ainsi qu'à la survenue d'une catastrophe de type apocalyptique dont ne seront rescapés que ceux qui se réfugieront sur les hauteurs du Djebel Messiouel situé non loin de la ville.

Comme toutes les cités portuaires, la ville possédait une pègre locale qui est arrivée durant un certain temps à concurrencer le milieu marseillais sur son propre terrain.

La ville possède une intelligentsia très dispersée et souvent forcée à l'exil ou au repli. Elle se caractérise par une parfaite maîtrise de la langue française que l'on retrouve qu'en région parisienne. En raison de diverses causes socio-politiques, Celle-ci n'a jamais pu former une élite au service de la ville ou de sa région

Le Skikdi est réputé pour son caractère bien trempé et frondeur. Le parler local est l'un des rares à prononcer proprement le Kaf Arabe comme dans l'arabe littéraire au lieu du Gaf commun chez les populations arabophones du Maroc au Golfe Arabo-persique.


Infrastructures culturelles
  • L'Amphithéatre romain, édifié au IIIe siècle de l'ère chrétienne, est situé en plein centre de la ville de Skikda (adjacent au lycée de jeunes filles En-Nahda) Sa capacité est plus importante que les amphithéatres de Guelma et de Timgad.
  • Skikda faisait partie des villes à posséder cinq salles de cinéma dès les années 1930: l'Empire, l'Eden, le Rivoli, le Réalto et le Lido.
  • Le théâtre municipal est d'un style similaire de par certain de ses aspects au style baroque et constitue l'une des curiosités de la ville.
  • Des maisons de la culture dont celle de Aissat Idir au style haussmannien et des bibliothèques municipales.
Manifestations culturelles
  • Fête de la Fraise: évènement annuel qui se tient au mois de Mai pour célébrer l'une des spécialités de la région. Des dances folkloriques, des fantasias, des concours de pâtisseries et d'artisanat sont organisés à cette occasion.

[modifier] Personnalités liées à Skikda

  • Malek Chebel, né en 1953 à Skikda, philosophe et islamologue algérien. Il a étudié en Algérie, puis en France à Paris, où il a également étudié la psychanalyse. Il a enseigné dans de nombreuses universités à travers le monde.
  • Dalil Boubakeur, recteur de la mosquée de Paris et premier président du conseil français du culte musulman y est né en 1940
  • Pierre Blanchard, acteur célèbre dans l'entre-deux guerre, né à Philippeville (ex Skikda). A joué avec Michèle Morgan dans « La symphonie pastorale ».
  • Karim Sarroub, écrivain, né à Skikda, auteur de « À l'ombre de soi » et « Racaille », parus au Mercure de France. Dans son roman "Racaille", l'auteur raconte l'histoire d'un jeune Skikdi pris dans les contradictions de son désir de vivre libre et du poids des vieilles traditions.
  • Tewfik Abada (1950-2005), Diplomate, ancien Ambassadeur d'Algérie au Viet-Nâm.
  • Wahib Abada, Diplomate, Ancien Ambassadeur d'Algérie dans plusieurs pays et Secrétaire Général du Ministère des Affaires étrangères en 1989.
  • Émile Morinaud
  • Mahmoud Hamra-Krouha (1938-1997), Phd. es Economie. Directeur General ADNOC, Abou Dhabi. Un des piliers createurs de SONATRACH.
  • Marcel Gori, auteur né à Philippeville (ex Skikda). Il a écrit « L'Algérie Illustrée ».

[modifier] Liens externes

[modifier] Voire aussi

Algérie Histoire des Aurès Chaouis Berbères