Sid Ahmed Rezala

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Sid Ahmed Rezala, dit le Tueur des Trains, était un tueur en série d'origine algérienne né le 14 mai 1979 à El-Biar (près d'Alger) en Algérie et mort le 28 juin 2000 au Portugal.

Sommaire

[modifier] Résumé des faits

En Algérie, il mène une scolarité plutôt normale et s'illustre dans l'équipe de basket-ball du collège. Arrivée en France durant l'été 1994, la famille Rezala s'installe à Marseille, fuyant les violences islamiques. Sid Ahmed arrête les études la même année et en 1995, il est pour la première fois fiché comme délinquant : commence alors presque aussitôt sa descente aux enfers : fugues, consommation de drogue et d'alcool fort, vols de voiture et vols à la roulotte, dégradations, actes de violence et de délinquance divers et son premier viol en février 1995 : il n'a pas encore ses seize ans. Dans l'un des sous-sols de la gare Saint-Charles de Marseille où il a l'habitude de traîner, il viole un jeune adolescent de treize ans et demi, le menaçant d'un couteau : le 7 décembre 1995, il est condamné par le tribunal pour enfants de Marseille à quatre années de prison dont dix-huit mois ferme et trente mois de mise à l’épreuve et est incarcéré dans la prison de Luynes (Bouches-du-Rhône). En prison, il affirme plus tard avoir été violé. Il est également accusé de viol sur un autre détenu. Cette affaire est par la suite classée sans suites, faute de preuves. Son ADN est également prélevé pour analyse. Dès sa sortie fin 1996, il recommence ses actes de délinquance et il est condamné à cent heures de travail d'intérêt général pour vol puis, en février 1999, il est de nouveau condamné à de la prison ferme pour l'agression d'un vigile SNCF avec arme blanche. En détention provisoire pour cet agression depuis mai 1998, toujours à la prison de Luynes, il ressort le 29 juin 1999 et se rend à Amiens pour rendre visite à son ex-compagne de vingt ans avec qui il a eu une petite fille. Cette dernière l'a cependant quittée alors que Sid était toujours en détention, ce qu'il a très mal accepté. Á Amiens, il entame une vague formation dans l'hôtellerie. Cependant, il reste toujours aussi instable et continue ses errances dans les trains de toute la France (il est d'ailleurs verbalisé quarante-deux fois pour ne pas avoir acheté de billet de transport).

Malgré le fait qu'il n'ait jamais été jugé en France (il reste donc selon la loi française, toujours présumé innocent), Sid Ahmed Rezala est suspecté d'au moins trois meurtres de jeunes femmes : s'il refuse de les reconnaître sur son procès verbal face à la police, il les avoue plus tard à certains journalistes dont Aziz Zemouri, du Figaro Magazine. Ce dernier parvient à entrer facilement en contact avec Rezala, se faisant passer pour le beau-frère de ce dernier auprès des gardes portugais.

[modifier] Les victimes de Rezala

  • Isabel Peake, jeune britannique de vingt ans étudiant en France, assassinée le 13 octobre 1999 dans le train Limoges-Paris alors qu'elle compte se rendre en Angleterre ; selon des témoins, elle rencontre Rezala en gare de Limoges. Dans le train, ce dernier tente vainement de la violer avant de la jeter, probablement toujours vivante, par la fenêtre du train en marche (roulant à près de 150km/h). Isabel Peake meurt sur le coup, sa tête heurtant un pylône. Son corps désarticulé est retrouvé du côté de Châteauroux. Les résultats de l'autopsie, difficile à cause de la violence du choc et l'état du cadavre, ne permet pas de savoir entre autres, si la victime a eu des rapports sexuels juste avant ;

> Sur ce meurtre qu'il avoue plus tard de sa prison portugaise, il dit à Aziz Zemmouri : « 30 secondes avant, je ne savais pas que j’allais la tuer… c’est comme un flash, tu la vois morte, c’est comme un ordre qu’on te donne en image, après tu l’exécutes… » ;

  • Émilie Bazin, jeune étudiante de vingt ans qui a eu une brève aventure avec Rezala en octobre 1999 et dont le corps a été retrouvé le 17 décembre de la même année dans une cave d'Amiens, sous le propre petit appartement de Rezala. Ce dernier laisse ses traces : dans la cave, un mégot de cigarette à rouler et du sperme sur le corps de la victime ; dans l'appartement, du sang de la victime sur les murs. La victime a certainement été frappée avant d'être étranglée avec une chemise en jean retrouvée autour du cou du cadavre ; une voisine et amie de Rezala, logeant à l'étage du dessus, dit plus tard avoir entendu des cris et des coups vers 22h/22h30 ; d'autres témoins disent avoir entendu vers 00h00/00h30, du bruit dans les escaliers comme si l'on descendait une grosse malle (certainement Rezala descendant le cadavre) ;
  • Corinne Caillaux, une mère de famille de trente-six ans originaire du nord de la France, découverte morte par des contrôleurs SNCF dans les toilettes du train de nuit Calais-Vintimille, le 14 décembre 1999, vers 3 heures du matin. Son corps est lacéré de quatorze coups de couteaux, au visage, dans le cou, sur l'abdomen et dans le dos. Rezala, qui est descendu en gare de Dijon à 02h39 du matin, a été verbalisé quelques heures plus tôt pour défaut de billet. Sa casquette souillée de sang est retrouvé près du cadavre de la victime ;

> Sur ce meurtre qu'il avoue également plus tard de sa prison, il dit : « …de la pure folie… je ne sais pas se qu'il m’a pris… je n’ai pas vu qu'elle avait un gamin, parce que je n’aurais rien fait c’est sûr… dans le train j’étais défoncé. Á l’époque, je buvais deux litres de Jack Daniel's par jour, mélangé à du « Shit », et je prenais aussi des cachets… »

[modifier] L'Ennemi Public N°1

Á la mi-décembre 1999, se sachant recherché comme témoin dans l'affaire Corinne Caillaux en voyant sa photo dans les journaux (alors que la Police avait demandé aux journalistes de ne pas diffuser tout de suite la photo du témoin-suspect), il quitte le domicile familial de Marseille et fuit en train pour l'Espagne : on le recherche sur Marseille et dans toute la France, mais également en Belgique (pays natal de sa mère) et dans treize autres pays européens ainsi que dans les trois pays du Maghreb. Cependant, des dysfonctionnements judiciaires et des tensions, entre autres, entre les enquêteurs de Dijon et ceux de Marseille nuisent sérieusement à l'enquête et permettent à Sid Ahmed, au physique passe-partout, de s'échapper. En outre, le 13 novembre 1999, un mois avant le meurtre de Corinne Caillaux, il avait déjà été interpellé par les services de douanes, près de Pontarlier, dans le train Genève-Paris, avec vingt grammes de cannabis, un poignard et une bombe lacrymogène. Placé en garde-à-vue quelques heures, il avait été remis en liberté sur instruction du parquet, son identité n’ayant pas été signalée au fichier des personnes recherchées, et alors que son ADN est connu depuis 1995.

La panique gagne vite les voyageurs prenant les trains de nuit et l'« Ennemi public N°1 » est aperçu (à tort) par des témoins partout dans l'Hexagone. Le 24 décembre, la famille Rezala est placée en garde-à-vue. En Espagne, il est arrêté pour vol et placé en garde-à-vue avant d'être relâché. En janvier 2000, repéré à cause de ses appels téléphoniques vers la France, il est localisé au Portugal, dans la banlieue de Lisbonne ; le 12 janvier, il est arrêté par la police française et portugaise alors qu'il s'apprêtait à se rendre à Madrid pour s'envoler vers les îles Canaries, billet en poche.

Emprisonné au Portugal, il refuse son extradition vers la France où il risque la perpétuité. Or le Portugal est le pays d'Europe le moins répressif, la demande d'extradition est donc rejetée. La justice portugaise peut en effet empêcher l'extradition d'un détenu étranger lorsque ce dernier risque une peine plus longue dans son pays d'origine.

Mercredi 28 juin 2000, vers 23 heures : en plein Euro 2000 et alors que la prison-hôpital de Caxias où Rezala est incarcéré est en fête (le Portugal joue son match de demi-finales contre la France ce soir-là), il se suicide en mettant le feu à sa cellule (feu de matelas) sans avoir été jugé et condamné : l'affaire Rezala est ainsi close.

Le 10 novembre 2004, le mari (veuf) de Corinne Caillaux obtient la condamnation de la SNCF pour « manquement à ses obligations de sécurité » : l'entreprise publique devra lui verser quelques 223.000€ d'indemnisation à titre de dédommagements.

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