Secteur de la grande distribution

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Le secteur de la grande distribution est l'ensemble des regroupements de commerces de détail de biens de consommation. Ces groupements sont intégrés horizontalement afin, de bénéficier d’une communication et d’une image de marque commune, éventuellement de services et/ou d’une force d’achat.L'ensemble de chacun de ces regroupements quelques soient leurs liens, intégrés, coopératifs ou franchisés, constituent la base d’une intégration verticale pouvant couvrir, outre la fonction d’achat en gros, la logistique et/ou la production de biens.

Sommaire

[modifier] Historique de la grande distribution

[modifier] XVIIIème siècle : les précurseurs

  • Alexandre Balthazar Laurent Grimod de La Reynière n'a pas seulement été un gastronome averti mais aussi un commerçant. Certes cet avocat en est devenu un par nécessité mais il a été inventif en imaginant le principe d'achat direct au producteur et de vente à prix fixé de biens variés allant de l'épicerie à la droguerie avec quelques denrées exotiques[1].

[modifier] De 1800 à 1915 : les anciennes formes de la grande distribution

[modifier] Les succursalistes et coopératives de consommation

Icône de détail Article détaillé : Coopérative de consommation.

Bien que d'inspiration et d'origine différentes ces deux systèmes ont été développés en utilisant le principe d'achat en gros à partir d'un entrepôt central distribuant la marchandise à des points de vente.

  • Robert Owen, un industriel Gallois, imagine au début du XIXe siècle la première coopérative de consommation qu'il met en œuvre dans la filature de coton qu'il dirige à New Lanark en Écosse. Parti d'un mouvement mêlant utopisme et socialisme en Grande-Bretagne, le principe s'essouffle après avoir eu un vif succès pour connaitre un regain vers 1840 qui se diffusera dans toute l'Europe. Le bénéfice est aboli, les producteurs vendent directement aux consommateurs par l'intermédiaire de la coopérative en conservant l’usage de la monnaie.
  • Félix Potin ouvre son premier magasin en 1844 à Paris. Il ouvrira par la suite d'autres établissements sous la même enseigne vendant à prix fixés et affichés, ce sera le début du succursalisme. Les marchandises sont préemballées dans ses usines au lieu d'être reçu en vrac dans les boutiques et emballés sur place par les épiciers. Ce principe sera repris avec succès aux États-Unis, par Franklin Winfield Woolworth et son frère, en 1879 année d'ouverture de leur second magasin et donnera naissance à la chaine de magasin Woolworth's développant au passage le concept de magasin populaire.

[modifier] Les grands magasins

Icône de détail Article détaillé : Grand magasin.

[modifier] Les magasins populaires

Icône de détail Article détaillé : Magasin à prix unique.
  • Cette forme de commerce (variety store) est apparue aux États-Unis en 1879 avec le succursaliste Woolworth's. Elle n'apparaîtra en France qu'en 1931 avec Uniprix, de Prisunic et en 1932 avec Monoprix, cette dernière enseigne ayant successivement absorbé ses deux concurrentes au fil des années.

[modifier] De 1916 à 1980 : le libre-service, le discompte et les grandes surfaces

Icône de détail Articles détaillés : Libre-service, Supermarché et Hypermarché.
  • 6 septembre 1916, ouverture du premier magasin libre-service (cash and carry), sous l'enseigne Piggly-Wiggly[2] à Memphis (États-Unis) par Clarence Saunders. Il cherchait à réduire les frais de commercialisation, ne pas livrer le client, le laisser se servir lui-même.
  • 4 août 1930, Michael J. Cullen ouvre le premier supermarché sur 560m² à New York (États-Unis) sous l'enseigne King Kullen[3].
  • En 1948 dans l'Allemagne d'après guerre, les frères Theodor et Karl Albrecht transforment la politique du commerce familiale en incluant directement les remises dans le prix de vente à tous les clients dès le premier achat et rencontrent un succès immédiat. L'assortiment proposé était étroit et peu profond. La magasin prendra le nom de Aldi pour Albrecht Distribution.
  • Édouard Leclerc, en 1949 à Landerneau (France), va plus loin dans le discompte en achetant en masse et fait de nombreux émules : "Acheter moins cher, pour revendre moins cher".
  • Ouverture du premier hypermarché le 15 juin 1963 portant l'enseigne Carrefour à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne) (France)[4].

[modifier] À partir de 1980

  • Élargissement de la clientèle en conjuguant prix et qualité
  • Déclin des spécialistes (fromager, droguiste, bazardier...) et des épiceries indépendants et rôle accru des centrales d'achat.
  • Montée en puissance des enseignes spécialistes (non alimentaire) tels que la FNAC, Darty, Castorama suite à leur rachat par de grands groupes.

[modifier] 1990 : le client roi

  • Fidélisation de la clientèle (1980 Début de la fidélisation)
  • Nouvelles stratégies orientées vers le client
  • Vague de concentration du secteur de la distribution
  • Essor de l'internationalisation

[modifier] 2000 : retour aux sources

  • Fidélisation de la clientèle
  • Ralentissement de la croissance externe
  • Augmentation du maxidiscompte
  • Retour à des stratégies de bas prix
  • Développement du commerce électronique

[modifier] Le secteur de la grande distribution en France

Icône de détail Article connexe : Les hypermarchés en France.

Un hypermarché est un commerce de détail de grande taille (surface commerciale minimale de 2500 m² en France). Pour l'INSEE, une grande surface est un hypermarché si elle réalise plus d'un tiers de son chiffre d'affaires dans l'alimentaire[5].

Il est difficile de séparer les hypermarchés des supermarchés dans la mesure où la plupart des enseignes de supermarchés (Intermarché, Champion, Super U...) développent aujourd'hui des magasins de plus de 2500 m². Les spécialistes du genre restent néanmoins les opérateurs de grands hypers (+ de 8000 m²) : Auchan, Carrefour, Cora, E. Leclerc et Géant Casino.

En 2005, les grandes surfaces alimentaires, c'est-à-dire les supermarchés et les hypermarchés, exploitaient 550 000 personnes et réalisaient un chiffre d'affaires de 157,7 milliards d'euros[réf. souhaitée].

En France, la loi n° 69-1263 article 17 prévoit une procédure d'examen préalable à la délivrance des permis de construire pour les commerces de plus de 3000 m², effectuée par des comités départementaux d'urbanisme commercial (C.D.U.C.) et la commission nationale d'urbanisme commercial (C.N.U.C.) Puis la loi d'orientation du commerce et de l'artisanat du 27 décembre 1973, dite « loi Royer », dont le but était de sauver le petit commerce en limitant la croissance des grandes surfaces, a soumis leur implantation à l'accord des Commissions départementales d'urbanisme commercial. La loi du 5 juillet 1996 relative au développement et à la promotion du commerce et de l'artisanat complète, dite loi Raffarin renforce la loi Royer en abaissant le seuil de surface au dessus duquel une autorisation est nécessaire à 300 m² et en rendant les autorisation plus difficile dans la pratique (changement de composition des commissions, renommée pour l'occasion Commission Départementale d'Equipement Commercial, ...).

Par ailleurs, la loi Galland réduit la concurrence en ne prenant pas en compte les marges arrières dans les critères de vente à perte.

L'analyse des implications économiques de ces lois montre leurs conséquences néfastes sur le pouvoir d'achat (les barrières à l'entrée réduisent la concurrence et crée des monopoles locaux), et sur l'emploi (moins d'hypermarchés implique moins d'employés)[6]. Les principaux économistes plaident auprès des politiques en faveur d'un changement de règlementation.

[modifier] Principales enseignes françaises

[modifier] Grandes Entreprises de distribution spécialisées en Grandes Surfaces (GEGS)

[modifier] Indépendants associés à une centrale d'achat coopérative

[modifier] Indépendants franchisés

[modifier] Les grandes enseignes alimentaires en France

Les 10 premières enseignes alimentaires en France sont[7] :

[modifier] Distribution et développement durable

[modifier] Le bilan carbone

Icône de détail Article détaillé : Bilan carbone.

La question est posée de savoir si les supermarchés périphériques engendrent une multiplication ou une réduction des transports entre les producteurs et leurs rayons.

  • Ils s’approvisionnent moins localement que les commerces classiques (les productions régionales, hors fruits et légumes, représentent moins de 1 % de leurs ventes).
  • Leur chaîne logistique est fortement rationalisée.

Au total, certains accusent ce mode de consommation d'être très énergivore mais ils sont contestés. En effet, si les consommateurs sont attirés par ce mode de consommation c'est en raison du large choix de produits qui réduit le nombre de transports et par les prix bas permis notamment par la rationalisation de la production et de la logistique, qui apporte d'importants gains énergétiques répartis entre de nombreux acteurs économiques.

[modifier] La responsabilité sociale

En 2007, Le CIES[8], l'association des distributeurs pilote un vaste programme mondial visant au respect des clauses sociales nommé GSCP (Global Social Compliance Programme). Ce projet incluant les plus grands distributeurs mondiaux mais également des fournisseurs de la grande distribution s'appuie sur les textes internationaux et vise à promouvoir et faire respecter les meilleurs pratiques concernant les questions de santé, sécurité, salaires, travail des enfants et discriminations dans les pays producteurs où les législations font défaut où ne sont pas respectées[9].

[modifier] La gestion des risques dans le secteur de la grande distribution

Icône de détail Article détaillé : Gestion du risque.

[modifier] La loi identifie et encadre les risques

[modifier] Le risque alimentaire

La distribution alimentaire nécessitent des installations et des procédures spécifiques le plus souvent encadrées par des lois et est contrôlée par l'administration et des agences publiques.

Par exemple, en France, les réglementations sanitaires et vétérinaires encadrent la production, la distribution et l'évacuation des déchets alimentaires (boucherie, charcuterie...). L'Afssa, agence publique française indépendante, est chargée d'évaluer ce risque sur le territoire et est l'équivalente de la Food and Drug Administration étatsunienne.

[modifier] Les risques liés aux stockages et aux installations

Les installations frigorifiques comprenant des chambres froides, des banques réfrigérés et des compresseurs nécessaires à la bonne conservation des aliments sont, en France soumises, à autorisation au titre de la législation des ICPE. Il en est de même pour les stations de distribution de carburant soumises à déclaration en deça d'un certain débit distribué et d'une autorisation au delà.

[modifier] La prévention de ces risques

La méthode de contrôle dite de Système d'analyse des dangers et de maîtrise des points critiques (HACCP) est une obligation législative européenne dans le secteur de la production et de la distribution alimentaire (ISO 22000).

[modifier] Tableau comparatif des principales sociétés en Europe

Société Pays Capitalisation
au 9/9/2004
CA 2003 CA 2004
prévisionnel
PER 2004
Carrefour France 29 369 70 943 73 529 13,9
Metro AG Allemagne 12 373 53 595 56 725 14,6
Ahold Pays-Bas 8 373 56 068 52 310 19,6
Tesco Grande-Bretagne 30 104 43 719 49 893 14,9
Casino Guichard Perrachon France 7 079 22 983 23 490 11,9
Sainsbury's Grande-Bretagne 6 664 24 320 22 034 18,0
Delhaize Group Belgique 4 352 18 807 18 237 10,8
Morrisson WM Supermarket Grande-Bretagne 7 339 17 015 17 975 19,1
Guyenne et Gascogne France 642 1 360 1 195 12,3




Note : Les groupes coopératifs (E.Leclerc, Les Mousquetaires, Coop, Spar, Système U, Babou) ne figurent pas pour le moment, ces enseignes fonctionnent sous un système de coopération d'indépendants et n'appartiennent donc pas à une société mère.

[modifier] Notes et références

  1. De la révolution française à la révolution de l'Hypermarché, COOP aujourd'hui, Bulletin de la FNCC, n°4, juin 2005 [lire en ligne]
  2. Voir le site de (en)Piggly-Wiggly, une enseigne américaine toujours existante (voir dans la partie about us).
  3. The place where supermarketing was born, Mass Market Retailers 19, no. 9 (17/06/2002): 172.
  4. Hugues Joublin, L'aventure du premier hyper, L'Expansion, 06/05/1993 [lire en ligne]
  5. Le commerce en France - Édition 2006, INSEE
  6. Philippe Askenazy, Katia Weidenfeld, Les Soldes de la loi Raffarin - Le contrôle du grand commerce alimentaire, ed. Rue d'Ulm, coll. Cepramap, 18/05/2007 (ISBN 2728803846) [lire en ligne]
  7. Les Echos, 18-19 janvier 2008, page 25
  8. (en) CIES, www.ciesnet.com, 18/09/2007 [lire en ligne]
  9. Julien Chauveau, Les grands distributeurs se mobilisent sur la responsabilité sociale, Les Échos, 29/09/2007, p.30

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • Philippe Askenazy, Katia Weidenfeld, Les Soldes de la loi Raffarin - Le contrôle du grand commerce alimentaire, ed. Rue d'Ulm, coll. Cepramap, 18/05/2007 (ISBN 2728803846) [lire en ligne]
  • Christian Jacquiau, Les coulisses de la grande distribution , Editions Albin Michel, 08/03/2000 (ISBN 2226115064)
  • Etienne Thil, Les inventeurs du commerce moderne, Jouwen Editions, 01/09/2000 (ISBN 2951067348)