Science chrétienne

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La Science chrétienne (ou Christian Science) est un mouvement religieux fondé par Mary Baker Eddy en 1879. D'obédience protestante non-trinitaire, il se donne pour mission « de rétablir le christianisme primitif et son élément perdu de guérison ». L'Église mère de ce mouvement, la Première Église du Christ, Scientiste, est basée à Boston (États-Unis d'Amérique) et compte quelques centaines de milliers d'adeptes, principalement dans ce pays.

Plusieurs auteurs considèrent que la Science chrétienne est une secte, notamment à cause de son insistance sur la guérison par la seule foi.

La Science chrétienne et la Première Église du Christ Scientiste n'ont rien de commun avec l'Église de Scientologie. Elles sont également considérées comme complètement dissociées du mouvement de la Nouvelle Pensée, bien que partageant certains concepts métaphysiques. La Science chrétienne n'utilise pas non plus de méthode scientifique, le terme science s'entendant ici comme « synthèse de connaissance ».

Sommaire

Doctrine

Extension de la première Église du Christ Scientiste, Boston.
Extension de la première Église du Christ Scientiste, Boston.

Les doctrines de la Science chrétienne sont exposées dans un livre intitulé Science et santé avec la clef des écritures, de Mary Baker Eddy. Dans cet ouvrage, l'auteur affirme expliquer sa découverte des « lois universelles spirituelles » qui apportent « réconfort, régénération et guérison ». En corollaire de ce manuscrit, les scientistes se réfèrent également à la Bible.

La Science chrétienne affirme expliquer Dieu à l'aide de sept « synonymes » : « l'Entendement, l'Esprit, l'Âme, le Principe, l'Amour, la Vérité, la Vie ». L'homme est, dans la Science chrétienne, l'idée et l'image de Dieu.(Premier chapitre du Livre de la Genèse dans la Bible)

Rituels

En 1895, Mary Baker Eddy remplaça la prédication personnelle par la lecture de la Bible et de Science et santé faite par deux membres élus. Elle institua ainsi un « pasteur impersonnel » pour son mouvement et ses filiales à travers le monde.

Il existe 26 sujets de leçons bibliques qui se répètent tous les six mois, comme par exemple, « L’Âme et le corps » ou « L’univers, y compris l’homme, est-il produit par la force atomique ? » Ces leçons peuvent s’étudier pendant la semaine. Les citations de la Bible et de Science et Santé qu’elles contiennent constituent le sermon du dimanche dans les églises de la Science chrétienne du monde entier. Ils sont publiés dans le livret trimestriel.

Controverse

Les détracteurs de la Science chrétienne dénoncent généralement l'utilisation en son sein de pratiques spirituelles visant les guérisons miraculeuses et le rejet de la médecine scientifique, ou encore pour le pouvoir de l'Église mère, la centrale de Boston et son activité de prosélytisme. Les membres affirment que l'organisation est démocratique, tout en maintenant une filiation avec l'église mère, que la volonté de diffusion de leur doctrine n'est pas condamnable et que l'emploi ou le rejet de la médecine est un choix personnel.

En France, le rapport d'enquête n° 2468 de l'Assemblée nationale de 1995 a examiné un éventuel caractère sectaire en se basant entre autres sur des sources comme Les nouvelles sectes Seuil, d'Alain Woodrow, 1977 qui considère la Science chrétienne comme une secte, et Des "sectes" à notre porte de Jean Vernette et Yves de Gibon , 1987. Il ne l'a pas retenue dans la liste « des mouvements pouvant, à l'aune des critères définis [par le rapport], être qualifiés de sectaires ».

Dans son étude An Analysis of Sect Development[1], le sociologue Bryan Wilson identifie quatre types de sectes religieuses selon la manière dont elles rejettent les valeurs sociales ou la société. Il classe la Science chrétienne parmi les sectes gnostiques (ou manipulatrices) qui mettent l'accent sur les enseignements ésotériques, rejettent certaines théories scientifiques, proposent des méthodes particulières afin de s'épanouir, mais acceptent généralement les normes culturelles de la société[2]. Celles-ci « théorisent la vérité divine pour vivre dans la société ».

Historique de la Science chrétienne en France

  • 1890 : une personne qui connaît la Science chrétienne affirme qu’elle a été guérie d’un problème de vue (source Mary Baker Eddy library) ;
  • 1896 : une centaine d’exemplaires de Science et santé avec la clef des écritures est envoyée à des personnalités de la Sorbonne et à un grand nombre d’artistes et de penseurs parisiens ;
  • 1897 : The Christian Science Journal dénombre deux « praticiens » en France, tous deux résidant à Paris ;
  • 1899 : la première église filiale de l'église mère s'installe ;
  • 1907 : lors de l’Exposition internationale du livre à Paris, le gouvernement français, représenté paqr Aristide Briand, nomme Mary Baker Eddy « officier d’Académie » ;
  • 1914 : à Paris, première conférence sur la science chrétienne donnée en français par William D. McCrakan ;
  • 1917 : publication de la traduction française de Science et santé avec la clef des écritures ;
  • 1918 : publication en français du journal Héraut de la Christian Science.

Aujourd'hui, la Science chrétienne est composée de l'église mère à Boston (où se trouvent le centre administratif et la société d'édition) et de deux mille églises filiales réparties dans quatre-vingts pays (chiffres présentés par la science chrétienne).

L'estimation du nombre de membres varie de 500 000 membres à 1 500 000 membres selon les sources dont 800 à 2500 en France, elle compterait 3 100 filiales dans 57 pays[3]. D'après Rodney Stark [4], le nombre d'adeptes ne cesse de baisser depuis les années 1940 aux États-Unis, à cause, selon lui, de la diffusion grandissante de la médecine moderne.

Les publications de la Christian Science Publishing Society

  • Le Héraut de la Christian Science (The Christian Science Herald) est un journal du mouvement. Fondé en 1918, il affirme donner à ses lecteurs des « exemples pratiques de l'accessibilité et de l'efficacité des lois de Dieu ». En plus de divers articles et de témoignages de « guérison », chaque numéro comprend un répertoire des églises et des praticiens de la science chrétienne parlant français. Il existe aussi des Héraut mensuels ou trimestriels en douze autres langues.
  • Le Livret trimestriel de la Christian Science. Les citations de la Bible et de Science et Santé qu’elles contiennent constituent le sermon du dimanche dans les églises de la Science Chrétienne du monde entier.
  • The Christian Science Monitor, journal d'information généraliste.
  • The Christian Science Journal. Magazine mensuel en anglais. Comprend un répertoire complet des praticiens et des églises de la Science chrétienne dans le monde entier.
  • The Christian Science Sentinel. Magazine hebdomadaire en anglais.

Voir aussi

Bibliographie

  • Bernard Wilson, Les sectes religieuses, Hachette, 1970.
  • Alain Woodrow, Les nouvelles sectes, Le Seuil, Paris, 1977.
  • Jean Vernette, Yves de Gibon, Des sectes à notre porte, Chalet, 1987.

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Bryan Wilson, An Analysis of Sect Development, American Sociological Review, 1959
  2. La typologie de Brian Wilson est détaillée entre autres dans A Social Analysis of Religious Organisations, Nuri Týnaz
  3. Selon l'association chrétienne évangélique Vigi-Sectes elle compterait 500 000 membres (dont 70 % de femmes), Alain Woodrow en 1977 et Jean Vernette en 1987 l'estiment à 1 500 000 membres (chiffres repris dans le rapport parlementaire français de 1995)
  4. [1]