Samora Machel

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Samora Moisés Machel (29 septembre 1933, Chilembene au Mozambique19 octobre 1986, Mbuzini en Afrique du Sud) est un homme politique mozambicain, membre du FreLiMo et premier président du Mozambique indépendant entre 1975 et 1986.

Sommaire

[modifier] Formation

De religion protestante, Samora Machel est le fils d'un petit chef shangaan de la province de Gaza.

Il est scolarisé à la mission catholique la plus proche où il gagne le surnom de "rebelle" mais suite à la mort de son frère dans une mine en Afrique du Sud, Samora Machel est obligé de cesser ses études, faute de crédits. Il parvient néanmoins à débuter une formation d'infirmier et est embauché à l'hôpital de Lourenço-Marquès. Il devient ensuite l'infirmier personnel attaché à une doctoresse portugaise.

En 1961, Machel rencontre Eduardo Mondlane, un intellectuel mozambicain en lutte contre le colonialisme portugais au Mozambique, de retour au pays à la tête d'une mission pour le compte de l'ONU.

En 1963, Samora Machel quitte son épouse et choisit de rejoindre la lutte indépendantiste contre la puissance coloniale portuguaise. Machel intègre le FreLiMo (Front de libération du Mozambique) et rejoint son chef, Mondlane, à Dar es Salaam. Il suit alors une formation militaire en Algérie et fait partie le 25 septembre 1964 des 250 guérilleros du Frelimo qui déclenchent la lutte armée contre le Portugal.

En 1966, il devient secrétaire à la défense du Frelimo, succédant à Felipe Magaia, mort au combat. En 1968, Machel devient commandant en chef des forces armées et entre au comité central du Frelimo.

Après l'assassinat d'Eduardo Mondlane en 1969, il accède à la direction du parti au sein d'un triumvirat avec Marcelino Dos Santos et le révérend Uria Simango. Samora Machel représente alors l'aile marxiste et multiraciale face aux tenants du courant africaniste. Dès 1970, il s'impose face à ses deux rivaux et prend seul la direction du mouvement de libération marxiste. Josina, sa seconde femme, rencontrée en Tanzanie, meurt en 1971. En 1973, il refait sa vie avec Graça Simbine.

[modifier] Au pouvoir

Suite à la Révolution des œillets en 1974 au Portugal, le successeur du dictateur Salazar, Caetano, est renversé par l'armée. Les nouveaux dirigeants souhaitent mettre fin aux guerres coloniales que l'armée portugaise mène en Afrique en accordant l'indépendance à ses possessions (Mozambique, Angola et Cap-Vert). le Frelimo est alors l'interlocuteur privilégié du Portugal. un accord de cessez-le-feu est signé à Lusaka et un calendrier fixé prévoyant un gouvernement provisoire, l'indépendance du Mozambique et des élections pluralistes.

Le Mozambique devient indépendant le 25 juin 1975. Le FreLiMo est alors à la tête d'un gouvernement d'union nationale mais les concurrents ou opposants sont rapidement écartés.

Samora Machel est élu président de la république et pousse au développement d'une société socialiste et rejoint le bloc soviétique.

La situation régionale est compliquée : le Mozambique abrite les bases arrières des mouvements de libérations armés sud-africain, l'ANC et rhodésien, la ZANU. De leurs côtés, l'Afrique du Sud, toujours sous le régime d'apartheid et le gouvernement blanc de Rhodésie soutiennent financièrement et logistiquement la ReNaMo, un mouvement armé, qui s'attaque à l'infrastructure mozambicaine. Économiquement, l'aide soviétique ne suffit pas et les relations économiques et politiques avec les deux voisins du Sud sont des plus tendues. Néanmoins, Machel réussit à rester populaire parmi la population.

En 1979, la Renamo est affaiblie quand son leader est abattu. En 1980, le soutien de la Rhodésie cesse avec l'avènement à sa place du Zimbabwe. Mais la guerre civile continue, coupant le pays en deux.

Dès 1980, Samora Machel se rend compte aussi de l'inefficacité de sa politique économique et en 1983 se détourne du socialisme pour demander l'aide du FMI. Le pays connaît alors une sécheresse sans précédent et la famine couplée à la guerre civile contribue à faire du Mozambique un des pays les plus pauvres du monde. Suite aux exactions de la Renamo, Samora Machel fait rétablir les coups de fouet en public et la peine de mort.

En 1984, les difficultés économiques le contraigne de se rapprocher de l'Afrique du Sud. Il signe les accords de Nkomati avec le président Pieter Botha prévoyant que les sud-africains cessent de soutenir la Renamo contre le retrait du soutien mozambicain à l'ANC et aux mouvements anti-apartheid établis sur son sol. L'accord n'est finalement pas respecté de part et d'autres en dépit des relations sereines établies au niveau des ministères respectifs des deux pays.

Le 19 octobre 1986, Samora Machel s'envole alors pour la Zambie pour discuter de la sitation avec les présidents zambiens, angolais et zaïrois. Le sommet se déroule dans le calme malgré une ambiance tendue. Mobutu est accusé de soutenir autant l'Unita en Angola que la Renamo au Mozambique. Le Malawi, non représenté au sommet, est aussi soupçonné par Machel de donner asile aux rebelles de la Renamo. Machel avait menacé quelques mois auparavant le Malawi de blocus économique et de tirs de roquettes alors que l'ambassade du Malawi était mise à sac à Maputo au mois de septembre.

[modifier] Le décès de Samora Machel

Le 19 octobre 1986 dans l'après-midi, Machel revint en avion de ce sommet de Lusaka quand son Tupolev 134 s'écrase sur les flancs des montagnes Lebombo à 300 mètres de la frontière entre l'Afrique du Sud et le Mozambique, près de Mbuzini. Machel et 24 autres occupants meurent, neuf survivent. Après une courte période d'intérim, Joaquim Chissano devient président du Mozambique le 6 novembre 1986. En décembre, il signait un traité d'amitié et de coopération avec le Malawi mettant fin aux tensions entre les deux pays.

[modifier] Enquêtes

La commission d'enquête internationale, réunie en vertue la convention de Chicago sur les crash aériens, comprenant notamment l'astronaute Frank Borman et dirigée par le juge sud-africain Cecil Margo, rendit son rapport en janvier 1987. Bien que les soviétiques (en tant que constructeurs de l'avion) et les Mozambicains (propriétaires) aient déclinés officiellement l'invitation de droit qui leur avait été faite de participer aux travaux de la commission internationale, les équipes d'enquêtes des trois pays impliquées échangèrent informations et conclusions. Le rapport de la commission Margo mit en avant une erreur du pilote russe lequel n'aurait pas demandé les vérifications d'usage après qu'il se fut aperçu, comme le confirmèrent les boîtes noires, qu'il s'était dérouté. Les Mozambicains refusèrent toute mise en cause de la tour de contrôle de Maputo alors que la commission d'enquête soviétique incrimina une balise mobile (VOR) qui aurait leurré l'appareil vers les collines boisées du Transvaal. Certains ont alors incriminé les services secrets sud-africains qui auraient utilisé une technologie obtenue du Mossad israélien. Les appareils de navigation, et en particulier l'altimètre, montrant des mesures fausses, le pilote se croyait au-dessus des montagnes en regardant son altimètre alors qu'il filait dedans.

En 1996, un rapport de la Commission vérité et réconciliation recommanda un complément d'enquêtes pour éclaircir certaints points litigieux.

Le 9 février 2006, Charles Nqakula – ministre sud-africain de la sécurité – ordonna qu'un complément d'enquête soit effectué.

[modifier] Mme Machel

La femme de Machel, Graça Machel, ancienne ministre de l'éducation, se remariera ultérieurement (en juillet 1998) au président sud-africain Nelson Mandela. Elle se consacre à découvrir les responsables pour la mort de son premier mari.

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • Georges Lory (sous la direction de), biographie de Samora Machel dans "Afrique australe", éditions autrement, n°45 HS, avril 1990