Sagalassos

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Le site de Sagalassos
Le site de Sagalassos

Sagalassos est une ancienne cité d'Asie Mineure, située sur les contreforts du Taurus, dans la région d'Isparta en Turquie, à environ 100 km au nord de l'actuelle Antalya, à une altitude comprise entre 1450 et 1700 m.

L'occupation du lieu est ancienne, mais la cité s'est surtout développée sous l'Empire romain, entre le IIe et le VIIe siècle ; elle s'est maintenue tardivement, avant d'être définitivement désertée par suite d'un séisme majeur.


Des fouilles et restaurations importantes sont menées depuis 1985.

Sommaire

[modifier] Historique

Les premières traces d'occupation humaine remontent à environ 12 000 ans avant notre ère. Mais la cité est fondée réellement vers 2000 av. J.-C. par des tribus Pisides qui vivent de l'élevage. La position de la ville, outre la facilité défensive qu'offre le site, lui permet de contrôler un col important du Taurus occidental. Le pays alentour, parsemé de lacs et boisé, est le « château d'eau » des régions voisines. Il passe sous le contrôle de l'Empire hittite du 1600 av. J.-C. au 1200 av. J.-C., puis la Pisidie retrouve son autonomie et la préserve malgré les tentatives de conquête des Achéens, des Cariens, des Phrygiens, des Lydiens et des Assyriens. Toutefois, en 548 avant notre ère, elle est prise par les Perses.

En -333, Alexandre le Grand s'empare de la ville. Sagalassos connaît alors une hellénisation rapide qui se manifeste en particulier par la construction de nombreux monuments tels qu'une agora, un sénat de 220 places, un temple dorique de Zeus et une fontaine dont les archéologues eurent la surprise de constater, après avoir déblayé les débris qui gênaient, qu'elle fonctionnait encore. Les habitants de Sagalassos et de sa région, dont la tradition guerrière est réputée, fournissent de nombreux mercenaires aux souverains hellénistiques, surtout aux Lagides.

Sagalassos : hérôon du nord-ouest
Sagalassos : hérôon du nord-ouest

Sous la période romaine, Sagalassos devient un prospère pôle économique et culturel de la province de Lycie-et-Pamphylie: son industrie potière est réputée. Auguste fait construire une route qui relie directement Sagalassos au port de Pergé (aujourd'hui Aksu) tandis que sous Tibère, une porte monumentale est érigée à l'entrée sud de la ville. Au IIe siècle un riche citoyen de la ville, Titus Flavius Neon, finance la construction d'une grande bibliothèque à laquelle s'ajoute une superbe mosaïque au IVe siècle. Cette bibliothèque est aujourd'hui partiellement reconstituée par le travail des archéologues. Des thermes romains (qui nous ont été transmis sous le nom de « bains turcs ») sont aussi construits à l'époque sur une surface de plus de 10 ha.

À partir du VIe siècle, la ville est touchée par une série de calamités. En 518, elle est partiellement détruite par un tremblement de terre. Reconstruite, elle est alors décimée par la peste justinienne entre 541 et 543. La ville est, de surcroît, soumise à des raids arabes vers 640. Un dernier séisme au VIIe siècle entraîne la dispersion des habitants de la ville dont beaucoup se réfugient dans la vallée (aujourd'hui Ağlasun) à 7 km. Progressivement recouverte par l'érosion, Sagalassos est enfouie sous plusieurs mètres de terre. Elle est le dernier bastion de la culture de l'Empire romain d'Orient, préservée au mieux de toute transformation[1].

[modifier] Fouilles et découvertes archéologiques

L'explorateur Paul Lucas a visité les ruines en 1706. Les visiteurs occidentaux commencèrent à visiter les ruines à partir de 1824, lorsque l'aumônier et antiquaire britannique Francis Vyvyan Jago Arundell (1780-1846) eut déchiffré le nom de la cité dans des inscriptions nouvellement découvertes[2] ; mais ce n'est qu'en 1985 que commencèrent d'importantes recherches, menées par une équipe anglo-belge dirigée par Stephen Mitchell.

Sagalassos devint un site touristique majeur en 1990 avec le grand projet de fouilles dirigées par Marc Waelkens, de l 'Université catholique de Louvain, Belgique. Le centre monumental a été mis au jour, et les quatre grands projets de restauration sont presque terminés.

Le 9 août 2007, la presse a rapporté la découverte dans les thermes d'une statue colossale de l'empereur Hadrien, qui atteignait une hauteur de 4 à 5 m. La statue date du début du règne d'Hadrien, et représente l'empereur en tenue militaire. Elle a été sculptée par sections et assemblée avec des tenons de marbre. La statue a été abattue par le tremblement de terre majeur survenu à la fin du VIe ou au début du VIIe siècle[3].

[modifier] Notes et références

  1. Les derniers Romains, documentaire sur Sagalassos de Philippe Axell et Marco Visalberghi, 2007
  2. F.V.J. Arundell, Discoveries in Asia Minor, including a Description of the Ruins of Several Ancient Cities, Especially Antioch of Pisidia, 2 vols. (London) 1834 ; The Rediscovery of Sagalassos
  3. Giant statue of Hadrian unearthed, BBC News

[modifier] Filmographie

  • Les derniers Romains, documentaire de Philippe Axell et Marco Visalberghi (Fr/Bel, 2007), 50 mn. Diffusion sur Arte les 7, 8 et 15 juin 2008.
  • Sagalassos, la cité oubliée, documentaire de Philippe Axell (Belgique, 2003), 52 mn.

[modifier] Bibliographie, publications

  • (en) Marc Waelkens and L. Loots, Sagalassos I à V, Acta Archaeologica Lovaniensia Monographiae, Leuven University Press, Louvain, 2000 (ISBN 90-5867-079-1)
  • (en) Bruno Vandermeulen, Danny Veys, In site Sagalassos, photographies, Peeters Publishers, Louvain, 2008

[modifier] Liens externes

37°40′41″N 30°31′10″E / 37.67806, 30.51944