Rudolf Steiner

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Rudolf Steiner
Rudolf Steiner

Rudolf Steiner est un Autrichien né le 25 février 1861 à Doljnji Kraljevec en Croatie et mort à Dornach en Suisse le 30 mars 1925. Il est le fondateur de l'anthroposophie, enseignement spirituel fondé sur un corpus de techniques essentiellement méditatives et psychophysiologiques, visant à restaurer l'harmonie entre l'Homme, l'univers et ce que Steiner désignait comme les « mondes supérieurs ». Grand admirateur de Goethe, il s'illustra comme philosophe, homme de lettres, dramaturge, architecte, et surtout promoteur de nouvelles méthodes d'enseignement fondées sur la recherche d'une clairvoyance spirituelle. Il est à l'origine de projets aussi divers que les écoles Waldorf, l'agriculture biodynamique, les médicaments et produits cosmétiques Weleda, le mouvement Camphill et la Communauté des Chrétiens. Il a été secrétaire général de la section allemande de la Société théosophique.

Steiner concevait l'histoire comme une évolution dont la pensée individuelle est le plus récent aboutissement dont les grandes découvertes de la Renaissance et de la révolution industrielle découlent. L'Histoire est elle-même nourrie par les expériences évolutives individuelles qui se déroulent au travers de nombreuses existences ou incarnations successives.

Il voyait le domaine spirituel comme étant relié au domaine physique par l'intermédiaire de l'activité de la pensée humaine. Steiner a décrit son système anthroposophique en ces mots :

« L'anthroposophie est un chemin de connaissance qui voudrait conduire le spirituel en l'être humain au spirituel en l'univers. Elle apparaît comme un besoin du cœur et du sentiment. Elle doit trouver sa justification dans le fait qu'elle est en mesure de donner satisfaction à ce besoin. Seul peut reconnaître le bien-fondé de l'anthroposophie celui qui trouve en elle ce qu'il est pour lui une nécessité de chercher à partir de son propre être intérieur. Ne peuvent de ce fait être anthroposophes que des hommes qui éprouvent certaines questions sur l'essence de l'homme et sur le monde comme une nécessité vitale, de même que l'on éprouve la faim et la soif. »
    — Rudolf Steiner, 1924, in Les Lignes directrices de l'anthroposophie §1, GA 26

Sommaire

[modifier] Chronologie biographique

[modifier] Avant l'anthroposophie

  • 1861
25 février, naissance à Kraljevec, à l'époque à la frontière austro-hongroise, actuellement en Croatie. Ses parents sont autrichiens.
  • 1869
La famille Steiner s'installe à Neudörfl, actuellement en Autriche.
  • 1872
En octobre, entre au collège moderne et technique de Wiener-Neustadt (Realeschule).
  • 1875
commence à s'intéresser à la philosophie
  • 1877
Le jeune Steiner étudie la pensée de Kant.
  • 1879
Diplôme de fin d'études avec félicitations. Il étudie la philosophie, en particulier Fichte.En octobre, devient étudiant à l'Ecole supérieur technique de Vienne. Fait la rencontre de Karl Julius Schröer. Il suit également des cours à l'université.
  • 1880
Fait la connaissance de Félix Kogutzki, le cueilleur de simples qui l'initie à l'occultisme traditionnel et lui aurait fait rencontrer un « maître spirituel » éminent (peut-être Felix Koguzki (1833-1909)).
  • 1882
Schroër conseille Steiner à Josef Kürschner en tant qu'éditeur de l'œuvre scientifique de Goethe.La famille Steiner s'installe dans les environs de Vienne.
  • 1883
Achève le premier volume pour Josef Kürschner (parution en 1884). Octobre, met fin à ses études supérieures car il s'intéresse davantage à la philosophie.
  • 1884
Devient le précepteur des enfants des époux Specht, et se consacre au jeune Otto qui est hydrocéphale. Entame une correspondance avec Edouard von Hartmann
  • 1886
Fréquente le salon de la poétesse Eugénie delle Grazie et les théologiens de son entourage. Il accepte de collaborer à l'édition des œuvres scientifiques de Goethe dans la grande édition de Weimar, celle dite « de la Grand Duchesse Sophie ». Etudie les archives de Goethe et de Schiller. Publication de « Fondements d'une épistémologie de la conception goethéenne du monde compte particulièrement tenu de Schiller ». (GA 2)
  • 1888
De janvier à juillet, rédige l'hebdomadaire allemand « Deutsche Wochenschrift ». Le 9 novembre conférence: « Goethe, père d'une esthétique nouvelle ».
  • 1889
Lecture de Nietzsche. Fréquente le salon de Marie Lang.
  • 1890
Travail aux Archives, élargit le cercle de ses connaissances, dont Ernst Haeckel, Hermann Grimm, Otto Erich Hartleben, etc.
  • 1891
Thèse de doctorat en philosophie à l'université de Rostock. « La question fondamentale de la théorie de la connaissance, compte particulièrement tenu de la Doctrine de la Science de Fichte ». Sera publié en 1892 augmenté d'un chapitre sous le nom « Vérité et science », GA 3
  • 1892
Loge chez Anna Eunike, qui est veuve. Il l'assiste pour l'éducation de ses cinq enfants.
  • 1894
Publication de «  La Philosophie de la Liberté », GA 4
  • 1894
Continue l'étude de Nietzsche. Rencontre la sœur de Nietzsche, Elisabeth Förster et entre en relations avec les Archives Nietzsche à Naumburg.
  • 1895
Publication de « Nietzsche, un homme en lutte contre son temps », GA 5
  • 1896
Prépare pour la maison d'édition Cotta, l'édition des œuvres de Schopenhauer et de Jean-Paul. Termine son travail pour Kürschner.
  • 1897
Parution de « Goethe et sa conception du Monde », GA 6. S'installe à Berlin chez la famille Eunike. Co-rédacteur avec Otto Erich Hartleben du « Magazin für Litteratur » Dirige la mise en scène de la pièce de Maurice Maeterlinck: « L'Intruse ». Conférences à l'association scientifique « Giordano Bruno » et à celles des jeunes chercheurs et écrivains « Die Kommenden ».
  • 1898
Cycle de conférences sur « Les Grands courants de la littérature allemande de 1848 à nos jours » à la Société Littéraire Indépendante.
  • 1899
Commence à enseigner l'histoire, les sciences et la technique de l'expression orale à l'Université Populaire de Berlin fondée par Wilhelm Liebknecht. Publie un article dans le magazin für Litteratur « La révélation secrète de Goethe ». Épouse civilement Anna Eunike. Texte «L'égoïsme en philosophie»
  • 1900-1901
Publications de l'ouvrage « Visions du monde et de la vie au dix-neuvième siècle » reprit en 1914 dans une édition élargie, « Les énigmes de la philosophie » constituant une histoire de la philosophie occidentale.

[modifier] Le développement de l'anthroposophie

  • 1900
A la demande du Comte Brockdorff, Steiner donne une conférence sur Nietzsche à la Bibliothèque Théosophique. Une semaine plus tard il donne au même endroit une conférence à caractère ésotérique cette fois sur Goethe. Durant l'hiver, conférence sur Gustav Theodor Fechner, à laquelle assiste Marie de Sivers. Il cesse ses activités à la rédaction du « Magazin für Litteratur ».
  • 1901
Premier cycle de conférences chez les théosophes portant sur la Mystique. Marie de Sivers assiste à ces conférences. Second cycle de conférences chez les théosophes de Berlin: Le Christianisme, fait mystique.
  • 1902
En janvier, il devient membre de la Société théosophique. En juillet, à Londres, rencontre les responsables de la Société théosophique, dont sa présidente Annie Besant.En octobre, fondation de la Section allemande de la Société théosophique dont il devient le secrétaire général. Marie de Sivers devient sa collaboratrice.
  • 1903
Parution de la revue Luzifer, qui s'appellera dès 1904, Lucifer-Gnosis.
  • 1904
Son activité de conférencier prend de l'ampleur, notamment en dehors de Berlin. Publication du petit livre « Théosophie », et écrit des articles pour la revue Lucifer-Gnosis sur la « Chronique de l'Akasha », Le Drame d'Edouard Schuré « Les Enfants de Lucifer » est publié dans Lucifer-Gnosis. Se sépare de sa première épouse, Anna Eunike, et vit avec Marie von Sivers. Annie Besant le nomme responsable de l'Ecole ésotérique de la Section allemande.
  • 1905
cesse d'enseigner à l'Université populaire de Berlin. (Ecole de formation ouvrière) Nombreuses conférences à Berlin. 24 novembre, Rudolf Steiner et Marie von Sivers entrent dans l'Ordre de Memphis-Misraïm, dont le Grand-Maître pour l'Angleterre et l'Irlande est John Yarker.
  • 1906
Théodor Reuss, représentant de Yarker en Allemagne, confère à Steiner le droit de fonder un Chapitre du Rite de Memphis-Misraïm qui s'appelera « Mystica Aeterna », le contrat est signé le 3 janvier 1906. L'activité cultuelle de l'école ésotérique s'y déroulera. Nombreuses conférences à Berlin, Stuttgart, Cologne, Paris, Munich, Düsseldorf. Fin 1906, Voyage en Italie avec Marie de Sivers, Noël et Nouvel-An à Venise.
  • 1907
Nombreuses conférences à Berlin, Carlsruhe, Leipzig, Munich, Kassel, Stuttgart, Vienne, Bâle, Nuremberg, Cologne. En mai, le Congrès théosophique européen a lieu à Munich. On y représente la pièce «Le Drame sacré d'Eleusis » d'Edouard Schuré. Annie Besant et Rudolf Steiner constatent qu'ils ont des conceptions différentes de ce que devrait être l'ésotérisme. Fin mai, avec le 100e membre affilié à « Mystica Aeterna », Steiner devient le dirigeant du Rite de Memphis-Misraïm en Allemagne, des loges sont installées à Berlin, Cologne, Leipzig, Stuttgart et Munich. Voyage en Italie durant 4 semaines au cours de l'été, 2 semaines à Rome, puis Pise, Gêne, Milan, Lucerne, Berne et lors du retour, en septembre, séjournent quelques jours à Barr, en Alsace, invités par Edouard Schuré.
  • 1908
Nombreuses conférences à Francfort, Heidelberg, Berlin, Munich, Hambourg, Cologne, Nuremberg, Stuttgart, Leizig. Nouveau voyage en Italie par mer sur l'Adriatique. Visite de Paestum. Escalade du Vésuve.
  • 1909
Le drame de Schuré « Les enfants de Lucifer » est joué au Congrès théosophique d'été de Munich. Printemps, invité à Rome par la princesse del Drago. Conférences à Rome. Séjournèrent au Palazzo del Drago dans les pièces où Winkelmann avait vécu et développé ses idées sur l'art qui avaient très fortement intéressé Goethe.
  • 1910
Au printemps, nouveau séjour de deux semaines en Italie. Parution de l'ouvrage « La Science de l'occulte dans ses grandes lignes ». Représentation du premier drame-mystère. Nombreuses conférences à Berlin, Strasbourg, Karlsruhe, Heidelberg, Pforzheim, Kassel, Düsseldorf, Cologne, Vienne, Stuttgart, Munich, Rome, Palerme, Hanovre, Hambourg, Oslo, Berne.
  • 1911
En mars, cycle de conférences à Prague « La Physiologie occulte ». 17 mars, mort d'Anna Steiner-Eunike. Au printemps, séjour de trois mois au bord de l'Adriatique, puis deux semaines en Autriche, pour le rétablissement de Marie de Sivers.Conférence à Bologne à l'occasion du Congrès international de philosophie. Marie de Siver traduit le livre de Schuré « Les Sanctuaires d'Orient ». En septembre, voyage en Italie. Conférences en Suisse et à Milan. Automne, conflit avec Annie Besant concernant l'affaire Alcyone-Krishnamurti qu'elle veut faire passer pour une réincarnation du Christ. Conférences à Berlin, Stuttgart, Cologne, Coblence, Bâle, Munich, Copenhague, Lugano, Milan, Neuchâtel, Karlsruhe, Leipzig, nuremberg, Hanovre,
  • 1912
Dernier voyage en Italie, visite de Florence, Pérouse, Assise. Deux conférences à Milan. Conférences à Hanovre, Berlin, Munich, Winterthur, Zürich, Kassel, Breslau, Vienne, Stuttgart, Helsinki, Helsingsfors, Stockholm, Düsseldorf, Copenhague, Norrkörping, Cologne, Hambourg, Bâle, Milan, Neuchâtel, Saint-Gall, Berne. Automne 1912, premiers pas de l'eurythmie, art du mouvement. Fin 1912, separation d'avec la Société théosophique. Noël, fondation de la Société anthroposophique.
  • 1913
2 et 3 février, première assemblée générale de la Société anthroposophique, Steiner n'exerce aucune fonction administrative, seulement celle d'enseignant et de guide spirituel. Il n'en était même pas membre. La direction devait être assurée par un comité de trois personnes: Carl Unger, Michael Bauer, Marie de Sivers. Exclusion officielle d'avec la Société théosophique le 7 mars 1913 par décision venant d'Adyar. En mai, voyage à Paris pour la fondation du Groupe Saint-Michel, visite de Chartres avec Schuré et Marie de Sivers. 20 septembre, pose de la première pierre du futur Goethéanum, à Dornach. Conférences à Cologne, Berlin, Linz, Vienne, Tübingen, Stuttgart, Francfort, Munich, La Haye, Breslau, Düsseldorf, Londres, Paris, Strasbourg, Helsinki, Helsingsfors, Oslo, Bergen, Copenhague, Leipzig.
  • 1914
La guerre limite les déplacements de Steiner à l'Allemagne, l'Autriche et la Suisse. 1er avril, fête de l'érection des sapins, la charpente du Goethéanum est construite. En août, la guerre éclate, de Bayreuth, ils rentrent rapidement à Dornach. 24 décembre, Steiner épouse Marie von Sivers.Conférences à Leipzig, Berlin, Stuttgart, Pförzheim, Munich, Vienne, Dornach, Paris, Bâle, Norrköping.Fermeture de l'école ésotérique, qui fonctionnait depuis 1904.
  • 1915
Conférences à Berlin, Dornach, Vienne, Düsseldorf, Stuttgart
  • 1916
Conférences à Berne, Liestal, Berlin, Leipzig, Stuttgart, Dornach, Zurich, Bâle. Livret très controversé « Pensées du Temps de Guerre » publié à Berlin, qui fit démissionner Edouard Schuré.
  • 1917
Triarticulation de l'organisme social, activités sociales et politiques, remises des mémorandums à de hauts responsables de Berlin et de Vienne qui restent sans écho. Première formulation de la triarticulation de l'être humain. Conférences à Dornach, Berlin, Zurich, Saint-Gall, Bâle
  • 1918
Conférences à Dornach, Berne, Munich, Stuttgart, Berlin, Heidenheim, Ulm, Hambourg, Bâle.
  • 1919
Fondation de l'Ecole Waldorf à Stuttgart. Nombreuses conférences à Bâle, Zurich, Dornach, Düsseldorf, Stuttgart, Ulm, Berlin
  • 1920
Conférences à Stuttgart, Bâle, Dornach, Zurich, Berne.
  • 1921
Conférences à Stuttgart, Dornach, La Haye, Berne, Oslo, Berlin, Bâle. Plusieurs congrès.
  • 1922
Conférences à Dornach, Berne, La Haye, Londres, Vienne, Stuttgart, Oxford, Berlin. Steiner échappe à une agression de perturbateurs fascistes à la fin d'une conférence donnée à Munich. Dès lors il ne fait plus de conférences publiques en Allemagne. Fondation de la Communauté des Chrétiens. 31 décembre, incendie criminel du Goethéanum.
  • 1923
Conférences à Dornach, Stuttgart, Berne, Bâle, Penmaenmawr, Prague, Ilkey, Londres, La Haye. Création de la nouvelle société anthroposophique : la Société Anthroposophique Universelle, dont Steiner prend la présidence et Albert Steffen, la vice-présidence. Création de l'Université Libre de Science Spirituelle.
  • 1924
1er janvier, Steiner se serait dit empoisonné. Conférences à Dornach, Berne, Zurich, Stuttgart, Prague, Paris, Koberwitz, Breslau, Arnheim, Torquay, Londres. Fin mars, Steiner achève la maquette du second Goethéanum. Mai, première assemblée générale de la Société anthroposophique en France. Juin, naissance de la pédagogie curative à Iéna; naissance de la Bio-dynamie suite au cycle de conférences faites devant les agriculteurs à Koberwitz. Juillet, Congrès anthroposophique et pédagogique à Arnhem aux Pays-Bas. 28 septembre, dernière conférence aux membres. A partir du 1er octobre, Steiner est alité. Il poursuit son « Autobiographie » et « Les lignes directrices de l'anthroposophie » pour parution dans « Das Goethéanum ».
  • 1925
Termine avec Ita Wegman, l'ouvrage médical à la base de la médecine anthroposophique. « Données de base pour un élargissement de l'art de guérir ». Steiner meurt le 30 mars, vers 10 h. du matin

Références

  • Geneviève et Paul-Henri Bideau, Une biographie de Rudolf Steiner, Editions Novalis, Paris 1997
  • Wiesberger Hella, L'enseignement ésotérique de Rudolf Steiner et la Franc-maçonnerie, Ed. Anthroposophiques Romandes, Genève 2004
  • Wiesberger Hella, Marie Steiner de Sivers - Une vie pour l'anthroposophie, Ed. Anthroposophiques Romandes, Genève 1990.
  • Rudolf Steiner Zur Geschichte und aus den Inhalten der Erkenntniskultischen Abteilung der Esoterischen Schule 1904-1914, en 2 tomes, Rudolf Steiner Verlag, Dornach, 1987.

[modifier] Qu'est-ce que l'anthroposophie ?

L'anthroposophie est une conception spiritualiste de l'homme et de l'univers. Cette conception obéit à ce qu'on appelle le principe anthropique fort, c'est-à-dire que dès le début de l'évolution de notre univers, l'être humain en fait partie du moins en tant que germe spirituel, et la finalité de l'univers est le développement de l'homme. Dans cette conception, le Christ qui s'est incarné en Jésus de Nazareth, joue un rôle central. L'homme y est considéré comme un être en évolution et son entité spirituelle progresserait de vie en vie se revêtant chaque fois d'un corps et d'une personnalité résultant de son karma. Entre ses incarnations, l'entité spirituelle de l'être humain assimilerait et métamorphoserait en forces et en facultés les fruits de sa vie sur terre, et préparerait son incarnation suivante avec l'aide des hiérarchies spirituelles.

L'anthropo-cosmogenèse de Steiner est censée décrire l'évolution de l'homme dans ses rapports avec l'univers. L'être humain y est présenté en tant que microcosme à l'image du macrocosme. L'anthroposophie considère l'être humain dans sa double nature, sensible et suprasensible. Cela lui permet de développer une conception holistique de l'être humain, donnant lieu à une approche originale de la médecine et des sciences humaines. La nature est toujours étudiée en tenant compte de ses rapports avec le cosmos. L'univers et la terre sont considérés comme les manifestations d'une activité suprasensible. Dans la nature et dans l'homme, l'anthroposophie examine les manifestations physiques et s'efforce d'approfondir leur connaissance dans les dimension suprasensibles sans se départir de la rigueur du penser scientifique.

L'anthroposophie ne rejette donc pas la science, mais revendique au contraire une attitude scientifique en voulant élargir les connaissances de la science matérialiste par les fruits de l'étude du domaine suprasensible. Le point du vue adopté est qu'en ignorant le suprasensible, la science matérialiste ne peut construire que des théories tronquées. La science actuelle est encore essentiellement kantienne. Elle a bridé la connaissance qu'elle pouvait avoir de l'homme et de l'univers en décrétant avec Kant que la connaissance était limitée au monde sensible. Le perfectionnement des appareils de mesure et d'investigation, qui ne sont que des extensions de nos sens braqués sur la réalité matérielle, y apparaît comme la seule voie de perfectionnement de nos connaissances.

Dans son œuvre philosophique Steiner a proposé une réfutation théorique de ce dogme kantien. Les applications de l'anthroposophie (médecine, pédagogie, agriculture...), se proposent de de confirmer cette réfutation, par la pratique. Ces applications sont développées dans le cadre des différentes sections de l'Ecole Libre de Science de l'Esprit, qui se veut être un lieu de recherche dédié à tous les domaines de l'activité humaine.

L'anthroposophie affirme que tout être humain possède la capacité de développer des facultés spirituelles de perception lui permettant d'obtenir des connaissances sur les mondes suprasensibles. Elle se propose d'en montrer la voie pour y parvenir. Selon Steiner, ces perceptions spirituelles peuvent être obtenues et manipulées avec toute la rigueur de la démarche scientifique.

Icône de détail Article détaillé : anthroposophie.

[modifier] De l'origine du terme anthroposophie

Le terme anthroposophie n'est pas un néologisme créé par Rudolf Steiner. Il emprunta ce terme au philosophe viennois Robert Zimmermann (1824-1898), philosophe qu'il appréciait particulièrement.

[modifier] Les fondements de l'anthroposophie

Autrefois les enseignements ésotériques n'étaient dispensés qu'à des personnes soigneusement sélectionnées par des maîtres spirituels. Les disciples subissaient une préparation longue et rigoureuse dans les écoles occultes qu'étaient les anciens mystères. Après la décadence et la disparition des mystères antiques, l'enseignement ésotérique fut dispensé dans des sociétés secrètes, bien que sous une forme atténuée. Steiner estime que les temps ont changé, et que désormais les connaissances ésotériques peuvent être, pour une grande part, rendues publiques et qu'il faut donc désocculter l'occulte. Steiner considère qu'il y a plusieurs étapes sur le chemin vers la clairvoyance. Le premier est l'étude des vérités ésotériques. Pour cela, dit-il, point n'est besoin d'être clairvoyant soi-même. Une pensée logique et l'absence de préjugés suffisent. L'étude des vérités occultes aurait pour effet de développer une pensée souple et intuitive, et l'étude de faits spirituels émanciperait la pensée de son enchaînement à la matière. Les étapes suivantes du sentier spirituel sont des exercices de connaissance de soi et des méditations, décrits dans ses ouvrages de base dont « Comment acquérir des connaissances sur les mondes supérieurs - ou L'Initiation », [1] et « La science de l'occulte dans ses grandes lignes » [2]

[modifier] Les adversaires de l'anthroposophie

La conception singulière de l'existence humaine et ses enjeux qu'avait Rudolf Steiner le firent souvent qualifier par ses opposants de chef spirituel à fortes tendances sectaires, quoique Steiner ne contribua jamais à l'établissement d'une quelconque secte ou société secrète.

L'affirmation qu'il aurait fait partie de la Société Thulé[3],[4], est purement diffamatoire et n'a aucun fondement selon l'anthroposophe Christophe Lindenberg dans son livre Une technique du mal, le nazisme, préhistoire et histoire paru en 1979 aux éditions anthroposophiques Triades.[5]. C'est aussi confirmé par René Alleau, dans son livre Hitler et les Sociétés secrètes. René Alleau a découvert en Allemagne la liste complète des membres de la Société Thulé, publiée en 1933 par R. von Sebottendorff, laquelle comprend 226 noms, mais pas celui de Rudolf Steiner.[6]

[modifier] Œuvres

Les œuvres de Steiner comportent un numéro GA faisant référence à l'édition complète allemande (Gesamtausgabe)

Abréviations utilisées:

  • EAR = Éditions Anthroposophique Romandes
  • ET = Éditions Triades
  • EN = Éditions Novalis
  • Edition Paul de Tarse

[modifier] Au sujet de l'ouvrage "La Philosophie de la Liberté"

Jusqu'à la fin de sa vie, Rudolf Steiner attachera une importance première à cet ouvrage. Il déclara même, au cours de la deuxième décennie du XXe siècle, au seul étudiant qu'il conseilla en vue du doctorat d'État, Walter-Johannes Stein, qui lui demandait ce qu'il subsisterait de son œuvre dans quelques siècles :( « Rien!... sauf "La Philosophie de la Liberté" , mais à partir d'elle le reste peut être retrouvé ».) [7]

[modifier] Œuvres écrites de Rudolf Steiner

  • GA 001 : Introduction aux œuvres scientifiques de Goethe. (1884-1887)
    • in Le Traité des Couleurs de Goethe, ET
    • in La métamorphose des plantes, Goethe, ET
    • in Goethe, le Galilée de la science du vivant, EN
  • GA 002 : Une théorie de la connaissance chez Goethe. (1886), EAR
  • GA 003 : Science et Vérité (1892), EAR
  • GA 004 : Philosophie de la Liberté (1894), EAR, EN ,Edition Paul de Tarse (1986),P.U.F.(1923)
    • Première édition original 1894 :Réedition "Philosophisch-Anthroposophisher Verlag am Goetheanum (1983)"
    • Deuxième édition 1918 : modifications et appendices
    • Troisième et dernière édition (1921) publié du vivant de Rudolf Steiner, identique à celle de 1918
  • GA 005 : Friedrich Nietzsche, un homme en lutte contre son temps (1895), EAR
  • GA 006 : Goethe et sa conception du monde (1897), EAR
  • GA 007 : Mystique et Esprit moderne (1901), EAR
  • GA 008 : Le Christianisme et les Mystères antiques (1902), EAR
  • GA 009 : Théosophie (1904), ET, EAR
  • GA 010 : L'Initiation, Comment acquérir des connaissances sur les mondes supérieurs (1904/05), ET
  • GA 011 : La Chronique de l'Akasha (1904-1908), EAR
  • GA 012 : Les degrés de la connaissance supérieure (1905-1908), EAR
  • GA 013 : La science de l'Occulte [en esquisse] (1910), EAR, ET
  • GA 014 : Quatre Drames-Mystères (1910-1913), ET
  • GA 015 : Les Guides spirituels de l'homme et de l'humanité (1911)
  • GA 016 : Un chemin vers la connaissance de soi (1912),, EAR
  • GA 017 : Le seuil du monde spirituel (1913), EAR
  • GA 018 : Les énigmes de la Philosophie (1914), EAR
  • GA 019 : Pensées durant le temps de Guerre (1915) - publication privée.
  • GA 020 : Les Enigmes de l'homme (1916), EAR (Aux sources de la pensée imaginative)
  • GA 021 : Des Enigmes de l'âmes (1917), EAR
  • GA 022 : L'esprit de Goethe, sa manifestation dans Faust et dans le Conte du Serpent Vert (1918), EAR
  • GA 023 et 024 : Fondements de l'organisme social (1919 et 1915-1921), EAR
  • GA 025 : idem GA 215, Philosophie, Cosmologie et Religion (1922)
  • GA 026 : Les lignes directrices de l'anthroposophie (1924-1925), EN
  • GA 027 : Données de base pour un élargissement de l'art de guérir, en collaboration avec Ita Wegman (1925), ET
  • GA 028 : Autobiographie (1923-1925), EAR
  • GA 029 à GA 036 ce sont des recueils d'articles publiés dans des revues et journaux.
  • GA 038 et 039 des recueils de lettres
  • GA 040 Recueil d'aphorismes : Paroles de Vérité (traduit partiellement)

Conférences

  • GA 051 à GA 354 : Conférences publiques, privées et cours.

Parmi la trentaine de livres et plus de 6 000 discours publiés, ses œuvres principales comprennent :

  • La Philosophie de la Liberté (1894)
  • Friedrich Nietzsche, un combattant contre son époque (1895)
  • Goethe et sa Conception du Monde (1886)
  • L'Éducation de l'Enfant à la Lumière de la Science Spirituelle (1907)
  • Théosophie (1904)
  • Théosophie du Rose-Croix (1907)
  • La Science de l'Occulte (1913)
  • Les Quatre Drames-Mystères - L'Éveil des Âmes (1913)

[modifier] Bibliographie

  • Geneviève et Paul-Henri Bideau, Une biographie de Rudolf Steiner, Editions Novalis, Montesson 1997
  • Dupré José, Rudolf Steiner, l'anthroposophie et la liberté : étude et témoignage. Chancelade : la Clavellerie, 2004. 560 p., 23 cm. ISBN 2-9513078-4-5.
  • Hemleben Johannes, Rudolf Steiner, Editions Triades, Paris 2003
  • Geneviève et Paul-Henri Bideau, Rudolf Steiner, une vie pour l'anthroposophie, Editions Novalis, Montesson 2001
  • Rihouët-Coroze Simone, Biographie de Rudolf Steiner, Editions Triades, Paris 1973
  • Steiner Rudolf, Autobiographie, Editions Anthroposophiques Romandes, Genève 1979
  • Mücke Johanna & Rudolf A. Alwin, Souvenirs: Rudolf Steiner et l'Université de Berlin 1899-1904, Editions Anthroposophiques Romandes, Genève 1983
  • Steiner Rudolf, Textes autobiographiques - Document de Barr, Editions Anthroposophiques Romandes, Genève 1988
  • Samweber Anna, Rudolf Steiner - Récit d'une collaboratrice, Editions Anthroposophiques Romandes, Genève 1993
  • Rittelmeyer Friedrich, J'ai rencontré Rudolf Steiner..., Editions Triades, Paris 1980
  • Wiesberger Hella, Marie de Sivers - Une vie pour l'anthroposophie, Editions Anthroposophiques Romandes, Genève 1990.
  • André Biély, Souvenirs sur Rudolf Steiner, Editions l'Age d'Homme, Lausanne 1996
  • André Biély, Carnets d'un Toqué, Editions l'Age d'Homme, Lausanne 1991
  • René Guénon, Le Théosophisme, Histoire d'une pseudo-religion, Editions Traditionnelles, Paris 1986
  • Lévy Eugène, Le Dr R. Rudolf Steiner et ses détracteurs, G. Dussardier et P. Frank, Editeurs, Paris 1914
  • Christian Bouchet, Steiner. Grez-sur-Loing : Pardès, coll. « Qui suis-je ? », 2005. 127 p., 21 cm. ISBN 2-86714-361-6 .
  • Irene Diet, 2002, La réincarnation sans l’Esprit : histoire d’une contre-vérité, Paris, Éditions Triades.
  • Robert Sumser, 1994, Rational occultism in fin de siècle Germany : Rudolf Steiner’s modernism, History of European Ideas, vol.18, no.4, pp.497-511
  • Lìa Tummer, 2001, Rudolf Steiner and Anthroposophy for beginners. New York, Writers and Readers Beginners Documentary Comic Book.

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Rudolf Steiner.

[modifier] Notes et références

  1. Rudolf Steiner, L'Initiation, Comment acquérir des connaissances sur les mondes supérieurs (1904/05), GA 10, Éd. Triades
  2. Rudolf Steiner, La science de l'Occulte [en esquisse] (1910), Éd. Anthroposophiques Romandes et Éd. Triades.
  3. Dietrich Bronder Bevor Hitler kam
  4. E. R. Carmin Guru Hitler ISBN 3-7263-6446-3
  5. Christophe Lindenberg, Une technique du mal, le nazisme, préhistoire et histoire, Ed. Triades, 1979
  6. René Alleau, ''Hitler et les Sociétés secrètes, Grasset 1969
  7. Dupré José, Rudolf Steiner, l'anthroposophie et la liberté : étude et témoignage. Chancelade : la Clavellerie, 2004. 560 p., 23 cm. ISBN 2-9513078-4-5.