Royaume du Saloum

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Douane de Kaolack, 1890 : « Le Bour Saloum Semou rend visite au Richelieu »
Douane de Kaolack, 1890 : « Le Bour Saloum Semou rend visite au Richelieu »[1]

Le royaume du Saloum (ou Saalum) est un ancien royaume sérère de l'ouest du Sénégal, fondé par le Guelwar Mbegan Ndour entre le milieu et la fin du XVe siècle et dont les rois portaient le nom de bour (ou bur, buur).

Sommaire

[modifier] Histoire

Avant la venue de Mbegan Ndour au Saloum, la région portait le nom de Mbey. Des Sérères venus du Fouta-Toro, des Peulhs et des Sossés en étaient les premiers occupants. Au temps de l'empire du Mali, Soundiata Keïta envoya des troupes au Saloum pour l'annexer à son empire. Ces troupes étaient dirigées par deux chefs, Kuyon Keita et Saloum Souaré. Ce sont les premiers à avoir imposé leur domination dans la région, qui allait ensuite passer sous la domination des Wolofs avec l'empire du Djolof.

Des siècles plus tard, le Sérère Mbegan Ndour venant du Sine, faisant partie de la noblesse guelwar, neveu du créateur du royaume du Sine Maysa Waly Dione, arrive au Mbey, ancien nom du Saloum, et crée le royaume du Saloum. Il donne le nom de Saloum à cette region en l'honneur de Saloum Souaré qui était le conseiller de Mbegan et un grand musulman. Pour créer le royaume, Mbegan Ndour dut lutter contre les Toucouleurs venant du Fouta-Toro, dirigés par Ali Elibana Sall, qui contrôlait la région, également contre des rebelles sérères de l'État de Djilor. Mbegan fut aidé par les troupes du chef militaire venant du Djolof, Wali Mbéru Mbacké Ndao. Pour le remercier, Mbegan lui donna la province du Ndoukoumane.

Vassal du Djolof, le Saloum était divisé en plusieurs provinces, chacune dirigée par de grandes familles nobles venant de tout le Sénégal. Le Ndoukoumane, le Koular, le Ngaye-signy, le Djonik ou Djilor, le Kayemor, le Log, Kahone, le Gandiaye et le Badibou, ancien nom du Rip, étaient les principales provinces, toutes avec leurs particularités en termes d'ethnies, de grands hommes, ou par rapport aux richesses.

[modifier] Organisation sociale

Au Saloum le système des castes était présent, avec, au sommet, l'aristocratie guelwar, puis les hommes libres ou badolo, les nyenyo artisans également libres et les esclaves dont les tiédos. Au Saloum la noblesse était divisée en plusieurs sections. Les rois ou buur saloum, sont au sommet, puis viennent les grands diarafs, le farba, chef des armées choisi chez les familles Niang, Sarr et Dieng, le bissik, sorte de conseiller du roi, et le bisset qui est le bouffon du roi.

Au Saloum les ethnies sont très nombreuses : les Sérères et les Wolofs, les Peulhs et les Toucouleurs, les différents groupes mandingues, quelques groupes baïnouk et diola à l'extrême sud, ainsi que des communautés de Maures.

Le Saloum connaît une grande diversité de paysages, savanes et forêts claires au nord et au centre, au nord-est paysages de savanes sec presque la steppe, puis le fleuve Saloum qui traverse la région avec ses mangroves, et ses forêts plus denses, ainsi que le littoral de l'océan Atlantique. L'agriculture, l'élevage, la pêche, le commerce de différents produits fournissaient la richesse du Saloum. Des comptoirs commerciaux européens s'installent au Saloum à partir du XVIIIe siècle.

Le Saloum doit sa perte au XIXe siècle aux djihads islamiques de Maba Diakhou Bâ, et aux colons européens. Maba Diakhou Bâ, un Toucouleur descendant de Koli Tenguella, et disciple de El Hadji Omar Tall, avec la guerre sainte réussit à annexer la province du Badibou et à se proclamer almamy du Rip. Progressivement il réussit à s'imposer partout au Saloum. Au milieu du XIXe siècle il projette même d'attaquer le Djolof, le Sine et le Baol. En l'honneur de El Hadji Omar Tall, il créa la ville de Nioro du rip au Saloum, car El Hadji Omar créa Nioro du Sahel au Mali. Maba Diakhou Bâ connut une gloire intense mais éphémère, car en partant au combat contre le Sine, il tomba sur la grande et puissante armée du Bour Sine Coumba Ndofenne Famak Diouf qui le tua.

Après cela le Saloum retrouva ses rois guelwars, mais ensuite il dut très vite faire face aux colons européens qui parvinrent à dominer le Saloum à la fin du XIXe siècle. La ville de Kaolack était une ancienne localité du Saloum. La religion musulmane a toujours été présente au Saloum, mais les souverains étaient animistes. C'est avec la naissance des confréries tidjane et mouride que l'islam allait gagner l'ensemble du Saloum. Kaolack est le lieu saint de la confrérie des tidjanes appartenant à la branche de Baye Niass.

[modifier] Dynastie guelwar du Saloum

La dynastie compte 49 souverains. La liste ci-dessous[2] comporte, outre le patronyme de chaque roi du Saloum, la durée et la date de début de son règne.

  1. Mbégan Ndour (20 ans, 1493-)
  2. Guiranokhap Ndong (7 ans, 1513-)
  3. Latmingué Diélèn Ndiaye (23 ans, 1520-)
  4. Samba Lambour Ndiaye (4 ans, 1543-)
  5. Séni Ndiémé Diélèn Ndiaye (3 ans, 1547-)
  6. Lathilor Badiane (9 ans, 1550-)
  7. Walboumy Diélèn Ndiaye (8 ans, 1559-)
  8. Maléotane Diouf (45 ans, 1567-)
  9. Sambaré Diop (2 ans, 1612-)
  10. Biram Ndiémé Koumba Ndiaye (23 ans, 1614-)
  11. Ndéné Ndiaye Marone Ndao (2 ans, 1637-)
  12. Mbagne Diémel Ndiaye (6 ans,1639-)
  13. Waldiodio Ndiaye (9 ans, 1645-)
  14. Amakodou Ndiaye (35 ans, 1654-)
  15. Amafal Fall (6 mois, 1689-)
  16. Amadiouf Diouf (6 ans, 1690-)
  17. Sengane Kéwé Ndiaye (30 ans, 1696-)
  18. Lathilor Ndong (4 ans, 1726-)
  19. Amasiga Seck Ndiaye (2 ans, 1730-)
  20. Biram Khourédia Tièk Ndao (2 ans, 1732-)
  21. Ndéné Ndiaye Bigué Ndao (19 ans, 1734-)
  22. Mbagne Diop (7 ans, 1753-)
  23. Mbagne Diogop Ndiaye Mbodj (7 ans, 1760-)
  24. Sandéné Kodou Bigué Ndao (2 ans, 1767-)
  25. Sengane Diogop Mbodj (7 ans, 1769-)
  26. Ndéné Diogop Mbodj (2 ans, 1776-)
  27. Sengane Dégèn Ndiaye (6 mois 10 jours, 1778-)
  28. Sandéné Kodou Fall Ndao (9 ans, 1778-)
  29. Biram Ndiémé Niakhana Ndiaye (16 ans, 1787-)
  30. Makoumba Diogop Mbodj (7 ans, 1803-)
  31. Ndéné Niakhana Ndiaye (7 ans, 1810-)
  32. Biram Khourédia Mbodj Ndiaye (6 ans, 1817-)
  33. Ndéné Mbarou Ndiaye (1 mois, 1823-)
  34. Balé Ndoungou Khourédia Ndao (28 ans, 1823-)
  35. Bala Adama Ndiaye (3 ans, 1851-)
  36. Socé Bigué Ndiaye (16 jours, 1854-)
  37. Koumba Ndama Mbodj (4 ans, 1855-)
  38. Samba Laobé Fall (5 ans, 1859-)
  39. Fakha Fall (7 ans, 1864-)
  40. Niawout Mbodj (5 ans, 1871-)
  41. Sadiouka Mbodj (3 ans, 1876-)
  42. Guédal Mbodj (17 ans, 1879-)
  43. Sémou Djimit Diouf (3 ans, 1896-)
  44. Ndiémé Ndiénoum Ndao (3 ans, 1899-)
  45. Ndéné Diogop Diouf (1 an, 1902-)
  46. Sémou Ngouye Diouf (10 ans, 1903-)
  47. Gori Tioro Diouf (6 ans, 1913-)
  48. Mahawa Tioro Diouf (16 ans, 1919-)
  49. Fodé Ngouye Diouf (34 ans, 1935-1969)

[modifier] Notes

  1. Légende de la photo : « À Kaolak : le Bour Saloum Semou rend visite au "Richelieu", premier navire de cette importance ayant remonté le Saloum jusqu'à Kaolak (Sénégal) où il charge 400 tonnes d'arachides. À la douane de Kaolak ». (in 15 photographies de la région du Saloum (Sénégal) en 1890, dont le navire Le Richelieu en rade de Kaolack)
  2. Cette liste, citée par Félix Brigaud (Histoire traditionnelle du Sénégal, Études sénégalaises, n° 9, Saint-Louis, CRDS, 1962, p. 161-162), a été fournie à Fodé Diouf par A. B. Ba. La liste a été découverte par ce dernier dans une vieille famille musulmane du Rip, à Keur Sountou. On précise ici, plus que dans le texte de F. Brigaud, les patronymes des rois du Saloum

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

  • (en) Martin A. Klein, Sine-Saloum 1847-1914 : The traditional States and the French Conquest, Chicago, University of Chicago, 1964 (Thèse)
  • (fr) Jean Boulègue, « Contribution à la chronologie du royaume du Saloum », Bulletin de l'IFAN, série B, Dakar, IFAN, 1966, tome 28, n° 3-4, p. 657-662
  • (fr) Gorgui Alioune Diouf, Les Royaumes du Siin et du Saalum des origines au XIXe siècle : mise en place du peuplement. Evolution du système économique et socio-politique, Dakar, Université de Dakar, 1984, 289 p. (Thèse de 3e cycle)

[modifier] Liens externes

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