Rois de Sparte

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À partir de la réforme de Lycurgue au VIIe siècle av. J.-C., Sparte possède deux rois (ἀρχαγέται / arkhagétai, de ἀρχή / archế, le commandement).

L’un fait partie de la famille des Agiades (Ἀγιάδαι / Agiádai), l’autre celle des Eurypontides (Εὐρυποντίδαι / Eurupontídai), deux familles issues, selon la légende, de jumeaux descendants d'Héraclès, Eurysthénès, père d’Agis Ier et Proclès, père d’Eurypon. C’est d’après eux que les Spartiates se nomment, dans leur ensemble, Héraclides (voir Tyrtée, 8, 1). Les familles ne peuvent se marier entre elles, ni porter le même nom (Agis, fondateur des Agiades, est l'exception, puisque le nom ne se retrouve ensuite que chez les Eurypontides) et leurs tombeaux se trouvent en des endroits différents. Les deux rois sont supposés égaux, même si Eurysthénès est supposé l’aîné des jumeaux, et donc donner une préséance théorique aux Agiades.

Sommaire

[modifier] Origine des deux dynasties

On s’est interrogé sur l'existence de ces deux dynasties. Certains pensent qu’il y avait au début trois rois, chacun commandant l'une des trois tribus attestées au début de la première guerre de Messénie. L’un des trois rois aurait ensuite disparu. D’autres font des Agiades les rois des anciens Achéens (Cléomène Ier se déclare achéen et non dorien à Athènes), et des Eurypontides ceux des envahisseurs doriens. Enfin, en se fondant sur la localisation de leurs tombeaux, on peut faire des Agiades les représentants d’une partie de la Laconie, Pitana et Mésoa, et les Eurypontides, ceux d'une autre, Limai et Konooura.

On peut également rappeler que Rome compte deux consuls, Messène deux rois elle aussi, Athènes deux rois puis trois archontes. Avoir deux rois permet d’en garder un à la cité pendant que l’autre guerroie, ou minimiser les problèmes de vacance du pouvoir en cas de décès ou de régence d'un roi. Enfin, Sparte voue un culte aux Dioscures, jumeaux modèles de l’amitié fraternelle.

[modifier] Dévolution du pouvoir royal

Le pouvoir royal se transmet au « plus proche descendant du plus proche détenteur du pouvoir le plus royal » (Pierre Carlier, La royauté en Grèce avant Alexandre, AECR, 1984), c’est-à-dire que le fils passe avant le frère, qu’il y a droit d'aînesse mais que le fils né quand le père est déjà roi prime sur ceux pour lesquels ce n’est pas le cas. Néanmoins, il semble que les Spartiates interprètent de manière libérale cette règle de succession.

[modifier] Rôle des rois

Les pouvoirs des rois sont essentiellement militaires et religieux. Aux débuts, les rois peuvent mener la guerre contre le pays de leur choix, et leur pouvoir est collégial. En 506, c’est le fameux « divorce d’Éleusis » (le roi Démarate abandonne l'expédition menée par Cléomène et lui contre Athènes), et par la suite les rois mènent campagne seuls. Au Ve siècle av. J.-C., en outre, c’est l’Assemblée qui vote la guerre,les éphores et les gérontes qui décident de la mobilisation. Quoi qu’il en soit, le roi en campagne est le commandant en chef (ἡγεμών / hêgemốn). Il prime sur les autres généraux, peut conclure les trêves, et combat au premier rang à l’aile droite, protégé par sa garde d'honneur de cent hommes, les Ἱππείς / Hippeís.

Les rois ont aussi le sacerdoce de Zeus Lakedaimonios et Zeus Ouranios, et président aux sacrifices. Ils nomment les magistrats chargés de questionner la Pythie, et recueillent leur rapport. Ils sont membres de la gérousie.

[modifier] Liste des rois

[modifier] Agiades

[modifier] Eurypontides

[modifier] Fin de la monarchie

Flavius Josèphe (Antiquités judaïques, XII, V) cite une lettre qu'aurait écrite au juif Onias un nommé Arias qui se présente comme roi de Lacédémone et place l'événement sous le règne de Séleucos IV Philopator (187-175), donc après Nabis. Mais un peu plus loin (XII, 9), il donne copie d'une autre lettre datant du premier règne de Démétrios II Nicator (150-141) transmise par les ambassadeurs juifs envoyés à Rome «aux éphores, au sénat et au peuple de Lacédémone», cette fois donc sans mention des rois.

[modifier] Sources

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • Pierre Carlier, La royauté en Grèce avant Alexandre, Association pour l’étude de la civilisation romaine (AECR), Strasbourg, 1984 ;
  • Paul Cartledge :
    • (en) Agesilaos and the Crisis of Sparta, Duckworth, Londres, 1987,
    • (en) “Spartan kingship: doubly odd?”, Spartan Reflections, Duckworth, Londres, 2001 ;
  • Edmond Lévy, Sparte : histoire politique et sociale jusqu’à la conquête romaine, Seuil, coll. « Points Histoire », Paris, 2003 (ISBN 2-02-032453-9) ;
  • Bernard Sergent, « La représentation spartiate de la royauté », Revue de l'histoire des religions n° 189 (1976), pp. 3–52.