Robert de Sorbon

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Robert de Sorbon, né le 9 octobre 1201 à Sorbon, près de Rethel (Ardennes) et mort le 15 août 1274 à Paris, est un théologien français, fondateur de la Sorbonne.

L’un de ces pauvres écoliers qui demandaient l’aumône à Paris, et auxquels l’espoir d’obtenir un bénéfice ecclésiastique faisait supporter les rigueurs extrêmes de l’étude, Robert de Sorbon fut élevé au sacerdoce, reçu docteur, et pourvu d’un canonicat dans l’église de Cambrai. Ses sermons et ses conférences de piété lui acquirent si grande réputation que le roi saint Louis le nomma son chapelain, puis son confesseur.

Dans le but d’aplanir aux écoliers pauvres les obstacles qu’il avait rencontrés dans le cours le cours de ses études, il établit une société d’ecclésiastiques qui, vivant en commun, n’avaient à s’occuper qu’à donner des leçons gratuites. Ceux de ses amis qui contribuèrent le plus à la nouvelle fondation furent Guillaume de Bray, archidiacre de Reims, Robert de Douai, chanoine et médecin de la reine, Geoffroi de Bar, plus tard cardinal, et Guillaume de Chartres, l’un des aumôniers du roi.

Par un acte du 21 octobre 1250, la reine Blanche, régente pendant la première croisade, céda « à maître Robert de Sorbon, chanoine de Cambrai, pour la demeure des pauvres écoliers, une maison qui avait appartenu à un nommé Jean d’Orléans, et les écuries contiguës de Pierre Pique-l’Ane (Petri Pungentis-Asinum) situées dans la rue Coupe-Gueule, devant le palais dus Thermes ». Cet acte, le plus ancien que l’on connaisse pour la Sorbonne, ne comprend, comme dotation royale, que ce que nous venons de ceci. Le reste de l’acte contient l’échange de diverses maisons entre le roi et Robert.

C’est ainsi que fut fondé à Paris, deux ans après, en 1253, le Collège de Sorbonne qui devint, par la suite, la maison la plus célèbre de l’Université de Paris s’appela, du nom de Robert, la Sorbonne. La fondation fut confirmée par le roi en 1257.

En février 1258 et en 1263, Robert fit deux autres échanges de maisons avec le roi et, pour reconnaître la générosité de Robert à pourvoir par sa fondation et son zèle incessant, aux besoins des pauvres étudiants, on lui donna le titre de proviseur. Quoi qu’en dise du Boulay, il y eut dès les premiers jours de la fondation non point seize boursiers, mais des docteurs, des bacheliers boursiers et non boursiers, et de pauvres étudiants. Cette organisation subsista jusqu’en 1790.

Robert ordonna que, pour être membre de son collège, on ne recevrait que des hôtes (hospites) et des associés (socii), les uns et les autres soumis à divers examens avant leur réception. Comme il ne crut pas devoir exclure les riches, il reçut également des associés non boursiers (socii non bursales), obligés aux mêmes examens et aux mêmes exercices que les associés boursiers, avec cette seule différence qu’ils payaient à la maison cinq sous et demi parisis par semaine, somme égale à celle que l’on donnait aux boursiers. Robert voulut que tout soit géré et réglé par les socii, qui étaient tous égaux et n’avaient ni supérieur ni principal.

Outre la théologie, qu’on enseignait dans toutes ses parties, Robert voulut qu’il y ait toujours dans son collège des docteurs s’appliquant particulièrement à la morale et à la solution des cas de conscience, d’où vient que, depuis son temps, la Sorbonne fut consultée de toutes les parties de l’Europe.

Lorsqu’il eut établi solidement sa société pour la théologie, approuvée en 1259 par le pape Alexandre IV, Robert y ajouta, en 1271, un autre collège pour les humanités et la philosophie, lequel subsista jusqu’en 1635, où Richelieu le démolit pour bâtir sur son emplacement l’église actuelle de la Sorbonne.

Devenu chanoine de Paris en 1258, Robert s’acquit une telle réputation par sa fondation, sa piété et ses ouvrages théologiques, que les princes même le consultaient souvent et qu’ils le prirent pour arbitre en quelques occasions importantes. Par son testament, de 1270, il légua à la Société de Sorbonne tous ses biens, qui étaient considérables.

On a de Robert de Sorbon des ouvrages en latin au style plat et même grossier qui montrent plus de piété que d’érudition. Les principaux sont : De conscientia, Super confessione, Iter Paradisi, tous trois insérés dans la Bibliothèque des Pères ; de petites Notes sur l’Écriture, impr. dans l’édit. de Menochius, par le père Tournemine ; les Statuts de la maison et Société de Sorbonne, en 38 articles, statuts qu’il ne dressa qu’après avoir gouverné son collège pendant plus de dix-huit ans ; un grand nombre de sermons, restés manuscrits dans la bibliothèque de Sorbonne.

[modifier] Sources

  • Ferdinand Hoefer, Nouvelle Biographie générale, t. 44, Paris, Firmin-Didot, 1868, p. 206