Rita Hayworth

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Rita Hayworth
Rita Hayworth en 1942
Rita Hayworth en 1942

Nom Margarita Carmen Cansino
Naissance 17 octobre 1918
États-Unis New York, États-Unis
Nationalité États-Unis Américaine
Mort 14 mai 1987
New York, États-Unis
Films notables Arènes sanglantes
Ô toi ma charmante
La Reine de Broadway
Gilda
La Dame de Shanghai
Tables séparées
Conjoint(e) Edward C. Judson (1937-1943)
Orson Welles (1943-1948)
Prince Aly Khan (1949-1953)
Dick Haymes (1953-1955)
James Hill (1958-1961)
Enfant(s) Rebecca Welles, Yasmine Aga Khan

Rita Hayworth (née Margarita Carmen Cansino le 17 octobre 1918 à New York - 14 mai 1987 à New York) est une actrice américaine. Rita Hayworth est le sex symbol féminin des années 40. Surnommée « la déesse de l’amour », elle devient une légende vivante avec son rôle principal dans le film mythique Gilda. Elle sera l’épouse d’Orson Welles avant de devenir, avec le Prince Aly Khan, une princesse des Mille et une nuits.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Ses premiers pas : danseuse

En 1918, Rita Hayworth naît à New York sous le nom de Margarita Carmen Cansino, elle sera l’aînée d’une famille de trois enfants (deux jeunes frères). Son père, Eduardo Cansino, danseur, assez célèbre, est d’origine sévillane. Le père d’Eduardo, Don Antonio, a fondé avec ses sept enfants, un groupe de danseurs andalous populaire, les « Dancing Cansinos », le charme latin étant à la mode aux Etats-Unis. Sa mère Volga, née Haworth, elle-même danseuse, est fille d’acteurs irlandais.[1]

Dès ses premières années, elle se produit dans la troupe familiale des « Dancing Cansino ». Elle danse notamment à 4 ans avec éventail et castagnettes, à l’occasion d’un récital au Carnegie Hall. « Travailler, travailler, c’est le seul mot que j’ai entendu pendant mon enfance, confiera plus tard la star Rita Hayworth. Mes parents m’ont appris à danser avant que je marche... »[1] Son père, qu’elle admire, exige d’elle un travail intense et lui impose des cours de danse particulièrement contraignants. Mais le krach de Wall Street vient ébranler l’entente familiale, en même temps que leurs finances. Leurs spectacles ne font plus recette et le groupe se dissout. Eduardo quitte New York, entasse sa famille dans une roulotte et part au hasard des routes. Persuadé que l’avenir est aux comédies musicales, il prend la direction d’Hollywood, les latin-lovers étant toujours à la mode. Il fonde une école de danse en 1928 à l’angle de Sunset Boulevard et de Vine Boulevard et c’est un succès. Margarita y perfectionne son apprentissage et sera danseuse professionnelle dès l'âge de 12 ans.[2]

Mais les Cansino, bohèmes dans l’âme, repartent sur les routes dans leur roulotte dès la première offre intéressante. Eduardo continue de monter des spectacles et décide de prendre sa fille, âgée de 14 ans, comme partenaire attitrée. Ils dansent des versions modernes du tango espagnol et du boléro. Elle se vieillit, il se rajeunit et passent pour un couple. Leur succès est inouï. Margarita travaille beaucoup, jusqu’à vingt shows par semaine, dans des night-clubs à Hollywood, à Agua Calienta à la frontière du Mexique, à Santa Monica, à Long Beach...[1]

[modifier] De la figurante à la starlette

En 1933, La Warner Bros. Pictures lui fait passer un bout d’essai mais l’écarte, la jugeant trop ronde et de front trop étroit.[3] D’autres la trouvent trop brune ou elle n’a pas le look qui convient. C’est Winfield Sheehan, vice-président de la Fox Film Corporation, qui la remarque, séduit par son charme et son allure. Il lui fait signer un contrat, à condition qu’elle change son prénom en Rita. Rita Cansino danse dans son premier film L'Enfer (1935) aux cotés de Spencer Tracy. Étouffée par son père et sa mère, devenue alcoolique, Rita commence à prendre ses distances. Elle apparaît dans plusieurs films de série B où elle incarne les filles exotiques, mexicaines, égyptiennes... Mais quand la Fox fusionne avec la 20th Century Pictures pour devenir la 20th Century Fox, le nouveau producteur en chef Darryl F. Zanuck la remplace par Loretta Young alors qu’elle devait interpréter le rôle principal du film Ramona (1936), et de plus la licencie.[3]

Rita Hayworth, pin-up girl
Rita Hayworth, pin-up girl

C’est à ce moment qu’elle rencontre Edward C. Judson, businessman arriviste, il s’intéresse à sa carrière et va tenter de la propulser dans le cinéma. Rita, 19 ans, épouse Judson, 39 ans, en 1937, plus sans doute pour échapper à l’enfer de sa famille. Dés lors Judson va la métamorphoser … Il lui fait prendre des cours de diction, la persuade de changer totalement son « look », de se mettre à la diète, d’avoir recours à la chirurgie esthétique pour creuser l’ovale de son visage en arrachant des molaires et pour redessiner l’implantation de ses cheveux.[3] Rita est trop brune et trop « latino » après les semaines de torture avec les séances d’électrolyse, il la teint en roux agressif.

Continuant ses plans, il la présente à Harry Cohn, le patron de la Columbia Pictures, qu’il connaît bien. Le producteur tombe sous le charme et lui fait signer un contrat de sept ans de 250 dollars par semaine, il change son nom de Cansino par le nom de sa mère, Hayworth, pour faire plus distingué (rajoutant un y, pour la distinguer de son oncle, Vinton Haworth, aussi acteur). Elle tourne ensuite dans une douzaine de films qui lui permettront d’acquérir plus de métier.

Harry Cohn, réputé pour sa vulgarité, est obsédé par la jeune starlette qui refuse ses avances. Elle subira une cour empressée. Il fera même installer des micros dans sa loge pour être au courant de tous ses faits et gestes.

[modifier] La Déesse de l'amour

Rita Hayworth se fait enfin remarquer dans le film d’Howard Hawks Seuls les anges ont des ailes malgré la présence écrasante de ses deux célèbres partenaires Cary Grant et Jean Arthur qui est alors la star de la Columbia. Rebutée par la grossièreté de Cohn, Jean Arthur quittera d’ailleurs la Columbia. Rita gagne alors 2 500 dollars par semaine et cette somme sera multiplié par dix au cours des années suivantes, sa carrière démarre. Autant elle est réservée et introvertie dans sa vie privée, autant elle s’épanouit dès qu’elle se trouve sous les spotlights.

George Cukor qui lui avait fait passer des essais en 1938, la recommande à la Metro-Goldwyn-Mayer pour un rôle secondaire très glamour dans Suzanne et ses idées avec Joan Crawford. Harry Cohn la « prête » à la célèbre compagnie. Le public réagit immédiatement, à tel point que la Columbia doit tirer un grand nombre de photos publicitaires pour satisfaire ses admirateurs.

Elle fait ensuite deux films à la Columbia dont The Lady in the question de Charles Vidor qui deviendra son réalisateur fétiche et avec, pour la première fois, Glenn Ford avec qui elle tournera cinq fois.

Rita Hayworth en 1942, faisant la promotion de la récupération des déchets métalliques pour soutenir l'effort de guerre américain
Rita Hayworth en 1942, faisant la promotion de la récupération des déchets métalliques pour soutenir l'effort de guerre américain

Harry Cohn est maintenant sûr de la valeur de Rita. Ne sachant encore très bien comment l’employer[3], il continue de la « prêter » à d’autres compagnies plus célèbres. Un Harry Cohn d’ailleurs très enthousiaste à l’idée de voir son étoile gagner en célébrité et obtenir une plus grande audience chez les cinéphiles, son investissement qui sera également valorisé par le fait de percevoir un pourcentage sur le salaire versé par les autres sutios.[4]

Ainsi, la Warner Bros engage Rita pour deux films dont The Strawberry Blonde de Raoul Walsh, avec James Cagney et Olivia de Havilland, qui obtient un vif succès. La Warner essaye d’ailleurs de racheter le contrat de Rita à la Columbia, en vain.

La 20 th Century Fox pour Arènes sanglantes film en Technicolor, avec Tyrone Power et Linda Darnell. Rouben Mamoulian, le réalisateur a pourtant auditionné plus de 30 actrices pour le rôle de Doña Sol, mais il finit par exiger de Darryl Zanuk qu’il fasse venir Rita au casting. Dès qu’il la voit, il sait que c’est elle. Rita y réalise une magnifique performance. Elle fait la couverture de tous les magazines et la une des quotidiens, Rita Hayworth est désormais lancée. Zanuck la réclamera encore, persuadé maintenant de son impact auprès du public dans Mon amie Sally d’Irving Cummings avec Victor Mature, avec qui elle aura une liaison, et pour Six destins de Julien Duvivier.

L’actrice se remet à la danse pour des comédies musicales comme Musique dans mon cœur et tourne dans deux petits bijoux avec Fred Astaire, L'Amour vient en dansant et Ô toi ma charmante. L’alchimie électrique des deux interprètes touche le public et à la grande joie des spectateurs, le couple explose littéralement l’écran.

En 1941, grâce à une photo parue en couverture dans Life magazine, elle obtient une popularité considérable auprès des GI américains engagés dans la Seconde Guerre mondiale. C’est le règne des pin-up girls et Rita sera, avec Betty Grable, sans doute la plus populaire auprès de ces soldats qui épinglent les photos de leur star aux murs de leurs chambrées. Rita participera en 1943, à des visites de bases militaires et hôpitaux et à une immense tournée pour soutenir le moral des troupes (On la voit en particulier en compagnie de Marlène Dietrich). Elle divorcera entre-temps (22 mai 1942) d’un Edward Judson devenu menaçant, violent et d’une jalousie maladive.

[modifier] L'étoile au firmament

Orson Welles, acteur et réalisateur de génie, est subjugué également par la célèbre photo de Life et entreprend de séduire « la plus belle femme des Etats-Unis. » La star succombe à la passion et la détermination de Welles et ils se marient à la sauvette le 7 septembre 1943. Malgré ses réticences, elle suit Orson à Washington lors de ses campagnes électorales.

Elle tourne alors, dans une comédie musicale La Reine de Broadway avec Gene Kelly. À sa sortie en 1944, le film est un succès sans précédent qui lui vaudra, cette fois, la renommée internationale. Ce film, précurseur des grands films musicaux des années cinquante, mettra en valeur les véritables qualités de danseuse de Rita et révélera les talents de chorégraphe de Gene Kelly (et de Stanley Donen), notamment dans le fameux numéro « The alter ego dance » où il danse avec lui-même. Elle tournera encore deux films musicaux, Cette nuit et toujours de Victor Saville (1945), et L'Étoile des étoiles d’Alexander Hall (1947). Jusqu’à la fin des années cinquante, quel que soit le genre de ses films, le public attendra « son » numéro musical. Malheureusement, elle n’a pas beaucoup de voix et toutes ses chansons sont doublées, un secret que la Columbia gardera jalousement.

Puis vint l’apothéose, la bombe Gilda, film phare dans la carrière de Rita. Incarnation de la femme fatale, Rita Hayworth atteint son apogée dans ce film noir, de Charles Vidor, son réalisateur fétiche. Dans une scène, devenue morceau d’anthologie, Gilda vêtue d’un fourreau noir retire ses longs gants en chantant l’incendiaire chanson « Put the blame on mame », elle entrera à jamais dans la légende et ce « strip tease » suggéré, sera un des sommets de l’érotisme au cinéma. Son image sera collée sur une des premières bombes atomiques, baptisée Gilda, larguée le 1er juillet 1946 sur l’atoll de Bikini. Rita dira : « Je hais la guerre ; toute cette histoire autour de cette bombe me rend profondément malade. »

Malgré la naissance de sa première fille, Rebecca, le mariage de Rita et d’Orson bat de l’aile. Alors qu’ils sont en instance de divorce, Orson Welles lui offre, comme un cadeau de rupture, son meilleur film La Dame de Shanghai. Aux journalistes qui lui demandent pourquoi ce film, elle répond « Je le devais à Orson ». Au plus grand effroi et fureur de Cohn, Welles fit couper la flamboyante chevelure de Rita et la teint en blonde. Désastre financier, certainement imputable au fait qu’il s’agisse d’une œuvre d’auteur et non d’un film spécialement construit autour de la star. Le final du film sera une autre séquence d’anthologie : l’extraordinaire scène de massacre dans un labyrinthe de miroirs où Elsa Bannister (Rita Hayworth) agonisera au milieu de ses reflets multipliés par les débris de glaces effondrées sous le choc des balles. Elle dira d’Orson Welles « Il est entré dans ma vie comme une fusée lançant des comètes de feu ». Le divorce est prononcé le 1er décembre 1948.

Après Gilda, les cachets de Rita sont considérables. Elle crée la Beckworth Corporation Production (Beckworth : association des noms Becky et Hayworth) et produira deux films Les Amours de Carmen et L’affaire de Trinidad.

[modifier] La princesse et ses désillusions

Rita Hayworth décide, en 1948, de partir quelque temps en Europe. Le 3 juillet, lors d’une fête à Cannes donnée par Elsa Maxwell, célébre chroniqueuse américaine, Rita est présentée au prince Aly Khan. Un an plus tard, le 27 mai, au terme d’une liaison placée sous le feu des tabloïds, Rita Hayworth devient princesse et se marie à Vallauris (Alpes-Maritimes) dans un faste purement hollywoodien. Elle aura une deuxième fille de cette union, Yasmina. Elle séjourne alors souvent à Cannes, dans la villa qu'y possède son mari (le Château de l'Horizon), ainsi qu'à Deauville [5]. Mais le conte de fées est de courte durée. Rita qui voulait fuir Hollywood retrouve d’autres fastes encore plus contraignants et de plus, elle subit les tendances polygames de son mari, ce qui la blesse profondément. Le couple divorce en 1953.

Elle fait son retour à Hollywood en 1952 dans L'Affaire de Trinidad. Ce film est lancé comme un nouveau Gilda, mais le charme n’agit pas. Sa popularité est toujours importante, elle aborde le genre biblique dans Salomé, beau succès commercial, où elle danse voluptueusement la danse des sept voiles et elle est toujours aussi sensuelle dans le film La Belle du Pacifique dans le rôle de " Sadie Thompson " déjà interprété par Gloria Swanson et Joan Crawford.

Elle se retire à nouveau durant quelques années, qui seront marquées par un quatrième mariage désastreux (1953) avec Dick Haymes, ancien chanteur des orchestres de Benny Goodman et de Jimmy Dorsey, qui deviendra violent avec elle, ils finissent par divorcer fin 1955.

Elle refuse, pendant cette période, le rôle de Maria Vargas dans La Comtesse aux pieds nus, qui lui rappelle trop sa vie personnelle.

Elle revient au cinéma en 1957 pour L'Enfer des tropiques avec Robert Mitchum et remporte encore de grands succès dans d’excellents films comme La Blonde ou la rousse son dernier film à la Columbia, Tables séparées, Ceux de Cordura qui marque sûrement la fin de son mythe de star.[6] Elle épouse en 1958, son cinquième mari, James Hill, rencontré lors du tournage de La Blonde ou la rousse et dont elle divorce très rapidement en 1961. Son déclin est amorcé et les années soixante voient son penchant pour l’alcool se répercuter fâcheusement sur son physique. Après quelques films mineurs, elle fera encore de belles compositions dans Le Plus grand cirque du monde avec John Wayne, dans Piège au grisbi où elle retrouve son partenaire et ami Glenn Ford et dans Sur la route de Salina pour le rôle d’une mère infortunée propriétaire d’un bar où elle montra encore ses réelles qualités d’actrice. Elle disparaît des écrans suite à La Colère de Dieu où son ami Robert Mitchum l’impose dans le rôle de Senora de la Plata.

En 1980, un médecin diagnostique chez la star la maladie d'Alzheimer. En 1981, elle est placée sous la tutelle d’une de ses deux filles, la princesse Yasmina Aga Khan. Rita Hayworth s’éteint à New York le 14 mai 1987.

[modifier] Citations

  • « Plus qu'une femme, Rita Hayworth est l'une des incarnations de notre principal mythe national. Elle est la Déesse de l'amour » [7]
  • De Rita Hayworth, Orson Welles disait : « Peut-être vivrai-je si longtemps que je finirai par l’oublier. »[8]

[modifier] Anecdotes

  • On donna le nom de Gilda à une bombe (la bombe larguée sur l'atoll de Bikini). Ce qui vaudra à Rita le surnom de « vedette atomique ».
  • Le héros du film Les Évadés se servira d'une affiche de Rita Hayworth.
  • Quand Orson Welles et Rita Hayworth se marièrent, le couple fut surnommé « la belle et le génie ». En effet, Orson était considéré comme l'homme le plus cultivé de son temps et Rita souffrait de son manque de connaissances.
  • Elle possède une étoile sur le Hollywood Walk of Fame au 1645, Vine Street.


[modifier] Filmographie

[modifier] en tant qu'actrice

Rita Hayworth en 1977
Rita Hayworth en 1977

[modifier] en tant que productrice

[modifier] Références

  1. abc Paris Match -M2533-1983-29 mai 1987
  2. Encyclopédie alpha du cinéma - Volume 11 - Éditions Grammont S.A. - Alpha Éditions
  3. abcd Le Cinéma Grande histoire illustrée du 7e art. Volume 3. Éditions Atlas
  4. Rita Hayworth Biographie. Barbara Leaming - Presses de la Renaissance. (ISBN 2-85616-554-0)
  5. Roland Godefroy, Deauville, 25 ans de cinéma américain, éditions CID, 2000
  6. Grand dictionnaire illustré du cinéma, vol. 2, éditions Atlas - (ISBN 2-7312-0414-0)
  7. Life Magazine
  8. Encyclopédie alpha du cinéma - Volume 7 - Éditions Grammont S.A. - Alpha Éditions

[modifier] Liens externes

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