René Fallet

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René Fallet est un écrivain et scénariste français (4 décembre 1927, Villeneuve-Saint-Georges - 25 juillet 1983).

Sommaire

[modifier] Biographie

René Fallet est né le 4 décembre 1927 à Villeneuve-Saint-Georges, avec des origines du Bourbonnais.

Fils de cheminot (Paul Fallet), il quitte assez tôt le chemin de l'école, mais obtient pourtant son certificat d'études en 1940, et commence à travailler à Paris dès l'âge de 15 ans.

Entre banlieue grise, quotidien ferroviaire, la vie ne semble pas lui offrir ses plus belles perspectives. De manutentionnaire chez un éditeur, à coursier en pharmacie, en passant par apprenti foudrier, René Fallet alterne ces « petits boulots » qui marqueront parfois l'inspiration de l'écrivain.

En 1944, alors qu'il a moins de 17 ans, la guerre trouve René Fallet, ou c'est plutôt lui qui la trouve en s'engageant volontairement… Fait peu connu, le père de René Fallet, est incarcéré pendant la guerre pour avoir chanté L'Internationale dans les rues de Villeneuve. René écrit lui-même au maréchal Pétain pour obtenir sa libération. Il l'obtient et c'est un pas décisif dans sa prise de conscience du pouvoir des mots.

Alors qu'il est démobilisé en 1945, Blaise Cendrars repère ses premiers poèmes et le fait entrer à Libération… (cf. lettre de Blaise Cendrars). Dès 1946, il publie son premier recueil de poésies, Le Périscope, tiré à seulement 50 exemplaires. Mais dès l'année suivante, « la vie en rose accourt sur lui » pour reprendre ses propres mots, puisque son premier roman Banlieue Sud-Est est l'événement de la rentrée littéraire (critique exhaustive du Figaro).

Les années qui suivent, René Fallet les consacre à l'écriture, à la critique, et aussi aux voyages. En effet, il entre au Canard enchaîné en 1952, visite Londres cette même année, et voyage au Liban en 1953, année de sa rencontre avec Georges Brassens… il se marie entre temps avec Michelle Dubois, devenue Agathe Fallet en 1956. Ces premières années sont déjà celles du succès, puisque l'écrivain a reçu le Prix du roman populiste pour ses trois premiers romans (Banlieue Sud-Est, La Fleur et la souris, Pigalle) en 1950…

On le décrit souvent comme un écrivain assez lent (il publie un livre tous les 2 à 3 ans), René Fallet assure son « autosuffisance » jusqu'en 1964, date de la publication de Paris au mois d'août, roman qui lui rapporte le prix Interallié et ancre définitivement René Fallet dans le paysage littéraire français. Il consacre le reste de sa vie à la littérature bien sûr, mais aussi à la pêche, à la pétanque et au cyclisme (il suit de nombreuses courses…). Il recevra au cours de sa carrière de nombreux prix, littéraires ou non, on citera entre autres le prix de l'humour en 1970 pour Au beau rivage, il est fait citoyen d'honneur des villes de Villeneuve Saint Georges et Jaligny, chevalier du mérite agricole en 1965… Homme au cœur peut-être pas si léger que cela, ce dernier lâchera en 1983... René Fallet décède à 56 ans, un 25 juillet…

[modifier] Analyse et portée de l’œuvre

Dès son premier ouvrage, ça déménage : « Je suis le type qui possède l'amour. D'un seul mot je le donne, d'un seul geste je l'arrache. La fille du métro, je lui dis : "Aime-moi", et la voici accrochée à ma veste, pantelante, bavante et tout et tout. » Il balaie d'un souffle le conformisme du régime de Vichy, lance des vents nouveaux, par une plume vive, menaçante mais rieuse. Les critiques du moment ne s'y trompent pas (« Voilà un train de banlieue qui défoncerait plutôt les butoirs du conformisme. Un train fou qu'on aura du mal à diriger sur une voie de garage. »), le train Fallet est parti, il ne s'arrêtera plus… Ce « Petit-fils de paysans bourbonnais. Fils de cheminot. A été journaliste. Est écrivain. Moustachu » comme il se décrit lui-même, ne peut se résumer à ce côté populiste, étiquette qu'on lui colle, non à tort, mais ô combien restrictive. L'auteur, fervent lecteur de Arthur Rimbaud, Molière, Émile Zola, Guy de Maupassant, Marcel Aymé, entres autres, alterne et mélange satires sociales, rire Rabelaisien, mais aussi poésie et touches sentimentales… Il faut en effet percevoir dans René Fallet, une figure emblématique, ambiguë et duale.[non neutre]

L'idée la plus courante du René Fallet déménageur et bon ami, ne doit pas résumer toute son œuvre. Certes, l'écrivain irrite les petites habitudes bourgeoises de l'époque, dessine de sa plume des personnages hauts en couleurs, piliers de bars, éternels accrochés au comptoir pour réécrire une utopie écrite au bon rouge du pays. Mais ces antis-héros citadins ou campagnards, présents entre autres dans La Soupe aux choux, Le beaujolais nouveau est arrivé ou encore Les vieux de la vieille, ne doivent pas faire oublier la face tourmentée et poétique de l'auteur. Lui-même se disait irrigué par deux veines, la veine Beaujolais, et la veine Whisky, la première désignant évidemment le côté « popu » de son œuvre, la seconde son côté sentimental… L'amour est en effet toujours présent dans l'œuvre de René Fallet, carburant essentiel au moteur créateur du poète… Coloré, enjoué, dansant, l'amour Falletien cache en fait toutes les contradictions d'un personnage couvert de paradoxes, en témoigne sa vie tumultueuse avec Agathe. « Fallet va à l'amour comme un mineur va au charbon. Ce n'est pas un dilettante. », disait de lui Jean Carmet, pour décrire cet amoureux naïf, timide, ployant sous les erreurs de parcours amoureux… À travers son œuvre, le poète ne cachera jamais le côté passionnel de l'amour, l'attrait physique lié à celui-ci. Toutefois, il a toujours su manier sa plume de manière à ne jamais sombrer dans le mauvais goût, dosant soigneusement sentiments et pulsions amoureuses…[non neutre]

Notons qu'au-delà de ses romans, Fallet à écrit six recueils de poésie et quatre essais, notamment un sur la vie de Georges Brassens, ami qui lui était très proche…

René Fallet apparaît donc comme un personnage haut en couleurs, aux facettes multiples. Pour reprendre l'analyse de Claude Chanaud, on peut percevoir Fallet comme une poupée russe… La façade apparente serait le décapeur des grands sentiments, suivrait l'amoureux transi (De Paris au mois d'août), puis le chantre populaire de banlieue, et sous tout cela, la poésie, art dont il use à chaque page avec beaucoup de personnalité. Ainsi, ce personnage aux mots biens pendus, a la rogne des matins du grand soir, déçu de la condition humaine sans pourtant ne jamais perdre le rire, cache des aspects biens plus complexes que son côté populiste. Unique en son genre, René Fallet a fait son marché tout seul, au pif, pour reprendre une dernière fois Chanaud… Il a marqué le paysage littéraire français de la dernière moitié du XXe siècle, d'une empreinte unique et rafraîchissante. Loin des grandes cérémonies et du gratin parisien, il fait partie entière de l'univers de Brassens, Renaud et de tous ceux qui pourront suivre…[non neutre]

[modifier] Adaptations cinématographiques

Si les adaptations au cinéma de l'univers de René Fallet n'ont pas toujours été réellement des succès, elles ne méritent pourtant pas de tomber complètement oubliées.[non neutre]

Neuf livres de Fallet ont été adaptés, dont le célébre[non neutre] Paris au mois d'août, où Plantin, personnage principal était interprété par Charles Aznavour

Si le charme de l'écriture n'a pu retrouvé son égal au cinéma, il demeure intéressant de revoir certaines adaptations[non neutre], pour les dialogues d'Audiard, ou le jeu de Pierre Brasseur et Jean Gabin… Ses romans ont donc inspiré de nombreux films, parmi lesquels : Le Triporteur avec Darry Cowl, Les Pas perdus, Les Vieux de la vieille, Paris au mois d'août, Il était un petit navire sous le titre : Le drapeau noir flotte sur la marmite, Le beaujolais nouveau est arrivé et le plus connu : La Soupe aux choux avec Louis de Funès, Jean Carmet et Jacques Villeret.

[modifier] Œuvres

[modifier] Romans

et aussi Bulle ou la voix de l'océan 1970

[modifier] La trilogie sentimentale

  • L’Amour baroque. Julliard, 1971.
  • Y a-t-il un docteur dans la salle ? Denoël, 1977.
  • L’Angevine. 1982.

[modifier] Essais

  • Brassens, Denoël 1957
  • Le Vélo. Julliard / Idée fixe, 1973.
  • Les Pieds dans l'eau, Mercure de France1974 réed. Denoël 1990

[modifier] Album de photos

  • Les Halles, la fin de la fête. Duculot, 1977.

[modifier] Pour enfants

  • Bulle ou la voix de l'océan 1970

[modifier] Poésie

  • Le Périscope, à compte d'auteur et tiré à cinquante exemplaires. 1946.
  • Chromatiques
  • Dix neuf poèmes pour Cerise. Denoël, 1969.

[modifier] Nouvelles

  • Les Yeux dans les yeux

[modifier] Divers

  • Chroniques littéraires du Canard enchaîné – 1952-1956. Paris : les Belles lettres, 2004. 315 pages, 14 x 20 cm. ISBN 2-251-44270-7.

[modifier] Il a dit…

« Et alors ! Tous les grands peintres ça picolait. Tous des poivres. Van Gogh, Utrillo, la peinture à l'eau c'était pas leur fort. »

« Il n'est pas de femmes inaccessibles, sauf celle qu'on aime. »

[modifier] Lettre de Blaise Cendrars

« Mon cher poète,
Merci de m'avoir écrit. Puisque vous avez de grandes idées poétiques, il faut les écrire quand et comme elles vous passent par la tête, à leur heure, en vous servant de votre cœur ou de votre cerveau (la main y est aussi pour beaucoup) sans vous occuper de personne, et vous verrez que ce n'est pas toujours facile.
Ma main amie,  »
    — Blaise Cendrars

[modifier] Filmographie

[modifier] Bibliographie

  • Jean-Paul Liégeois, Splendeur et misères de René Fallet (entretiens et témoignages). Paris : Denoël, 1978.
  • Michel Lécureur, René Fallet : le Braconnier des Lettres. Paris : les Belles Lettres, 2005. 368 pages, 15 x 22 cm. ISBN 2-251-44290-1.