Religion aux États-Unis

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Le thème des religions est central à la compréhension des États-Unis d'Amérique, qui garantissent par la constitution la liberté religieuse. Le pays fait une place importante à la religion et la spiritualité : on peut trouver dans chaque chambre d'hôtel une Bible, le plus souvent une "King James Bible" ; le président américain n'hésite pas à évoquer Dieu dans ses discours. Les différentes Églises sont impliquées dans la vie sociale et politique de la nation.

La cathédrale nationale de Washington, de l'Église épiscopale des États-Unis d'Amérique, fut le lieu de cérémonie pour les funérailles de plusieurs présidents : Dwight D. Eisenhower, Ronald W. Reagan, Gerald R. Ford. Woodrow Wilson y est même enterré dans le caveau de la cathédrale. De plus, un service funèbre y fut organisé pour Harry Truman, auquel de nombreuses personnalités étrangères participèrent, ainsi que son épouse d'un grand âge, Bess.
La cathédrale nationale de Washington, de l'Église épiscopale des États-Unis d'Amérique, fut le lieu de cérémonie pour les funérailles de plusieurs présidents : Dwight D. Eisenhower, Ronald W. Reagan, Gerald R. Ford. Woodrow Wilson y est même enterré dans le caveau de la cathédrale. De plus, un service funèbre y fut organisé pour Harry Truman, auquel de nombreuses personnalités étrangères participèrent, ainsi que son épouse d'un grand âge, Bess.

Sommaire

[modifier] Rappels historiques

Icône de détail Article détaillé : Histoire religieuse des États-Unis.

Les communautés religieuses, qui ont colonisé l'espace américain par vagues successives, sont à l'origine de la diversité de représentation des mouvements religieux dans ce nouveau monde perçu comme une terre de refuge.

[modifier] L'époque coloniale

Dès le XVIIe siècle, certaines colonies anglaises offraient l'asile à ceux qui voulaient fuir l'intolérance religieuse. À partir de 1620 des groupes de puritains sont arrivés dans le Massachusetts après des années de persécutions en Angleterre et en Hollande. Dans un second temps, ceux qui fuyaient l'intolérance des puritains de Nouvelle-Angleterre ont fondé de nouvelles colonies telles que le Rhode Island ou le Connecticut.

Quakers embrassant des Indiens en Pennsylvanie.
Quakers embrassant des Indiens en Pennsylvanie.

La colonie du Maryland ("la terre de Marie") a été fondée pour accueillir des catholiques anglais persécutés. Après la révocation de l'édit de Nantes en 1685, des milliers de huguenots ont quitté la France pour s'installer dans plusieurs villes portuaires dont New York, Philadelphie et Charleston.

On estime à plus de 100 000 les luthériens allemands qui sont partis en Amérique du Nord après la guerre de Trente Ans. La Pennsylvanie et Rhode Island furent les colonies américaines les plus tolérantes sur le plan religieux. Cela n'empêcha nullement les persécutions de frapper les colonies britanniques : les Quakers, Mary Dyer en furent les victimes.

Aujourd'hui encore, cette tradition de tolérance subsiste dans le système des valeurs américaines, si bien que les sectes ne sont pas illégales.

[modifier] Déisme

Sous l'influence des Lumières, le déisme apparaît aux États-Unis à la fin du XVIIIe siècle ; on considère généralement que Thomas Jefferson, Thomas Paine et Benjamin Franklin sont les représentants les plus illustres de cette tendance. Le déisme influença le développement de l'unitarisme qui proclame la stricte unité de Dieu.

[modifier] Le XIXe siècle

De nombreux Juifs européens ont fui les pogroms de Russie après l'assassinat du tsar Alexandre II en 1881 et se sont réfugiés aux États-Unis. Ces migrations sont à l'origine de la diaspora juive en Amérique.

[modifier] Le XXe siècle

  • Les persécutions antisémites en Allemagne nazie puis dans l'Europe dominée par le IIIe Reich ont poussé de nombreux juifs à émigrer aux États-Unis.
Icône de détail Pour une approche plus détaillée en anglais, voir Religious history of the United States.

[modifier] Approche descriptive

Traiter ce sujet sans évoquer le contexte historique du pays est vain.

Les communautés religieuses, qui ont colonisé l'espace américain par vagues successives, sont à l'origine de la diversité de représentation des mouvements religieux.

Cet article, en attente d'extension, ne traitera que de la sphère judéo-chrétienne, dont la complexité est déjà bien suffisante pour appréhender le sujet.

Les domaines d'implication de cette diversité concernent la pratique religieuse en elle-même, mais aussi influe sur la politique tout au long de l'histoire du pays ("In God we trust") ainsi que sur ses écoles de pensée (implication philosophique).

Vient s'ajouter à une complexité intrinsèque liée à la multitude de mouvements religieux une différence liée à l'emploi des termes (chrétien / catholique / protestant / conservateur / fondamentalisme) dont l'acception en Europe ne correspond pas ou n'évoque pas tout à fait la même chose.

À titre d'exemple, le mot protestant devient implicite pour un pratiquant chrétien en Amérique, c'est la citation de catholique qui devient spécifique (voire papiste lorsque l'évocation est en mauvais termes). En lieu et place de protestant est le plus souvent indiquée la dénomination du groupe spécifique : parmi les plus connus sont les anglicans, les baptistes, les luthériens, les méthodistes et les presbytériens, tous issus de la Réforme et qui ont effectué une émigration d'Europe afin d'exercer leur droit à la liberté religieuse que leur garantirait leur nouvelle terre d'élection.

Il est donc nécessaire de rappeler l'histoire des schismes qui a mené à ces dénominations au travers des différentes branches qui coexistent à l'heure actuelle.

Si le pays est laïc par sa constitution, son empreinte est croyante par la pratique.

[modifier] Un pays laïc

Sur les billets de banque : In God we trust — la perspective de prospérité par l'enrichissement personnel fait partie intégrante du rêve américain.
Sur les billets de banque :
In God we trust — la perspective de prospérité par l'enrichissement personnel fait partie intégrante du rêve américain.

Depuis la fin du XVIIIe siècle, la religion est officiellement séparée de l'État et ce principe est assuré par la constitution (article VI et premier amendement). Dans la constitution et dans la Déclaration des Droits, il n'est jamais fait référence à Dieu ou à la Providence[1]. La véritable devise des États-Unis est E pluribus unum. L'État fédéral ne subventionne aucune école religieuse au nom de la liberté religieuse[2]. Depuis 1962, la prière à l'école est prohibée par l'arrêt Engel contre Vitale[3]. Enfin, il ne faut pas oublier que le premier amendement garantit la non ingérence de l'État dans les religions et la liberté de culte.

Cependant, les références à Dieu sont omniprésentes dans la vie publique des États-Unis : In God we trust sur la monnaie (En Dieu, nous croyons), le serment des présidents américains sur la Bible lors de l'investiture, etc. Mais la plupart du temps, ces références ne renvoient pas à un Dieu en particulier ; elles sont abstraites et symboliques. La laïcité américaine a pour motivation la tolérance vis-à-vis de toutes les religions.

[modifier] Un pays de croyants

Cathédrale Saint-Patrick, New York
Cathédrale Saint-Patrick, New York

Environ 80% des Américains se disent croyants, et plus de la moitié des Américains sont pratiquants, un taux de participation bien plus élevé qu'en France ou au Québec. Selon le Yearbook of American and Canadian Churches (2002), 24,6 millions de personnes aux États-Unis ne pratiquent aucune religion. Un sondage récent réalisé par Gallup montre que 34 % des Américains fréquentent leur lieu de culte une fois par semaine, contre 13 % qui n'y vont jamais[4]. Chaque Américain change trois fois d'Église en moyenne au cours de son existence[5]. L'appartenance à une Église est une chose courante et signifie appartenir à une communauté, recevoir de l'aide en cas de besoin. Sur les 250 milliards de dollars de dons annuels que font les Américains aux associations à but non lucratif[6] 36 % sont affectés aux différentes Églises[6].

D’après une étude de 2008[7], 75 % des Américains (contre 21 % des Français) déclarent avoir lu au moins un passage de la Bible au cours de l’année passée[8]. Plus de la moitié des Français ne possèdent pas de Bible chez eux, contre 7 % des Américains[8]. 13 % des Américains disent ne jamais prier contre 49 % des Français[8].

Bien que les deux tiers des chrétiens américains (52 % de tous les Américains) soient protestants, l'Église catholique domine dans les grandes villes du nord-est (surtout à New York, à Boston et à Philadelphie), du Middle West (Chicago et Milwaukee), de la côte ouest (Los Angeles et San Francisco), dans une métropole d'origine française (La Nouvelle-Orléans) et dans plusieurs villes à majorité hispanique (Miami et San Antonio). D'importantes communautés juives se sont établies à New York, à Los Angeles, et dans l'agglomération de Washington. L'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, quant à elle, s'est particulièrement développée dans deux États : l'Utah et l'Idaho. Pourtant, toutes ces exceptions confirment la règle : les confessions protestantes ont une forte présence presque partout aux États-Unis.

Un mouvement protestant « évangélique », appelé Évangélisme, dont quelques groupes à tendance intégriste (fundamentalist) est de plus en plus actif au niveau politique et social. Néanmoins, ce mouvement reste toujours minoritaire au sein des églises protestantes, même dans les régions où il est le mieux organisé : en Alaska et dans les États du Vieux Sud, du Texas jusqu'en Virginie. Il faut noter que le président des États-Unis, George W. Bush, et la sénatrice de l'État de New York, Hillary Rodham Clinton, sont membres de la même Église — l'Église méthodiste unie (United Methodist Church, 8 millions de membres, de tendance modérée).

[modifier] Répartition des différentes religions

L'appartenance religieuse des Américains en 1990 et 2001, en valeur relative[9]:

Source : Bureau du recensement américain [10]
1990 2001 Évolution
en points
Évolution
en %
Total « chrétiens » 88,3% 79,8% -8,5 +5,3%
Catholiques romains 26,8% 25,9% -0,9 +10,6%
Autres chrétiens 61,4% 54,0% -7,5 +0,8%
Baptistes 19,8% 17,2% -2,6 -0,4%
Méthodistes 8,3% 7,2% -1,1 -0,2%
Chrétiens 4,7% 7,2% +2,5 +75,3%
Luthériens 5,3% 4,9% -0,4 +5,2%
Presbytériens 2,9% 2,8% -0,1 +12,3%
Protestants 10,0% 2,4% -7,7 -73,0%
Pentecôtistes / Charismatiques 1,9% 2,2% +0,4 +38,1%
Épiscopaliens / Anglicans 1,8% 1,8% -- +13,4%
Mormons / Saints des Derniers Jours 1,5% 1,4% -0,1 +12,1%
Église du Christ 1,0% 1,3% +0,3 +46,6%
Congrégationnalistes / United Church of Christ 0,3% 0,7% +0,4 +130,1%
Témoins de Jéhovah 0,8% 0,7% -0,1 -3,6%
Assemblées de Dieu 0,4% 0,6% +0,2 +67,6%
Évangéliques 0,1% 0,5% +0,4 +326,4%
Church of God 0,3% 0,5% +0,2 +77,8%
Adventistes 0,4% 0,4% -- +8,4%
Unitariens 0,3% 0,3 -- +25,3%
Orthodoxes 0,3% 0,3% -- +28,5%
Autres chrétiens 1,6% 1,9% +0,3 +40,2%
Total des autres religions 3,5% 5,2% +1,7 +69,1%
Juifs 1,8% 1,4% -0,4 -9,8%
Sans dénomination 0,1% 1,3% +1,2 +1 176,4%
Musulmans 0,3% 0,6% +0,3 +109,5%
Bouddhistes 0,2% 0,5% +0,3 +169,8%
Hindous 0,1% 0,4% +0,3 +237,4%
Autres 0,6% 0,7% +0,1 +25,4%
Pas de religion / Athées / Agnostiques 8,4% 15,0% +6,6 +105,7%
Christian Science Center, à Boston
Christian Science Center, à Boston
Temple des Saints des Derniers Jours, à Salt Lake City
Temple des Saints des Derniers Jours, à Salt Lake City
Mission catholique San Xavier del Bac, en Arizona
Mission catholique San Xavier del Bac, en Arizona
Temple hindouiste de Malibu, en Californie
Temple hindouiste de Malibu, en Californie
Temple bouddhiste à Los Angeles
Temple bouddhiste à Los Angeles



La majorité des Américains se réclament du christianisme. Mais la part des chrétiens dans le total diminue (- 8,5 points entre 1990 et 2001) alors que celle des athées, agnostiques et sans religion augmente de 6,6 points. Les évangéliques progressent rapidement, mais restent très minoritaires (0,5 % des Américains en 2001). Les catholiques ne représentent en valeur relative que 26 % des chrétiens, mais leur progression en valeur absolue dépasse celle des protestants. Cette progression peut s'expliquer par l'immigration des Latinos, majoritairement catholiques. L'importance du judaïsme semble décliner, alors que celle des religions orientales progresse (hindouistes et bouddhistes). Aux États-Unis comme ailleurs, de plus en plus de personnes accordent de l'importance à la spiritualité, sans adhérer à une religion traditionnelle.

[modifier] Un pays puritain ?

Certains considèrent que les États-Unis sont un pays puritain ce qui impliquerait une société à la morale austère et refusant toute libéralisation des mœurs. Cependant, le puritanisme reste mal connu, notamment en France. D’autre part, il faut rappeler que le protestantisme dont il est issu est aujourd’hui en recul face au catholicisme pratiqué par les Latinos. L’histoire des États-Unis montre en outre que le pays a su libéraliser ses mœurs, parfois même avant la France (pour la légalisation de l’avortement par exemple). Dès les années 1960, le mouvement hippie a contesté les valeurs bourgeoises. Aujourd’hui, le chiffre d’affaires des films pornographiques aux États-Unis est comparable à celui d’Hollywood[11]. Le taux de divorce est l’un des plus élevés du monde.

Une peinture illustrant cette austérité supposée : American Gothic (American Gothic), par Grant Wood (1930) (article)

[modifier] Mouvements religieux

[modifier] Athéisme et libre-pensée

Les organisations Athées américains (American Atheists), Americans United for the Separation of Church and State (avec sa revue mensuelle « Church & State »), et Alliance athée (Atheist Alliance) militent pour la stricte séparation des Églises et de l'État. American Atheists fut fondée en 1963 par Madalyn Murray O'Hair et appuie ses revendications sur les principes de la Déclaration d'Indépendance et sur la Constitution. Elle engage de nombreux procès contre les institutions publiques qui violent la laïcité. Environ 2 200 membres participent régulièrement à la convention nationale de l'association et aux nombreuses réunions régionales. Ellen Johnson en est la présidente depuis 1995. Le siège de l'association se trouve dans le New Jersey à Cranford.

Le 2 novembre 2002, au cours de la marche des athées américains sur Washington (Godless Americans March on Washington en anglais), Ellen Johnson avait annoncé la création du comité d'action politique des athées américains (Godless Americans Political Action Committee (GAMPAC)), afin de faire pression sur les candidats aux élections. Il fut officiellement lancé le 9 mars 2004 et soutint le candidat catholique John Kerry aux présidentielles 2004.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes

  1. Hélène Harter, L'Amérique, Paris, Le Cavalier Bleu, collection idées reçues, 2001, ISBN 2846700257, p.30
  2. Guy Haarscher, La laïcité, Paris, PUF, que sais-je ? 3e édition, 2004, ISBN 2130539157, p.102
  3. Hélène Harter, L'Amérique, Paris, Le Cavalier Bleu, collection idées reçues, 2001, ISBN 2846700257, p.30
  4. Chiffres cités dans Anne Deysine, Les États-Unis aujourd’hui. Permanence et changements, Paris, La Documentation française, 2006, ISSN 17936191, page 24
  5. Nicole Bacharan, Faut-il avoir peur de l’Amérique ? , Paris, éditions du Seuil, 2005, ISBN 2020799502, p.89
  6. ab Frédéric Martel, De la culture en Amérique, Paris, Gallimard, 2006, (ISBN 2070779319), p.307
  7. Etude réalisée pour le compte de la Fédération biblique catholique internationale dans neuf pays intitulée une «  lecture des Écritures dans certains pays » éditée en 2008
  8. abc Delphine de Mallevoüe et Hervé Yannou, « La France mauvaise élève pour la connaissance de la Bible », dans Le Figaro du 28-04-2008, [lire en ligne]
  9. source : City University of New York
  10. source : Bureau du recensement américain
  11. Adrien Lerm, La culture américaine, Paris, Le Cavalier Bleu, 2002, ISBN 2846700478, page 87

[modifier] Bibliographie

  • (fr) (en) Collectif, « Le fait religieux aux Etats-Unis : approches culturelles et cultuelles », dans Revue françaises d'études américaines, n°95, février 2003.
  • « Dieu bénisse l'Amérique, la religion de la Maison-Blanche », Sébastien Fath, Editeur/Edition : Seuil, 2003.
  • « Le Façonnage juridique du marché des religions aux Etats-Unis », Les Quarante Pilliers, série dirigée par Pierre Legendre. Editeur/Edition : Mille Et Une Nuits. (ISBN 2842057074).
  • « La Religion aux États-Unis », Isabelle Richet. Editeur/Edition : Presses Universitaires de France - PUF, 2001. (ISBN 2130520685)
  • « L’Église électronique. La saga des télévangélistes », Jacques Gutwirth. Editeur/Edition : Bayard, Paris, 1998.
  • « Militants de la Bible aux Etats-Unis : évangéliques et fondamentalistes du Sud », Sébastien Fath. Editeur/Edition : Autrement, Paris, 2004.

[modifier] Liens internes

  • Judaisme :

[modifier] Articles sources sur Wikipédia en langue anglaise

[modifier] Liens externes

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