Raymond Cartier

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Raymond Cartier est un journaliste français, né à Niort en 1904, à qui l'on doit la célèbre formule : « La Corrèze avant le Zambèze ».

Sommaire

[modifier] Carrière journalistique

En 1937, il participe au lancement du journal l'Époque. Il est proche du parlementaire de droite Henry de Kérillis. En 1939, ils co-rédigent le livre Laisserons-nous démembrer la France ? ou ils expriment leurs profondes convictions antimunichoises. Ce livre consacre déjà un chapitre aux enjeux économiques de la future confrontation avec l'Allemagne (la route du fer et la route du blé) et préfigure donc son recours à une analyse macro-économique des problèmes géopolitiques.

Raymond Cartier fut en 1944-45 capitaine à la Sécurité militaire. C'est lui qui interrogea en premier le prisonnier Kurt Gerstein (officier nazi opposé à la Shoah) alors en semi-liberté à la « pension Mohren » de Rottweil en Forêt noire[1].

Après guerre, il est correspondant à New York pour Samedi Soir. Il retrouve aux États-Unis Henry de Kérillis, vivant en « exil » en Nouvelle-Angleterre.

Il est grand chroniqueur à Paris-Match durant les années 1960. Ces chroniques, qui portent sur l'actualité internationale et la géopolitique font le succès du titre.

Respecté à l'instar de Raymond Aron, comme une grande plume de la presse écrite, et une voix officieuse de la France, il publie en 1966 une monumentale Histoire de la Seconde Guerre mondiale aux éditions Paris-Match Larousse, dont l'iconographie (cartes, photos) et la qualité du texte restent une référence.

Il meurt en 1975.

[modifier] « La Corrèze avant le Zambèze » : l’anticolonialisme de Raymond Cartier

Son anticolonialisme pragmatique souligne l'idée que la France doit privilégier son propre territoire (la métropole) avant de s'occuper de ses colonies. C'est un sentiment assez répandu à l'époque, il apparaît que la possession de ces territoires (réunis sous le nom d'Union française) est désormais plutôt un handicap pour le pays et son rang.

Sa posture anticoloniale fut critiquée. Les mouvements anticoloniaux rejetaient dans cette position l'absence de condamnation morale et à partir des années 1970, à la fin des luttes coloniales, l'argumentaire de Raymond Cartier fut retourné contre lui puisque l'efficacité économique pouvait aussi justifier la mainmise sur les richesses des états nouvellement indépendants par l'ancienne métropole (néo-colonialisme).

Ses origines provinciales et sa phrase restée célèbre « La Corrèze avant le Zambèze » ne doivent pas laisser supposer une sensibilité régionaliste chez Raymond Cartier. Son cadre d'analyse reste l'État-nation.

Par la suite son anticolonialisme pragmatique et argumenté a souvent été caricaturé par un public ne retenant que quelques phrases chocs.

[modifier] Son engagement européen

Outre son anticolonialisme, Raymond Cartier soutient avec force la contruction européenne. Il rédige plusieurs articles et livres sur l'Europe dont Les 19 Europes, tableau des pays de l'Europe de l'Ouest.

[modifier] Œuvres

  • Laisserons-nous démembrer la France ?, Paris, Éditions de la Nouvelle Revue critique, 1939. Co-écrit avec Henry de Kérillis.
  • Les 48 Amériques, Paris, Plon, 1953.
  • Hitler et ses généraux, Paris, Collection "J'ai lu",1962.
  • Adolph Hitler à l'assaut du pouvoir, Paris, Plon, 19??.
  • Mes cinquante Amériques, Paris, Plon, 1968.
  • Histoire mondiale de l'après-guerre, Paris, Presses de la Cite, 19??.
  • La Seconde Guerre mondiale, Paris, Larousse Paris Match, 1965.

Raymond Cartier ne consacra jamais de livre à l'anticolonialisme.

[modifier] Notes et références

  1. Pierre Joffroy, L'espion de Dieu. La passion de Kurt Gerstein, Robert Laffont, 2004, pp. 343-345.
 Le capitaine de la Sécurité Militaire qui procéda au premier interrogatoire de Kurt Gerstein
s'appelait Raymond Cartier;ce dernier devint,après la guerre un journaliste célèbre.           

R.Cartier a livré tardivement,quelques -unes de ses impressions à Pierre Joffroy:Ce Gerstein avait été placé en résidence surveillée dans un hôtel de Rottweil,plutôt que dans un camp de prisonniers.Je vois dans sa chambre un grand type blond,pâle,l'air déprimé.Je me souviens de ses yeux,des yeux d'halluciné.

"Je suis un chrétien,un ingénieur,clame-t-il,J'ai vu tuer un million de personnes...J'étais chargé de manoeuvrer les manettes(?) des chambres à gaz.Je voyais tout par la lucarne.J'ai fait parvenir des rapports à la Croix -Rouge suèdoise et au Vatican..."

Puis,Gerstein se livra devant R.Cartier à de "savants" calculs et déclara:"ça fait,disons, 1.223.425 exécutions".R.Cartier ne retint que ce chiffre si précis.Eberlué par cet étrange prisonnier, il quitta la chambre et ne s'occupa plus de Gerstein pendant de longues années.(Pierre Joffroy,L'espion de Dieu,édition de 1992,Seghers,Paris pp.344-345)

[modifier] Voir aussi