Rage

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Rage
CIM-10 : A82
CIM-9 : 071
Patient atteint de la rage
Patient atteint de la rage

La rage est une maladie virale grave touchant les mammifères dont l'Homme. Elle est causée par un virus qui provoque une encéphalite. Zoonose assez commune, elle touche surtout les carnivores. Les symptômes sont nerveux ; parfois une agressivité bien qu'il existe aussi des formes plus frustes où le malade est particulièrement calme. En Europe, la rage a efficacement été éliminée de certains pays par distribution d'appâts vaccinants dispersés dans la nature.

Entre 40 000 et 70 000 personnes décèdent de la rage chaque année dans les pays d'Afrique et d'Asie, où la maladie est endémique.

Sommaire

[modifier] Description du virus

Image en microscopie électronique du virus de la rage.
Image en microscopie électronique du virus de la rage.

La rage est causée par un virus de la famille des Rhabdoviridae et du genre Lyssavirus. Ce sont des virus enveloppés, leur génome est une molécule d'ARN de polarité négative de forme hélicoïdale. À ce titre, ils présentent une grande sensibilité aux agents physico-chimiques de désinfection et donc une faible résistance dans le milieu extérieur[1].

Le virus de la rage infecte tous les mammifères. Il a un tropisme nerveux, et en particulier le système nerveux central, ce qui explique les troubles observés.

[modifier] Transmission

Un animal infecté par le virus de la rage peut commencer à l'excréter jusqu'à 15 jours avant les premiers signes cliniques. Le virus est alors présent dans toutes les sécrétions de l'animal, y compris dans ses fèces. Vu sa fragilité dans le milieu extérieur, l'entrée du virus dans l'organisme ne se fait que par le biais d'une effraction de la peau ou par les muqueuses buccale ou oculaire.

La transmission in vitro peut aussi se faire par voie aérosol, via les muqueuses ; c'est, par exemple ce qui se passe dans les cavernes habitées par des chauve-souris enragées : on a relaté deux cas de spéléologues ayant contracté la rage après avoir été en contact avec des aérosols provenant de chauve-souris enragées… De façon plus rare, la transmission peut aussi intervenir dans une chirurgie par transmission cornéenne.

En Europe, les vecteurs terrestres non volants de la rage peuvent être le renard, le loup, le blaireau, le chevreuil mais également le chien, le chat, la vache. En Amérique, la rage est transmise par le raton laveur ou le coyote.
La rage se transmet le plus souvent par morsure, mais peut aussi être transmise par simple léchage. Après une infection humaine, le virus pénètre (directement ou indirectement) le système nerveux périphérique. Il voyage alors le long des nerfs vers le système nerveux central. Pendant cette phase il ne peut pas être facilement détecté par le système immunitaire de l'hôte, et la vaccination peut toujours conférer une immunité. Une fois que le virus atteint le cerveau il provoque rapidement une encéphalite et les symptômes apparaissent. Il peut aussi infecter la moelle épinière, provoquant une myélite.

La période d'incubation est le plus souvent de trois à douze semaines mais peut atteindre deux ans.

[modifier] Symptômes

Chez l'animal ; les symptômes dépendent de l'espèce concernée. Typiquement, on observe une ataxie généralisée, de l'hyperesthésie, des douleurs cervicales, une hypersalivation marquée et parfois des convulsions des muscles faciaux (en particuliers des masséters). Dans le cas des carnivores, un comportement anormalement agressif est fréquent, mais pas systématique. Dans le premier cas, l'animal cherche à mordre tout objet se situant à proximité de sa tête, et ne lâche pas prise après morsure. L'aboiement d'un chien enragé est spécifique (« bitonal »). On recherche ainsi systématiquement à écarter en première intention la rage lorsqu'un chien vient en consultation avec des troubles nerveux.

Chez l'homme ; on observe des troubles des fonctions cérébrales supérieures, anxiété, confusion, agitation avec troubles du comportement, les hallucinations, insomnies et éventuel delirium. La production de grande quantité de salive et de larmes avec difficulté de déglutition sont typiques des phases avancées. Spécifiquement chez l'homme se développe également en fin d'évolution une hydrophobie : la vue de liquide provoque une peur non raisonnable, alors que le contact entraîne des sensations de brûlures insoutenables. La mort, quasiment inévitable survient de deux à dix jours après les premiers symptômes.

Dans un tiers des cas[2], la maladie prend la forme d'une paralysie ascendante ressemblant au syndrome de Guillain-Barré.

Louis Pasteur
Louis Pasteur

[modifier] Prévention et traitement

La rage est une maladie presque constamment mortelle chez l'homme lorsqu'apparaissent les premiers signes. Les cas de survie sont tout à fait exceptionnels[3]. En revanche, la vaccination anti-rabique pratiquée entre la contamination et l'apparition des premiers signes est très efficace. Le Vaccin a été expérimenté par Pasteur sur Joseph Meister, un jeune garçon mordu par un chien enragé sur le chemin de l'école à Meissengott, en Alsace. Le maitre du chien, Théodore Vonné, avait alors abattu la bête puis mené l'enfant chez le docteur Weber de Villé.

Cependant fin 2004, à Wauwatosa dans le Wisconsin, un traitement expérimental a permis de sauver sans vaccination une jeune adolescente américaine contaminée par une chauve-souris. Le traitement consiste à plonger le patient dans un coma artificiel pour ralentir la progression de la maladie et à lui administrer un traitement médical intensif[3]. Cette guérison reste cependant unique et des protocoles proches ont échoués chez tous les autres patients. Il n'existe pas, de même, de modèle expérimental animal, démontrant l'efficacité de la méthode[4].

[modifier] Traitement préventif

Un vaccin préventif contre la rage existe. Il est inoculé aux personnes dont l'activité est un facteur de risque d'infection. Les vétérinaires ou les personnes se rendant dans certains pays comme l'Inde en sont des exemples. Ce vaccin préventif ne dispense pas d'une vaccination curative.

[modifier] Vaccination curative

On peut prévenir la maladie à condition de s'y prendre avant que n'apparaissent les premiers signes, c’est-à-dire pendant la période d'incubation, en appliquant une vaccination curative comme l'a démontré Louis Pasteur en vaccinant le jeune Joseph Meister, mordu le 4 juillet 1885 par un chien enragé sur le chemin de l'école à Meissengott, en Alsace. Le maitre du chien, Théodore Vonné, avait alors abattu la bête puis mené l'enfant chez le docteur Weber de Villé. Ce dernier a conduit l'enfant à Pasteur qui l'a vacciné.

Sachant que la maladie se transmet le plus fréquemment par morsure, mais parfois aussi par léchage d'une blessure ou par une griffure, et qu'il s'écoule entre deux et huit semaines avant qu'elle ne se déclare, cela laisse un temps de réaction. En fait la durée de l'infection dépend de la dose de virus inoculée, de la localisation de la morsure (plus elle est proche d'une zone riche en terminaisons nerveuses, plus vite la maladie se déclare) et de la gravité de la plaie.

Des rappels doivent être fait régulièrement pour que la vaccination reste efficace. Il est utile de retirer autant que possible le matériel infecté après la morsure s'il y a lieu.

[modifier] Conduite à tenir en présence d'un cas de rage ou de suspicion de rage

Il faut signaler immédiatement tout cas de rage au chef technique ou à l'autorité administrative locale. Tout chien mordeur doit être considéré comme suspect de rage.

[modifier] Conduite à tenir à l'égard du chien mordeur

Il est très important de savoir qu'un chien « mordeur » infecté par la rage peut transmettre le virus avant l'apparition des premiers symptômes. Aussi est-il nécessaire de le garder en observation pendant au moins 15 jours. En fourrière, le chien doit être nourri et abreuvé. Si le chien est enragé, il mourra dans les dix jours après les premiers symptômes. Tout chien ayant mordu une personne, même s'il ne présente aucun signe de rage, doit être placé en observation. Au cours de cette période d'observation, si les signes de la maladie apparaissent, la rapide évolution du caractère fatal du mal permettent d'établir le diagnostic. Il ne faut pas sacrifier un chien mordeur comme on est souvent tenté de le faire. Ceci interdirait de savoir s'il était enragé…

[modifier] Conduite à tenir à l'égard de la personne mordue

Lorsque les symptômes de rage apparaissent chez l'homme il est trop tard pour intervenir : la mort est la seule issue. C'est pourquoi il convient de respecter scrupuleusement les recommandations suivantes :

Lorsqu'une personne est mordue, soit très profondément, soit en de nombreux endroits du corps, soit de face, soit à la tête, soit au cou, soit aux doigts, celle-ci doit subir le traitement antirabique le plus tôt possible même si le chien mordeur ne présente pas de signes de rage et même s'il n'a pas été au contact d'un chien enragé. Cette personne mordue doit laver abondamment la plaie avec de l'eau et du savon puis désinfecter la plaie avec un antiseptique[5] et consulter immédiatement dans un centre de santé afin de se faire administrer le sérum anti-tétanique et le vaccin antirabique.

[modifier] Répartition de la maladie

La maladie a causé 55 000 décès dans le monde en 2004 selon une étude commanditée par l'OMS, pour la plupart dans les zones rurales de l'Afrique et de l'Asie.[6]

Zones infectées par la rage : ♦ zones de forte endémie : ♦ zones de faible endémie : ♦ zones d'absence d'endémie : ♦ absence de données
Zones infectées par la rage :  zones de forte endémie :  zones de faible endémie :  zones d'absence d'endémie :  absence de données

[modifier] France

En France métropolitaine, les derniers cas de rage sur des êtres humains, remontent à 1924 (cas mortel en guyane française en 2008), cependant des voyageurs peuvent être contaminés à l'étranger, dans les pays à risques, et revenir malades. La maladie était considérée comme disparue depuis le début de l'année 2001, bien que :

  • La maladie pourrait encore subsister dans un réservoir animal représenté en particulier par quelques renards du nord et de l'est de la France, et par les chauve-souris, mais il est fort peu probable que ces animaux transmettent le virus à l'homme.
  • Il y a par contre un risque permanent provenant des animaux, en particulier les chiens, importés illégalement, des pays de l'Europe de l'Est et du Maroc, malgré la sanction prévue d'être condamné à cinq ans de prison et 75 000 euros d'amende.

[modifier] Suisse

La Suisse est reconnue indemne de rage depuis le 1er janvier 1999. L'apparition de la maladie par voie terrestre de cas provenant d'animaux sauvages est improbable. Cependant, le cas de chauve-souris ou animaux importés porteurs n'est pas exclu. D'ailleurs, depuis cette date, deux cas ont été constatés : un cas de chauve-souris infectée a été reporté en 2002 sur le canton de Genève et le cas d'un chien importé d'Afrique du Nord en 2003, dans le canton de Vaud.


[modifier] Déclaration obligatoire

En Belgique, en France et en Suisse, cette maladie est sur la liste des maladies infectieuses à déclaration obligatoire.

[modifier] Notes et références

  1. Le virus ne supporte pas les températures de 38 à 40 °C, il devient inactif en peu de temps cependant une fois dans un organisme il est protégé
  2. Solomon T, Marston D, Mallewaet M et als. Paralytic rabies after a two week holiday in India, BMJ, 2005;331: 501-503
  3. ab Willoughby RE, Tieves KS, Hoffman GM et Als. Survival after treatment of rabies with induction of coma, N Eng J Med, 2005;352:2508-2514
  4. Willoughby R, Vaincre la rage ?, Pour la Science, mai 2008, p44-55
  5. Centre Canadien d'hygiène et de sécurité au travail
  6. OMS

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes