Révolution américaine

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La Révolution américaine est une période de changements politiques importants qui donna naissance aux États-Unis à la fin du XVIIIe siècle.

Après la guerre de Sept Ans (1756-1763), l’Angleterre imposa des taxes à ses treize colonies d’Amérique du Nord sans les consulter. Les colons américains protestèrent auprès du roi George III et du Parlement de Londres. La métropole envoya des troupes pour mater la révolte. Les représentants des colonies réunis à Philadelphie adoptèrent la déclaration d’Indépendance le 4 juillet 1776. Après une série de revers de l’armée continentale commandée par George Washington, la guerre contre l’Angleterre tourna à l’avantage des Américains. Les insurgés (en anglais : insurgents) reçurent l’aide de volontaires français puis du gouvernement de Louis XVI, de l’Espagne et des Provinces-Unies. Londres dut reconnaître l’indépendance des États-Unis en 1783. Le nouveau pays se dota d’une Constitution (1787) qui s’inspirait de la philosophie des Lumières. George Washington fut élu président en 1789 ; mais les premières années de la république américaine furent marquées par des oppositions politiques et des tensions sociales. La révolution américaine créa une nouvelle nation et eut un retentissement important en Europe, notamment en France. Elle fit l’objet de nombreux débats historiographiques et marqua de façon durable la culture américaine.

Sommaire

[modifier] Contexte : les treize colonies américaines vers 1775

Carte des treize colonies britanniques d'Amérique du Nord vers 1775.
Carte des treize colonies britanniques d'Amérique du Nord vers 1775.

[modifier] Cadre géographique

Les treize colonies anglaises se sont formées entre le début du XVIIe siècle et le premier tiers du XVIIIe siècle, sur plusieurs centaines de kilomètres le long de la côte atlantique (voir la carte). Leur géographie, leur population, leur économie et leurs institutions étaient alors marquées par les différences. Les communications entre les colonies étaient lentes et souvent difficiles : les routes existantes étaient en mauvais état et il existait peu de ponts[1].

[modifier] Population

Vers 1770, la population totale des treize colonies s’élevait à environ 2,1 millions d’habitants[2]. Depuis leur fondation, les colonies ont connu une forte croissance démographique liée à l'immigration mais aussi à une importante natalité. La densité de population était relativement faible. La plupart des colons vivaient à la campagne et la population se concentrait sur le littoral, où se trouvaient les principales villes, parmi lesquelles Philadelphie était la plus peuplée (45 000 habitants en 1780[3]), dépassant Boston ou New York.

[modifier] Société

Les colons américains dépendaient du commerce maritime avec l'Angleterre. Gravure représentant le port de Salem dans les années 1770.
Les colons américains dépendaient du commerce maritime avec l'Angleterre. Gravure représentant le port de Salem dans les années 1770.

La société coloniale américaine était diverse : à côté de la majorité britannique vivaient des Allemands, des Suisses, des Hollandais, des Irlandais, des Écossais, des Scandinaves et des Français[4], surtout dans les colonies du nord et du centre. Pour l'historien Fernand Braudel, ce mélange ethnique aurait favorisé la séparation d’avec l’Angleterre[5]. Les pratiques religieuses variaient également : si les élites étaient de confession protestante, elles étaient divisées en plusieurs courants. Les Juifs et les catholiques, qui suscitaient de la méfiance, formaient les principales minorités religieuses.

À la veille de la Révolution américaine, les colons d'origine européenne appartenaient à des groupes sociaux différents. Si le régime seigneurial et féodal était quasiment absent des treize colonies[6], une autre hiérarchie, fondée sur la propriété foncière et la fortune, existait. L'élite était formée des gouverneurs, des planteurs, des grands négociants et armateurs. Ensuite, on trouvait une catégorie d'artisans, de représentants du roi, de fermiers et de petits commerçants : ces classes moyennes représentaient 40 % de la population totale[7].

Les marins, les tenanciers et les domestiques occupaient le bas de l'échelle sociale. Les indentured servants (appelés « engagés » en Nouvelle-France) constituaient un sous-prolétariat blanc dont la condition était proche de celles des esclaves[8] : il s'agissait de prisonniers, de femmes et d'enfants envoyés de gré ou de force afin de peupler le Nouveau Monde et de travailler dans l'agriculture.

Dès l'époque coloniale, les écarts sociaux se creusèrent[7]. Les différents groupes de colons manifestaient des intérêts divergents qui suscitèrent des tensions, voire des révoltes dans les villes et les campagnes. Les élites éclairées étaient soucieuses de maintenir l'ordre social et de protéger de leurs propriétés. Les autres colons souffraient davantage des mesures fiscales anglaises et des inégalités foncières. Les tensions sociales étaient attisées par l’action de certains prédicateurs et relayées dans les lieux de sociabilité urbaine : les tavernes et les auberges étaient des lieux d'information, de débats et de réunion. La presse joua également un rôle actif dans la fermentation révolutionnaire.

L'importance numérique des Afro-américains était notable : entre 1750 et 1780, leur nombre est passé de 236 000 à 575 000[9]. La plupart des Noirs se concentraient dans les colonies du Sud et étaient esclaves. Cependant, une minorité de Noirs affranchis vivaient dans les villes. Dans les limites du territoire américain de 1790, le nombre d'Amérindiens est évalué entre 100 et 200 000 personnes[10].

[modifier] Gouvernement

Palais du gouverneur, Williamsburg (Virginie)
Palais du gouverneur, Williamsburg (Virginie)

Chaque colonie possédait un statut politique propre qui dépendait de son histoire. On distinguait habituellement trois catégories : les colonies à chartes étaient réglementées par des chartes octroyées par le souverain à des compagnies maritimes privées. Les fondations des colonies de propriétaires reposent sur l'initiative d'un grand personnage, le Lord Proprietor. Les citoyens y choisissaient leur gouverneur. Enfin, les colonies de la couronne (ou colonies royales) bénéficiaient d'une constitution rédigée par le pouvoir royal.

Les gouverneurs exerçaient le pouvoir exécutif au nom du roi et disposaient des forces armées. Ils étaient secondés par les agents des douanes ou encore les enquêteurs des revenus royaux[11]. Le conseil du gouverneur possédait des attributions judiciaire, administrative et législative. Équivalent d'une chambre haute, il avait un rôle consultatif[11]. Enfin, chaque colonie avait une assemblée qui discutait et réglait les problèmes locaux, mais aussi le budget et l'équipement de la milice, avec l'accord du conseil. Elle pouvait envoyer des agents afin de présenter des pétitions et des requêtes à Londres[11]. Les town meetings du Massachusetts permettaient aux colons d'exercer une forme de démocratie directe. L'éloignement et l'immensité du territoire colonial permettait aux Américains de disposer d'une relative autonomie locale[12].

[modifier] Économie

Old State House (1713) à Boston. Ce bâtiment accueillait les assemblées de la colonie du Massachusetts.
Old State House (1713) à Boston. Ce bâtiment accueillait les assemblées de la colonie du Massachusetts.

Les treize colonies formaient un ensemble économiquement prospère[13]. Au nord, la Nouvelle-Angleterre vivait de l'artisanat, du commerce maritime et de pêche. Les marchands de Boston faisaient du commerce avec les Antilles : ils exportaient du bois, de la farine, du poisson, de l'huile de baleine et importaient du sucre, des mélasses, du tafia[14]. Ce commerce stimula la production métallurgique et textile, de même qu'elle permit le développement des chantiers navals et des distilleries[15].

Dans les colonies du centre[16] l'agriculture était diversifiée et l'élevage omniprésent. Marquées par un climat subtropical humide, les colonies du sud[17] vivaient essentiellement d'une agriculture commerciale dynamique (exportations de tabac, indigo, céréales). Les planteurs utilisaient une main d'œuvre servile qui travaillait sur de grandes exploitations. L'aristocratie blanche vivaient sur ces domaines et se faisaient construire de belles demeures. Le Sud était majoritairement rural et les villes étaient rares et relativement peu peuplées (Charleston, Baltimore et Norfolk).

[modifier] Causes structurelles : les relations coloniales avec l'Angleterre

Icône de détail Article détaillé : Causes de la Révolution américaine.

[modifier] Impérialisme anglais

Après la guerre de Sept Ans, les autorités anglaises commencèrent à réfléchir sur l’empire britannique à son apogée. Entre 1770 et 1782, les tories au pouvoir rêvaient d'affermir la domination coloniale et de la centralisation[18]. Partisans du protectionnisme, ils cherchaient à appliquer strictement le système mercantiliste en renforçant le monopole commercial, en encourageant les compagnies maritimes et en luttant contre le commerce de contrebande. Les tories se heurtaient à l'opposition des whigs, favorables à la liberté de commerce, mais aussi à celle des négociants américains.

En Amérique, les lois locales, élaborées par les assemblées et confirmées par le roi, étaient en principe inférieures aux lois anglaises, votées par le Parlement. Pourtant, les assemblées coloniales n'hésitaient pas à empiéter sur les prérogatives des gouverneurs en usant de leur droit de regard devant la montée en puissance du « régime d’assemblées »[19], Londres chercha à renforcer son autorité après 1763[20]. La métropole craignait alors une expansion des treize colonies vers l'Ouest[21] qui aurait créé un déséquilibre et mené à l'indépendance.

[modifier] Contentieux économique

Icône de détail Article détaillé : mercantilisme anglais.

L'économie des colonies était marquée par le mercantilisme et l'exclusif : par ce système, l'Angleterre entendait garder le maximum de métal précieux[22] et protéger l'industrie et l'artisanat britanniques. Les relations commerciales étaient réglementées par les actes de Navigation : les colonies exportaient des matières premières sur des vaisseaux anglais. Elles étaient transformées en Grande-Bretagne pour être ensuite vendues à l'étranger. Les produits manufacturés dans les colonies ne devaient pas être exportés et certaines marchandises devaient même venir de la métropole[23]. En retour, les colonies américaines ne devaient acheter que des produits anglais[22]. Les navires étrangers qui commerçaient avec les colonies devaient passer par un port britannique afin de payer des droits de douane.

En réalité, la distance avec la métropole et la corruption des agents des douanes en Amérique entraînaient un certain laxisme dans la perception des taxes[24]. Les navires américains traversaient même illégalement l'Atlantique nord pour les besoins du commerce. Cette entorse au mercantilisme et cette concurrence américaine inquiétèrent rapidement les marchands anglais. Le développement économique des treize colonies suscita une certaine animosité entre les marchands coloniaux et les capitalistes de la métropole[25].

Les colons américains, en particulier les marchands de la Nouvelle-Angleterre, dénonçaient le monopole sur le trafic de certaines marchandises comme le thé. Ils regrettaient également le manque chronique de monnaie et leur dépendance vis-à-vis du crédit anglais[26].

[modifier] Émergence d'une identité américaine

Ce dessin de presse, attribué à Benjamin Franklin, fut d'abord publié pendant la guerre Sept Ans, puis réutilisé pour inciter les colonies américaines à s'unir contre la couronne britannique
Ce dessin de presse, attribué à Benjamin Franklin, fut d'abord publié pendant la guerre Sept Ans, puis réutilisé pour inciter les colonies américaines à s'unir contre la couronne britannique

L'élite économique américaine se sentait souvent proche de la métropole et cherchait à imiter les classes supérieures qui vivaient en Grande-Bretagne. Ces grandes familles envoyaient leurs fils en étude en Angleterre[27]. Elles avaient intérêt à rester dans le giron de la métropole, à cause du système mercantiliste et de l'ordre qu'elle garantissait.

Les classes moyennes étaient quant à elles moins attachées à l'Angleterre. Les colons nés en Amérique se sentaient de moins en moins anglais. Aussi, malgré la diversité des colonies et de ses habitants, la politique impérialiste anglaise fit naître un « patriotisme colonial » tourné contre la métropole[28] et la formation d'une identité américaine. Depuis le XVIIe siècle, les colonies s'affirmaient enfin comme un ilôt de relative tolérance religieuse[29] qui contrastait avec la situation européenne. L'aspiration au bonheur et à la réussite individuelle, liée à la mobilité sociale et aux opportunités données par l'immense espace nord-américain, constituait l'un des fondements de cette identité américaine en formation[30].

[modifier] Influence des Lumières


À la fin du XVIIIe siècle, Philadelphie était le « véritable centre des Lumières révolutionnaires[31] », notamment sous l’impulsion du savant Benjamin Franklin (1706-1790). La cité était, avec Boston, le principal centre d’édition des treize colonies et la Pennsylvania Gazette (1723) joua un grand rôle pendant la Révolution américaine. La Société philosophique américaine était un cercle de discussions fondé par Benjamin Franklin.

Les élites et les pères de la Révolution américaine lisaient les philosophes européens tels que John Locke, Charles de Montesquieu, Hugo Grotius, Cesare Beccaria[32], Henry Home ou Thomas Hobbes.

Les théories du philosophe anglais John Locke influencèrent le plus les acteurs de la Révolution américaine : l'idée du contrat social impliquait le droit naturel du peuple de déposer ses dirigeants. En revanche, les historiens trouvèrent peu de traces de la pensée rousseauiste en Amérique[33]. Les Pères de la Révolution américaine ont puisé dans l'analyse de la constitution britannique par Montesquieu, mais aussi dans les textes anglais (Habeas Corpus, Déclaration des droits) pour rédiger les constitutions des États et du pays.

Le républicanisme était l'un des principes idéologiques dominant dans les colonies à la veille de la Révolution. Les colons critiquaient le luxe ostentatoire de la cour et proposaient une vertu républicaine. L'idée que les hommes avaient le devoir civique de lutter pour leur pays se développa.

[modifier] Montée des oppositions

Icône de détail Article détaillé : Causes de la Révolution américaine.

Les années 1763-1774 voient la montée des oppositions coloniales face aux prétentions britanniques, marquées par une série de lois de nature fiscale, rapidement abrogées par le pouvoir central. Les résistances américaines au mercantilisme et à la politique fiscale de Londres dégénèrent parfois en émeutes et révoltes épisodiques encore peu menaçantes.

[modifier] Conséquences de la Guerre de Sept Ans

La Guerre de Sept Ans (1756-1763) qui opposa les puissances européennes, a vidé les caisses de la Couronne britannique. Alors que les treize colonies étaient prospères, l'Angleterre subissait une crise économique[34]. Londres décida qu'une partie des frais de guerre serait supportée par les colons américains.

La Proclamation royale de 1763 avait trois principaux objectifs : organiser l’empire colonial britannique en Amérique du Nord et pacifier les relations avec les Amérindiens afin d'éviter la spéculation foncière. La Proclamation visait à apaiser les craintes indiennes d’une arrivée massive de paysans blancs sur leurs territoires. La « Frontière » attirait les migrants en quête de terres comme les Écossais suivis par les Allemands[35]. L'épuisement des sols à l'est des Appalaches et la pression démographique accentuèrent la faim de terre des colons.

La Proclamation de George III interdisait aux habitants des treize colonies de s’installer et d’acheter des terres à l’ouest des Appalaches[36]. La Couronne se réservait une partie du bois américain[37] ainsi que le monopole dans l’acquisition des terres indiennes ; elle garantissait la protection des peuples indiens[36],[38]. Londres avait prévu la construction de forts britanniques le long de la limite de colonisation ; ce dispositif devait permettre le respect de la Proclamation mais aussi favoriser le commerce des fourrures avec les Indiens[36]. Le gouvernement britannique estimait que ces avant-postes assuraient la défense des treize colonies et que leur financement revenait donc aux colons[36].

La Proclamation royale de 1763 souleva le mécontentement des colons américains qui s’étaient déjà implantés dans ces territoires indiens. Ils devaient rendre la terre et revenir dans les treize colonies. Certains étaient persuadés que le roi cherchait à les cantonner sur la bande littorale afin de mieux les contrôler[36]. Les colons refusaient de financer la construction et l’entretien des avant-postes royaux sur la ligne définie par la Proclamation. L'éviction des Français du Canada en 1763 assurait la sécurité des treize colonies qui estimaient ne plus avoir besoin de la protection militaire anglaise[39]. Les Américains supportaient difficilement les armées permanentes anglaises dans les colonies, alors que la paix était revenue ; la présence des troupes était perçue comme un instrument de la tyrannie britannique[40].

[modifier] Les lois

Le 5 avril 1764, le Parlement anglais vota le Sugar Act : cette loi maintenait la levée de taxes sur le sucre et les mélasses importées de l'étranger, tout en les étendant à d'autres produits (de bois et de fer[41]). Elle provoqua une crise dans la production de rhum et souleva le mécontentement des marchands américains[42]. Quelques jours plus tard, le Currency Act interdisait l'émission de billets de banque dans les treize colonies et permettait à la métropole de contrôler leur système monétaire[43]. Les assemblées coloniales protestèrent vivement contre cette mesure destinée à renforcer la primauté de la livre sterling[44].

Le Stamp Act (1765), instituait un timbre fiscal obligatoire pour tous les documents officiels, les journaux et d'autres articles. Cette loi affectait tous les colons et non plus seulement les marchands et ne fut guère appliquée en raison des résistances et des pressions américaines.

La Chambre des Bourgeois de Virginie adopta les résolutions de Patrick Henry sur le Stamp Act (Stamp Act Resolves). Elles déclaraient que les Américains possédaient les mêmes droits que les sujets britanniques, en particulier celui de ne pas être taxé sans le consentement de leurs représentants. Ceux qui soutenaient la prétention anglaise de taxer les Virginiens seraient considérés comme ennemis de la colonie[45]. Le gouverneur Fauquier préféra dissoudre la Chambre des Bourgeois en réaction à ces propositions radicales. Le 24 mars 1765, le Parlement édicta un premier Quartering Act[46] qui exigeait des assemblées coloniales de pourvoir aux besoins des troupes armées anglaises. La décision provoqua une série d'émeutes dans les villes américaines comme Boston ou Newport (Rhode Island). La résistance fut la plus forte à New York : l’assemblée refusa de financer les troupes et fut suspendue en représailles en décembre 1766.

Caricature anglaise sur l'abrogation du Stamp Act
Caricature anglaise sur l'abrogation du Stamp Act

Vingt-sept délégués de neuf colonies se réunirent à New York du 7 au 25 octobre 1765 pour établir une position commune : le Stamp Act Congress adopta une Déclaration des Droits et des Griefs et envoya des lettres ainsi que des pétitions à Londres. Ces documents revendiquaient le pouvoir des assemblées coloniales en matière de taxation, mais aussi le droit des colons à être représenté au Parlement de Londres. Sous l'effet du boycott et des manifestations, le Stamp Act fut finalement abrogé le 18 mars 1766, sans régler la question de la représentation politique des Américains. Il fut remplacé par le Declaratory Act qui marquait un renforcement de l'autorité centrale au détriment des assemblées coloniales[47].

La crise entre les colonies et le Parlement se prolongea en 1767 avec les Townshend Acts, qui créaient une taxe sur les matières premières importées dans les treize colonies. Elles visaient à financer l'administration coloniale[48] et à réduire le déficit budgétaire. Elles prévoyaient en outre un renforcement des contrôles douaniers. En juin 1768, le gouverneur du Massachusetts prononça la dissolution de l'assemblée : les autres colonies affirmèrent leur solidarité avec les représentants. Le 22 septembre, une centaine de délégués du Massachusetts se rassembla en convention[49]. Londres envoya des troupes supplémentaires pour maintenir le calme à Boston. En mai 1769, devant la Chambre des Bourgeois de Virginie, George Washington lut la proposition de George Mason de boycotter les produits anglais jusqu'à ce qu'à l'abrogation des Townshend Acts. Le gouverneur de Virginie interdit alors l'assemblée.

Paul Walker (1735–1818), une représentation du Massacre de Boston
Paul Walker (1735–1818), une représentation du Massacre de Boston

Le 5 mars 1770, au cours d'une violente manifestation dans le centre de Boston, les soldats anglais tirèrent sur la foule. Sept personnes trouvèrent la mort dans le « massacre de Boston[50] ». Les journaux de la ville firent de l'événement le symbole de l'oppression anglaise. L'Angleterre abrogea les Townshend Acts en mars 1770, même si la taxe sur le thé fut maintenue.

Le Tea Act fut voté en mai 1773 afin de permettre à la Compagnie anglaise des Indes orientales de vendre son thé aux treize colonies sans acquitter de taxes. Cette loi avait pour but de rétablir les finances de la compagnie en renforçant son monopole, mais elle ruina les marchands indépendants.

Le 16 décembre 1773, des colons déguisés en Amérindiens jetèrent plus de 300 caisses de thé par dessus les quais.

Une représentation de la Boston Tea Party (1773)
Une représentation de la Boston Tea Party (1773)

En représailles à la Boston Tea Party, l'Angleterre prit une série de mesures radicales destinées à rétablir l'ordre : le conseil du Massachusetts sera désormais choisi par le roi et les officiers seront nommés par le gouverneur. Le port de Boston fut fermé, les maisons inoccupées furent réquisitionnées pour héberger les soldats anglais et la procédure judiciaire fut réformée. Ces nouvelles lois, appelées Intolerable Acts par les Américains et Coercive Acts ou Punitive Acts par les Anglais, marquent une étape décisive dans le déclenchement de la Révolution américaine.

[modifier] Opposition américaine

Tout au long des années 1760-1770, les colons américains organisèrent la résistance et la protestation à la politique britannique. Ils menèrent des actions violentes et mirent en place des réseaux de solidarité, malgré la diversité et l'étendue des colonies. Les principaux foyers d'agitation furent Boston, New York, Philadelphie et la Virginie.

[modifier] Des actions de plus en plus radicales

Discours de Patrick Henry contre le Stamp Act en 1765 devant la Chambre des Bourgeois de Virginie
Discours de Patrick Henry contre le Stamp Act en 1765 devant la Chambre des Bourgeois de Virginie

Les actions entreprises contre le pouvoir britannique prirent des formes de plus en plus radicales et organisées. Le recours au boycott et aux pétitions dès 1764 à Boston, fut l'une des solutions les plus efficaces contre le pouvoir anglais. De nombreux journalistes et juristes mirent leur plume au service de la cause américaine : l'avocat James Otis (17251783, à qui l'on attribue généralement la célèbre formule « Taxation without Representation is Tyranny », rédigea plusieurs pamphlets contre la politique coloniale de Londres. En 1764, il publia Défense et démonstration des droits des colonies britanniques[51] dans lequel il défendait les droits imprescriptibles et universels des colons en invoquant le philosophe anglais John Locke. En 1767, un autre avocat, John Dickinson, publia les Lettres d'un fermier de Pennsylvanie aux habitants des colonies britanniques dans lesquelles il présentait les raisons du mécontentement américain et qui eurent un grand retentissement[52]. En 1770, Paul Revere réalisa des gravures de propagande du massacre de Boston (« Massacre sanglant de King Street »)[53]. En 1770, à New York, Alexander McDougall publia un libelle anti-anglais et fut emprisonné[54]. La période fut également marquée par des débats passionnés dans les assemblées coloniales : en mai 1765, Patrick Henry prononça un discours véhément devant la Chambre des Bourgeois de Virginie qui réclamait la mort du roi d'Angleterre[55].

Au cours des années 1764-1774, les manifestations se succédèrent pour réclamer l'abrogation des actes. Les violences, au départ sporadiques et limitées, se multiplièrent contre les représentants de l'autorité anglaise. Les émeutes urbaines s'en prenaient le plus souvent aux gouverneurs, mais aussi aux agents de douanes et des impôts, dont certains préférèrent démissionner. La foule pouvait utiliser le supplice du goudron et des plumes. En 1765 les émeutiers pendirent et brûlèrent une effigie d’Andrew Oliver, un agent du timbre de Boston. Son bureau fut incendié et sa maison pillée, tout comme celle du gouverneur Thomas Hutchinson. La violence toucha les loyalistes : en 1768-1770, les opposants collaient des affiches injurieuses comportant l'accusation d'« importateur » sur les magasins de ceux qui refusaient de boycotter les produits anglais[56]. En 1772, une goélette anglaise chargée de contrôler les navires marchands est incendiée par des patriotes au large du Rhode Island : c'est l'affaire du Gaspée. En janvier 1774, John Malcom, un officier des douanes de Boston, est forcé d'avaler du thé bouillant, fouetté, passé au goudron et aux plumes[57].

[modifier] Des colons de mieux en mieux organisés

Les Fils de la Liberté, caricature britannique (1774)
Les Fils de la Liberté, caricature britannique (1774)

Les Fils de la Liberté, une organisation secrète d'opposants américains formée en 1765, mena différentes actions allant de la rédaction de pamphlets à l'érection de poteaux de la Liberté. Le profil sociologique des Fils de la Liberté n'était pas uniforme : on trouvait aussi bien des avocats que des ouvriers. Les représentants les plus importants de ce mouvement étaient Paul Revere, Thomas Young, Joseph Warren, Patrick Henry, John Hancock, James Otis, John Adams et son cousin, Samuel Adams, qui fut le meneur de la rébellion en Nouvelle-Angleterre.

Progressivement, les acteurs de la contestation politique cherchèrent à coordonner leurs actions. À la fin de l’année 1772, après l’affaire du Gaspée, Samuel Adams réfléchit à la mise en place des comités de correspondance (Committees of Correspondence). Ils permettraient d'établir un réseau entre les associations des patriotes américains et de relayer les appels au boycott des marchandises anglaises. Au début de l’année suivante, la Virginie se dota du premier comité, auquel participèrent Patrick Henry et Thomas Jefferson[58]. Des comités de sécurité (Committee of Safety) furent créés par la suite afin d’assurer l’exécution des résolutions prises par les comités de correspondance et par le Congrès continental.

[modifier] Le Premier Congrès continental (septembre-octobre 1774)

Articles de l'Association continentale
Articles de l'Association continentale

Au début de l'automne 1774, les treize colonies envoyèrent des députés pour former des assemblées intercoloniales : d'abord le Stamp Act Congress, puis les Congrès provinciaux (Provincial Congress). En 1774, à la suite des Intolerable Acts, les Bostoniens lancèrent un appel à la solidarité des autres colonies. Au mois de juin, les assemblées du Massachusetts et de Virginie furent dissoutes par les gouverneurs.

L'ultime étape, qui marqua le passage de la contestation à la Révolution[59], fut celle du Premier Congrès continental, acte éminemment illégal du point de vue de la métropole : il créa une assemblée politique indépendante, dont le premier but était de coordonner l’action des colonies contre la métropole, avant de se transformer en véritable instrument de gouvernement[60]. Dès le mois de septembre 1774, les Américains utilisèrent le mot « états » pour désigner les treize colonies d'Amérique[61].

En octobre 1774, le Congrès continental de Philadelphie exigea la reconnaissance des libertés américaines : il mit en place une Association continentale chargée d'organiser les comités de surveillance ainsi que le boycott des produits britanniques jusqu'à l'abrogation des Intolerable Acts. Le Congrès rédigea une Adresse au peuple de Grande-Bretagne et envoya une pétition au roi. L'assemblée appela les Canadiens à rejoindre les insurgents dans la rébellion, en vain : le Canada resta fidèle à Londres et accueillit même les loyalistes américains dans ce qui deviendra par la suite le Haut-Canada. Alexander Hamilton appela les Antilles anglaises à se révolter[62]. Enfin, les délégués du Congrès continental décidèrent la tenue d'un Second Congrès continental pour le 10 mai 1775.

[modifier] La guerre d'indépendance (1775-1783)

Icône de détail Article détaillé : Guerre d'indépendance américaine.

Au début de l'année 1775, les Américains pillèrent les armureries et organisèrent des milices ; cependant, les forces américaines étaient très inférieures à l'armée anglaise, en effectif et en qualité. Les actions violentes se multiplièrent contre les intérêts anglais ; dans un discours prononcé à l'église St. John de Richmond en Virginie, Patrick Henry exigeait « la liberté ou la mort[63]. »

[modifier] Premiers affrontements dans le Nord (1775)

Bataille de Lexington.Gravure de 1775
Bataille de Lexington.Gravure de 1775

La première bataille opposant les soldats anglais aux Américains fut celle de Lexington et Concord à quelques kilomètres à l’ouest de Boston (19 avril 1775) : cette première escarmouche, dont l’issue fut favorable aux insurgents grâce à l'intervention des minutemen, fit 73 morts britanniques et 49 morts américains[64] et marqua le début de la guérilla. Le 10 mai 1775, le jour de la Prise du Fort Ticonderoga par les Américains, se tint à Philadelphie la première réunion du Second Congrès continental. Ce dernier nomma George Washington à la tête de l’Armée continentale le 15 juin suivant : le général devait organiser des troupes disparates et indisciplinées. Au début de la guerre, l'argent manquait pour payer les soldats et les cas de désertion étaient nombreux[65]. Cependant les Américains étaient forts de leur détermination et de l'éloignement de la métropole.

Le Congrès adressa un nouvel appel au Canada contre l’Angleterre. Le 8 juillet, il envoya la fameuse « pétition du rameau d'olivier » au roi d’Angleterre, une tentative de conciliation finalement rejetée par George III. Les Américains assiégèrent Boston (19 avril 1775 – 17 mars 1776) et perdirent la bataille de Bunker Hill le 17 juin 1775 : les Anglais restaient maîtres de la ville mais subissaient de lourdes pertes. Ils finirent par se retirer en Nouvelle-Écosse le 17 mars 1776. Les troupes américaines envahirent le Canada et occupèrent Montréal (13 novembre 1775) : mais face à l'hiver canadien et à la résistance de la population, les Américains se retirèrent à la fin de l'année[66].

[modifier] La Révolution politique (1776-1777)

La signature de la déclaration d'indépendance. Tableau de John Trumbull.
La signature de la déclaration d'indépendance. Tableau de John Trumbull.
Le 9 juillet 1776, les New-Yorkais abattent la statue du roi d'Angleterre
Le 9 juillet 1776, les New-Yorkais abattent la statue du roi d'Angleterre

Le 10 janvier 1776, Thomas Paine publia un pamphlet intitulé Le Sens commun qui connut un succès important et dans lequel il critiquait la monarchie[67]. Thomas Paine appelait l'Amérique à se séparer de l'Angleterre et proposait une Constitution républicaine. Entre 1776 et 1780, les États américains se dotèrent de constitutions écrites qui prévoyaient deux assemblées et des élections annuelles : le principe démocratique fut adopté partout par le suffrage censitaire (sauf dans le Vermont où le suffrage masculin blanc fut instauré dès le début)[68]. La constitution de Virginie (juin 1776) affirmait des droits de l'Homme[69], dont plusieurs seront repris dans la Déclaration d'indépendance américaine : c'est la première fois dans l'Histoire qu'un texte constitutionnel énonçait des droits universels et inaliénables[70]. La constitution de Pennsylvanie (septembre 1776) instaurait l'objection de conscience et la tolérance religieuse[70]. Les constitutions de cinq États sur treize évoquaient la nécessité d'une instruction publique[71].

À Philadelphie, après de nombreux débats, le Congrès continental adopta la Déclaration d'Indépendance le 4 juillet 1776 : ce texte, dont l'auteur principal était Thomas Jefferson, représentait l'« acte inaugural de la nation américaine[72]. » Son préambule, inspiré par les idées les Lumières, proclamait le droit à la liberté, à la vie et au bonheur pour les colons.

[modifier] Avance anglaise dans le centre (1776-1777)

Quartier général de George Washington à Valley Forge
Quartier général de George Washington à Valley Forge

Après la victoire de Long Island (août 1776), les troupes anglaises de Richard Howe occupèrent la ville de New York en septembre. Les troupes américaines, commandées par George Washington furent contraintes de reculer jusque dans le New Jersey. Malgré les succès de Trenton (26 décembre 1776) et de Princeton (3 janvier 1777), Philadelphie fut occupée par les troupes britanniques à l'automne 1777 : le Congrès dut quitter la ville, ainsi que les 2/3 de la population[73]. Washington fut battu en Pennsylvanie (Bataille de Brandywine ; Bataille de Germantown) et passa l'hiver à Valley Forge dans des conditions catastrophiques. Cependant, après la bataille de Saratoga dans l'État de New York, le commandant anglais John Burgoyne dut se rendre à Horatio Gates le 17 octobre 1777. Cette victoire américaine encouragea la France à entrer en guerre aux côtés des insurgents

[modifier] Alliance française et victoire finale (1778-1783)

Capitulation de Cornwallis à Yorktown - John Trumbull (1820)
Capitulation de Cornwallis à Yorktown - John Trumbull (1820)
Signature du traité de Paris, 1783
Signature du traité de Paris, 1783

Un traité d'alliance fut signé le 6 février 1778 à Paris entre la France et les États-Unis, grâce à l'action diplomatique de Benjamin Franklin. Les Français espéraient prendre leur revanche sur l'Angleterre. L'Espagne rejoignit l'alliance en mai 1779, suivie par les Provinces-Unies en 1780.

Le 18 juin 1778, les troupes anglaises évacuèrent Philadelphie pour se concentrer sur la défense de New York, menacée par une intervention maritime française. La bataille de Monmouth (New Jersey, 28 juin 1778) fut un succès américain. Mais à partir de 1779, les Anglais attaquèrent les États du Sud : Savannah (Géorgie) fut occupée ; le siège de la ville organisé par les Franco-Américains échoua le 9 octobre 1779. Entre mai 1780 et septembre 1781, une série de batailles se déroulèrent en Caroline du Sud qui furent tantôt favorables aux Britanniques (prise de Charleston le 12 mai 1780 ; Camden, 16 août 1780), tantôt favorables aux Américains (Bataille de King's Mountain, 7 octobre 1780 ; Eutaw Springs, 9 septembre 1781)[74]. La défaite anglaise de Yorktown en Virginie (octobre 1781) marqua un tournant dans la guerre. La Chambre des Communes se prononça pour l'arrêt de la guerre le 27 février 1782 et le Premier ministre anglais Lord North donna sa démission le 20 mars. Savannah est évacuée par les troupes britanniques le 11 juillet 1782, Charleston le 14 décembre. Les négociations s'engagèrent avec la Grande-Bretagne et un traité préliminaire fut conclu le 30 novembre 1782[75]. Le traité de Paris signé le 3 septembre 1783 mettait officiellement fin aux hostilités et consacrait la reconnaissance officielle des États-Unis, dont la frontière était portée au fleuve Mississippi. Le traité de Versailles régla les contentieux entre la Grande-Bretagne et les alliés européens de l'Amérique.

[modifier] Naissance de la confédération (1777-1781)

Le premier drapeau des États-Unis 1777
Le premier drapeau des États-Unis 1777

L'unité américaine progressa en 1777 : un drapeau fut adopté en juin. La coordination des efforts militaires contre l'Angleterre et de l'approvisionnement de l'armée continentale poussa les Américains à s'unir. Les emprunts et le remboursement de la dette nécessitaient également un renforcement de la centralisation fédérale : la guerre d'indépendance entraîna l’union des anciennes colonies.

Le 15 novembre 1777, les Articles de la Confédération furent adoptés par le Congrès continental. Ce texte constitutionnel organisait les treize États en Confédération. Il proclamait l'existence des États-Unis d'Amérique tout en laissant leur souveraineté aux États fédérés. Il imposait une aide armée mutuelle, un congrès élu pour représenter le pays dans les relations internationales. Il jugeait les différends entre les États. Par la suite, les États-Unis se dotèrent d'une ambassade, d'un trésor public, d'une banque[76]. Les titres de noblesse furent abolis[77] et les premiers Départements (ministères) furent mis en place. Les Articles de la Confédération n'entrèrent en vigueur qu'après avoir été ratifiés par les États, c'est-à-dire en mars 1781.

L'élaboration des Articles de la Confédération souleva des oppositions entre les tenants d’un État central relativement fort et les partisans d’une autonomie importante des États fédérés et souverains. Les premiers furent d’abord appelés « nationalistes » puis « fédéralistes ». Les débats portèrent également sur la répartition de la charge fiscale, la manière de voter et l'expansion vers l'Ouest[78].

[modifier] La période confédérale (1781-1789)

Icône de détail Article détaillé : Congrès de la Confédération.

À partir de 1781 siégea un nouveau Congrès, en remplacement du Second Congrès continental. Cependant, les membres de la nouvelle assemblée ne changeaient guère. Les domaines de compétence du Congrès étaient alors peu étendus : postes, poids et mesures, monnaie, citoyenneté. Une monnaie fut fondée en 1785, le dollar, en remplacement des livres anglaises et des différentes unités monétaires étrangères qui circulaient alors en Amérique du Nord[79]. L'émission de papier monnaie se poursuivit après la guerre.

[modifier] L'expansion vers l'Ouest

Les territoires situés à l'ouest des Appalaches, attribués aux États-Unis par le traité de Paris furent l'enjeu de rivalités entre les États. En 1784, afin de mettre fin à une situation confuse et menaçante pour l'unité de la jeune nation, Thomas Jefferson proposa qu'ils soient divisés en dix districts, dont chacun deviendrait un État de l'Union dès qu'ils auraient atteint un certain poids démographique. En 1785, le Congrès mit en vente le domaine public, divisé en municipalités (townships)[80]. L'Ordonnance du Nord-Ouest de 1787 organisa les territoires et y interdit l'esclavage[81]. Le Congrès consacra l'égalité des enfants en matière d'héritage[82].

[modifier] L'agitation militaire et sociale

La période qui suivit le traité de Paris fut marquée par le marasme économique et par une certaine agitation sociale. En 1783, la conspiration de Newburgh révéla des tensions dans l'armée et souligna l'urgence des réformes institutionnelles. En juin 1783, un groupe de mutins d'un régiment de Pennsylvanie investit le Congrès à Philadelphie et menaça certains délégués, contraints de s'enfuir et de siéger provisoirement à Princeton[83]. En 1786-1787, dans un contexte économique troublé par l’inflation[84], l'augmentation des taxes foncières et la dévaluation de la monnaie, des fermiers et des artisans endettés du Massachusetts formèrent une milice menée par Daniel Shays et qui menaça les tribunaux. La révolte de Shays fut finalement écrasée en janvier 1787 mais elle suscita parmi les élites un sentiment de peur à l’égard du peuple. Elle fut imitée en Virginie où des tribunaux furent également saccagés et leurs archives brûlées par les émeutiers pour faire disparaître toute trace de dettes[85]. La révolte de Shays servit également de prétexte aux fédéralistes pour exiger une réforme des institutions.

[modifier] La constitution

Scène à la signature de la Constitution des États-Unis, par Howard Chandler Christy.
Scène à la signature de la Constitution des États-Unis, par Howard Chandler Christy.

La Convention d'Annapolis, réunie du 11 au 14 septembre 1786 à la demande de la Virginie, dressa un constat d'échec des Articles de la Confédération pour l'organisation des échanges commerciaux entre les États. Elle prévoyait une nouvelle assemblée pour 1787. La Convention de Philadelphie se réunit entre mai et septembre 1787 pour rédiger la Constitution américaine. Les 55 délégués discutèrent de l'esclavage, de l'équilibre entre les pouvoirs et du poids politique des États fédérés. Le projet de constitution fut adopté le 17 septembre 1787, et signé par 39 représentants sur 55[86] et ratifié par les 3/4 des États le 21 juin 1788. Le texte organisait les nouvelles institutions d'un État républicain et fédéral dans lequel les pouvoirs étaient séparés et s'équilibraient (checks and balances). C'était la première fois dans l'Histoire que le fédéralisme était appliqué dans un pays aussi vaste[87] : les États fédérés conservaient leurs pouvoirs politique, juridique, économique, social et fiscal tout en admettant la supériorité de la loi fédérale. Son originalité réside dans la combinaison de la République et de la démocratie[88],[89] ainsi que par un système présidentiel qui n'avait jamais été imaginé jusqu'ici[90]. Par la formule du préambule « Nous le peuple » (We the People), la constitution entérinait également la naissance d'une nation[91].

Si le texte de la constitution fut le résultat d'un compromis, il fut critiqué par les anti-fédéralistes, parce qu'il abandonnait le principe d'unanimité des États ; aussi, trois représentants refusèrent de signer la constitution pendant la convention de Philadelphie[92]. La Caroline du Nord refusa de ratifier la constitution le 1er août 1788 parce qu’elle ne comportait pas de Déclaration des droits[93]. L'Attorney General du Maryland Luther Martin, représentant de son État à la convention de Philadelphie, refusa de signer la constitution de 1787 parce qu’elle ne condamnait pas l’esclavage explicitement[94]. Le Rhode Island fut le dernier État à ratifier la constitution en 1790.

[modifier] La période fédéraliste (1789-1801)

Icône de détail Article détaillé : Constitution américaine.
Portrait officiel du président George Washington (1796, National Portrait Gallery, Smithsonian Institution)
Portrait officiel du président George Washington (1796, National Portrait Gallery, Smithsonian Institution)

Le premier congrès fédéral fut élu en janvier 1789 ; en avril, George Washington fut choisi à l'unanimité pour être le premier président des États-Unis qui s'installa à New York, capitale provisoire du pays, où il prêta serment sur la Bible le 30. En septembre, une Déclaration des Droits (Bill of Rights) fut ajoutée à la Constitution par le Congrès ; elle fut ratifiée le 15 décembre 1791.

Les débats se poursuivaient au sujet du rôle de l'État fédéral : les fédéralistes se regroupèrent autour d'Alexander Hamilton et réclamaient un État central fort ; ils étaient contre l'égalitarisme[95]. Les « anti-fédéralistes » ou « Républicains » réunirent les partisans de la décentralisation autour de Thomas Jefferson. La Révolution française accentua les différences entre les deux « partis » : alors que les fédéralistes rejetaient la tournure radicale que prenaient les événements en 1793, les Républicains s'enthousiasmaient pour l’égalité et la démocratie française[96]. George Washington préféra rester neutre vis-à-vis de la France et de son ennemie la Grande-Bretagne qui demeurait le principal partenaire commercial des États-Unis. Le traité de Jay en 1794 fut considéré comme une trahison envers la France.

La période vit l'affermissement des institutions américaines : dans un contexte difficile d'endettement après la guerre d'indépendance fut fondée une banque des États-Unis en 1791. Le cours de la monnaie remonta. Les inégalités se creusèrent car les terres confisquées pour endettement étaient revendues aux plus riches[97]. Une partie des loyalistes revint après la guerre et récupéra ses terres[98]. De nombreux paysans étaient mécontents en raison des impôts et du déficit démocratique liés au suffrage censitaire (seul les propriétaires les plus aisés pouvaient voter).

Des taxes furent instituées sur l’alcool pour augmenter les revenus de l'État fédéral. Mais cette hausse frappa les classes laborieuses et provoqua la révolte du whisky en 1794 : le gouvernement fédéral envoya des soldats sous le commandement d'Alexander Hamilton en Pennsylvanie pour calmer les tensions.

[modifier] Les acteurs de la Révolution américaine

[modifier] Les Pères fondateurs

Icône de détail Article détaillé : Pères fondateurs des États-Unis.
Thomas Jefferson, l'un des Pères fondateurs du pays
Thomas Jefferson, l'un des Pères fondateurs du pays

L'expression « Pères fondateurs » désigne les artisans de la constitution américaine[99] et sont considérés comme des héros aux États-Unis. Cette soixantaine d'hommes partage de nombreux points communs : ils sont tous blancs, majoritairement protestants. Ils ont lu les philosophes des Lumières dont ils s'inspiraient et certains étaient francs-maçons. Il s'agit donc d'hommes cultivés et d'expérience, pour une grande partie d'entre eux juristes ou notables. Beaucoup ont servi dans l'armée continentale à des postes de commandement.

Les plus connus ont assumé des fonctions politiques, d'abord dans leurs États respectifs, puis au plus haut rang : George Washington, John Adams, Thomas Jefferson et James Madison furent les quatre premiers présidents américains. D'autres ont marqué la Révolution américaine par leurs talents d'orateur (Patrick Henry), leur activité diplomatique (Benjamin Franklin, John Jay) ou encore leurs écrits (Thomas Paine, John Dickinson).

[modifier] Loyalistes et attentistes

Icône de détail Article détaillé : Loyalistes.

Les habitants des treize colonies ne furent pas tous des insurgents : durant les années 1760-1770, beaucoup de colons adoptèrent une position d'attentisme, alors que d'autres furent clairement loyalistes, autrement dit défavorables à la Révolution américaine. Selon l'historien Walter Stewart, les loyalistes représentaient 19 % de la population[100]. Pour d'autres spécialistes, environ 30% des colons américains étaient loyalistes, soit 900 000 personnes[101]. Pour Bernard Vincent, 2/5e des Américains étaient passifs devant les événements, 2/5e étaient patriotes et 1/5e étaient loyalistes[102]. Ces derniers étaient relativement nombreux à New York, Philadelphie et dans les Carolines ; les loyalistes étaient souvent d'anciens soldats britanniques, des clercs anglicans, des négociants[103]. Au cours de la guerre d'indépendance, 30 000 à 40 000 loyalistes se réfugièrent au Canada[104] et leurs biens furent confisqués.

Au cours du Premier Congrès continental (1774), Joseph Galloway a cherché à réconcilier les colonies avec la métropole (Galloway's Plan of Union). Il fut suivi par d'autres délégués conservateurs et loyalistes[105]. Au centre se trouvaient des délégués modérés, parmi lesquels des marchands et des bourgeois favorables au maintien des relations commerciales avec l'Angleterre[106].

[modifier] Les femmes

Mercy Otis Warren
Mercy Otis Warren

Les femmes participèrent à des degrés divers à la Révolution américaine : dans les années 1770, les femmes patriotes ont boycotté les marchandises britanniques et fabriqué leurs propres vêtements pour éviter d’en importer. Elles participèrent aux marches de protestation et aux émeutes qui secouèrent la ville de Boston. Pendant le conflit, elles confectionnèrent des couvertures et des uniformes pour l’armée. Certaines organisations, comme la Ladies' Association de Philadelphie, collectèrent des fonds pour aider l’armée. D'autres suivirent l’armée continentale et servirent les soldats en lavant le linge, en cuisinant, en soignant les blessés et parfois en se battant ou en espionnant l’ennemi. Certaines femmes se sont travesti pour intégrer l’armée. D’autres ont joué un rôle important de renseignement en faisant passer des messages aux troupes. Les femmes des officiers visitaient fréquemment les troupes, comme Martha Washington. Mais les femmes furent également victimes de la guerre : elles furent confrontées à la violence de la guerre. Elles vivaient dans la menace du viol par les soldats et devaient dans certains cas défendre seules leur maison. Nombre d'entre elles devinrent veuves à la suite de la guerre. Les femmes loyalistes durent pour la plupart suivre leur mari au Canada ou aux Antilles anglaises. D’autres choisirent la résistance en refusant de prêter serment de fidélité au nouveau gouvernement ou en cachant leurs époux ou leurs économies. Le rôle politique des femmes pendant la Révolution américaine fut limité ; cependant, Abigail Adams ou encore Mercy Otis Warren eurent une relative influence. Après la Révolution, les femmes furent instrumentalisées pour enseigner les valeurs républicaines à leurs enfants, afin de les préparer à devenir de bons citoyens.

[modifier] Les Noirs

Les Noirs américains ont participé à la Révolution américaine à plusieurs niveaux. Plusieurs milliers se sont engagés dans la guerre : 5 000 Noirs ont combattu aux côtés des insurgents[107] et plusieurs d'entre eux furent affranchis[108]. En avril 1775, Lord Dunmore, gouverneur de Virginie, offrit la liberté aux Noirs qui lutteraient contre les patriotes et d’abandonner leurs maîtres planteurs. Il forma même un « régiment éthiopien » (Ethiopian Regiment) d’environ 500 anciens esclaves. En juin 1776, le général Henry Clinton fait la même offre à Phillipsburg. En 1779, environ 10 000 Noirs ont rejoint les rangs de l’armée anglaise[109]. De nombreux esclaves ont également profité des troubles de la guerre pour s'enfuir[110].

Les Noirs ont obtenu une émancipation relative dans les États du centre (Philadelphie) et en Nouvelle-Angleterre[109]. L'esclavage fut aboli en 1777 dans le Vermont[111], en 1780 en Pennsylvanie[112], en 1783 dans le Massachusetts[113]. Cependant, la Déclaration d'indépendance américaine n'abolissait pas l'esclavage et la Constitution n'établit pas l'égalité civique, pour ne pas mécontenter les États du Sud.

La Révolution américaine eut donc d'importantes conséquences pour les Noirs : des milliers d'entre eux ont migré vers le nord pour bénéficier de la liberté, ou vers l'ouest pour travailler dans l'agriculture. De nombreux loyalistes se sont par ailleurs enfuis au Canada ou dans les Antilles anglaises avec leurs esclaves.

[modifier] Les Amérindiens

Icône de détail Article détaillé : Amérindiens aux États-Unis.

Comme les Noirs, les Amérindiens ont participé à la guerre soit dans le camp anglais, soit dans le camp des insurgents. Ainsi, les Lenapes ont signé en 1778 un traité avec les Américains qui leur promettaient un territoire autonome en échange[109]. La nation Catawba se rangea aux côtés des Américains et leur fournit de la nourriture.

Les autres tribus se sont engagé du côté anglais par peur de la colonisation et ont harcelé les troupes américaines. Les délégués des six nations iroquoises, d'abord favorables à la neutralité, ont finalement soutenu les Britanniques. Ils prononcèrent leur propre déclaration d'indépendance[114].

À la fin de la Révolution américaine, la situation des Amérindiens ne s'est pas améliorée : de nombreux villages ont été détruits et les récoltes ont été saccagées. Le traité de Paris (1783) ignore leur présence et permet la colonisation américaine à l'ouest des Appalaches. La constitution américaine les exclut de la citoyenneté. L'expansion américaine vers l'Ouest provoque des conflits avec les Amérindiens, dont certaines tribus se regroupent en confédérations.

[modifier] Après la Révolution

[modifier] Bilan de la Révolution et de la guerre

Le bilan humain de la période est difficile à établir avec précision. Selon Jack P. Greene, il y eut 25 000 morts pendant la Révolution américaine essentiellement provoqués par la guerre mais aussi par les violences entre patriotes et loyalistes[115]. La guerre a provoqué d'importants dégâts dans les ports et les plantations[116]. La rupture avec la Grande-Bretagne a engendré une perte de débouchés pour les exportations américaines. L'économie de la jeune nation souffrit alors d'un important déficit commercial. La production américaine a chuté et n'a retrouvé son niveau d’avant la guerre qu'en 1790[117]. Les jeunes États-Unis sont alors endettés à cause de la guerre. La Révolution et la guerre d'indépendance ont créé un nouvel État qui s'est doté d'institutions républicaines stables, fixées par la première constitution écrite de l'histoire. Elles ont posé les bases de la vie politique américaine avec la naissance du bipartisme, de la défense et de la vie économique (dollar). Plusieurs points ne sont malgré tout pas résolus à la fin du XVIIIe siècle : l'évolution des frontières, le sort des Amérindiens, la place de l'État fédéral, le maintien de l'esclavage au sud vont peser sur le développement du pays au XIXe siècle. Du conflit contre la Grande-Bretagne est née une nation, unie par des idéaux communs (liberté, démocratie), une même langue, des symboles (Pygargue à tête blanche, bannière étoilée, devise) et des mythes (Pères fondateurs). Dans le domaine social, la Révolution a permis de faire progresser les libertés individuelles (notamment religieuses) et l'égalité (abolition de la primogéniture et des substitutions, affranchissement des esclaves au nord[118]), même si celle-ci n'est pas achevée.

[modifier] La Révolution américaine : un modèle ?

Journal de Vienne, annonçant la Déclaration d'indépendance, 1776
Journal de Vienne, annonçant la Déclaration d'indépendance, 1776

La Révolution américaine a influencé les autres pays et fait partie des Révolutions atlantiques de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle. Les journaux européens suivirent avec attention ce qui se passe outre-atlantique, tout en critiquant le sort réservé aux Indiens et aux esclaves noirs. La Déclaration d'indépendance américaine a été traduite dans toute l'Europe et a servi de source de réflexion pour de nombreux juristes et intellectuels[119]. En Angleterre, les whigs soutenaient les acquis de la Révolution américaine, alors que les clercs et les conservateurs les condamnaient. Dans les années 1790, les radicaux réclamaient même l'établissement d'une République[120].

Les révolutionnaires et les patriotes européens à la fin du XVIIIe siècle se réclamaient du modèle américain : c'est le cas à Genève en 1781-1782[121] et en Irlande après 1790[122]. Dans les Provinces-Unies, Johan van der Capellen, l'un des instigateurs de la Révolution batave, admirait l'exemple américain. Certains activistes souhaient rebaptiser les Pays-Bas autrichiens en « États-Belgiques-Unis »[123].

Les généraux français qui ont participé à la guerre d'indépendance, au premier rang desquels figure La Fayette, ramenèrent eux aussi des idées qui ont eu un impact sur la Révolution française. Plusieurs députés de l'Assemblée constituante ont participé à la Révolution américaine ou l'admiraient profondément (La Fayette, Condorcet). La Déclaration des Droits inspira en partie la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen d'août 1789[124]. La Fayette rédigea un projet de Déclaration des Droits pour la France dès novembre 1788, pour lequel il sollicita les conseils de Thomas Jefferson, alors en poste à Paris.

Cependant, les Français s'écartèrent aussi du modèle américain sur plusieurs points : les deux pays ont rédigé des Déclarations des Droits à la même époque, mais dans des cadres géographiques, sociaux et politiques très différents. La Déclaration française se voulait universelle et allait plus loin dans le principe de l'égalité, alors que les députés américains étaient gênés par le problème de l'esclavage. La Déclaration française était moins radicale pour la liberté de culte et ignorait le droit au bonheur qui avait été affirmé par Jefferson dans la Déclaration d'indépendance de 1776. Dans la France révolutionnaire, la Constitution de 1791 ne choisit pas le bicamérisme, ni le fédéralisme. Enfin, il faut noter que l'influence américaine s'atténua en Europe avec les guerres révolutionnaires et fut remplacée par celle de la France, beaucoup plus proche géographiquement[125].

La Révolution américaine eut également un retentissement important dans les Antilles anglaises, où l'esprit républicain se diffusa, sans remettre fondamentalement en cause la société esclavagiste[126]. En Afrique du Sud, la révolte des « Patriotes du Cap » contre l'administration coloniale s'inspira de la Révolution américaine[127]. Au XXe siècle, les textes et les valeurs de la Révolution américaine furent repris par les militants des droits civils et les indépendantistes dans les colonies : par exemple, le manifeste d'Hô Chi Minh publié dans La République à Hanoï le 1er octobre 1945 fait référence à la Déclaration rédigée par Jefferson en 1776 pour justifier l'indépendance du Viêt Nam.

[modifier] Historiographie

Au cours des deux derniers siècles, l'historiographie de la Révolution américaine est passée par plusieurs phases, qui ont suivi le contexte politique américain et le renouvellement général des méthodes et des approches en histoire. Les historiens américains du début du XIXe siècle exaltaient les Pères fondateurs des États-Unis comme les héros de la Révolution. Ce courant filio-piétiste ou nationaliste[128] est représenté par George Bancroft, qui développa l’idée d’une Révolution américaine exceptionnelle et assimila le peuple américain à un nouveau « peuple élu »[129]. À la fin du XIXe et le début du XXe siècle l'historiographie suivit de près le réformisme social. Des historiens comme Frederick Jackson Turner, Carl Lotus Becker ou encore John Franklin Jameson[130] analysaient la Révolution à l’aune de la lutte des classes. Pour Charles Austin Beard, les Pères fondateurs avaient trahi la Révolution et défendu les intérêts économiques des propriétaires[131], une thèse reprise par les historiens de la Nouvelle Gauche américaine dans les années 1960.

Pendant la guerre froide, les historiens français exceptionnalistes considéraient que la Révolution américaine était imparfaite parce qu'elle n'était pas sociale[132]. De leur côté, les exceptionnalistes américains soulignaient l'échec final de la Révolution française et mettaient en avant l'antériorité du soulèvement américain. Les historiens « révisionnistes » tels que Daniel J. Boorstin, Edmund S. Morgan ou Bernard Bailyn dominèrent les années 1950-1960[133]. L'historiographie se teinta souvent d’idéologie et de propagande, souligna la nécessité d’un consensus interne face à la menace soviétique : de la période révolutionnaire seraient nées les valeurs communes aux Américains, en particulier le libéralisme.

Dans les années 1970, l'historiographie de la Révolution américaine se renouvela grâce aux études d'Alfred Young ou Staughton Lynd. Elle s'intéressa à l'histoire sociale ou des mentalités et non plus seulement aux seuls événements. Elle mit en valeur, au travers de nombreuses monographies, le rôle des Noirs, des femmes ou encore de la foule[134]. Pour certains, la Révolution américaine résulterait des inégalités sociales dans les treize colonies et du rôle actif des couches populaires et des minorités ethniques.

La problématique de la Révolution atlantique se développa à partir des années 1950 (Robert Roswell Palmer, Jacques Godechot), avec la création de l'OTAN, les chercheurs considéraient déjà l'océan Atlantique comme une aire d’échanges culturels (Lumières), économiques (commerce triangulaire), politiques (républiques). Cette démarche comparatiste est aujourd'hui remise en cause, ou tout au moins discutée. Depuis quelques années, les historiens et le grand public reviennent à l'étude des grands personnages de la Révolution américaine, avec la publication de plusieurs biographies[134].

[modifier] La Révolution dans la culture américaine

Archibald Willard, Spirit of '76, 1876
Archibald Willard, Spirit of '76, 1876

La Révolution américaine a inspiré de nombreux tableaux dès la fin du XVIIIe siècle. Les artistes comme John Trumbull (1775-1843) ou encore Ezra Winter ont représenté les événements de la guerre d'indépendance. Les Pères fondateurs formaient l'autre source d'inspiration de cette époque. Charles Willson Peale (1841-1827) fut le plus prolifique avec ses portraits d'Alexander Hamilton, de John Adams, de John Dickinson, de George Washington, et des généraux de la guerre. James Peale (1749-1831), James Sharples (1752-1811) et Gilbert Stuart (1755-1828) sont les autres portraitistes de la Révolution américaine. Au XIXe siècle, la Révolution américaine continue d'inspirer des artistes comme Emanuel Leutze (1816-1868). Archibald Willard (1836-1918) a peint Spirit of '76 en 1876.

Mais la Révolution américaine a également changé en profondeur les arts : l'indépendance politique précède l'autonomie artistique des Américains qui cherchent à s'émanciper des manières européennes et à créer styles proprement américains. Les valeurs de la Révolution ont par ailleurs influencé l'architecture : Thomas Jefferson souhaitait créer des édifices qui reflètent ses idéaux républicains et démocratiques. Il contribua à développer le style fédéral dans son pays et à adapter l'architecture néoclassique européenne au républicanisme. La naissance des États-Unis nécessitait enfin la construction de bâtiments pour accueillir les nouvelles institutions.

Dès les débuts du cinéma, plusieurs films ont pris pour sujet la guerre d'indépendance : 1776, or The Hessian Renegades réalisé par D.W. Griffith en 1909, Scouting for Washington en 1917 ou encore The Spirit of '76 lorsque les États-Unis entrent dans la Première Guerre mondiale. L'intrigue de Sur la piste des Mohawks (1969) de John Ford se déroule en 1776. Dans Révolution sorti en 1985 et réalisé par Hugh Hudson, Al Pacino incarne un trappeur pendant la Guerre d'indépendance. The Patriot, le chemin de la liberté est un autre film sur la période réalisé par Roland Emmerich sorti en 2000. Le Renard des marais est une série télévisée américaine diffusée entre 1959 et 1961 sur le réseau ABC puis en France.

Enfin, la littérature américaine s'est beaucoup intéressée à la Révolution et à la guerre d'indépendance : Paul Revere and the World He Lived In d'Esther Forbes fut récompensé du prix Pulitzer d'histoire en 1943 ; Johnny Tremain, un roman pour la jeunesse remporta la médaille Newbery en 1944. Plus récemment, John Jakes et Jeff Shaara ont consacré plusieurs romans à la Révolution américaine.

[modifier] Lieux de mémoire et commémorations

Independence Hall à Philadelphie
Independence Hall à Philadelphie
Reconstitution historique à Fort Stanwix
Reconstitution historique à Fort Stanwix

Boston, Philadelphie et New York sont les trois principaux lieux de mémoire de la Révolution américaine. Boston est en effet considérée comme le berceau de la Révolution : le Boston National Historical Park ainsi que le Freedom Trail (« chemin de la liberté ») permettent de découvrir les principaux monuments et hauts-lieux de la ville, parmi lesquels le site du Massacre de Boston ou celui de la bataille de Bunker Hill.

Philadelphie était avec Boston et New York l'une des villes les plus peuplées pendant la Révolution américaine. Foyer des Lumières américaine et lieu de naissance de la République démocratique, la cité de Pennsylvanie compte de nombreux bâtiments de la fin du XVIIIe siècle, qui font partie du parc national historique de l'indépendance. L’Independence Hall, classé sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO a servi de cadre à la signature de la Déclaration d’indépendance et de la Constitution.

New York a connu l'occupation anglaise et fut pendant un temps la capitale des États-Unis. Le Federal Hall National Memorial fut l'un des lieux de la jeune démocratie américaine et Fort Washington fut pris par les Anglais en 1776. La Statue de la Liberté célèbre également la Révolution américaine : sur la tablette qu'elle porte est inscrite la date du 4 juillet 1776.

Il faut rappeler que Washington D.C. n'a été construite qu'après la Révolution ; la ville rend hommage aux Pères fondateurs par ses monuments[135]. C'est au Capitole que l'on peut voir les principales peintures de John Trumbull : la Déclaration d’Indépendance, la reddition de John Burgoyne, la reddition de Lord Cornwallis et le général George Washington renonçant à sa charge.

Bien d'autres monuments et lieux de mémoires sont présents dans les treize premiers États des États-Unis : les nombreux forts (Fort Stanwix) et les champs de bataille (Saratoga, Yorktown, etc.) où sont régulièrement reconstitués les affrontements, rappellent la guerre d'indépendance. Il existe de nombreux mémoriaux et musées consacrés à cette période de l'histoire américaine. Enfin, certaines associations entretiennent la mémoire des événements et leur portée politique : c'est le cas, entre autres exemples, des Fils de la Révolution américaine (Sons of the American Revolution), des Filles de la Révolution américaine (Daughters of the American Revolution)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes

  1. F. Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme, tome 3, 1993, p.484
  2. (en) Jack P. Greene et J. R. Pole, A Companion to the American Revolution, 2003, Paperback, p.41-42 (Source : Historical Statistics of the United States, Washington, 1960)
  3. Jacques Binoche, Histoire des États-Unis, Paris, Ellipses, 2003, p.35
  4. É. Marienstras, N. Wulf, Révoltes et révolutions..., 2005, p.37
  5. F. Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme, tome 3, 1993, p.505
  6. L'idéologie seigneuriale marquaient cependant certains secteurs de la Pennsylvanie et de l'[[Hudson (fleuve)|]] : lire R. Middlekauf, The Glorious Cause : The American Revolution, 1763-1789, New York, Oxford University Press, « The Oxford History of the united States », 1982, p.37
  7. ab É. Marienstras, N. Wulf, Révoltes et révolutions ..., 2005, p.39
  8. F. Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme, tome 3, 1993, p.492
  9. É. Marienstras, N. Wulf, Révoltes et révolutions ..., 2005, p.36
  10. É. Marienstras, N. Wulf, Révoltes et révolutions ..., 2005, p.33
  11. abc (en) Overview of Imperial Structures, Brooklyn College. Consulté le 03-02-2008
  12. É. Marienstras, N. Wulf, Révoltes et révolutions en Amérique, 2005, p.30
  13. É. Marienstras, N. Wulf, Révoltes et révolutions ..., 2005, p.26 ; B. Cottret, La Révolution américaine..., 2003, p.36
  14. F. Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme, tome 3, 1993, p.502 et p.511
  15. F. Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme, tome 3, 1993, p.511
  16. Middle Colonies : Province de New-York, Province du New Jersey, Province de Pennsylvanie
  17. Southern Colonies : Province du Delaware, Colonie et Dominion de Virginie, provinces du Maryland, Caroline du Nord, Caroline du Sud et Géorgie
  18. Le tory Frederick North fut Premier ministre de 1770 à 1782
  19. John C. Miller, Origins of the American Revolution, Stanford, Stanford University Press, 2000, pp.35-40
  20. B. Cottret, La Révolution américaine..., 2003, p.33
  21. B. Cottret, La Révolution américaine..., 2003, p.18
  22. ab (en) Student Exhibition: Road to the American Revolution, American Revolution Digital Learning Project. Consulté le 14-02-2008
  23. (en) The First British Empire & Mercantilism, Brooklyn College. Consulté le 14-02-2008
  24. F. Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme, tome 3, 1993, p.499-500
  25. F. Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme, tome 3, 1993, p.501 ; B. Cottret, La Révolution américaine..., 2003, p.377
  26. F. Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme, tome 3, 1993, p.409 et p.509
  27. É. Marienstras, N. Wulf, Révoltes et révolutions ..., 2005, p.44
  28. B. Cottret, La Révolution américaine..., 2003, p.20 ; lire aussi J. Hector St John de Crèvecoeur, Letters from an American Farmer, New York, Fox, Duffield, 1904, p.54
  29. J.C.D. Clark, The Language of Liberty, Cambridge, Cambridge University Press, 1994, p.203
  30. B. Cottret, La Révolution américaine..., 2003, p.25-26
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  32. D.S. Lutz, « The Relative Importance of European Writers on Late Eighteenth-Century American Political Thought », dans American Political Science Review, 189, 1984, pp.189-197
  33. Charles W. Toth, Liberté, Egalité, Fraternité: The American Revolution & the European Response, 1989, p. 26.
  34. É. Marienstras, N. Wulf, Révoltes et révolutions ..., 2005, p.26
  35. Maurice Crouzet, Histoire générale des civilisations, tome V, 1953, p.320
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  40. B. Cottret, La Révolution américaine..., 2003, p.40
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  42. Jacques Binoche, Histoire des États-Unis, Paris, Ellipses, 2003, p.42
  43. (en) Thomas Kindig, « The Currency Act », Independence Hall Association, 1999-2007, consulté le 26-06-2007
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  46. le second fut voté en 1774
  47. Bernard Cottret, La Révolution américaine : La quête du bonheur 1763-1787, Paris, Perrin, 2003, ISBN 2-262-01821-9, p.72-73
  48. (en) Thomas Kindig, « The Townshend Revenue Act », Independence Hall Association, 1999-2007, consulté le 27-06-2007
  49. Richard D. Brown, « The Massachusetts Convention of Towns, 1768 », dans William and Mary Quarterly, 26, 1969, p.102
  50. É. Marienstras, N. Wulf, Révoltes et révolutions ..., 2005, p.60
  51. J. Otis, Rights of the British Colonies Asserted and Proved, Boston, 1764
  52. Robert H. Webking, The American Revolution and the Politics of Liberty, Baton Rouge, Louisiana State University Press, 1988, p.43
  53. Bernard Cottret, La Révolution américaine : La quête du bonheur 1763-1787, 2003, p.106
  54. P. Maier, From Resistance to Revolution, NY, Norton, 1991, p.192
  55. B. Cottret, La Révolution américaine..., 2003, p.60
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  57. Alfred Fabian Young, The Shomaker and the Tea Party : Memory and the American Revolution, Boston, Massachusetts, Beacon Press, 1999, p.46 sq.
  58. Jack P. Greene, J. R. Pole (éd.), The Blackwell Encyclopedia of the American Revolution, 1994, ch.22-24
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  60. J. G. Marston, King and Congress, Princeton New Jersey, Princeton UP, 1987, pp.67-130
  61. B. Cottret, La Révolution américaine..., 2003, p.411
  62. Dans Défense pleine et entière des décisions du Congrès ; lire B. Cottret, La Révolution américaine..., 2003, p.148
  63. B. Cottret, La Révolution américaine..., 2003, p.161
  64. B. Cottret, La Révolution américaine..., 2003, p.163
  65. É. Marienstras, N. Wulf, Révoltes et révolutions ..., 2005, p.80
  66. B. Cottret, La Révolution américaine..., 2003, p.174
  67. B. Cottret, La Révolution américaine..., 2003, p.429
  68. É. Marienstras, N. Wulf, Révoltes et révolutions ..., 2005, p.72
  69. Exemple : « Tous les hommes naissent naturellement et également libres et indépendants » dans B. Cottret, La Révolution américaine..., 2003, p.431
  70. ab B. Cottret, La Révolution américaine..., 2003, p.431
  71. Bernard Vincent, La Révolution américaine 1775-1783, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 1985, tome 2, (ISBN 2-86480-211-2), p.169
  72. B. Cottret, La Révolution américaine..., 2003, p.192
  73. Stacy Schiff, William Olivier Desmond (trad.), La grande improvisation. Benjamin Franklin, la France et la naissance des États-Unis, Paris, Grasset, 2006, (ISBN 9782246629610), p.108
  74. Bernard Vincent, La Révolution américaine 1775-1783, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 1985, tome 2, (ISBN 2-86480-211-2), p.11
  75. B. Cottret, La Révolution américaine..., 2003, p.267
  76. Bank of North America à Philadelphie en décembre 1781 ; lire B. Cottret, La Révolution américaine..., 2003, p.257
  77. B. Cottret, La Révolution américaine..., 2003, p.217
  78. C. Fohlen, Les pères de la révolution américaine, 1989, p.141
  79. C. Fohlen, Les pères de la révolution américaine, 1989, p.156
  80. C. Fohlen, Les pères de la révolution américaine, 1989, p.160
  81. C. Fohlen, Les pères de la révolution américaine, 1989, p.162
  82. B. Cottret, La Révolution américaine..., 2003, p.279
  83. C. Fohlen, Les pères de la révolution américaine, 1989, p.147
  84. C. Fohlen, Les pères de la révolution américaine, 1989, p.140
  85. C. Fohlen, Les pères de la révolution américaine, 1989, p.189
  86. É. Marienstras, N. Wulf, Révoltes et révolutions ..., 2005, p.110
  87. Le fédéralisme existait déjà en Suisse : lire B. Cottret, La Révolution américaine..., 2003, p.292
  88. B. Cottret, La Révolution américaine..., 2003, p.307
  89. C. Fohlen, Les pères de la révolution américaine, 1989, p.144
  90. C. Fohlen, Les pères de la révolution américaine, 1989, p.204
  91. C. Fohlen, Les pères de la révolution américaine, 1989, p.207
  92. B. Cottret, La Révolution américaine..., 2003, p.312
  93. B. Cottret, La Révolution américaine..., 2003, p.316
  94. B. Cottret, La Révolution américaine..., 2003, p.322
  95. É. Marienstras, N. Wulf, Révoltes et révolutions ..., 2005, p.128
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  99. B. Cottret, La Révolution américaine..., 2003, p.304
  100. Walter Stewart, True Blue. The Loyalist Legend, Toronto, Collins, 1985, p.3, cité dans B. Cottret, La Révolution américaine ..., 2003, p.405
  101. U.S. Census Bureau
  102. Bernard Vincent, La Révolution américaine 1775-1783, PUN, Nancy, 1985 ; chiffres cités dans É. Marienstras, N. Wulf, Révoltes et révolutions ..., 2005, p.82
  103. É. Marienstras, N. Wulf, Révoltes et révolutions ..., 2005, p.82
  104. É. Marienstras, N. Wulf, Révoltes et révolutions ..., 2005, p.83
  105. Miller, Marion Mills, Great Debates in American Hist: From the Debates in the British Parliament on the Colonial Stamp, Current Literature Pub. Co, 1913, p.91
  106. B. Cottret, La Révolution américaine..., 2003, p.141
  107. Sidney Kaplan and Emma Nogrady Kaplan, The Black Presence in the Era of the American Revolution, pp. 64-69
  108. Nicole Bacharan, Faut-il avoir peur de l’Amérique ? , Paris, éditions du Seuil, 2005, ISBN 2-02-079950-2, p.117
  109. abc É. Marienstras, N. Wulf, Révoltes et révolutions ..., 2005, p.94
  110. C. Fohlen, Les pères de la révolution américaine, 1989, p.153
  111. Jacques Binoche, Histoire des États-Unis, p.103 ; B. Cottret, La Révolution américaine..., 2003, p.425
  112. B. Cottret, La Révolution américaine..., 2003, p.425 ; Bernard Vincent, La Révolution américaine 1775-1783, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 1985, tome 2, (ISBN 2-86480-211-2), p.11
  113. Bernard Vincent, La Révolution américaine 1775-1783, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 1985, tome 2, (ISBN 2-86480-211-2), p.12
  114. É. Marienstras, N. Wulf, Révoltes et révolutions ..., 2005, p.134
  115. Jack P. Greene (dir .), The American Revolution, University Press, New York, 1987 ; cité dans É. Marienstras, N. Wulf, Révoltes et révolutions ..., 2005, p.98
  116. C. Fohlen, Les pères de la révolution américaine, 1989, p.152-153
  117. É. Marienstras, N. Wulf, Révoltes et révolutions ..., 2005, p.106
  118. Annie Jourdan, La Révolution, une exception française ?, Paris, Flammarion, 2004, (ISBN 2082103188), p.370
  119. Annie Jourdan, La Révolution, une exception française ?, Paris, Flammarion, 2004, (ISBN 2082103188), p.353
  120. Annie Jourdan, La Révolution, une exception française ?, Paris, Flammarion, 2004, (ISBN 2082103188), p.363
  121. Annie Jourdan, La Révolution, une exception française ?, Paris, Flammarion, 2004, (ISBN 2082103188), p.362
  122. É. Marienstras, N. Wulf, Révoltes et révolutions ..., 2005, p.100
  123. Annie Jourdan, La Révolution, une exception française ?, Paris, Flammarion, 2004, (ISBN 2082103188), p.359
  124. Jean Imbert, Les Droits de l’homme en France, Paris, 1985, p.11
  125. Annie Jourdan, La Révolution, une exception française ?, Paris, Flammarion, 2004, (ISBN 2082103188), p.364
  126. É. Marienstras, N. Wulf, Révoltes et révolutions ..., 2005, p.102
  127. François-Xavier Fauvelle-Aymar, Histoire de l'Afrique du Sud, Paris, Seuil, 2006, (ISBN 2020480034), p.224
  128. É. Marienstras, N. Wulf, Révoltes et révolutions en Amérique, 2005, p. 17
  129. George Bancroft, History of the United States of America, From the Discovery of the American Continent, 1854-1878
  130. J. Franklin Jameson, The American Revolution Considered as a Social Movement, 1926
  131. C. Fohlen, Les pères de la révolution américaine, 1989, p.197
  132. (fr) Elise Marienstras, « Révoltes, révolution, radicalisme », février 2006-2, Transatlantica. Consulté le 22-01-2007
  133. Guy Lemarchand, « À propos des révoltes et révolutions de la fin du XVIIIe siècle », in Annales historiques de la Révolution française, Numéro 340, [En ligne], mis en ligne le : 27 avril 2006. URL : http://ahrf.revues.org/document2236.html. Consulté le 22 juin 2007.
  134. ab (fr) Naomi Wulf, Marie-Jeanne Rossignol, « La Révolution américaine : sujet brûlant ou vieille querelle ? », février 2006, Transatlantica. Consulté le 22-01-2007
  135. On peut citer parmi tant d'autres le James Madison Memorial Building, le Jefferson Memorial ou encore le Washington Monument

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

Une sélection commentée de sites généralistes sur le sujet :

[modifier] Sources

Cet article a été rédigé à l'aide des ouvrages suivants :

  • Élise Marienstras, Naomi Wulf, Révoltes et révolutions en Amérique, Atlande, 2005, (ISBN 2350300153)
  • Fernand Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme, tome 3 : Le temps du monde, Paris, Armand Colin, LGF-Le Livre de Poche, (ISBN 2253064572), 1993
  • Bernard Cottret, La Révolution américaine : La quête du bonheur 1763-1787, Paris, Perrin, 2003, (ISBN 2262018219)
  • Bernard Vincent, La Révolution américaine 1775-1783, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 1985, tome 2, (ISBN 2-86480-211-2)
  • Claude Fohlen, Les pères de la révolution américaine, Paris, Albin Michel, 1989, (ISBN 2226036644)

[modifier] Bibliographie


Batailles de la guerre d'indépendance américaine

Lexington et Concord (avril 1775) • Boston (avril 1775 / mars 1776) • Bunker Hill (juin 1775) • invasion du Canada (1775)Brooklyn (août 1776) • Trenton (déc. 1776) • Princeton (jan. 1777) • bataille de Bennington (août 1777) • Brandywine (sept. 1777) • campagne de Saratoga (1777) • bataille de Saratoga (sept. 1777) • Germantown (oct. 1777) • Monmouth (juin 1778) • Savannah (sept.-oct. 1779) • Eutaw Springs (sept. 1781) • cap Henry (mars 1781) • Pensacola (mai 1781) • baie de Chesapeake (1781) • Yorktown (1781) • campagne de 1782baie d'Hudson (1782) • Saint-Kitts (1782) • Les Saintes (avril 1782) •