République arabe unie

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لجمهورية العربية المتحدة (ar)

(République arabe unie)
1958 — 1961
République fédérale aristocratique
Drapeau Armoiries
La République arabe unie en 1958.
La République arabe unie en 1958.

Création 1er février 1958
Sécession de la Syrie 1961
Abandon du nom par l'Égypte 1971

Capitale Le Caire
Langue(s) Arabe
Religion {{{religion}}}
Superficie 1 186 630 km²
Population {{{population}}}
PIB {{{pib}}}
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Entités précédentes
Égypte
Syrie
Entités suivantes
Égypte
Syrie

La République arabe unie (RAU) (الجمهورية العربية المتحدة al jumhūrīya al-arabīya al-muttaĥida) est un pays créé en 1958 par l'union de l'Égypte nassérienne et de la Syrie, et disparu en 1961, bien que l'Égypte continuât à être appelée sous ce nom jusqu'en 1971.

Sommaire

[modifier] Histoire

[modifier] Raison de l'union

Pensée à l'origine comme l'ébauche d'une grande fédération englobant l'ensemble du monde arabe, la république est créée le 1er février 1958, après les pressions effectuées par les militaires syriens inquiets de la menace communiste dans leur pays, et qui se tournent vers Nasser.

Face à l'axe hachémite de la Jordanie et de l'Irak qui étaient pro-américains, les Syriens se prononcent pour l'unité entre l'Égypte et leur pays. En 1955 un premier traité d'alliance militaire est signé entre la Syrie et l'Égypte. Michel Aflak, fondateur du parti Baas estime que la fusion entre les deux pays doit se faire car les tensions intérieures dues à la guerre froide sont de plus en plus fortes. Même s'il n'est pas convaincu de la capacité de Nasser à unifier le monde arabe[1], il fait abstraction de ses sentiments et rencontre, lors d'un déjeuner au Caire, Nasser qui pose les conditions de l'union.

Nasser accepte le principe de l'unité mais exige un État fortement centralisé, une armée syrienne dépolitisée et que la Syrie passe sous un régime de parti unique à l'image de l'Égypte. Malgré la réticence du président de la république, Shukri al-Kuwatli et de son premier ministre Sabri Assali, les deux hommes acceptent l'union.

[modifier] Formation de l'union

Le parlement syrien entérine l'union à près de 93%, les électeurs syriens disent oui à l'union par référendum à plus de 92%.

Un État unifié entre les deux pays est créé, avec Le Caire comme capitale. Le 22 février, un référendum porte Nasser au pouvoir. Suite à la fusion, des manifestations de joie éclatent dans beaucoup de pays arabes, mais aussi des émeutes en Irak, ou des manifestants demandent la fin du pacte de Bagdad, la démission de Noury Said et l'intégration de l'Irak dans cette nouvelle république. Le 14 juillet, le gouvernement de Noury Said est renversé. Au Yémen du Sud une révolte unioniste éclate, mais elle est réprimée dans le sang par les forces britanniques. Cette révolte oppose les républicains soutenus par Nasser, et la dynastie yéménite soutenue par son voisin saoudien. Au Liban l'agitation est à son comble et fragilise l'équilibre communautaire.

Déjà près de 300 000 Libanais font le déplacement jusqu'à Damas pour fêter la proclamation de la république. Le clivage entre unionistes et régionalistes s'accentue et le président Camille Chamoun provoque un tollé en violant la constitution et en briguant un second mandat.

Le 8 mai 1958, le drapeau de la RAU est hissé sur la citadelle de Tripoli, et des combats éclatent dans les grandes villes libanaises, entre partisans du président Chamoun et les milices nationalistes arabes commandées par Rachid Karamé et Fouad Chehab[2].

Les baassistes libanais qui entrent dans le conflit, reçoivent des armes et de l'argent en provenance de Damas. Devant l'agitation, Chamoun annonce renoncer à se représenter. Mais la chute du roi d'Irak ravive les tensions. Le président Chamoun arrive à convaincre les Américains que les insurgés sont manipulés par Nasser. Le 15 juillet, les Américains envoient près de 5 400 marines sur les plages de Beyrouth. Quant aux Anglais, ils envoient 2 000 parachutistes à Amman, pour éviter au roi Hussein de Jordanie de subir le même sort que le roi Fayçal[3].

En Irak, la jeune république se sait fragile et des accords sont conclus entre le chef d'État irakien et Nasser en vue de l'adhésion de ce pays. Dès octobre 1958, des accords économiques, scientifiques et culturels sont conclus. Mais ne voulant pas abandonner le pouvoir, le général Kassem s'éloigne de l'Égypte pour se rapprocher de l'Union soviétique.

La RAU a pour but d'appliquer les théories du socialisme arabe, qui refuse la lutte des classes et la dictature du prolétariat. Il s’agit au contraire de favoriser l’union nationale par la justice sociale et l’égalité des citoyens. Hostile à la propriété privée, le socialisme arabe accepte celle issue du travail productif. Les propriétés non-exploiteuses sont maintenues. L’individu reste la base de la société. L’État n’est pas totalitaire mais régulateur et distributeur, bien qu’il puisse être répressif.

En Syrie, la joie laisse vite la place au pessimisme. Nasser éclipse peu à peu le parti Baas qui s'est volontairement sabordé en tant que force politique sur ordre d'Aflak. La bureaucratie égyptienne étouffe par sa présence l'administration syrienne qui se sent rapidement annexée. La Syrie est en effet envahie d'officiers et de bureaucrates égyptiens, qui étaient pour la plupart du temps corrompus et incapables. Par une circulaire interne le Baas se demande si Nasser agit vraiment pour l'intérêt panarabe.

Les dissensions entre le Baas et Nasser entraine une répression contre les militants de gauche, les communistes d'abord et le Baas ensuite. Les indépendants sont chassés par un deuxième bureau contrôlé par le maréchal Amer.

L'autoritarisme du régime de Nasser entraine la fuite vers l'étranger des grandes familles syriennes, ce qui entraine de graves difficultés économiques. Les entreprises sont submergées par une bureaucratie tatillonne et corrompue. Les prix et les impôts sont en hausse, les difficultés d'approvisionnement sont aggravées par trois années de sécheresse exceptionnelle.

Cependant, le nouvel État ressemble de plus en plus à une grande Égypte, entièrement régentée par Le Caire. La Syrie se sent colonisée. En conséquence, un nouveau coup d'État militaire, mené par Haydar al-Kouzbari éclate en Syrie en 1961, mettant fin à la république le 29 septembre de la même année.

[modifier] Raisons de l'échec

Pour les baassistes l'échec de la RAU est dû à trois choses :

  • La première raison réside dans le fait que l'Égypte voulait fédérer le monde arabe autour d'elle même, alors qu'elle n'en avait pas les moyens économiques et financiers. Elle voulait imposer son hégémonie dans la région par la voie du panarabisme. Elle était donc incapable de faire naître chez les Arabes un espoir de changement.
  • La deuxième raison est d'ordre institutionnel. Nasser a imposé à la Syrie une bureaucratie autoritaire, et un régime sous parti unique, l'Union socialiste arabe, un parti fondé en toute hâte pour la création de la RAU. Les baassistes expliquent qu'un véritable parti politique proche du peuple aurait dû exister pour expliquer tous les changements politiques aux Syriens. Aflak et Hourani dénonçait dès 1956 le caractère autoritaire de la nouvelle constitution égyptienne qui « empêche la participation réelle du peuple. »
  • La troisième raison est que l'Égypte n'est ni une puissance diplomatique, ni une puissance militaire.

[modifier] La République arabe unie et l'ONU

Entrées à l'Organisation des Nations unies le 24 octobre 1945, l'Égypte et la Syrie étaient membres fondateurs de cette organisation. Après le plébiscite du 21 février 1958, l'Égypte et la Syrie se sont unies pour former la République arabe unie, laquelle a été représentée à l'organisation avec un siège unique. Le 13 octobre 1961, la Syrie a recouvré son statut d'État indépendant et repris son siège à l'Organisation des Nations unies. Le 2 septembre 1971, la République arabe unie a changé son appellation en République arabe d'Égypte.

[modifier] Notes

  1. Michel Aflak écrit dans une note interne au Baas que le régime égyptien « a une tendance vers la dictature »
  2. Chronique du XXe siècle, p.881
  3. Chronique du XXe siècle, p.881

[modifier] Voir aussi

[modifier] Sources