Quotient intellectuel

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Le quotient intellectuel ou QI, est le résultat d'un test psychométrique qui, lorsqu'il est corrélé avec les autres éléments d'un examen psychologique, donne - entre autre - une mesure quantitative standardisée d’intelligence[réf. nécessaire]. En soi, il n'a que peu d'intérêt d'autant que ses moyennes sont différemment appréciées d'un examinateur à l'autre, d'un pays à l'autre, etc. C'est l'analyse clinique qualitative du test, de ses particularités pour un enfant ou un adulte donné, qui permet d'en tirer le meilleur et le plus utile à lui, ses parents et éventuellement les enseignants[réf. nécessaire]. Les psychologues basant leurs consultations uniquement sur la mesure du QI sont vivement critiqués.

Sommaire

[modifier] Construction des tests

Graphique représentant la répartition théorique de la population par QI standard. Il présente les caractéristiques d'une courbe de Gauss.
Graphique représentant la répartition théorique de la population par QI standard. Il présente les caractéristiques d'une courbe de Gauss.

On distingue :

  • le QI Classique (ou « en âge mental »). C'est le rapport entre l'âge « mental » que donne le résultat du test sur l'âge réel, multiplié par 100. Ainsi un enfant de 10 ans montrant les mêmes résultats que la moyenne des enfants de 12 ans a « douze ans d'âge mental » et un QI de 120 = (12 / 10) ⅹ 100. Conçu pour détecter et aider les enfants en difficulté, Il n'a plus vraiment d'utilité pour un adulte.
  • le QI par rang ou QI standard qui correspond au rang auquel se situe une personne relativement à une population représentée par une loi normale (Courbe de Gauss). Il ne s'agit pourtant que d'une approximation.

Les tests sont en effet étalonnés lors de leur conception pour que les résultats suivent une courbe à peu près en cloche, pour laquelle toutefois rien (hormis la question d'entropie maximale de la distribution ; voir inférence bayésienne) n'autorise à parler directement de courbe de Gauss.

En fait, si cette distribution était effectivement une courbe de Gauss, les sujets ayant un QI inférieur à 70 devraient représenter 2,5% de la population et les retards mentaux sévères (QI < 50) 0,23%. Les études épidémiologiques démontrent que les retards mentaux sévères ont en fait une prévalence supérieure à 0,3%. Ce phénomène est notamment dû à l'impact des retards mentaux d'origine génétique (retards mentaux liés au chromosome X).

L'étalonnage fixe par construction la moyenne (ou l'espérance), l'écart type et la distribution a priori associée à ces contraintes dans la méthodes bayésiennes (c'est-à-dire la seule n'introduisant pas d'information ajoutée) se trouve être la courbe de Gauss. C'est donc sur elle qu'on étalonne le test. Tous les tests fixent la moyenne à 100. L'écart-type est le plus souvent fixé à 15 (on parle alors de QI Standard), parfois à 16 ou à 24.

« La moyenne du QI standard est fixée à 100 pour des raisons historiques. L'écart type à 15 est arbitraire, mais il correspond à un écart probable de 10, ce qui veut dire qu'entre un QI de 90 et de 110 il y a 50% de la population. Pour les psychologues américains "un individu sur deux est normal", donc entre 90 et 110 se situe la zone de normalité. Cela crée bien sûr la confusion avec le QI Classique, où, entre 90 et 110 se situe la normalité, mais dans le cas du QI Classique il s'agit de 10% d'avance ou de 10% de retard. Un QI classique de 90 à 110 et un QI standard de 90 à 110 ne signifient pas la même chose" » (A. Christodoulou)[réf. souhaitée].

On remarque qu'un QI normal ne répond pas du tout à la même définition qu'une acuité visuelle normale qui ne se mesure pas, elle, à la moyenne des acuités visuelles, mais bien à celle qui est quasi maximale (notée autrefois 10, puis aujourd'hui 12).

Le QI obtenu dépend bien évidemment du type de test utilisé : un QI de 115 dans un test par rang avec moyenne de 100 et écart type de 15 correspond à un QI de 124 dans un autre test par rang avec moyenne de 100 et écart type de 24. Par convention, quand aucune autre précision n’est apportée, le QI considéré est le QI Standard (M=100, SD=15). Tous ne respectent pas cette convention (Mensa impose pour cette raison des seuils différents selon que l'évaluation est en test de Stanford-Binet ou de Cattell).

Le test dépend d'une plus ou moins grande familiarité préalable avec les notions utilisées par le test ; c'est pourquoi il est bon lorsqu'on échoue à un test de le retenter quelques mois après. Comme pour le saut à la corde, l'entraînement permet de mieux approcher ses limites réelles, sans bien entendu permettre - par définition même de ce qu'est une limite - de les dépasser.

Dans la pratique, si le QI constitue un indicateur, un repère valable de quelque chose, il lui manque les trois caractéristiques qui définissent un instrument de mesure dans le monde scientifique :

  • chiffrage de la précision
  • chiffrage de la justesse
  • chiffrage de la sensibilité

Cela ne supprime pas pour autant l'intérêt de ce type de tests, mais rappelle qu'ils n'ont pas dans leur état actuel le caractère précis de la mesure d'une température ou d'une longueur.

Un instrument scientifique de mesure devra également donner un critère de « spécificité » de la mesure. Or le grand problème du QI est qu'il est culturellement orienté, donc les mesures sont biaisées au moins sur cet aspect là. Le critère de reproductibilité de la mesure du QI semble aussi être un point faible de cette mesure.

[modifier] Historique

  • Fin XIXe siècle : débuts de la psychologie scientifique. De nombreux chercheurs s’intéressent à la mesure de l’intelligence. Le plus avancé sur le sujet est l’Anglais Sir Francis Galton, un cousin de Charles Darwin, qui ne parviendra cependant pas à mettre en place un test utilisable. Galton, inventeur du terme eugénisme, publie son livre L’intelligence héréditaire, la raison de ses travaux étant de montrer qu'une partie au moins de celle-ci s'hérite, et d’en tirer des conclusions pour l’amélioration de l’espèce humaine. Voir l'article eugénisme.
  • 1890 : Le terme « Mental Test » est employé pour la première fois par l’Américain Mc Keen Cattell pour désigner une série d’épreuves destinées à mesurer les différences entre étudiants.
  • 1904 : L’Anglais Charles Spearman reprend les travaux de Galton, et par l’analyse factorielle découvre un facteur général qu’il nomme Intelligence générale (c’est le Facteur g, avec g en basse casse italique).
  • 1905 : Les Français Alfred Binet et Théodore Simon, travaillant à la demande de l’État sur un moyen de détecter d’avance les élèves faibles scolairement, mettent au point le premier test utilisable, l'Échelle métrique de l'intelligence.
  • 1912 : L’Allemand Wilhelm Stern a l’idée de faire le rapport entre les résultats obtenus au Binet-Simon et l’âge réel, et invente le terme « Quotient intellectuel ». Le problème est bien sûr que ce QI n'est applicable qu'aux enfants et, à la limite, aux adultes handicapés mentaux.
  • 1926 : La psychologue Catherine Morris Cox utilise les informations biographiques sur l’enfance de personnes célèbres pour estimer a posteriori leur QI (Voltaire, 170 ; John Stuart Mill, 190 ; Goethe : 210). Cette étude amusante sera souvent citée.
  • 1939 : L'Américain David Wechsler invente la mesure par rang (utilisation de la loi normale) qui permet l'utilisation sur les adultes. Le terme quotient est cependant conservé.
  • 1939 : L'Américain Louis Léon Thurstone remet en cause la thèse de Spearman en soulevant 7 facteurs principaux qui font partie d'une multitude de facteurs :
    • Facteur Spatial (Représentation des configurations)
    • Facteur Perception (Saisie de détails dans une configuration)
    • Facteur Verbal (Compréhension des données)
    • Facteur Lexical (Mobilisation du vocabulaire)
    • Facteur Mémoire (Faculté de mémorisation)
    • Facteur Numérique (Réalisation de calculs)
    • Facteur Raisonnement (Définir et trouver des liens entre des éléments)
En reprenant les analyses de Spearman, Thurstone conclut que ces sept facteurs sont orthogonaux, c'est-à-dire représentent autant de types d’intelligence et n'ont pas de lien entre eux. Le g de Spearman serait donc inexistant. Les conclusions de Thurstone sont que l’existence même de l'intelligence, comme entité mesurable, ne reposerait sur aucune base empirique réelle, ni ne pourrait être quantifiée de manière rigoureuse et logique -sauf évidemment dans le cas particulier de deux individus dont l'un surpasserait l'autre dans tous les types mentionnés.
Encore aujourd'hui (2006), le débat reste ouvert et on attend beaucoup de la neurologie et des sciences cognitives pour le faire avancer. Des revues comme Scientific American: Mind ou en France Cerveau et psycho publient régulièrement un état de l'art sur le sujet.
  • 1956 : le plus grand QI mesuré a été obtenu par une femme (voir Marilyn vos Savant) vers 1956.
  • 1961 : en France, un jeune travailleur agricole "quasiment illettré" nommé Jean Frêne se voit créditer aux trois jours de sélection militaire d'un QI exceptionnel. L'affaire remonte au ministère des Armées (= de la Défense) qui lui accorde un sursis et une bourse : cinq ans plus tard, Jean Frêne décroche son diplôme d'ingénieur et embraye directement sur un doctorat. Il est actuellement (2004) professeur à l'université de Poitiers (chaire de tribologie). Cette affaire popularisera l’intérêt de la notion de QI en France. Jean Frêne y est devenu le troisième Français à obtenir la prestigieuse médaille d'or internationale de tribologie.
  • 1963 : Le jeune Alexandre Boviatsis, lui aussi crédité d’un important QI et dont la mère assure pour cette raison l’éducation, obtient son « premier bac » (nom de la partie du baccalauréat située à l’époque à la fin de la classe de première) à 13 ans 1/2.

[modifier] Mises en cause du QI

[modifier] Que mesure-t-il ? Qu'est-ce que l'intelligence ?

[modifier] Qu'est-ce que l'intelligence ?

Icône de détail Article détaillé : Intelligence.

« Je nomme intelligence ce que mesurent mes tests », aurait dit-on répondu, ironiquement peut-être, Alfred Binet, puis, dubitatif, Jean Piaget[réf. souhaitée]. Il n’y a pas actuellement consensus autour de la définition même d’intelligence, même du côté des extrêmes : on discute par exemple de l'intelligence des animaux. Si quelques individus semblent supérieurement intelligents, géniaux, on est sûr que la société ne repère pas tous les individus de ce type, qui ne sont donc pas si évidents à distinguer.

Si on veut décrire mathématiquement des degrés d'intelligence, il semble donc qu'on doive se contenter au mieux, d'un pré-ordre, et non d'une relation d'ordre total (en langage de tous les jours, cela signifie:

  • Que de deux individus donnés l'un peut parfois être considéré « dans tous les domaines plus intelligent » qu'un autre;
  • Mais qu'entre deux individus quelconques ce n'est pas toujours le cas;
  • La seule relation certaine en tel cas est la transitivité: si A est « plus intelligent partout » que B, et B que C, alors A doit l'être davantage que C, sans quoi la relation n'en est pas une cohérente.

Les tests de QI ne prétendent donner une image approximative que d'une partie de ce qu'on entend communément par « intelligence », partie qui serait plutôt une adaptation à certains codes de raisonnements logiques simples ou complexes. Des aptitudes plus difficiles à apprécier telles que la résolution rapide d’un problème logique donné, parfois déterminantes - comme l'opiniâtreté - dans la vie réelle, ne sont pas prises en compte dans les tests, dont chaque question doit être résolue en trente secondes en moyenne.

En en restant à ume approche éthymologique, le moins loin d'une définition est la capacité à comprendre, quel que soit le domaine. On retrouve alors les notion d'intelligence de forme intuitive "opposée" à la forme analytique.

[modifier] La validité : Le QI mesure-t-il l'intelligence ?

Un test est dit valide lorsqu’il mesure bien ce qu'il prétend mesurer. Dans le cas de l’intelligence, pour qu’un test soit invalide, il sera nécessaire (sans être suffisant) de démontrer que celui-ci ne mesure qu’une seule et unique dimension.

Jusqu'à présent, les méthodes utilisées pour mesurer le nombre de dimensions ne convenaient pas au traitement des données psychométriques. En effet, nous savons que l'analyse en composantes principales, tant prisée encore aujourd'hui, convient à des associations de type linéaire alors que la relation entre un score à un test et le QI est de type ogive normale.

Bien qu’il existe aujourd’hui des méthodes d’analyse qui répondent aux besoins spécifiques de la psychométrie (McDonald, 1967; Bock et al., 1988; Stout, 1987), il semble que les chercheurs soient peu enclins à remettre leurs pratiques en question. En effet, pour démontrer si oui ou non un test mesure bien le nombre de dimensions attendu, ceux-ci ont recours aux méthodes les moins fiables – et donc les plus sujettes à interprétation – dans plus de 80% des publications (Fabrigar et al., 1999). Voilà, dans l’actuel, un portrait de la validité des tests psychométriques, et bien entendu, cela n’épargne pas la mesure du QI. Néanmoins, pour imparfaits qu'ils soient, ces tests permettent une approximation dans l'attente d'une batterie de tests cohérents.

À supposer que l'intelligence soit définie de façon consensuelle, il reste à savoir comment un test peut entendre la mesurer. C'est pourquoi on parle de batteries de tests, faisant appel à des techniques de tempérance, comme des évaluation du niveau de langage. L'expression, à l'aide d'un résultat chiffré de «l'intelligence» d'une personne, ne permet pas d'en appréhender de manière détaillée les différents aspects. C'est simplement une approximation.

Des individus particulièrement doués, voire géniaux, dans la discipline qui les passionne peuvent être très démunis dans d'autres domaines : vie courante, formalités administratives... ou tests : que l’on pense par exemple à Ampère, Chasles (tous deux morts bien avant que Binet ne créé ses premiers tests), ou à cet archétype du distrait représenté par le savant Cosinus (personnage de bande dessinées parues elles aussi avant l'apparition des tests).

D'autre part, la plupart des tests pratiqués pour mesurer le QI ne tiennent volontairement pas compte de certains aspects de l'utilisation de l'esprit humain : culture générale alias mémoire à long terme, certains aspect de la psychologie.

Les résultats permettent de calculer les capacités du cerveau confrontés à une expérience de réflexion le jour où cette expérience a été menée.

[modifier] Un rôle pragmatique

Le quotient intellectuel constitue surtout un classement (d'adaptation à des types de raisonnements logiques, voire de cognition, prédéfinis) d’un individu par rapport à une population donnée, et ne renseigne QUE sur son écart par rapport à la norme. Il ne s'ensuit pas pour autant que cette information soit dénuée d'utilité (voir Effet Tetris).

[modifier] La mesure du QI ne dépend-elle pas du contexte socio-culturel ?

  • Les résultats obtenus lors de la passation de tests culturels sont par définition influencés par ce type de facteurs. Des études ont montré que les résultats au QI des immigrants s’élevaient 5 ans après leur arrivée dans leur pays d’adoption.
  • Les résultats obtenus lors de la passation de tests réputés « aculturels » gardent des traces résiduelles d'influence par quelques facteurs culturels (facilité de lecture, par exemple). Certains psychologues utilisent les matrices progressives du Raven, test réputé « aculturel ». Celles-ci, qui consistent en une successions d’items purement visuels, ne font appel ni aux connaissances, ni au vocabulaire. Cela permettrait de tester le potentiel natif de chacun...

[modifier] Effet Flynn

Dans les pays où le taux de scolarisation augmente, l'augmentation des performances n’a pas lieu où on croit : l'effet Flynn est le nom qu’on donne à l'accroissement lent et régulier du résultat moyen à des tests de type Q.I. que l'on observe depuis 100 ans dans les pays industrialisés. Ce sont les tests les plus liés aux matières scolaires qui connaissent les plus faibles progressions. L'accroissement de la scolarité, et le niveau scolaire, jouent dans l'augmentation des scores aux tests culturels.

Philippe Dumas défend l'idée que l'exposition intensive des tout jeunes aux objets des TIC (Technologie de l'Information et de la Communication) serait un facteur-clé de l'effet Flynn.

On peut aussi envisager, que la scolarisation croissante, et, donc l'acquisition de connaissances dans les disciplines fondamentales (mathématiques, raisonnement logique, français, langues vivantes) donne les clés d'une comprehension plus fine, plus générale, plus "culturelle". Une bonne maitrise des outils de base, offre une marge de progression plus importante dans des domaines connexes, et aussi, plus complexes.

[modifier] Inversion de l'effet Flynn ?

Une étude d'Aden et Shayer datée de 2005[1] et portant sur 25 000 enfants scolarisés en Grande-Bretagne suggère au contraire une inversion pure et simple de l'effet Flynn, et une régression de trois ans d'âge mental des élèves britanniques entre 1975 et 2005.

[modifier] Facteurs divers

Pour Francis Heylighen, utiliser les appareils du quotidien, tels que les fours à micro-ondes (?) et les thermostats, exigerait un type plus "abstrait" de raisonnement. Une plus grande complexité de la vie (si cette complexité possède une logique au lieu d'être chaotique) est assurément susceptible de stimuler une plus grande complexité de l'esprit, là où une complexité chaotique peut le décourager : Socrate faisait cheminer ses élèves par petits pas, et obtenait ainsi des résultats plus réels qu'avec un simple bourrage de crâne.

L’utilisation croissante des ordinateurs dans l’éducation est-elle susceptible d’augmenter la connaissance générale, le raisonnement algorithmique et l’agilité intellectuelle ? Ce serait au détriment peut-être de formes plus spatiales d'intelligence (géométrie). La question reste en débat.

[modifier] Limites

  • Le test de QI ne mesure pas ni ne prétend mesurer :
    • l’ouverture d’esprit ;
    • la créativité (ou inventivité) ;
    • la capacité à dépasser un problème pour le placer dans une perspective plus générale.
Ces points jouent néanmoins un rôle important dans beaucoup de travaux intellectuels. D'autres tests existent pour ces détections spécifiques.
  • Il est en revanche très influencé par la motivation : les problèmes posés sont souvent fastidieux en raison de leur caractère répétitif et coupé dans une certaine mesure du réel. Le problème se complique du fait que l’intelligence répugne en général à la répétition. On se souvient d’Évariste Galois refusant de répondre à une question au motif qu’il la trouvait trop facile et inintéressante.
  • Il concerne des problèmes clos posés de façon explicite, ce qui ne correspond qu’à une partie limitée des questions où ce que nous nommons « intelligence » se montre utile. Il est fréquent que la vraie difficulté intellectuelle d’une tâche soit d’arriver à bien poser le problème plutôt que le résoudre une fois posé ; cette dernière tâche peut même dans certains cas être accomplie par une machine.
  • Étalonnage : Comment étalonner les extrêmes ? Il apparaît très difficile d’estimer le réel potentiel des personnes manifestant un QI très élevé (ou très bas, dans une moindre mesure). La principale raison réside bien entendu dans la faiblesse de l’échantillon disponible à ce niveau. Quand un enfant sur 3000 environ obtient un QI supérieur à 150 au WISC, il devient très difficile d’établir un nouveau test pour ceux-ci (il faudrait d’abord constituer un échantillon valable, ce qui est très délicat). Ainsi, les bêta-testeurs des tests réservés aux THQI (personnes à très haut QI) se sont-ils, en fait, auto-évalués; et en ce cas, qu'ont-ils mesuré vraiment ?
  • Si les tests de QI donnent des résultats qui ont une apparence de Loi normale (Courbe de Gauss), c'est parce que les tests sont étalonnés de façon à en donner une : on y trouve en effet quelques rares questions destinées à dépister très vite des sujets exceptionnellement retardés ou brillants, et l'immense majorité des questions ne sert qu'à départager plus finement les autres, qui sont aussi la majorité, entre eux.
  • Le QI n'est pas valide en tant que mesure de l'intelligence. Stricto sensu, il s'apparente plus à un indicateur qu'à une mesure, car justesse, précision et sensibilité en sont mal définis. Il chiffre simplement la facilité à utiliser certains modes de raisonnement, ce qui a certes une utilité en contexte scolaire.

Prendre en compte les dimensions multiples de l’intelligence pourrait représenter une voie pour l’établissement de futurs tests visant à l’orientation, alors que le QI s'intéresse essentiellement soit à un potentiel, soit au contraire à des difficultés prévisibles pour un futur cursus.

En d'autre termes, la question réside moins dans le fait de savoir quel nom donner à ce que le QI mesure que de savoir à quelles capacités de réalisation sa valeur est corrélée.

[modifier] Quelques avis

[modifier] Bertrand Russell

« M. Watson (voir behaviorisme) estime qu’il n’y a nul besoin de mesurer par des tests l’intelligence d’un homme, puisque selon la définition qu’il en donne cette intelligence est très précisément indiquée par son revenu. » (Essais sceptiques).

[modifier] Applications et précautions

Le QI doit être mesuré par un psychologue professionnel dans le cadre d'un examen psychologique qui comporte une réflexion et des analyses qui vont au-delà de simples chiffres. L'analyse clinique d'un test de Wechsler est un élément primordial, notamment pour apprécier les dysharmonies cognitives. On n'utilise pas ou rarement qu'un seul test comme celui du QI, on y adjoint d'autres tests qui, mis en concordance avec le QI, donnent une appréciation plus complète et globale de la personnalité de l'enfant, de l'adolescent ou de l'adulte. Bien utilisé et travaillé, c'est un instrument précieux. Hors contexte, il perd de sa pertinence et devient un banal test comme on en consulte particulièrement en été, dans les magazines lus pendant les vacances.

[modifier] Dérives possibles

Lorsque le QI est considéré comme mesure suprême de l'intelligence (et non comme la mesure de l'adaptation à des codes de raisonnements logiques prédéfinis, ce qu'il est réellement), son utilisation peut induire le classement des individus en « bons » et « inaptes », de façon plus ou moins nuancée et donc plus ou moins socialement acceptable.

Le QI a parfois été instrumenté pour étayer des propositions :

et cela bien que la définition du QI ne fasse nulle part l'hypothèse que celui-ci, chiffre établi à un instant donné, soit inné ni définitif.

Le livre très controversé The Bell Curve, ressuscite une ancienne thèse de racisme scientifique, en soulignant une différence statistique d'« intelligence » entre Étatsuniens leucodermes et mélanodermes (blancs et noirs) en fonction de tests de QI. Selon cette étude (fondée sur des critères ethniques, admis aux États-Unis) les asiatiques seraient plus intelligents que les blancs, eux mêmes plus intelligents que les hispaniques ; les noirs étant les moins intelligents. L'ouvrage ne met toutefois pas l'accent sur les corrélations socio-culturelles comme variables explicatives. La plus évidente est qu'il s'agit, non d'ethnies (ou races) dispersées aux quatre coins du Globe, mais de citoyens américains traités différemment, selon justement leur phénotype et leur appartenance sociale. (Par exemple, le taux de mortalité à la naissance des enfants noirs américains est supérieur ou égal aux taux de mortalité rencontrés dans le Tiers-Monde, sans que l'on étudie si ce même taux de mortalité de Noirs américains est inférieur à la moyenne d'Américains blancs).

Un livre similaire, IQ and the wealth of nations de Richard Lynn, fut plus controversé encore : il attribuait à la population israélienne un QI moyen de 95.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes

[modifier] Bibliographie

  • Jean Piaget : "La psychologie de l'intelligence" Ed.: Armand Colin, 2006, ISBN 2200322143
  • ADDA Arielle, Le Livre de l'enfant doué : Le découvrir, le comprendre, l'accompagner sur la voie du plein épanouissement, éd. Solar, Paris, 2004. (Un parti pris engagé pour la mesure du QI)
  • ADDA Arielle, CATROUX Hélène L'enfant doué : L'intelligence réconciliée, éd. Odile Jacob, Paris, 2003.
  • GOULD Stephen Jay, La mal-mesure de l’homme, éd. Odile Jacob, Paris, 1997.
  • BOCK, R. D., Gibbons, R., & Muraki, E. Full information item factor analysis. Applied Psychological Measurement, 12, 261-280, 1988
  • FABRIGAR, L. R., Wegener, D. T., MacCallum, R. C., & Strahan, E. J.Evaluating the use of exploratory factor analysis in psychological research. Psychological Methods, 4, 272–299, 1999
  • HUTEAU Michel, LAUTREY Jacques, Les tests d’intelligence, éd. La Découverte, Paris, 1997.
  • MCDONALD, R. P. Nonlinear factor analysis. Psychometric Monographs, No. 15. The Psychometric Society, 1967
  • SIAUD-FACCHIN Jeanne, L'Enfant surdoué, l'aider à grandir, l'aider à réussir, éd. Odile Jacob, Paris, 2002
  • STOUT, W. A nonparametric approach for assessing latent trait unidimensionality. Psychometrika, 52, 79-98, 1987
  • TERRASSIER Jean-Charles, GOUILLOU Philippe, Guide pratique de l'enfant surdoué, 7°éd. ESF, Paris, 2008.
  • TERRASSIER Jean-Charles, Les enfants surdoués, ou la précocité embarrassante,7°éd. ESF, Issy-les-Moulineaux, 2006.
  • THURSTONE Louis Léon, Primary mental abilities, Psychometric monographs 1, Chicago: University of Chicago press, 1938
  • TORT Michel, Le quotient intellectuel, éd. Maspéro, Paris, 1975.

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes