Quatrième République (France)

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République française

Quatrième République
1946 — 1958
République
Drapeau

Adoption par référendum 13 octobre 1946
Adoption de la Cinquième République 28 septembre 1958

Capitale Paris
Langue(s) Français
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Entité précédente
Gouvernement provisoire de la République française
Entité suivante
Cinquième République

La Quatrième République est le régime politique de la France d'octobre 1946 à octobre 1958.

Sommaire

[modifier] Formation de la Quatrième République

La Quatrième République se forme après la Seconde Guerre mondiale. La Troisième République s'est effondrée lors de la défaite de juin 1940. Les mouvements politiques qui ont gouvernés pendant les dernières années avant la guerre, droite classique et radicalisme, sont discrédités. Trois partis politiques dominent la scène politique à la Libération, dont deux anciens: parti communiste et SFIO (parti socialiste). Le Mouvement Républicain Populaire (MRP) est un nouveau venu d'inspiration démocrate- chrétienne.

Un premier projet de Constitution à représentation populaire monocamérale (une seule chambre pour voter les lois) est rejeté par référendum le 5 mai 1946. Une seconde Assemblée Constituante est élue le 2 juin et conçoit un projet à représentation bicamérale. Le régime est d'inspiration parlementaire, le pouvoir exécutif échéant au Président du Conseil (à la manière du Premier Ministre britannique). Ce projet de Constitution est définitivement adopté par référendum le 13 octobre 1946 et entre en vigueur le 24.


Organigramme de la IVe République
Organigramme de la IVe République

La Constitution de 1946 permet au Parlement (pouvoir législatif) de l'emporter sur l'exécutif.

  • Le Parlement est constitué de deux chambres distinctes :
    • Le Conseil de la République, élu au suffrage indirect (par les grands électeurs et les conseillers généraux, eux-mêmes élus par les électeurs) : il n'a que peu de pouvoirs.
    • L'Assemblée nationale, élue au suffrage universel direct. Elle détient l'essentiel du pouvoir: elle investit le Président du conseil qui est responsable devant elle et elle vote les lois.


  • Le Président de la République est élu par le Parlement (article 29 de la Constitution), pour une durée de 7 ans. Il a le pouvoir de dissoudre par décret la chambre des députés. Les deux présidents de la Quatrième République sont Vincent Auriol, ancien ministre socialiste du Front populaire, et René Coty, classé au centre droit.


  • Le président du Conseil est désigné par le président de la République. Il doit être investi (accepté par vote à la majorité absolue) par l'Assemblée nationale, qui peut le renverser par une motion de censure, puis il nomme son gouvernement.

[modifier] Œuvre de la Quatrième République

Carte de rationnement (1947) telle qu'en circulation en France entre 1945 et 1947
Carte de rationnement (1947) telle qu'en circulation en France entre 1945 et 1947

La Seconde Guerre mondiale laisse le pays dans une situation économique désastreuse. Les destructions liées aux opérations militaires de 1940, aux sabotages de la résistance, aux représailles des Allemands, aux bombardements alliés et à la Libération ont touché trois fois plus de départements qu’en 1914-1918. Les réseaux de transports sont dévastés; la production industrielle et la production agricole se sont effondrées. Certaines villes sont pratiquement rasées comme Le Havre, détruite a 80 %.

Pendant cette période, la population française devra accepter un certain nombre de sacrifices pour en payer le prix : maintien du rationnement jusqu’en 1949, habitation en baraquements provisoires pour les 5 millions de Français qui ont vu leur logement détruit, baisse du pouvoir d’achat, dévaluation du franc.

[modifier] La reconstruction et le développement économique

Compte tenu de l’ampleur des destructions, la reconstruction est directement prise en main par l’Etat. Le Commissariat au Plan est créé : le plan a pour objectif d’orienter l’investissement vers les secteurs d’activité considérés comme prioritaires, grâce à des mesures fiscales ou de crédit incitatives. Les secteurs les plus stratégiques sont carrément nationalisés : énergie, transports, assurances, Banque de France et banques de dépôt. À cette occasion sont créés les Charbonnages de France, EDF et GDF.

Le financement de la reconstruction est largement assuré par les Etats Unis sous la forme d’abord d’une substantielle remise de dettes puis du plan Marshall. Le Trésor public américain accorde des aides à l’État français ; celui-ci accorde des financements aux entreprises qui peuvent ainsi s’équiper auprès de fournisseurs bien souvent américains.

La reconstruction des villes permet la mise en pratique des théories de l’urbanisme moderne à l’instar notamment de Le Corbusier et des concepts développés lors des congrès internationaux d’architecture moderne.

Une fois la reconstruction achevée, Edgar Faure, qui conduit la politique financière de juin 1953 à janvier 1956, cherche à orienter l’investissement vers les biens de consommation. Dans une optique plus libérale, il encourage l’implication du secteur privé dans l’effort d’investissement. On lui doit l’échelle mobile des salaires, censée faire progresser les salaires parallèlement à l’inflation.

[modifier] Des progrès sociaux fondamentaux

Les femmes obtiennent pour la première fois le droit de vote.

L’arrivée au pouvoir à la Libération des partis de gauche est l’occasion d’instaurer la Sécurité sociale. Elle est destinée en particulier à assurer à chacun un minimum de revenu dans les différents cas d’interruption de l’activité professionnelle. Les organes de représentation des salariés sont institués au sein de l’entreprise.

Le retour au pouvoir des socialistes en 1956 est l’occasion d’accorder aux salariés une troisième semaine de congés payés, qui vient s'ajouter aux deux premières accordées sous le Front populaire.

[modifier] La France puissance européenne dans le cadre de l’OTAN et la CEE

Les affaires étrangères sont conduites de 1947 à 1954 par deux personnalités du MRP: Georges Bidault et Robert Schuman. Georges Bidault rapproche la France, le Royaume Uni et les états du Bénélux dans un accord mutuel de défense (1948) pour rejoindre les Etats Unis dans l’Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) . La logique d’affrontement des blocs Ouest et Est conduit les États-Unis à financer l’effort de guerre de la France en Indochine puis à s’y substituer à elle.

Après le désastre de Dien Bien Phu en 1954, Pierre Mendès France tente de résoudre les problèmes que la faiblesse du pouvoir exécutif à laissé empirer. Il solde la guerre d’Indochine (accords de Genève) et amène l’Assemblée à voter sur le projet d’armée commune européenne, la CED, qui est rejeté. Le peu d’entrain de Pierre Mendès France pour la construction européenne contribue à lui faire perdre le soutien du MRP et la majorité à l’Assemblée.

La mise en échec du Royaume-Uni et de la France lors de la crise de Suez par les États-Unis et l’URSS en 1956 illustre les nouveaux rapports de force à l’échelle mondiale. La France prend conscience de l’intérêt de la construction européenne pour peser davantage: elle doit pour cela surmonter le syndrome qu'ont causé trois grandes guerres avec l'Allemagne. Robert Schumann est le promoteur de la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier (CECA) qui est créée en 1951. Elle rassemble dans un premier temps la France, l’Allemagne, l’Italie et les États du Benelux. Elle est le premier pas vers la fondation du Marché commun (CEE) en 1957.

Après l’indépendance de l’Indochine, la France est encore amenée à accorder l’autodétermination au Maroc et à la Tunisie. Le processus d’indépendance des colonies africaines est engagé. L’Algérie pose un problème particulier à cause de la forte implantation française : les divisions de la classe politique à ce sujet entraîne la chute d’un régime qui n’a pas trouvé un point d’équilibre opérationnel.

[modifier] Un régime d’assemblée qui ne trouve pas son point d’équilibre

Le mode de scrutin (proportionnel) choisi pour l'élection des députés favorise l'existence d'un nombre assez élevé de partis dont les incessants revirements d'alliance entraînent de fréquentes chutes de gouvernement. Un consultant français de la RAND Corporation, Constantin Melnik, établira dans une étude interne (The House Without Windows) que la Quatrième République connaît en moyenne un jour de crise ministérielle sur neuf !

[modifier] Première législature (novembre 1946-juin 1951)

Les élections confirment la domination des trois partis constituants, PC, SFIO et MRP. Toutefois, l’audience du parti socialiste qui a joué jusque là le rôle de pivot s’érode. Le socialiste Paul Ramadier, président du Conseil de janvier à novembre 1947, amplifie d’emblée le pouvoir de l'Assemblée nationale. Il institue la pratique de la double investiture, avant et après la composition du gouvernement. Il soumet l’action du gouvernement à l’arbitrage des partis.

Par ailleurs dans le nouveau contexte de guerre froide, il rejette le PC dans l’opposition. Une coalition se forme entre tous les partis hostiles d’une part au communisme et d’autre part au général de Gaulle, qui vient de fonder le Rassemblement Pour la France (RPF) : c’est la troisième force. Ce regroupement par défaut ne laisse aucune marge de manœuvre pour prendre des initiatives à Henri Queuille, dont la personnalité domine les gouvernements de septembre 1948 à août 1951.

[modifier] Deuxième législature (juin 1951-décembre 1955)

Les élections sont marquées par un glissement à droite. La SFIO confirme son déclin et le MRP perd la moitié de son électorat, principalement au profit du RPF. La nouvelle majorité de centre droit se rassemble pour la première fois autour d’Antoine Pinay de mars à décembre 1952. Dans un contexte d’inflation aiguë, il rétablit la confiance. Les rivalités politiques se donnent libre cours lors de l’élection du second président de la république: René Coty est élu à l'issue de 6 jours et 13 tours de scrutin.

C’est finalement Edgar Faure qui s’impose par souplesse et habilité, après une première percée prématurée en début de législature. Il est ministre des finances à partir de juin 1953 et président du Conseil à partir de février 1955. Il dissout l’Assemblée car il espère que la dissolution du RPF par de Gaulle va permettre de renforcer la majorité de centre droit.

[modifier] Troisième législature (janvier 1956-mai 1958)

La majorité sortante de centre droit est mise en échec par l’émergence à droite du mouvement protestataire de Pierre Poujade. À gauche, un mouvement d’opinion se fait jour en faveur de Pierre Mendès France. Il présente une image moderne et paraît être le mieux à même de faire évoluer le régime. Il a le soutien de L’Express, le premier grand magazine d’information fondé par Jean-Jacques Servan-Schreiber. Mais il a pour handicap de s’appuyer sur le parti radical, parti de personnalités qui n’a plus d’assise réelle dans le pays.

C’est Guy Mollet, secrétaire général de la SFIO, qui devient président du Conseil jusqu’en mai 1957. Son gouvernement doit se consacrer à la guerre d’Algérie qui s’enlise et cause une sérieuse crise financière.

[modifier] La chute

L'instabilité gouvernementale chronique, les combinaisons partisanes, l'impuissance du Parlement et l'incapacité des pouvoirs publics à résoudre le conflit algérien ont finalement eu raison de la Quatrième République.

Une nouvelle crise gouvernementale plus grave que les autres a lieu le 15 avril 1958 avec la chute du gouvernement dirigé par Félix Gaillard. La crise se termina le 13 mai 1958 par l'investiture de Pierre Pflimlin pressenti le 8 et qui finit par accepter.

Le même jour a lieu à Alger une émeute de Pieds-Noirs qui craignaient que Pflimlin, soupçonné d'être favorable à des négociations avec le FLN, ne « brade l'Algérie ». Des généraux y prennent part, comme Raoul Salan, qui « prend en main les destinées de l'Algérie française », et Jacques Massu. Le gouvernorat général à Alger est occupé par les activistes, un Comité « de salut public » institué, défiant l'autorité de la métropole. Ce comité est soutenu par une partie de l'armée, d'où sa force.

À partir du 15 mai le Comité — rencontré par des gaullistes, et très probablement influencé à faire cela — réclame le retour de De Gaulle, en qui ils voient probablement l'homme providentiel du 18 juin capable de sauver la situation. L'armée va jusqu'à menacer le gouvernement d'une attaque aéroportée en métropole. Trois pouvoirs s'affrontent alors : le Gouvernement Pierre Pflimlin, le Comité de salut public et de Gaulle, dont le poids moral est en France à cette époque immense. Le 15 mai de Gaulle se déclare « prêt à assurer les pouvoirs de la République ».

Ainsi, le 27 mai 1958, de Gaulle déclare « J'ai entamé hier le processus régulier nécessaire à l'établissement d'un pouvoir républicain capable d'assurer l'unité et l'indépendance du pays » ; il demande par ailleurs aux force armées de ne prendre part à aucune manifestation.

Pierre Pflimlin, qui a rencontré secrètement de Gaulle en pleine nuit pour s'assurer de ses intentions (sans rien obtenir d'ailleurs), démissionne finalement le 28 mai 1958. Le président de la République René Coty appelle alors Charles de Gaulle à la présidence du Conseil, et, fait exceptionnel pour l'homme réservé qu'il était, menace de démissionner si de Gaulle n'est pas investi par l'Assemblée nationale. L'Assemblée nationale suit l'avis du président de la République, et investit effectivement le 1er juin le Gouvernement Charles de Gaulle par 329 voix contre 224 et 37 abstentions.

Le 3 juin est votée par l'Assemblée nationale et le Conseil de la République la loi constitutionnelle qui annonce une révision de la constitution de la IVe République, en dérogeant à la procédure de révision constitutionnelle. Une loi de pleins pouvoirs pour six mois est également votée.

Le projet de constitution est rédigé pendant l'été puis soumis au référendum le 28 septembre 1958. Il est adopté à une large majorité, instaurant la Ve République.

[modifier] Quelques personnalités politiques de la Quatrième République


Constitutions
Textes
Régime politique
Constitution de 1791 texte Monarchie constitutionnelle
Constitution de l'an I - 1793 texte Ire République
Constitution de l'an III - 1795 texte Directoire
Constitution de l'an VIII - 1799 texte Consulat
Constitution de l'an X - 1802 texte Consulat à vie
Constitution de l'an XII - 1804 texte Ier Empire
Charte de 1814 texte Restauration
Acte additionnel de 1815 texte Cent-Jours
Charte de 1830 texte Monarchie de Juillet
Constitution de 1848 texte IIe République
Constitution de 1852 texte, IInd Empire
Lois constitutionnelles de 1875 texte IIIe République
Loi constitutionnelle de 1940 texte État français
Loi constitutionnelle de 1945 texte GPRF
Constitution de 1946 texte IVe République
Constitution de 1958 texte Ve République
voir aussi: Site source et Constitution

Wikipédia contient une note biographique pour la totalité des ministres titulaires de la Quatrième République (plus de 200 noms).

[modifier] Voir aussi

Histoire de France

Antiquité

Moyen Âge

Époque moderne

Époque contemporaine

Voir aussi :

Chronologie de la France

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • S. Jansen (dir.), Les grands discours de la Quatrième République, Armand Colin, 2006 [lire en ligne]
  • Jacques Fauvet, La IVe République, Coll. Les Grandes Études Contemporaines, Paris, Fayard, 1959, 379p.

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