Quark

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Quarks
Propriétés générales
Classification Fermions
Composition Élémentaire
Propriétés physiques
Masse • u : 1,5 à 4,0 MeV.c-2

• d : 4 à 8 MeV.c-2
• s : 80 à 130 MeV.c-2
• c : 1,15 à 1,35 GeV.c-2
• b : 4,1 à 4,4 GeV.c-2
• t : 173 ± 3 GeV.c-2

Charge électrique • u : +2/3 e : +1,07×10-19 C

• d : -1/3 e : -5,34×10-20 C
• s : -1/3 e : -5,34×10-20 C
• c : +2/3 e : +1,07×10-19 C
• b : -1/3 e : -5,34×10-20 C
• t : +2/3 e : +1,07×10-19 C

Spin 1/2
Durée de vie -

Les quarks sont des fermions que la théorie du modèle standard décrit, en compagnie de la famille des leptons, comme les constituants élémentaires de la matière.

Sommaire

[modifier] Description

La théorie des quarks a été formulée par le physicien Murray Gell-Mann, qui s'est vu décerner le prix Nobel de physique en 1969.

Murray Gell-Mann, prix Nobel de physique pour avoir découvert les quarks.
Murray Gell-Mann, prix Nobel de physique pour avoir découvert les quarks.

[modifier] Charge électrique

Ces particules de spin 1/2 sont de six sortes, appelées saveurs, auxquelles on a donné des noms poétiques. Les noms anglais restent plus utilisés. Les quarks ont pour particularité de posséder une charge électrique fractionnaire de la charge électrique élémentaire (celle de l'électron) :

Nom du quark Fraction de charge électrique élémentaire
Down (Bas) -1/3
Up (Haut) +2/3
Strange (Étrange) -1/3
Charm (Charme) +2/3
Bottom/Beauty (Beauté) -1/3
Top/Truth (Vérité) +2/3

[modifier] Couleur

Les quarks possèdent également un autre nombre quantique que l'on a nommé charge de couleur. Un quark peut être[1] « rouge », « vert » ou « bleu », mais il peut changer de couleur en échangeant un gluon (voir plus bas).

À chaque quark correspond une antiparticule, nommée anti-quark, de même masse, mais de charge électrique opposée et de charge de couleur complémentaire, appelée anti-couleur[2] : un anti-quark peut ainsi être « anti-rouge » , « anti-vert » ou « anti-bleu ».

Le terme de couleur n'a ici rien à voir avec son sens usuel, c'est une analogie. Il n'a cependant pas été choisi au hasard : en effet, il rend compte du fait que l'on n'observe jamais de quark seul. On explique ça en terme de couleur : à cause du phénomène de confinement des quarks, on ne peut observer que des particules "blanches", c'est-à-dire formée par exemple de trois quarks rouge, bleu et vert (ce qui donne un baryon) — qui en synthèse additive des couleurs donnent une lumière blanche — , ou de deux quarks de couleurs complémentaires, comme rouge et anti-rouge (ce qui donne un méson).
La charge "de couleur" est la source de l'interaction nucléaire forte : l'interaction nucléaire entre les nucléons et plus généralement entre les hadrons est dérivée de l'interaction "de couleur". Comme l'interaction entre atomes et entre molécules est elle-même dérivée de l'interaction électromagnétique entre protons et électrons.
Cette interaction "de couleur" est de type tripolaire, alors que l'interaction électromagnétique est dipolaire (+ et -). C'est ainsi que l'on a choisi de les nommer par rouge-vert-bleu, car comme la neutralité est la norme pour l'électromagnétisme, la résultante neutre "blanche" est la norme pour les particules constituées par cette interaction.

[modifier] Génération

À l'instar des leptons, les quarks du modèle standard peuvent être groupés par génération :

Génération Particule de charge fractionnaire -1/3 Particule de charge fractionnaire +2/3
1re génération Down Up
2e génération Strange Charmed
3e génération Bottom Top

La première génération de quarks constitue la « matière ordinaire » (les neutrons (de charge électrique nulle) sont constitués de deux quarks Down et d'un quark Up, et les protons sont formés de deux quarks Up et d'un quark Down). Les quarks de deuxième et troisième générations sont plus lourds, forment des particules toutes instables, et se désintègrent en quarks de première génération.

[modifier] Particules composites, notion de hadron

Les hadrons (particules lourdes) sont constitués de quarks, comme l'ont supposé Gell-Man et Néman en 1964 par des considérations de symétrie liées à des matrices 3x3 opérant sur un C-ev. L'hypothèse des quarks a été confirmée par l'étude des diffusions profondément inélastiques d'électrons sur des nucléons, qui mit en évidence 3 centres diffuseurs (Feynman en 1968). Les quarks ont cette caractéristique que l'on ne les observe jamais seuls. En effet, ils sont toujours groupés de telle sorte que :

  • la somme de leurs charges électriques est une fraction entière de la charge élémentaire (en général 0, comme pour le neutron, et 1, pour le proton. On rappelle que l'électron n'est pas composé de quarks, mais est un lepton).
  • la somme de leurs charges de couleur est blanche (Selon les règles de la synthèse additive des couleurs, c’est-à-dire composé de quarks des trois couleurs. Mais il est aussi possible de trouver des paires Quarks-Anti-Quarks, de couleurs complémentaires qui s'annulent).

Les quarks ne peuvent exister de manière isolée (phénomène de confinement) et s'assemblent ainsi en hadrons. Il en existe deux sortes principales :

  • assemblage d'un quark et d'un anti-quark : les mésons, qui ont un spin entier et sont donc des bosons;
  • assemblage de trois quarks des 3 couleurs différentes : les baryons, qui ont un spin demi-entier et sont donc des fermions.

D'autres assemblages de quarks, tels les pentaquarks, formés de cinq quarks (deux paires Up-Down et un anti-Strange) ce qui désigne en fait 4 quarks et un antiquark, sont en principe possibles et auraient été observés en 2003[3] mais leur existence reste controversée[4].

Note : à l'extrême, on peut considérer que les étoiles étranges (étoiles à quarks) sont des assemblages macroscopiques de quarks (U ; D et S) liés par l'interaction de couleur, avant de l'être par la gravité comme ça l'est pour les étoiles à neutrons. Ces dernières ont une masse (théorique) minimale de 0,09 masse solaire[5] ; alors que théoriquement les étoiles à quarks n'auraient pas de masse minimale. Ces associations de quarks ont été évoquées pour faire part de la matière sombre de l'Univers. Elles auraient été formées dans les premiers instants du Big Bang, mais leur conservation aurait été problématique par les conditions régnant alors.
Les étoiles à quarks sont à la limite entre observations et théorie.

[modifier] Interaction des quarks, notion de gluon

Les quarks interagissent par l'intermédiaire de l'interaction forte, décrite par la chromodynamique quantique qui a une structure voisine, mais plus compliquée[6], de celle de l'électrodynamique quantique. La charge de couleur pour l'interaction forte joue alors un rôle analogue à celui de la charge électrique pour l'interaction électromagnétique.

Le proton est un baryon constitué de deux quarks up et d'un seul quark down. Sa charge électrique est de : 2/3 + 2/3 - 1/3 = 3/3 soit +1.
Le neutron est aussi un baryon composé de deux quarks down et d'un seul quark up. Sa charge électrique est de: 2/3 - 1/3 - 1/3 = 0/3 soit 0. Il est donc neutre.

Le fait que l'on ne puisse pas isoler de quark rend la mesure de leur masse extrêmement approximative (voir les fourchettes d'erreur sur le tableau). Il n'est même pas clair que la notion de masse d'un quark ait un sens bien défini.

[modifier] Les gluons

Les médiateurs de l'interaction forte sont nommés gluons. À la différence de l'électrodynamique quantique dans laquelle les photons sont neutres électriquement, les gluons sont également colorés et interagissent donc entre eux. Ils sont au nombre de 8 ce qui correspond à la dimension du groupe SU(3) utilisé pour décrire mathématiquement l'interaction forte.

[modifier] Étymologie

Le mot quark provient d'une phrase du roman Finnegans Wake de James Joyce : « Three Quarks for Muster Mark! ».

[modifier] Remarques

Masses des quarks : les masses indiquées des quarks U et D sont uniquement issues de l'influence du champs de Higgs ! On prend en compte également l'influence du champ de gluons qui est responsable de près de 300 MeV.c-2 par quark, soit presque tout ! ...
En effet quand on divise la masse d'un nucléon par 3 (nb de quarks) on trouve bien ~300 MeV.c-2 ; et pas seulement 4 à 8 MeV.c-2 pour le quark D et que 1,5 à 4 MeV.c-2 pour le quark U.

[modifier] Notes

  1. Mathématiquement les quarks se transforment dans la représentation \bold{3} du groupe de jauge SU(3) utilisé pour la chromodynamique quantique.
  2. Mathématiquement les anti-quarks se transforment dans la représentation \bold{\bar{3}} du groupe de jauge SU(3) utilisé pour la chromodynamique quantique.
  3. (en)The SAPHIR Collaboration, J. Barth, et al, [1], Phys.Lett. B572 (2003) 127-132. Article disponible sur l'arXiv.
  4. (en)Sonia Kabana, Review of the experimental evidence on pentaquarks and critical discussion, article disponible sur l'arXiv
  5. Le destin de l'Univers, de Jean-Pierre Luminet, éditions Fayard 2006, page 204.
  6. L'électrodynamique quantique est basée sur le groupe de jauge U(1) qui est abélien. La chromodynamique quantique, elle, est basée sur le groupe de jauge SU(3) qui est non-abélien et rend l'étude extrêmement plus complexe notamment à cause du problème non résolu du confinement.

[modifier] Voir aussi

wikt:

Voir « quark » sur le Wiktionnaire.

[modifier] Liens externes


Particules ( v · d · m )
Particules élémentaires :
Fermions : quark (d·u·s·c·b·t) · lepton
Leptons : électron · muon · tauon · neutrino
Bosons : photon · gluon · bosons W+, W- et Z0
Hypothétiques : graviton · boson de Higgs
Particules composites :
Hadrons : baryon · méson
Baryons : proton · neutron · hypéron
Mésons : pion · kaon