Psychopathologie

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La psychopathologie est l'étude raisonnée des troubles mentaux ou psychologiques. Ce mot est dérivé des racines grecques psukhê qui signifie esprit et pathos qui signifie maladie.

La psychopathologie est l'objet d'étude de la psychologie clinique et de la psychiatrie, elle est enseignée dans les universités ou en clinique. En France la vision structurale développée par le courant du psychanalyste Jean Bergeret a influencé et influence encore les enseignements, notamment dans les facultés de psychologie.

Les classifications anglo-saxonnes et internationales (DSM et CIM) tendent quant à elles à circonscrire leur champ d'étude à la faveur d'une approche purement descriptive et n'ayant pas de visée étiologique des troubles mentaux qui sont alors vus comme des maladies au sens strict. Dans cette approche du fonctionnement psychique « bête » (sans détermination consciente ou inconsciente), la question est : « dispose-t-on ou pas d'un traitement ad hoc de psychotropes? ».

Face à cette tendance forte, aujourd'hui, l'approche de René Roussillon développée dans le Manuel (2007) constitue une synthèse moderne et pertinente des connaissances en la matière. Le symptôme y est vu comme l'un des aspects du trouble psychique déterminé par des types d'angoisses, des défenses et de relations d'objet.

A propos de la différence entre une sémiologie étroite, c'est à dire simplement rivée aux symptômes et une réflexion approfondie qui fonde la psychopathologie, Eugène Minkovski écrivait : « Certes, quand il s'agit de rédiger un certificat d'internement ou d'enseigner les éléments de la psychiatrie au médecin praticien, les hallucinations, les idées délirantes, les impulsions, les réactions anti-sociales, l'agitation, la dépression, suffisent amplement. Il n'en est plus de même quand, en psychologues, nous essayons de comprendre le fond qui conditionne tous les troubles dont je viens de parler et sont déjà forts complexes de par leur nature. Ici, nous nous sentons souvent dépourvus de notions appropriées. De là le désir d'élargir les conceptions courantes, voire même d'envisager les troubles mentaux sous un angle tout différent de celui auquel nous sommes habitués. Ce désir, évidemment, a quelque chose de révolutionnaire. Cela, cependant, ne doit pas nous faire reculer. » (dans L'Evolution psychiatrique, octobre 1929).

[modifier] La question du normal et/ou du pathologique

Daniel Widlöcher déclare que juger d’une conduite en termes de normalité ou d’anormalité renvoie obligatoirement à un jugement normatif. Cependant, la notion de norme se réfère à celle de moyenne. Or, cette dernière est sujette à caution. Georges Canguilhem propose de substituer la notion de normativité à celle de norme et la notion d’ordre à celle de valeur. Cet auteur « biologise » la notion de norme et considère que ce n'est pas à la science de juger du normal car c’est avant tout la vie qui en fait un concept de valeur. On ne peut pas non plus poser le problème de la normalité ou de l’anormalité sans tenir compte des normes sociales ou individuelle. La psychopathologie identifie ainsi trois types de normalité : la normalité comme norme sociale, la normalité comme idéal, la normalité comme absence de maladie. Canguilhem propose encore le concept d’« anomalie » qui se définirait comme « ce qui se laisse voir en se dégageant de l’ensemble lisse et uni qui l’entoure ». Elle est observable. La psychopathologie s’intéresserait alors plus à l’anomalie qu’à l’anormalité.

Pour Widlöcher ce qui est le propre de la psychopathologie est de s'emparer de ces conduites marquées que sont les anomalies, d'en repérer la genèse, d'en définir la fonction et d'en préciser le mécanisme.

La définition suivante permet de sortir du dilemme de la question sans fin de la relativité des normes : « La psychopathologie peut être définie comme une approche visant une compréhension raisonnée de la souffrance psychique. » (René Roussillon et coll. dans le Manuel, 2007).

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie