Poutine (plat)

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Ne doit pas être confondu avec poutine acadienne.
Une poutine
Une poutine

La poutine désigne communément un mets d'origine québécoise traditionnellement constitué de frites et de fromage en grains de cheddar frais que l'on recouvre d'une sauce espagnole chaude de type « barbecue » faisant fondre en partie le fromage.

Sommaire

[modifier] Origine

La poutine trouve son origine dans le Québec rural des années 1950 et est depuis devenue populaire partout au Québec. Son origine exacte est très controversée. Cependant, plusieurs s'accordent pour dire qu'elle provient de la région des Bois-Francs, dans le Centre-du-Québec. Le fait qu'elle provienne de cette région est assez facile à comprendre : elle comportait alors un grand nombre de fromageries fabriquant du fromage cheddar en grains.

Plusieurs endroits précis se disputent l'origine de la poutine :

  • L'histoire la plus répandue est qu'elle proviendrait d'un restaurant autrefois appelé Le Lutin qui rit à Warwick, près de Victoriaville. Selon la légende, un client nommé Jean-Guy Lainesse a demandé au propriétaire Fernand Lachance, des patates frites et du fromage en grains dans un sac de papier, comme on servait parfois les frites à l'époque, et le propriétaire aurait répondu « Ça va faire une maudite poutine », d'où le nom qui veut dire « mixture étrange ».
  • Un restaurant de Drummondville appelé Le Roy Jucep prétend avoir été le premier à la commercialiser et a même enregistré un nom de domaine clamant ce droit. Jean-Paul Roy, propriétaire du restaurant Le Roy Jucep en 1964, est le premier à avoir servi la poutine comme on la connaît aujourd'hui c'est à dire « patates frites, fromage et sauce ». D'où le fait qu'il clame être le premier à l'avoir commercialisée mais non l'inventeur [1]. Le nom viendrait d'un mélange d'une déformation du mot anglais pudding et du surnom du cuisinier ; Ti-Pout.
  • D'autres villes clament également en être l'origine.
  • Monsieur Roy aurait, selon son témoignage, commencé à servir le fromage avec les frites et la sauce après la demande régulière de 3 personnes. Monsieur Roy est décédé en août 2007 à l'âge de 74 ans.

La poutine est considérée meilleure lorsqu'elle contient du fromage en grain frais du jour. La région des Bois-Francs comporte un grand nombre de fromageries fabriquant ce fromage particulier. Lorsqu'il est très frais, ce fromage prend alors l'appellation populaire de « fromage qui fait kouick-kouick », désignant le bruit caractéristique produit lorsque ce fromage entre en contact avec les dents, lequel est très recherché par les amateurs de poutine.

[modifier] Étymologie

Ce mot existe en Acadie et en Louisiane, avec des significations similaires, il semble qu'il s'agisse d'une adaptation du mot anglais pudding. D'ailleurs, on retrouve ce mot dans le dictionnaire canadien-français d'Oscar Dunn, publié à la fin du XIXe siècle, avec la signification de « pudding ». En Louisiane francophone, « poutine » est le mot utilisée pour signifier pouding. Le mot est d'origine anglaise, où il est toujours utilisé pour signifier tout dessert qui suit un repas.

La prétendue origine provençale poutingo, qui signifie « mauvais ragoût », est plus que douteuse, puisqu'il y a eu très peu d'immigrants provençaux au Québec ou en Amérique du Nord.

Dans certaines régions de la Beauce et dans Lotbinière, la poutine est surnommée mixte.

[modifier] Variantes

Il existe de nombreuses variantes; certains restaurants en proposent une douzaine. Bien que certaines variantes soient typiquement régionales, il est possible de se voir servir tous ces types de poutine, et plus encore, dans certains restaurants spécialisés de Montréal ou d'ailleurs au Québec. Citons les variantes les plus connues :

  • La poutine italienne est une variante très courante. On y remplace la sauce brune par de la sauce à spaghetti (sauce bolognaise).
  • Le frite sauce est une version édulcorée de la poutine, sans le fromage, comprenant seulement les frites et la sauce.
  • Le dulton est une poutine conventionnelle à laquelle on a ajouté des saucisses ou de la viande de bœuf hachée et (parfois) des oignons.
  • La galvaude, où, selon les recettes, du poulet et des petits pois verts sont ajoutés ou remplacent le fromage.
  • Le chou-chou est composé de frites, de sauce, de salade de chou crémeuse, de poulet ainsi que de petits pois.
  • La poutine all dressed est une poutine contenant des champignons tranchés, des poivrons vert coupés en morceaux, de l'oignon haché que l'on fait revenir dans une poêle avec du beurre jusqu’à ce que tendreté désirée soit obtenue et que les champignons soient dorés. Certains ajoutent du pepperoni préalablement rôti à la poêle lui aussi, du fromage et de la sauce brune.
  • La poutine aux crevettes est une version issue de la région de la Gaspésie, notamment de Matane qui est réputé pour sa petite crevette nordique. Il s'agit de frites, de sauce et de fromage, mais la sauce est en fait une sauce aux trois fromages, car la poutine aux crevettes ne se sert pas avec une sauce brune. Donc, on met des frites, des crevettes, de la sauce blanche aux fromages et du fromage en grains.
  • La poutine au bacon : On y ajoute simplement du bacon soit en tranches, soit émietté.
  • La poutine hot-dog: On y ajoute des morceaux de saucisses à hot-dog cuite.
  • La poutine a la viande fumée(Smoked Meat): patate frite, fromage en grain, sauce brune, viande fumée.
  • Poutine Toute Garnie : Ajouter des piments et des champignons préalablement revenus dans une poêle.
  • La poutine au foie gras : Il existe même des variantes de la poutine dites « de luxe » ; ces versions sont faites de frites dites « belges », de fromage du terroir, on y ajoute des morceaux de foie gras et l'on nappe le tout d'une demi-glace. Il est possible de retrouver ces versions dans quelques restaurants branchés de Montréal.

[modifier] Où la trouver

Poutine prise sur le pouce, en mets rapide, devant le clavier. Il s'agit sur cette image d'une poutine classique constituée de frites et de fromage non-affiné en grains, recouvert de sauce style espagnole.
Poutine prise sur le pouce, en mets rapide, devant le clavier. Il s'agit sur cette image d'une poutine classique constituée de frites et de fromage non-affiné en grains, recouvert de sauce style espagnole.

Au Québec, on trouve la poutine dans presque tous les restaurants-minute ainsi que dans des chaînes dites indépendantes. Elle est aussi vendue par des chaînes internationales qui commencent même à en vendre hors du Québec. En effet, la poutine peut même être dégustée sur la plage isolée de Zipolite au Mexique ou près de l'hôtel Royal Decameron au Panama.

La poutine est bien connue au Nouveau-Brunswick, une province voisine du Québec, en particulier dans les régions acadiennes, où on peut en acheter dans n'importe quel fast food.

La poutine peut être trouvée en Ontario, une autre province voisine, notamment aux endroits où une partie importante de la population est francophone, à Ottawa par exemple. Des chaînes de restaurant offrent également dans cette province la poutine, comme les Harvey's de Toronto.

La poutine est également offerte au Cheese Factory, à Edmonton, en Alberta. Ce restaurant, qui se spécialise dans la fabrication de fromages, se situe dans la section francophone de la ville.

La poutine est également offerte au pub The Maple Leaf à Londres, en Grande-Bretagne.

Elle commence à se répandre un peu partout dans le monde. Elle fut trouvée par certains voyageurs près de San José au Costa Rica et dans le bar The Maple Leaf à Tokyo sous l'appellation « Putchin ». Certains restaurants de New York proposent leur propre mélange de frites, sauce et fromage, baptisé « Disco Fries ».

En France, la poutine peut être également dégustée en apéritif dans les restaurants Ô Québec à Toulouse, Rennes et Nantes, ainsi qu'au pub canadien Moose Head à Paris. Elle est également proposée sous trois formes dans un petit café de village La Tête des Trains, à Tousson au sud de Paris (poutine au Roquefort, aux lardons, à la carbonnade) avec des frites maison, le fromage utilisé étant soit de la tomme fraîche ou de la mozzarella. A Pessac, dans la communauté urbaine de Bordeaux, on trouve le Québec Music Café qui propose la Poutine sous trois formes, dont une à l'emmental manifestement influencée par la gastronomie française.

Un pub anglais (The Pub) situé à Hanoi au Vietnam propose la poutine dans son menu.

On la retrouve aussi à plusieurs endroits à Séoul, en Corée du Sud, notamment au Rocky Mountain Tavern et au New York Fries.

La poutine est aussi servie au restaurant Frittiersalon sur Boxagener Strasse dans l'arrondissement Friedrichshain-Kreuzberg de Berlin.

[modifier] Hommages et références culturelles

Les références à la poutine dans la culture populaire québécoise sont nombreuses:

  • Le groupe musical québécois Mes aïeux interprète une chanson nommée Hommage en grain qui parle de la relation des Québécois avec la poutine[2] : « Si la décence invite à déguster lentement son bol, faut quand même faire ça vite avant qu'les frites d'viennent molles. » ou encore « C'est comme manger une livre de beurre, mais Montignac nous fait pas peur. »
  • Le chanteur québécois Mononc' Serge a aussi abordé ce mets populaire dans une chanson nommée Les Patates.
  • Le duo comique montréalais Bowser and Blue a composé l'hommage The Night They Invented Poutine.[3]
  • Le groupe ska Alaska possède dans son répertoire la chanson Monsieur Poutine. [4]
  • Le groupe québécois Omnikrom a aussi abordé ce mets populaire dans une chanson nommée Danse la poutine en duo avec TTC.
  • La chanteuse québécoise Lynda Lemay explique le terme à son public Français dans son cours de Québécois.
  • Et maintenant le groupe TTC de Paris accompagné de Omnikrom chantent "Danse la Poutine" en clip sur dailymotion ici [2]
  • Les Wampas dans leur chanson Seul en Gaspésie (album Rock'n'Roll Part 9 ) chantent : "La poutine me colle aux doigts"
  • Dans la bande dessinée La Belle Province, Lucky Luke se retrouve dans des bars où les Québécois se battent avec de la poutine.
  • Normand Baillargeon traduit baloney detection kit de Carl Sagan par « kit de détection de poutine »[5].
  • Dans la parodie de Lucky Luke dans un numéro du magazine humoristique québécois Safarir, Lucky Luke est envoyé au québec par le président George W. Bush pour capturer Michael Moore. Dans la parodie, Lucky passe au Supplice du goudron et des plumes deux fois, une fois pour avoir détesté la poutine que le barman lui a servi dans un saloon, et la deuxieme fois pour avoir détesté la poutine qu'on lui a servi dans un saloon du village voisin tout en maugréant qu'elle était encore pire que celle qu'il a mangé dans l'autre village. [6]
  • Un livre de Charles-Alexandre Théorêt, intitulé Maudite poutine! L'histoire approximative d'un plat populaire, se penche sur le succès de la célèbre mixture québécoise. Éditions Héliotrope, 2007.

[modifier] Notes et références

  1. * (fr) Jean-Paul Roy raconte comment il a commercialisé la poutine
  2. Paroles disponibles ici : [1] Page consultée le 12 avril 2007
  3. Le duo Bowser et Blue
  4. The SKA Lyric Archive
  5. Normand Baillargeon, Petit cours d'autodéfense intellectuelle, Lux, coll. « Instinct de liberté », 2006.
  6. Safarir, ""numéro 197

[modifier] Voir aussi

[modifier] Lien externe

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