Politiquement correct

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Politiquement correct (en français québécois, on utilise plutôt rectitude politique) est un anglicisme venant de l'expression politically correct et adoptée par le français au début des années 1990. Elle est le plus souvent utilisée comme synonyme de litote ou euphémisme et vise particulièrement les discours de certains groupes ou de certaines sciences.

Sommaire

[modifier] Histoire

[modifier] Aux États-Unis

Aux États-Unis l'expression a une longue histoire. Au XIXe siècle et longtemps au cours du XXe siècle elle s'appliquait plutôt dans des contextes juridiques ou politiques, et les mots « correct » et « correctness » y avaient l'acception de « correction grammaticale » ou de « correct selon les règles du droit », que ce soit le droit civil ou le droit constitutionnel. Ce n'est que tardivement, dans la décennie 1980, qu'il acquit une nouvelle acception, qu'on peut paraphraser comme « linguistiquement correct au regard des mœurs et des opinions dominantes ».

[modifier] Dans les pays francophones

En français d'Europe, l'expression est apparue récemment, à la toute fin des années 1980, ce qui explique que la seule acception retenue est la plus récente. Il s'agit d'ailleurs d'un anglicisme, les deux termes n'ayant en français pas la même extension qu'en anglais.

Le développement de son usage s'est fait surtout durant la décennie 1990, mais son manque de motivation linguistique (voir ci-après) fait qu'elle n'a jamais eu la même extension d'usage que dans les pays anglo-saxons. Cela joint au fait que dans beaucoup de pays francophones (à l'exception notable de l'Amérique du nord) le langage n'est généralement pas un enjeu aussi crucial qu'il peut l'être dans beaucoup de pays anglophones.

Contrairement à ce que disent nombre de contempteurs du politiquement correct des pays francophones d'Europe, cette expression n'a jamais été en usage aux États-Unis parmi les groupes supposés être tels en une acception positive. Il semble qu'elle fut en usage à la toute fin de la décennie 1970 et au début de la décennie 1980 dans des groupes libéraux (dans l'acception étasunienne du terme) ou de gauche, pour tourner en dérision certains excès observés dans leurs propres groupes, mais son utilisation pour qualifier spécifiquement des groupes censés vouloir exercer une certaine police des mœurs et épurer le langage d'expressions et de termes jugés choquants ou dévalorisants fut dès le départ un usage propre à certains conservateurs, en général proches des administrations républicaines de l'époque (administrations Reagan et Bush père), bien que plusieurs aient été plutôt proches du parti démocrate.

[modifier] Aspects linguistiques

[modifier] Problème du sens

Le mot « politically » renvoie la fois à « policy », qui signifie « politique » au sens large, à la fois « pratique concertée d'un État » (comme dans « politique publique » ou « politique de la terre brûlée »), règles sociales (comme dans « police des mœurs ») et règles formelles ou légales applicables à l'usage d'un certain objet (cf. la partie « policy » des modes d'emploi en anglais), et à « politics » qui équivaut au sens restreint de « politique » du français contemporain, « qui concerne les affaires publiques et le gouvernement ». Inversement, les mots « correct », « correctness » ont, dans leur usage courant, un sens plus restreint et se traduiraient mieux par « exact », « exactitude ».

D'un point de vue linguistique, on peut dire qu'en français les expressions « politiquement correct » et « correction politique » n'ont pas beaucoup de sens (sinon précisément pour un linguiste), en raison de la restriction d'usage du terme « politique » et l'affaiblissement de sens du terme « police », « policé», qui n'est plus que rarement utilisé comme synonyme de « civilité » en tant que substantif et, comme adjectif ou substantif, figure surtout dans des expressions figées (« police des mœurs », « mœurs policées », « langage policé »). En français contemporain le terme « politiquement » n'est associé, dans son usage courant, qu'à la politique comme instrument de gouvernement.

Cette différence fait que la compréhension de l'expression est très différente pour un anglophone ou un francophone : pour le premier elle désigne généralement une manière de s'exprimer socialement admissible, alors qu'en français elle a plutôt le sens de discours politique normatif et élusif, qu'on nommait auparavant « langue de bois ».

[modifier] Usages

Au moment de son acclimatation dans le français, l'expression visait à pointer les mêmes objets que dans son usage aux États-Unis, c'est-à-dire un certaine « police du langage » et un abus de périphrases euphémisantes. Avec ce problème, hors Amérique du nord, d'une part qu'on ne constatait pas une telle police du langage, de l'autre que l'usage et parfois l'abus de périphrases, d'euphémismes et de litotes n'y était l'apanage d'aucun groupe facilement identifiable.

En France notamment, au-delà des orientations politiques l'essentiel du personnel politique (élus nationaux, dirigeants de partis, gouvernants, membres de cabinets, assistants parlementaires, conseillers politiques) et des hauts fonctionnaires a une formation similaire (ENA, Polytechnique, IEP de Paris) et des parcours très semblables (grands corps de l'État et haute administration, Cour des comptes, Conseil d'État), ce qui fait que l'on pouvait difficilement, au début des années 1990, utiliser l'expression dans les applications dans lesquelles on en faisait usage aux États-Unis, un instrument de disqualification de groupes aux positions politiques et sociales antagonistes à celles de ses utilisateurs, et dénoncés comme des « purificateurs linguistiques » et des « policiers des mœurs ».

Avec le temps, l'expression a pris une autre acception, hors Amérique du nord, devenant donc l'équivalent de celle plus ancienne de « langue de bois » : un discours à base de circonlocutions, de périphrases, d'euphémismes et d'expressions figées, selon la technique dénommée communément « noyer le poisson ».

[modifier] Applications de l'expression

[modifier] Généralités

Au XXIe siècle, l'expression est devenue d'usage beaucoup plus courant, mais avec des contrastes selon les pays. Pour prendre les quatre principaux pays francophones,

  • en Belgique et en France, l'absence à la fois de groupes politiques et idéologiques d'orientation libérale ou conservatrice qui soient organisés et importants, et d'organisations ou de groupes de pression tendant à promouvoir la « correction politique » qui aient une base sociale, politique ou universitaire forte, fait que dans ces deux pays son usage comme instrument politique de dénigrement de groupes adverses reste assez marginal et d'une faible efficacité ; son usage le plus courant y est plutôt une mise en cause de certaines élites et la dénonciation d'une tendance, réelle ou supposée, des administrations à jargonner, à abuser d'une langue hermétique et souvent creuse ;
  • au Canada, qui a une proximité culturelle et une structuration des groupes politiques plus convergentes avec les États-Unis, l'usage et la fonction de l'expression y correspondent beaucoup plus, tenant compte, pour le Québec, des différences d'acception évoquées plus haut ;
  • la Suisse enfin est dans une situation intermédiaire : si l'on y trouve des groupes politiques d'orientation libérale conservatrice plus structurés qu'en France et en Belgique, on n'y voit en revanche pas de tendance à la « correction politique », ce qui fait que l'usage de dénigrement politique y est plus diffusé, mais que ce discours n'a pas de cible clairement identifiable.

[modifier] L'expression en France

Le concept existait avant le mot. Il avait été stigmatisé par l'académicien Robert Beauvais qui lui donnait le nom d'hexagonal dans son livre à succès L'hexagonal tel qu'on le parle (1970).

Comme le remarquait Philippe Mangeot en 1997, il y eut un renversement lors du déplacement transatlantique de l'expression. Aux États-Unis, à l'origine elle visait en priorité les universitaires qui se réclamaient de philosophes et sociologues français représentants de la fameuse bien qu'introuvable « French theory » (qui, comme son nom ne l'indique pas, est une expression française à usage local), et qui inventèrent de nouvelles disciplines (cultural studies, gender studies) ou de nouveaux concepts (telle la « queer theory ») ; selon Mangeot, une des contemptrices de ces universitaires, Camille Paglia, aurait déclaré (ou écrit) qu’« il fallait que l’Amérique (…) cesse de "baiser le derrière des Français" ». Arrivée en France, elle désigna tout au contraire des comportements ou discours supposés venir tout droit des États-Unis.

Cette inversion n'est pas si curieuse, en ce sens que ce qui est considéré comme anormal et contraire aux mœurs est très souvent ressenti comme « venant d'ailleurs », étrange donc « étranger » ou « cosmopolite », ou venant de groupes (classe sociale ou classe d'âge) différents de ceux auxquels le contempteur se rattache. Comme l'écrit encore Philippe Mangeot, « En filigrane de la querelle du pc [il y a] un chauvinisme intellectuel, le spectre d’une invasion qui aurait déjà eu lieu ».

[modifier] Évolution

À son introduction en France, l'expression n'a pas rencontré un grand succès, pour plusieurs raisons, surtout d'ordre social, culturel et politique, en plus de son manque de motivation (linguistique) :

  • Absence de groupes puissants et organisés susceptibles d'obliger les autorités à mettre en œuvre la « correction politique » ;
  • Réticence initiale quasi systématique à accepter une notion nouvelle si elle paraît directement importée des États-Unis, d'autant plus si elle est considérée comme venant des milieux conservateurs de ce pays ;
  • Absence de relais politiques, sociaux, intellectuels et médiatiques suffisants et suffisamment audibles pour imposer cette notion dans le débat public ;
  • Contexte défavorable à tout discours semblant mettre en doute la pertinence des politiques publiques en matière de lutte, par l'action ou par le verbe, contre le racisme, le sexisme, les discriminations de tous ordres, les atteintes aux droits de l'homme, etc., bref, tout ce que semblaient viser les promoteurs du « politiquement correct » ;
  • En sens inverse, plus grande tolérance qu'en Amérique du Nord, quels que soient les groupes considérés (« conservateurs », « libéraux » ou autres), à des discours « politiquement incorrects », considérés dans ces années-là comme représentatifs de « l'esprit français » ;
  • Fait (évoqué plus haut) que les élites intellectuelles, politiques et administratives ont une trop grande proximité, quelles que soient leurs options politiques, pour qu'on note un écart assez significatif entre les discours « libéral » et « conservateur » pour qu'apparaisse pertinente une opposition de type « politiquement correcte ».

Ces éléments, entre autres, expliquent l'insuccès initial de la notion dans ce pays. Une décennie plus tard, au tournant des XXe et XXIe siècles, plusieurs évolutions ont modifié cette situation.

Le premier changement est l'acception de l'expression, qui en se détachant de son calque anglo-saxon pour devenir un équivalent de « langue de bois », l'a remplacé peu à peu dans le débat public : en 2006 l'emploi de « langue de bois » et de « politiquement correct » ont à peu près la même fréquence. Son emploi ne s'applique donc plus aux seuls changements langagiers d'ordre normatif mais à toute situation où un locuteur déploie un discours alambiqué et peu consistant en abusant de périphrases euphémisantes. Ce changement d'acception a facilité l'emploi de l'expression puisqu'elle pouvait s'appliquer à beaucoup plus de discours publics.

Une autre raison, liée en partie à la précédente, est linguistique : sauf abandon rapide, une expression ou un mot nouveaux finissent par trouver leur usage, parfois en un tout autre sens voire à l'inverse de son emploi initial ; « politiquement correct » continuant à figurer, au moins comme citation, dans le débat public, devait par nécessité finir par trouver sa place dans la langue. Une principale raison du maintien initial de son emploi en France est la persistance de son utilisation dans le débat public des États-Unis, ce qui fait que l'on mentionnait régulièrement l'expression en parlant de l'état de ce débat public.

Son manque de motivation linguistique permet aussi, paradoxalement, de l'employer dans des contextes et pour viser des discours beaucoup plus variés que dans son acception initiale : comme il est difficile à un locuteur français de lui attribuer un sens précis et consistant, l'expression sert à qualifier tout discours de compréhension difficile ou très précautionneux en rapport à « la politique », ou toute expression périphrastique qui échappe à la compréhension de l'auditeur.

Contrairement à son usage en Amérique du Nord, en France l'expression ne vise pas des discours concernant un ensemble bien délimité (pour reprendre la liste de l'article anglographe : droits des homosexuels, féminisme, multiculturalisme et mouvement pour les droits des handicapés) et désigne plutôt l'usage de périphrases dont le sens est difficilement perceptible, un exemple connu étant celui invoqué par Claude Allègre[1],

« Il faut toujours garder en cohérence le système de coordonnées personnelles avec le référentiel bondissant »

habituellement traduite en :

« Il faut toujours savoir où est le ballon »

Cette phrase, souvent prise comme exemple de « politiquement correct », sort nettement de la catégorie si l'on considère l'acception et l'usage états-uniens et illustre que son usage en France ne correspond pas à celui d'outre-Atlantique. Cet usage sera étudié dans la section suivante.

Autre cause de plus grande occurrence, une évolution commune aux démocraties les plus anciennes, dont celles d'Europe occidentale et d'Amérique du nord : une attention accrue aux inégalités sociales, aux « minorités »[2] et plus généralement aux personnes considérées comme vivant une situation défavorable.

Cette évolution est liée à un changement plus global des sociétés développées à caractère démocratique, qu'on peut probablement relier aux bouleversements géopolitiques du milieu de la décennie 1980, et qu'on peut catégoriser comme une sensibilité accrue aux situations contraires aux droits de l'homme formels (de la Déclaration universelle) ou informels (toute situation ressentie comme une atteinte aux droits de l'homme, indépendamment des droits reconnus dans la Déclaration).

Ce mouvement, contesté par certains groupes ou personnes souvent en convergence idéologique avec les dénonciateurs du « politiquement correct », quand ce ne sont pas les mêmes, a donné lieu à un terme péjoratif à l'origine, le « droit de l'hommisme »[3].

Cependant, l'incidence de cette attention accrue aux personnes et groupes présumés être en situation défavorable est un certain gauchissement du langage, censé éviter de « choquer la sensibilité » de ces personnes, qui s'est notamment traduite, en France, par une multiplication de lois, règlements et directives visant à proscrire du débat public des expressions ou des discours présumés porter atteinte à ces personnes, ou à promouvoir des expressions ou des discours présumés leur porter réconfort. C'est le cas notamment d'un ensemble de lois qui, de la loi Gayssot du 13 juillet 1990 jusqu'à la loi (encore en discussion à la date de rédaction de cet article) visant à réprimer la négation du génocide arménien de 1915, en 2006, interviennent de manière négative (loi Gayssot) ou positive (loi Taubira du 10 mai 2001) sur la manière de faire ou enseigner l'histoire[4].

Cette évolution a eu pour effet que, tant par obligation légale que par conformisme, une inversion s'est produite dans les médias français au cours des trois derniers lustres : si au début de la décennie 1990 ceux-ci tendaient à tourner en dérision ce qui apparaissait « politiquement correct » (même si on ne qualifiait alors guère cela ainsi), au milieu de la décennie 2000 la tendance fut (et reste) plutôt à fustiger les propos considérés « politiquement incorrects » (même si on ne les qualifie presque jamais ainsi).

Cette tendance a donné une certaine légitimité aux intervenants dans le débat public français qui dénoncent une emprise du « politiquement correct » en France et notamment dans les médias. Dénonciation ne tenant pas compte du fait que, le plus souvent, elle est relayée par ces mêmes médias…

[modifier] Situation actuelle

Elle est contrastée. Par rapport au début de la décennie 1990, on constate une introduction, bien que limitée, de la « correction politique » en France, mais plutôt dans les discours diffusés par les médias que dans les structures publiques (Université, administration, gouvernement, justice, représentation nationale) et symétriquement une dénonciation plus importante - et plus audible - de cette tendance, mais on constate aussi qu'au plan de la vie sociale ordinaire, même si ces dernières années une large partie de la population a une plus grande sensibilité aux questions de discrimination et d'inégalités et une moindre tolérance aux discours discriminatoires (y compris sous la forme de l'humour ou de la plaisanterie), on ne constate pas une emprise très forte du « politiquement correct » ni de sa dénonciation.

En outre, le gauchissement de sens de l'expression et son emploi actuel font que, sauf parmi les groupes et personnes ayant une attitude militante de dénonciation du politiquement correct ou au contraire de l'usage de l'expression, son utilisation est limitée et de peu de portée, et sert à presque tous les groupes, quelles que soient leurs sensibilités politiques. Ses emplois informels courants correspondent généralement aux expressions «Noyer le poisson», «Tourner autour du pot», et autres expressions usuelles visant le fait de tergiverser, de « parler pour ne rien dire ».

L'exemple donné illustre assez l'état du débat en France : si on fait une recherche des occurrences de cette périphrase sur Internet, on constate plusieurs choses qui contredisent à la fois le discours sur la généralisation du politiquement correct en France et celui sur l'emprise accrue des contempteurs de ce politiquement correct :

  • La plus grande partie des occurrences de la périphrase se trouve sur des sites « anti-politiquement correct » ;
  • Une large partie des autres occurrences se trouve sur des pages de discussion d'enseignants sur la validité de la terminologie employée par les formateurs de l'Éducation nationale ;
  • Les rares occurrences d'emploi réel (non-citation) de l'expression se trouvent dans des documents à destination des formateurs, voire des formateurs de formateurs ;
  • Enfin, sur les autres sites s'intéressant aux jeux avec « référentiel rebondissant » le terme employé est « ballon », ces sites étant nettement plus nombreux que les premiers (dans un rapport de 1 à 30 000 environ).

On peut ajouter, dans le cas des emplois réels, que si cette formule est très jargonnante, à l'analyse « référentiel rebondissant » ne correspond pas à la « traduction » par “ballon” qu'en font ses détracteurs mais à une description technique qu'on peut paraphraser comme, « l'objet de référence qui va rebondir d'un joueur à l'autre ».

La limite de cet exemple est qu'il ne désigne pas proprement une formule politiquement correcte en un sens strict, mais pour d'autres exemples plus significatifs (les périphrases personne à défi spécifique ou à condition spécialisée pour désigner un handicapé mental, à besoins spécifiques pour un handicapé physique) on fera le même constat : usage réel très rare et à prétention technique, usage comme citation principalement par des anti-correction politique, utilisation majoritaire d'expressions habituelles compréhensibles, y compris celles à caractère euphémistique (par exemple, handicapé mental comme expression atténuée de débile mental).

Sans préjuger d'évolutions ultérieures on peut donc faire les constats suivants, concernant la situation actuelle en France :

  • Contrairement à la situation de la décennie précédente, il y a bien, en 2006, un débat autour de la question du politiquement correct ;
  • Ce débat concerne un nombre limité de personnes, chez les détracteurs du politiquement correct que chez les détracteurs ou défenseurs de l'emploi de l'expression ;
  • Il n'y a pas de défenseurs nombreux ou/et puissants, et organisés (de lobbies) d'une politique publique de type « politiquement correct » (et pas non plus, à strictement parler, de défenseurs organisés du « politiquement correct » en tant que notion définie et claire) ; mais,
  • Il y a un certain infléchissement du discours dans le débat public, en France comme ailleurs, qu'on peut qualifier de tendance au « politiquement correct » dans son acception restreinte (euphémisation du discours) ; enfin,
  • L'usage courant de l'expression diffère beaucoup de l'acception que lui donnent les groupes participant activement aux débats sur elle.

Le cas proprement français de la locution « politiquement correct » est ainsi assez comparable à celui d'autres termes d'origine anglo-saxonne en usage dans le débat public, et participant au départ de la classe des « faux-amis », mais qui par leur usage social et politique prennent un sens différent de leur acception anglo-saxonne.

L'exemple le plus évident est celui de « libéral », « libéralisme » : en Grande-Bretagne ou aux États-Unis, on différencie nettement l'usage du terme pour désigner une attitude sociale, une certaine approche de l'économie et un corps de doctrines politiques, qui ont trois acceptions inassimilables, alors qu'en France l'usage du terme dans le débat public équivaut le plus souvent à « conservateur anti-jacobin ». De même, l'usage et le sens français de « politiquement correct » n'ont que peu à voir, le plus souvent, avec ceux en vigueur en Amérique du nord.

[modifier] L'expression au Québec

Dans cette province l'usage préfère l'expression rectitude politique, qui est plus... "linguistiquement correcte", puisqu'il s'agit d'une traduction et non d'une simple translation mot-à-mot.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

Georges Lebouc : Parlez-vous le politiquement correct ? (Bruxelles, Racine, 2007).

[modifier] Notes et références

  1. Claude Allègre, Toute vérité est bonne à dire, éd. Robert Laffont, 2000
  2. Catégories dans laquelle beaucoup de discours incluent les femmes, ce qui est paradoxal, celles-ci formant la majorité des humains…
  3. L'indication « à l'origine » réfère au fait que depuis quelque temps, quand un interlocuteur les qualifie de « droits-de-l'hommistes » de manière péjorative, beaucoup de personnes reprennent l'argument de manière positive en assumant être partisanes des droits de l'homme, ou n'être pas « anti droits-de-l'hommistes ».
  4. Le termes « négative » et « positive » ne sont pas employés dans leur acception morale mais dans leur sens propre : la loi Gayssot vise à retirer des discours du débat public, alors que la loi Taubira vise à en ajouter.