Politique linguistique

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

On appelle politique linguistique, aménagement de la langue ou aménagement linguistique, toute politique conduite par un État ou une organisation internationale à propos d'une ou plusieurs langues parlées dans les territoires relevant de sa souveraineté, pour en modifier le corpus ou le statut, généralement pour en conforter l'usage, parfois pour en limiter l'expansion, ou même œuvrer à son éradication. L'emploi de la signalisation routière bilingue est sans doute le principal instrument symbolique de perception et d'institutionnalisation de la réalité bilingue d'un territoire.

Une politique linguistique peut consister à faire évoluer le corpus d'une langue en adoptant un système d'écriture, en fixant le vocabulaire par l'établissement de lexiques ou de dictionnaires, en arrêtant des règles grammaticales et orthographiques, en favorisant la création terminologique pour limiter les emprunts aux langues étrangères, etc.

Elle peut même aller jusqu'à recréer une langue dont l'usage s'était perdu, c'est la cas de l'hébreu en Israël.

Elle peut également consister à modifier le statut d'une langue, par exemple en la déclarant langue officielle ou en en faisant la langue unique de l'administration et de la justice.

Sommaire

[modifier] Politique implicite

Tous les états ont une politique linguistique, déclarée ou non. Ceux qui ne déclarent pas de politique linguistique officielle, comme c'est le cas aux USA, favorisent en fait la langue majoritaire, celle de l'état et de son administration, aux dépens d'autres langues.

Les politiques linguistiques prennent une importance particulière dans les États multilingues, qui sont parfois amenés à légiférer parfois dans le moindre détail. C'est notamment le cas en Belgique pour le néerlandais et le français. C'est aussi un sujet sensible dans nombre de pays, dont la France, face à l'hégémonie grandissante de l'anglais.

[modifier] Hostilité envers certaines langues : protectionnisme linguistique

Les politiques linguistiques prônent souvent la protection d'une ou de plusieurs langues. On est parfois proche du protectionnisme linguistique pour ce qui est de certaines mesures qui en France tendent à juguler la domination de l'anglais dans l'Hexagone (quota de chansons francophones de 40 % à la radio, loi Toubon, etc.).

[modifier] Hostilité envers les langues minoritaires en France

La France ne mène aucune politique linguistique contre les langues autochtones autres que le français, ni aucune en leur faveur: elle refuse simplement de les "reconnaître" et de leur donner un statut officiel.

  • Les Caisses d'Allocations Familiales refusent de verser des subventions
    • à des crèches en langue bretonne (Vannes)
    • à des centres d'accueils d'enfants bretonnants (Rennes)
  • Certaines langues régionales peuvent théoriquement néanmoins être choisies en LV2 (deuxième langue vivante étrangère) dans les établissements publics. Mais en fait l'enseignement n'existe pas, il n'est jamais proposé. On ne connait pas de section LV2 débutant, comme les langues étrangères, au niveau de la classe de 4è dans les collèges publics.
  • La LV3 ((troisième langue vivante étrangère) existe parfois, mais ne s'adresse pas aux élèves des sections scientifiques, économiques ou techniques.

[modifier] Droit et force

L'usage des langues régionales et de leur place face à une langue officielle dominante est un sujet parfois très sensible. Dans ce cas, la politique linguistique reflète souvent le rapport de force politique entre le pouvoir central et le pouvoir local : volonté de domination et d'assimilation en France, ou bien, à l'inverse, tendances à une autonomie de plus en plus large, comme en Catalogne.

[modifier] Types de politique linguistique

De nombreux pays mènent une politique linguistique, qu'elle soit officielle ou implicite.

  • Pas de statut officiel des langues minoritaires :
    • Algérie
    • États-Unis
    • France
    • Turquie
  • Statut officiel pour les langues minoritaires :
    • Royaume Uni
    • Russie
  • Bilinguisme ou plurilinguisme :
    • Biélorussie
    • Canada
    • Pakistan
    • Suisse
  • Politique de reconstruction d'une langue :
    • Israël

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • "La guerre des langues et les politiques linguistiques" de Louis-Jean Calvet.
Le plurilinguisme est inconsciemment perçu dans nos sociétés à travers le mythe de Babel. Le pluralisme linguistique, loin d'être compris comme une richesse, est vécu comme confusion des langues, châtiment divin qui met fin à la construction de la Tour, en faisant obstacle à la communication entre les peuples. Cet imaginaire est celui de linguistes qui tentent d'instaurer l'usage d'une langue unique dans les frontières des États ou d'inventer des langues universelles artificielles. Cette planification est ainsi la forme concrète de la politique linguistique. Si la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens, la politique linguistique est à l'inverse une forme civile de la guerre des langues. A partir d'enquêtes et d'études de cas, africains, latino-américains, européens et asiatiques, l'auteur analyse ici les enjeux de ces politiques et appelle au respect de la diversité linguistique.
Louis-Jean Calvet est professeur de sociolinguistique à Aix-en-Provence. Il est notamment l'auteur dans la collection " Pluriel " d'une Histoire de l'écriture.
  • "La Politique de la langue française" de Marie-Josée de Saint-Robert, Que sais-je?
L'analyse de l'intervention de l'État en France dans le domaine de la langue, montre comment une volonté politique se traduit en action et comment ont été gérés, depuis ces dernières décennies, les influences et les enjeux parfois contradictoires.
(Le texte se limite à la politique mise en œuvre en France depuis les années 1960.)