Politique de l'enfant unique

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Afin de contrôler la fécondité du pays, le gouvernement de la République populaire de Chine a lancé deux politiques majeures de contrôle des naissances : la politique du wan-xi-shao (littéralement «mariage tardif, naissances peu rapprochées et peu nombreuses »), lancée au début des années 1970 et la politique de l'enfant unique, mise en application en 1979[1].

La mise en place de la politique démographique extrême que l'on nomme la « politique de l'enfant unique » est quelque peu surprenante de premier abord. En effet, la fécondité chinoise a fortement chutée entre 1970 et 1978, passant de 5.75 à 2.75 enfant par femme[2] ce qui montre que la politique démographique précédente (wan-xi-shao) fut particulièrement efficace. Toutefois, en raison d'une fécondité particulièrement élevée lors des années pro-natalistes, la densité du nombre de femmes en âge de procréer va progresser jusqu'au début des années 1990[3] et la natalité va donc demeurer très élevée pendant encore plusieurs décennies.

L'origine de la Politique fait débat. Certain, dont Susanne Greenhalgh, sont d'avis qu'elle trouve ses racines dans la peur d'une surpopulation[4]. Mais, les projections sur lesquelles s'appuieraient ces peurs sont si grossièrement erronées qu'il est peu probable que des dirigeants puissent les prendre au sérieux. Dès lors, d'autres auteurs, notamment Pascal Rocha da Silva, avancent l'hypothèse que la Politique ait avant tout une motivation économique. En effet, elle est mise en place par Deng Xiaoping concomitamment avec les Quatre Modernisations. Celles-ci indiquent que la nouvelle légitimité de l'État chinois se trouve non plus dans le dogme mais dans l'amélioration concrète du niveau de vie. Limiter drastiquement le nombre d'enfants permet d'allouer les maigres ressources de l'état plus pleinement à la croissance économique. En 1995, l'état indique que tel est le but de la politique en ces termes : "le planning familial doit servir et être subordonné à la tâche centrale du développement économique". Une raison secondaire est que les Quatre Modernisations vont entraîner, de manière prévisible, une baisse de la supervision étatique des campagnes : il n'est dès lors plus possible de poursuivre la politique de wan-xi-shao, qui repose sur la structure de la période maoïste (qui permet de surveiller chacun en tout temps)[5].

Cependant, à la toute fin des années 1970, la République populaire de Chine, afin de limiter la croissance de sa population, a adopté une règlementation limitant le nombre d'enfant par couple à 1. Les minorités ethniques (à l'exception Zhuang, la première minorité ethnique de Chine) ne sont, dans un premier temps, pas concernées. En 1984, face à au constat que la Politique est insupportable pour les paysans, l'état publie le document 7. Cette préférence pour les garçons découle surtout du simple fait que les assurances sociales (et notamment vieillesse) sont quasi inexistantes à la campagne. Lors du mariage, l'épouse entre dans la famille de son mari et s'occupera de ses beaux-parents et non pas de ses parents biologiques.

Un bulletin d'information dans le village de Nonguang dans la province du Sichuan en septembre 2005 : 25.000 yuans sont dus au titre de « taxe de compensation sociale », 11.500 ont été collectées et 13.000 restent à payer.
Un bulletin d'information dans le village de Nonguang dans la province du Sichuan en septembre 2005 : 25.000 yuans sont dus au titre de « taxe de compensation sociale », 11.500 ont été collectées et 13.000 restent à payer.

Depuis 2002, le versement d'une somme de 510 euros (5000 yuans à rapporter au salaire moyen urbain de 1200 yuans) permet la naissance légale d'un deuxième enfant. Dans le cas de naissances illégales, des pénalités sont prévues : amendes et non délivrance du hukou, petit livret permettant, entre autres, la gratuité des transports, scolarité, etc. Un nombre inconnu d’enfants noirs - ou enfants cachés par les familles par peur de représailles - existe en RPC. D'autre part, les nouveaux riches chinois peuvent payer les amendes.

Toujours dans le but de ralentir l'accroissement naturel, la Constitution chinoise limite les mariages en imposant l'âge minimal de 22 ans pour les hommes et de 20 ans pour les femmes. En retardant la formation des foyers, elle espère réduire la période de fécondité.

Le respect des quotas ayant une incidence politique sur les responsables des cantons, certaines exactions auraient été observées dans ce sens, entraînant des stérilisations et des avortements forcés[6].

[modifier] Notes et références

  1. Evénements politiques et fécondité en Chine depuis 1950, Yves Blayo, Population (French Edition), 46e Année, No. 6, Hommage a Roland Pressat: Methodes et applications de l'analyse demographique (Nov. - Dec., 1991), pp. 1589-1615. doi:10.2307/1533527. Résumé
  2. Peng X., La fécondité chinoise : constats et perspectives, cf. Attané I., La Chine au seuil de XXIème siècle (éd.), 2002, INED, p. 61
  3. Banister J. & Hardee-Cleaveland, 1988, China Quarterly, p. 248
  4. Greenhalgh S., Missile science, population science : The origins of China's one'child population policy, june 2005, p. 253-276, China Quarterly, Vol. 182
  5. Pascal Rocha da Silva, La politique de l'enfant unique en République Populaire de Chine, 2006, Université de Genève, p. 22-28.
  6. Human Rights in China and Tibet

[modifier] Liens internes