Poème symphonique

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Un poème symphonique est un genre musical sans forme particulière, écrit pour un orchestre symphonique, et inspiré par un sujet littéraire, philosophique ou descriptif.

Sommaire

[modifier] Définition

C'est une composition orchestrale, généralement en un seul mouvement, de forme libre, inspirée par une idée extra-musicale poétique ou descriptive, très en vogue au XIXe siècle. Le poème symphonique ressortit de ce qu'on a appelé musique à programme au XIXe siècle. Il convient toutefois d'établir une distinction entre la symphonie à programme et le poème symphonique proprement dit, appelé Sinfonische Dichtung ou encore Tondichtung (littéralement « poésie sonore ») dans la tradition germanique. La principale différence réside en ce que le poème symphonique se veut plus narratif que la symphonie à programme, qui le plus souvent obéit au découpage traditionnel du genre symphonie.

La Symphonie Fantastique et Harold en Italie de Hector Berlioz, la Sinfonia Domestica et Une Symphonie Alpestre de Richard Strauss, sont par exemple des symphonies à programme et non des poèmes symphoniques.

[modifier] Principaux représentants

En Allemagne, ce sont essentiellement Franz Liszt et son cercle de Weimar qui se firent les ardents défenseurs de la musique à programme — héritiers en cela des conceptions berlioziennes — et donc du poème symphonique.

Si les deux grands représentants du poème symphonique en Allemagne furent Franz Liszt (13 poèmes symphoniques, parmi lesquels Mazeppa, Prométhée, Hamlet, etc.) et Richard Strauss (Don Juan, Ainsi parlait Zarathoustra, Don Quichotte, etc.), ce genre musical connu un destin lié à sa nature, subissant les attaques des défenseurs de la musique pure, en tout premier lieu du critique viennois Edouard Hanslick, ennemi juré de Richard Wagner (et dépeint sous les traits de Beckmesser dans Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg).

Le poème symphonique se fit souvent — notamment dans les pays de culture nordique ou slave — le vecteur d'une pensée nationaliste en musique (Jean Sibelius, Finlandia; Bedřich Smetana, La Moldau) ou de fantasmes orientalisants (Nikolaï Rimski-Korsakov, Shéhérazade).

Mais il a aussi été une forme d'expression de conceptions visionnaires du langage musical, introduites justement par une volonté descriptive, pour Sibelius toujours, qui y incorpora la voix dans Luonnotar, et pour des compositeurs comme Modeste Moussorgski dans Une nuit sur le mont Chauve ou encore, bien plus tard, un Georges Enesco avec sa Suite villageoise et surtout Vox maris. Sergueï Rachmaninov portera le genre à un sommet, lorsque celui-ci commencera à décliner, avec son Île des morts.

Le poème symphonique a aussi connu une existence réussie en France, en particulier grâce à Camille Saint-Saëns et ses 4 poèmes (dont "Phaéton" ou "Le Rouet d'Omphale"). Au XXe siècle, La Mer de Claude Debussy se rattache aussi au genre du poème symphonique.

[modifier] Déclin et renouveau

Le poème symphonique paraît néanmoins tomber en une rélative désuétude après la Première Guerre mondiale, à l'exception de quelques cas isolés (supra) mais non-secondaires. Dans l'ensemble, les compositeurs français lui préférent le ballet ; tandis qu'il revient à Darius Milhaud de revendiquer la fusion des deux genres avec son "poème plastique" L' Homme et son désir. Simultanément, l'esthétique de la Nouvelle Objectivité conquiert l'Allemagne. On peut dire que le poème symphonique décline en raison du désintérêt pour le grand orchestre post-wagnérien et d'une volonté générale de libérer la musique instrumentale de l'élément littéraire.

Aujourd'hui, si, pour certains, ce genre musical perdurerait sous une forme renouvelée dans la musique de jeu vidéo, il faut surtout constater un regain d'intérêt de la part de compositeurs contemporains qui ont à leur actif des poèmes symphoniques (Forbidden Prelude de Drakengard II ou Hope de Final Fantasy XII).

[modifier] Voir aussi

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