Plan jaune

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La "plan jaune" était la référence allemande pour le plan d'invasion de la Belgique, des Pays-Bas et du Luxembourg lors de la seconde guerre mondiale. Il fut exécuté du 10 au 28 mai 1940. Ses origines sont encore controversées, mais on en attribue la paternité à von Manstein (base d'une manoeuvre de Cannes, améliorée en collaboration avec Heinz Guderian par l'usage du tandem chars/avions). Ce plan audacieux enthousiasma Hitler qui confia la rédaction de l'ordre correspondant à l'OKW (Oberkommando der Wehrmacht, commandé par von Brauschitz et dont Halder était chef d'état-major).

Ce plan prévoyait trois axes de progression, et a donné naissance à un ordre opérationnel selon les modalités suivantes:

Sur l'axe nord, le groupe d'armées B de von Bock devait réaliser une réédition partielle du plan de 1914 (Schlieffen-Moltke) afin d'induire les démocraties occidentales en erreur, et les amener à porter leurs forces au nord du théatre opérationnel. Il était également responsable de l'invasion des Pays-Bas.

Au centre, le groupe d'armées A de von Rundstedt, qui disposait de la majorité des troupes blindées: 7 divisions blindées sur les 10 mises en oeuvre, était responsable de l'effort principal. Il devait réaliser une percée sur un front étroit dans les Ardennes belges et françaises afin de traverser la Meuse en trois endroits: Sedan (Guderian), Monthermé (Reinhardt) et Dinant (Hoth).

Au sud, le groupe d'armée C de von Leeb se trouvait en position statique face à la Ligne Maginot, avec pour objectif de fixer les troupes françaises par des attaques ponctuelles et limitées.

Le tout devait être couvert par la Luftwaffe de Goering. Elle devait, dans un premier temps, appuyer l'avancée du groupe d'armée B pour parfaire l'illusion de l'effort principal au nord, et empêcher toute reconnaissance aérienne au-dessus des Ardennes; dans un deuxième temps, une fois le groupe d'armées A prêt à franchir la Meuse, elle devait porter toutes ses forces au centre afin d'appuyer les franchissements.

Enfin, des détachements aéroportés (parachutistes et planneurs) devaient assurer une série de missions spéciales: prises de ponts importants, prise du fort d'Eben-Emael.

L'opération connut un démarrage assez mitigé. Les actions spéciales au nord: la prise du fort d'Eben-Emael et les ponts du canal Albert ont été couronnées de succès, ainsi que la pénétration aux Pays-Bas; mais le groupe d'armée A a connu un début d'opération chaotique (le 12 mai à 06h30, d'importantes formations se trouvaient encore en Allemagne à cause d'embouteillages-monstres des troupes allemandes dans les Ardennes).

Néanmoins, alors que la traversée de la Meuse devait avoir lieu au plus tard le 14 mai, Rommel avait déjà fait traverser la Meuse au sud de Houx (région de Dinant) par un petit détachement le 12 mai au soir, et Guderian franchissait la Meuse à Sedan au cours de la journée du 13 mai.

L'exécution survécut également aux deux Haltbefehl ordonnés par Hitler et aux contre-offensives (souvent avortées ou amputées) des troupes britanniques et françaises (Moncornet, Arras). La continuité et la réussite de l'opération durent beaucoup à l'audace et à la vivacité de commandants sur le terrain dont Rommel et Guderian.

L'opération prit fin le 15 mai aux Pays-Bas et le 28 mai en Belgique après la reddition acceptée par le roi Léopold III. Des dates de début et de fin, cette campagne porte le nom de "campagne des dix-huits jours".

Après la bataille de Dunkerke (opération Dynamo) et une brêve réorganisation, les troupes allemandes devaient entreprendre l'invasion de la France suivant le plan rouge (Fall rot).

Fall Gelb, l'autre plan jaune concocté par Manstein à la veille de la bataille de France.
Fall Gelb, l'autre plan jaune concocté par Manstein à la veille de la bataille de France.

[modifier] Voir aussi


Bibliographie:

  • FRIESER, Karl-Heinz, Le Mythe de la Guerre-Eclair. La campagne de l'Ouest de 1940, Paris, 2003.
    • en allemand: FRIESER, Karl-Heinz, Blitzkrieg-Legende. Der Westfeldzug 1940, Munich, 1995.
  • La guerre éclair. Les Allemands submergent l'Europe, Genêve, 1981.
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