Piotr Stolypine

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Piotr Stolypine
Piotr Stolypine

Piotr Arkadiévitch Stolypine (russe : Пётр Арка́дьевич Столы́пин), né le 14 avril (2 avril selon le calendrier julien) 1862, mort le 14 septembre (1er septembre selon le calendrier julien) 1911, a été le Premier ministre de Nicolas II de 1906 à 1911. Il est resté dans l'histoire pour avoir essayé de lutter contre les groupes révolutionnaires et mettre en place une réforme agraire.

D'une famille noble provinciale, qui possédait des biens dans la province de Grodno (aujourd’hui en Biélorussie), apparentée au général Souvorov, il se rattachait également, par son père, au poète Mikhail Lermontov. Au moment de sa naissance, à Baden-Baden, son père représentait la Russie auprès du grand-duc de Bade. Il reçut une bonne éducation et entra au service de l’État, ce qui était une tradition familiale. Il se maria avec Olga Borisovna Nejgart, ancienne fiancée de son frère aîné Michail, qui était mort après un duel et, sur son lit de mort, lui avait recommandé de s’occuper d’elle. Ils devaient avoir cinq filles et un fils.

Sommaire

[modifier] Parcours politique

En 1905 il fut nommé gouverneur de la province de Saratov et la manière énergique dont il parvint à maintenir l’ordre en 1905, l’année de la Révolution, attirèrent sur lui l’attention du tsar. Il fut d'abord nommé ministre de l'Intérieur par le Premier ministre Ivan Goremykine et, quelques mois plus tard, Nicolas II le choisit pour remplacer Goremykine.

La Russie en 1906 était en proie à des troubles révolutionnaires et le mécontentement était grand dans la population. Les organisations de gauche menaient des campagnes contre l'autocratie et bénéficiaient d'un large soutien ; partout en Russie, les fonctionnaires de la police et les bureaucrates étaient assassinés. En août 1906 il y eut une grande explosion dans sa datcha, située dans un faubourg de Saint-Pétersbourg, elle fit vingt-sept morts et de nombreux blessés, parmi lesquels le fils de Stolypine et une de ses filles. Pour répondre à ces attaques Stolypine constitua un système de tribunaux militaires qui jugeaient de façon expéditive tout rebelle qui se voyait accuser. Si l'accusé était condamné à mort, comme cela arrivait souvent, la sentence était exécutée le jour même. Des milliers de révolutionnaires russes furent tués ainsi sous le système de Stolypine et le gibet reçut même le surnom de cravate de Stolypine.

À la suite de la Révolution de 1905, Nicolas II avait concédé la création d’un parlement, la Douma, mais elle comptait parmi ses membres un grand nombre de révolutionnaires radicaux, qui ne manifestaient aucune bonne volonté pour collaborer avec le gouvernement et demandaient une réforme foncière. Stolypine fit dissoudre cette première Douma le 22 juillet (9 juillet) 1906. Pour aider à étouffer la contestation il voulut toutefois faire disparaître certaines des causes de mécontentement dans la paysannerie. C'est ainsi qu'il présenta des réformes foncières importantes ; il essaya également d'améliorer la vie des ouvriers des villes et il s'efforça d'accroître le pouvoir des collectivités locales.

Les opinions sur l'œuvre de Stolypine sont très divisées. Dans l'atmosphère de désordre qui régnait après la Révolution de 1905 il dut mater la révolte violente et l'anarchie. Sa réforme agraire contenait cependant beaucoup de promesses. Le mot de Stolypine que c'était un « pari sur la force » a été souvent dénaturé et de façon injuste. Stolypine et ses collaborateurs (au premier rang desquels il faudrait mentionner son ministre de l'agriculture Alexandre Krivoshein et l'agronome danois Andrei Andreievitch Køfød) essayèrent de donner au plus possible de paysans une chance de sortir de la pauvreté, en promouvant le remembrement, en offrant un système bancaire aux paysans, en encourageant l'émigration des régions occidentales surpeuplées vers les terres vierges du Kazakhstan et de la Sibérie du Sud.

Comme la deuxième Douma ne se montrait pas mieux disposée que la première, Stolypine la fit dissoudre et, en juin 1907, il changea le mode d’élection. Son but était de créer une classe de paysans riches modérés (les Koulaks), qui serait des partisans de l'ordre dans la société. (Voir l'article la Réforme de Stolypine, en anglais).

Au printemps 1911 Stolypine présenta un projet de loi dont l'échec entraîna sa démission. Il proposait d'étendre le système des zemstvos aux provinces du sud-ouest de la Russie. Il fut tout de suite critiqué et n'obtint qu'une majorité étroite, et ses ennemis acharnés finirent par l'emporter. Dans son irritation, il démissionna comme Premier ministre de la troisième Douma.

Lénine craignait que Stolypine pût réussir à aider la Russie à éviter une révolution violente. Beaucoup d'hommes politiques allemands redoutaient qu'une transformation économique réussie de la Russie sapât en une génération l'hégémonie allemande en Europe. Certains historiens pensent que les dirigeants allemands en 1914 ont voulu provoquer une guerre contre la Russie tsariste, pour la vaincre avant qu'elle devînt trop puissante. Cependant le Tsar n'apportait pas à Stolypine un soutien sans réserve. En fait, on croit que sa position à la Cour était déjà sérieusement ébranlée alors qu'il fut victime d'un attentat mortel en 1911.

Les réformes de Stolypine ne survécurent pas au tourbillon de la Première Guerre mondiale, de la Révolution d'octobre et de la Guerre civile en Russie.

Stolypine avait changé la composition de la Douma pour essayer de la rendre mieux disposée à accepter la législation proposée par le gouvernement. Après la dissolution de la Deuxième Douma en juin de 1907, il modifia le système de vote pour favoriser la noblesse et les riches, en réduisant l'importance des classes inférieures. Une telle réforme influença les élections à la troisième Douma dont les membres, beaucoup plus conservateurs, étaient plus disposés à coopérer avec le gouvernement.

Le 14 septembre (1er septembre) 1911, Stolypine essuya un coup de feu tiré par un radical de gauche, Dmitri Bogrov, alors qu'il assistait à une représentation à l'opéra de Kiev en présence du Tsar et de sa famille. Il mourut quatre jours plus tard.

[modifier] Stolypine et l'antisémitisme

On trouvera sur un site en russe[1] des renseignements intéressants sur cette question. On sait peu que, dès la première année de ses hautes fonctions, en octobre 1906, Stolypine voulut proposer au Tsar des mesures d'un libéralisme prudent pour lever certaines restrictions qui pesaient sur les juifs ; il y travailla pendant deux mois avec ses ministres avant de proposer les mesures au début de décembre. Le 10 décembre Nicolas II lui répondit qu'il rejetait ses propositions en disant : « Jusqu'ici ma conscience ne m'a jamais trompé. C'est pourquoi, encore une fois, j'ai l'intention de suivre ce qu'elle m'ordonne. » En insistant respectueusement Stolypine finit par arracher un consentement du bout de lèvres ; l'affaire fut renvoyée à la Douma, mais aucune des trois Doumas ne trouva le temps de l'examiner, et le Tsar se garda bien de les y obliger.

[modifier] Sources

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Pyotr Stolypin ».
  • (nl) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en néerlandais intitulé « Pjotr Stolypin ».

[modifier] Notes et références

  1. Столыпин и еврейский вопрос (Stolypine et la question juive). En cliquant sur Скачать главу книги au bas de la page on téléchargera le texte au format doc.