Palestiniens

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Portrait d'une famille palestiniens datant de 1900
Portrait d'une famille palestiniens datant de 1900

Les Palestiniens désignent aujourd'hui un peuple arabophone établi principalement dans la région géographique de la Palestine (plus précisément dans les Territoires palestiniens et en Israël), et qui compte également une diaspora palestinienne dispersée dans le monde arabo-musulman, particulièrement en Jordanie, ainsi que dans différents pays du monde.

L'identité du "peuple palestinien" s'est affirmée progressivement depuis le début du XXe siècle, et s'est essentiellement précisée au cours du conflit israélo-arabe, à mesure que celui-ci se poursuivait sous la forme d'un conflit israélo-palestinien. Ils revendiquent aujourd'hui un État indépendant.

Sommaire

[modifier] Terminologie

Jusqu'aux alentours de 1968, le terme de "Palestiniens" était encore communément utilisé pour désigner tous ceux qui habitaient la Palestine du mandat britannique avant l'immigration du "nouveau Yichouv juif" au XXe siècle ainsi que leurs descendants, quelles que soient leurs origines juives (voir l'article Sabra), arabes ou autres et quelles que soient leurs religions. Toutefois, après la création de l'État d'Israël en 1948, la plupart des Juifs de la "Terre d'Israël" cessèrent progressivement de se définir comme "Palestiniens". Ce terme s'est précisé pour exclure progressivement toutes les populations juives vivant dans le territoire de l'ancien mandat britannique, à mesure que les revendications nationalistes des Arabes de Palestine se sont exprimées.

Aujourd'hui, selon les acceptions, certains excluent aussi les Arabes de nationalité israélienne en particulier, tandis que d'autres continuent à les appeler "Palestiniens". L'usage du terme alterne donc en fonction du contexte et de l'époque, entre une signification d'appartenance à une région ou à une "ethnie".

Il est prévu que la Constitution "palestinienne" en cours d'élaboration, qui devrait s'appliquer dans le cas de la création d'un État palestinien, définisse légalement la citoyenneté palestinienne lorsque celle-ci aura un sens.

[modifier] Langue

  • L'arabe palestinien, variante de l'arabe, est le dialecte le plus répandu parmi les Palestiniens. Le signe distinctif de ce dialecte est la prononciation très particulière de la lettre 'qaaf'.

[modifier] Origines et identité palestinienne

Les origines de la population palestinienne sont nombreuses car les brassages de populations ayant vécu en Palestine furent multiples.

Certains voyageurs européens en Palestine (comme Mark Twain en 1867) rapportèrent des témoignages d'une région largement sous-peuplée. Selon cette approche défendue notamment par le professeur Alan Dershowitz, les immigrations juives du XIXe et du début du XXe siècle favorisèrent l'arrivée et l'installation de nouvelles populations arabes des régions voisines vers la Palestine. Au contraire, de nombreux historiens développent l'idée qu'un peuple palestinien était déjà constitué avant 1880 et a été déraciné par les immigrations sionistes. L'agriculture constituait d'ailleurs l'une des principales ressources du peuple palestinien, comme en témoigne la politique continue d'achat des terres agricoles palestiniennes pendant toute la première moitiè du XXe siècle par les organisations sionistes (cf le un Fonds national juif pour l'achat de terres agricoles en Palestine créé à l'initiative de Chaïm Weizmann). Malgré les exagérations de rigueur sur un sujet aussi controversé, il semble que la thèse d'un peuple palestinien déjà constitué corresponde plus à la réalité que les fantasmes d'une "terre sans peuple" défendue par les théoriciens sionistes  : expliquer l'accroissement de la population palestinienne après 1880 (certaines estimations évaluent la population globale de la Palestine (toutes origines confondues) aux environs de 500 000 âmes avant 1880) par la simple installation de populations arabes (notamment nomades) du Moyen-Orient qui auraient été attirées par les "opportunités" offertes par l'immigration juive (d'autant qu'aucune frontière n'existait entre les deux rives du Jourdain), c'est oublier que la constitution du Yishouv (la communauté juive autonome) sioniste excluait pour des raisons à la fois nationales (la volonté de ne dépendre que de soi-même) et idéologiques (certains socialistes refusant de transformer le sionisme en un colonialisme d'exploitation, à l'instar des principaux colonialismes de l'époque) le recours à la main-d'œuvre indigène. Tel était d'ailleurs le sens du slogan "Avoda Ivrit" : Travail hébreu.

D’après l’historien Shlomo Sand « les véritables descendants des habitants du royaume de Judée sont les Palestiniens » [1].

[modifier] Formation de l'identité nationale

Les identités arabes se sont affirmées, dans toute la région, comme une réaction au nationalisme ottoman puis au colonialisme européen. L'un des premiers journaux "palestiniens", le Filastin fondé en 1911 par Issa al-Issa, s'adressait à ses lecteurs en utilisant le terme de « Palestiniens » [1].

Toutefois, les premiers projets d'instauration d'« État palestinien » furent rejetés par les Arabes de Palestine qui se considéraient majoritairement comme une sous-partie de la Syrie jusqu'en 1920. Des conflits entre nationalistes palestiniens et différents groupes nationalistes pan-arabes se poursuivirent pendant le mandat britannique sur la Palestine. Ces derniers perdirent progressivement de leur importance. En 1937, il n'y avait plus qu'un seul groupe qui exprimait le souhait de se fondre dans une super-entité arabe. Le port du Keffieh par les nationalistes palestiniens s'est imposé pendant le mandat britannique.

Toutefois, le sentiment national palestinien ne s'est véritablement exacerbé dans la population qu'à partir de la guerre des Six Jours de 1967, en réaction à la conquête israélienne des 22% de la Palestine historique non conquis en 1948 et administrés par la Jordanie et l'Égypte depuis 1949. Les habitants de ces territoires partageaient désormais des problèmes et des intérêts communs, qui n'étaient pas ceux des autres pays arabes voisins. Le 4 février 1960, la nationalité jordanienne est accordée aux palestiniens [2]. Cette affirmation tardive d'un sentiment national palestinien (aux dépens d'un nationalisme arabe régional) a participé au refus de certains Israéliens de considérer la cause palestinienne, comme le montre notamment la citation de Golda Meir au Sunday Times en juin 1969 : "There was no such thing as Palestinians. It was not as though there was a Palestinian people in Palestine considering itself as a Palestinian people and we came and threw them out and took their country from them. They did not exist (Les Palestiniens n'existaient pas. Ce n'est pas comme s'il y avait des Palestiniens en Palestine se considérant comme Palestiniens, que nous avons expulsé et à qui nous avons volé leur pays. Ils n'existaient pas)"

L'expression d'un pan-arabisme des Arabes de Palestine a continué à s'exprimer officiellement de temps en temps dans la bouche de certains leaders arabes comme Zuhayr Muhsin, dirigeant d'une faction palestinienne pro-syrienne et représentant à l'OLP, qui affirmait en 1977 qu'il n'y avait « aucune différence entre les Arabes de Syrie, de Palestine ou du Liban » et que ça n'était que pour des « raisons politiques que nous insistons sur l'identité palestinienne ». De telles opinions se sont aussi exprimées en Jordanie où le pouvoir minimisait les différences entre Palestiniens et Jordaniens, pour des raisons de politique intérieure. Toutefois, la plupart des organisations orientaient leur « combat » dans le sens d'un nationalisme palestinien qui a continué à se développer.

En 1977, l'Assemblée générale des Nations unies a créé un « jour international de solidarité avec le peuple palestinien », fixé à la date du 29 novembre.

[modifier] La cause palestinienne

[modifier] Démographie

En 1944, on comptait 1 363 387 arabes chrétiens et musulmans en Palestine.

Une grande partie des Palestiniens vivent aujourd'hui dans les frontières de la Palestine sous mandat britannique. Pourtant, plus de la moitié vit en exil. Il est très difficile de tenir des statistiques sur la population palestinienne à travers le monde.

La "Palestinian Academic Society for the Study of International Affairs" a pourtant établi les estimations suivantes en 2001 :

Pays Population
Cisjordanie 2,300,000
Gaza 1,400,000
Israël 1,213,000
Jordanie 2,598,000
Liban 388,000
Syrie 395,000
Chili 310,000
Arabie saoudite 287,000
États du Golfe 152,000
Égypte 58,000
Autres pays arabes 113,000
continent américain 316,000
Autres pays 275,000
TOTAL 9,395,000
  • Remarque : La population palestinienne de Jérusalem-Est, autour de 200 000 habitants, peut avoir été comptée deux fois (en Cisjordanie et en Israël).

On estime encore que 50 à 80% des habitants de Jordanie sont palestiniens. Le Bureau central des statistiques palestiniens annonce en 2003 une estimation de 9,6 millions de Palestiniens dans le monde.

[modifier] Hors de Palestine

Voir l'article détaillé Diaspora palestinienne

[modifier] Réfugiés palestiniens

Voir l'article détaillé Réfugiés palestiniens

[modifier] Représentation politique

Voir les articles détaillés Autorité palestinienne, Politique palestinienne, Palestine (État revendiqué) et OLP

[modifier] Économie

Pour un article complet, voir Économie en Palestine

Durant les années 1994 à 2000, selon un rapport du FMI, l'économie palestinienne a augmenté sur un rythme de 9,28 % par an, et les investissements de 150 %, ce qui en fait l'un des taux de développement les plus rapides au monde lors de cette période. De 1994 à 2001, l'Union européenne a financé dans les territoires palestiniens, des projets d'infrastructures pour plus de 3 milliards d'euros. Une grande partie des projets réalisés à l'aide des aides européennes ont été détruits en 2002 et 2003 par l'armée israélienne en représailles à des attentats sanglants perpétrés, selon les services de renseignements isréliens, avec l'accord tacite de l'Autorité Palestinienne. Parmi les destructions opérées : l'aéroport de Gaza (9,3 millions d'euros), le camp de la police civile (2,05 millions d'euros), le laboratoire médico-légal (700 000 €), des destructions de reboisement (720 000 €), etc.

[modifier] Culture

Pour un article complet, voir Culture palestinienne

La culture de la Palestine est très ancienne et rassemble des apports juifs, chrétiens et musulmans. Il y a aussi depuis 200 ans environ des villages de juifs d'origine russe. Parmi les habitants de la Palestine, il y a encore des Druzes et Circassiens musulmans. L'araméen n'est plus qu'une langue liturgique en Palestine, mais a survécu en Syrie et en Irak, dans de petites communautés. Il y a des communautés de Bédouins dans la vallée de Jéricho ainsi que dans le Néguev (ces derniers ont la citoyenneté israélienne).

Il y a un artisanat traditionnel palestinien (robes brodées au point de croix, keffieh), des danses (voir Dabkeh), des chants, des poèmes. La culture palestinienne se développe également dans des institutions culturelles et dans des Universités.

[modifier] Religions

La population palestinienne est largement musulmane sunnite avec des minorités chrétiennes et une petite communauté de Samaritains. Les Britanniques avaient recensé en 1922 : 752 048 Palestiniens (au sens de l'époque) dont 589 177 Musulmans, 83 790 Juifs, 71 464 Chrétiens et 7 617 personnes d'autres appartenances.

Il n'existe pas de statistiques disponibles qui fassent autorité aujourd'hui. L'estimation de Bernard Sabella de Bethléem est que 6% de la population palestinienne est chrétienne (orthodoxes grecs ou arméniens ; catholiques latins, grecs ; protestants luthériens ou anglicans ; autres rites orientaux). Selon le bureau de statistiques palestinien, il semble que 97% des habitants arabes des territoires palestiniens occupés soient musulmans et 3% chrétiens ; il y a environ 300 Samaritains et quelques milliers de Juifs karaïtes qui se considèrent palestiniens.

[modifier] Source

  1. Shlomo Sand : l’exil du peuple juif est un mythe
  2. Xavier Baron : Les Palestiniens, Genèse d'une nation. p 69.

[modifier] Voir aussi