Otto Dix

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Otto Dix (né près de Gera en 1891, mort près de Constance, à Singen, en 1969) est un peintre allemand de La Nouvelle Objectivité et de l'Expressionnisme.

Sommaire

[modifier] Sa vie

La maison d'Otto Dix à Gera, Thuringe
La maison d'Otto Dix à Gera, Thuringe

Otto Dix est né à Untermhaus (près de Gera en Thuringe) le 2 décembre 1891. Il est issu d'un milieu ouvrier (son père Franz travaillait dans une mine de fer), mais reçoit une éducation artistique par sa mère qui s'intéressait à la musique et à la peinture. Après avoir suivi le professeur de dessin Ernst Schunke pendant sa jeunesse, Dix prend des cours à Gera auprès du peintre-décorateur Carl Senff de 1905 à 1909, qui doute de l'avenir de son élève en tant que peintre. Une bourse d'étude fournie par le Prince de Reuss permet à Dix d'entrer à l'École des arts appliqué de Dresde, de 1909 à 1914. Johann Nikolaus Türk et Richard Guhr seront ses professeurs parmi d'autres. Dix s'essayera au cubisme, au futurisme et plus tard au dadaïsme.

[modifier] Première Guerre mondiale et République de Weimar

Dix s'engage volontairement en tant que soldat lors de la Première Guerre mondiale, et combattra en France et en Russie. Il participe à la guerre des tranchées de l'Artois et de la Champagne de novembre 1915 à décembre 1916. Il participe à deux grandes batailles sur les bords de la Somme[1]. L'horreur de la guerre le marque énormément et devient alors la base de ses oeuvres. D'après un entretien de 1961, il déclare : "C'est que la guerre est quelque chose de bestial : la faim, les poux, la boue, tous ces bruits déments. C'est que c'est tout autre chose. Tenez, avant mes premiers tableaux, j'ai eu l'impression que tout un aspect de la réalité n'avait pas encore été peint : l'aspect hideux. La guerre, c'était une chose horrible, et pourtant sublime. Il me fallait y être à tous prix. Il faut avoir vu l'homme dans cet état déchaîné pour le connaître un peu."[2]. Il a d'ailleurs confié à plusieurs reprises qu'il allait en première ligne à sa demande, car, même s'il avait peur, il voulait voir des hommes tomber à ses côtés dans sa quête de réalisme hideux[3].

A son retour à Dresde, il fonde le Groupe 1919 avec Conrad Felixmüller (1897-1977) et réalise des collages dada. En 1922, Dix s'installe à Düsseldorf où il intègre l'association artistique Das Junge Rheinland. Il se marie avec Martha Koch en 1923. Entre 1925 et 1927, Dix habite et travaille à Berlin où sa peinture critique atteint son apogée. Il devient un artiste du mouvement de la Nouvelle Objectivité, dont il est un des pères fondateurs. En 1927, il est nommé professeur à la Kunstakademie de Dresde.

Autoportrait, 1926
Autoportrait, 1926

[modifier] Sous le régime nazi

Après la prise du pouvoir par les nazis en 1933, Otto Dix est l'un des premiers professeurs d'art à être renvoyé, persécuté qu'il l'est en tant que bolchévique de la culture selon les nationaux-socialistes. La même année, menacé de prison et de camp d'internement, il commence une « émigration intérieure » dans le sud-ouest de l'Allemagne (en 1933 à Randegg puis en 1936 à Hemmenhofen), près du lac de Constance, où il peint des paysages. En 1937, ses oeuvres sont dites « dégénérées » par les nazis. 260 d'entres elles sont retirées des musées et une partie est brulée, d'autres sont exposées lors de l'exposition nazi « art dégénéré » (Entartete Kunst).

A titre d'exemple, deux productions de Dix. L'artiste peint la toile intitulée La tranchée en 1923; déclarée "Art dégénéré", elle a probablement été détruite par les nationaux-socialistes. Le peintre compose également son triptyque La Guerre entre 1928 et 1931. Le but de cette oeuvre n'est pas de provoquer angoisse ou panique, mais "simplement transmettre la connaissance du caractère redoutable de la guerre, pour éveiler les forces destinées à la détourner". Ce triptyque est vu par beaucoup de spécialistes comme une prolongation du tableau précédent, et est présenté une seule fois dans une exposition à Berlin en 1938. Il est ensuite interdit par les autorités nazies. [4]

En 1938, Dix est arrêté et enfermé pendant deux semaines par la Gestapo. Durant ces temps difficiles, il peint une représentation de St Christophe à la demande de la brasserie de Köstritz, dans le style des grands maîtres.

Il participe par obligation à la Seconde Guerre mondiale. Il sert sur le front occidental en 1944-45. Il est fait prisonnier en Alsace par les Français.[5]

[modifier] De l'après-guerre jusqu'à sa mort

A la fin de la guerre et jusqu'à sa mort, Dix s'éloigne des nouveaux courants artistiques allemands. Il ne s'identifie ni dans le réalisme social en RDA ni dans l'art d'après-guerre en RFA. Il reçoit pourtant de hautes distinctions et des titres honorifiques dans les deux états.

1959 - Bundesverdienstkreuz ; 1966 - Alfred-Lichtwark-Preis à Hambourg et Martin-Andersen-Nexö-Preis à Dresde ; 1968 - Rembrandt-Preis à Salzburg.

Otto Dix meurt le 25 juillet 1969 après un infarctus à Singen. Sa tombe se trouve à Hemmenhofen.

[modifier] Quelques citations

"La peinture n’est pas un soulagement. La raison pour laquelle je peins est le désir de créer. Je dois le faire ! J’ai vu ça, je peux encore m’en souvenir, je dois le peindre."

"Tout art est exorcisme."

"Je ne suis pas obsédé par la fait de montrer des choses horribles. Tout ce que j’ai vu était beau."

[modifier] Son œuvre

  • 1914 - Selbstbildnis als Soldat Kunstmuseum Stuttgart
  • 1914 - Selbstbildnis mit Artillerie-Helm au dos de Selbstbildnis als Soldat Kunstmuseum Stuttgart
  • 1915 - Selbstbildnis als Mars
  • 1920 - " Die Skatspieler" ou "Kartenspielende Kriegskrüppell" Kunstmuseum Stuttgart
  • 1920 - Streichholzhändler I Staatl.Museen Preussischer Kulturbesitz Berlin
  • 1921 - Bildnis der Eltern Kunstmuseum Basel
  • 1921 - L'ouvrier
  • 1922 - An die Schönheit Von der Heydt Museum, Wuppertal
  • 1923 - Bildnis Karl Krall Heydt-Museum, Wuppertal
  • 1923 - Bildnis Frau Martha Dix I Kunstmuseum Stuttgart
  • 1924 - Der Krieg
  • 1924 - Die Eltern des Künstlers II Sprengel-Museum, Hannover
  • 1925 - Bildnis der Tänzerin Anita Berber Kunstmuseum Stuttgart
  • 1923 - Schützengraben disparu
  • 1926 - Porträt der Journalistin Sylvia von Harden Musée National d'Art Moderne, Paris
Timbre postal de 1991 d'après  Bildnis der Tänzerin Anita Berber 1925, Kunstmuseum Suttgat
Timbre postal de 1991 d'après Bildnis der Tänzerin Anita Berber 1925, Kunstmuseum Suttgat
  • 1926 - Der Kunsthändler Alfred Flechtheim Neue Nationalgalerie, Berlin
  • 1926 - Der Streichholzhändler II Kunsthalle Mannheim
  • 1928 - Triptyque Großstadt Kunstmuseum Stuttgart
  • 1932 - Triptyque Der Krieg Galerie Neue Meister, Dresden
  • 1933 - Die sieben Todsünden Staatliche Kunsthalle Karlsruhe
  • 1933 - Die Tänzerin Tamara Danischewski Kunstmuseum Stuttgart
  • 1934 - Der Triumph des Todes Kunstmuseum Stuttgart
  • 1935 - Waldrand mit Buche Galerie Michael Haas Berlin
  • 1936 - Flandern Neue Nationalgalerie, Berlin
  • 1939 - Der heilige Christophorus Otto-Dix-Haus Gera
  • 1945 - Saül et David
  • 1946 - Crucifixion
  • 1947 - Selbst als Kriegsgefangener Kunstmuseum Stuttgart
  • 1962 - Grosse Kreuzaufrichtung Stadtkirche Sankt Johannes (Bad Saulgau)

[modifier] Cote de l'artiste

  • Une peinture datée de 1939 intitulée Weite Ebene (Weile hinter Bohlingen) (67 cm x 85 cm) a été vendue pour 171 000 euros frais compris à Cologne.[6].

[modifier] Références

  1. Eva Karsher, Otto Dix,Taschen, 1992, p. 30
  2. Cité dans Eva Karscher, Taschen, 1992, p. 34
  3. Eva Karscher, p. 30
  4. Serge Sabarsky, p 26 et 28
  5. Serge Sabarsky, p. 31
  6. Lempertz kunsthaus: Die 900. Auktionen, Cologne, 2007.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens et documents externes

En Allemand :

  • Eva Karcher: Otto Dix - 1891 1969 - Leben und Werk, Köln 1988
  • Florian Karsch: Otto Dix. Das graphische Werk, Hannover 1970
  • Fritz Löffler: Otto Dix. Leben und Werk, Dresden 1977
  • Fritz Löffler: Otto Dix 1891–1969. Œuvre der Gemälde, Recklinghausen 1981
  • Fritz Löffler: Otto Dix. Bilder zur Bibel. Berlin: Union Verlag, 1986.
  • Ulrike Lorenz: Otto Dix. Das Werkverzeichnis der Zeichnungen und Pastelle, Weimar
  • Ulrike Lorenz: Dix avant Dix. Das Jugend- und Frühwerk 1909–1914, Jena: Glaux, 2000
  • Catalogue d'exposition, Galerie der Stadt Stuttgart, Nationalgalerie Berlin 1991
  • Suse Pfäffle : Otto Dix. Werkverzeichnis der Aquarelle und Gouachen, Stuttgart 1991
  • Diether Schmidt: Otto Dix im Selbstbildnis, Berlin 1981
  • Dietrich Schubert. Otto Dix - Der Krieg. 50 Radierungen von 1924. Jonas Verlag, Marburg 2002
  • Birgit Schwarz: Großstadt, Frankfurt/M. 1993

En français:

  • Otto Dix : Dessins D'une Guerre a L'autre. Catalogue d'exposition au Centre Georges Pompidou, Paris, France. 157p, illustrations. Éditions Gallimard, 2003. (ISBN 2844261671)
  • "Otto Dix, Metropolis" Cataloge d'exposition Fondation Maeght, St.Paul de Vence.
  • Eva Karscher, Otto Dix (1891-1969) "Je deviendrai célèbre ou je serai honni", Taschen, Cologne, 1992 (réed.), 216 pages.
  • Serge Sabarsky, Otto Dix, Denis-Armand Canal (trad.), Paris, Herscher, 1992, 263 pages.

Liens externes: