Ossip Mandelstam

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Ossip MandelstamPortrait par Alexandre Osmerkine.
Ossip Mandelstam
Portrait par Alexandre Osmerkine.

Ossip Emilievitch Mandelstam (en russe : О́сип Эми́льевич Мандельшта́м), né à Varsovie le 15 janvier 1891 dans une famille juive et mort près de Vladivostok (Russie) le 27 décembre 1938, est un poète russe.

Il est l'un des principaux représentants de « l'âge d'argent » que la poésie russe connaît un peu avant la grande révolution.

Sommaire

[modifier] Jeunesse

Il bénéficie d'un entourage familial tendre et cultivé. Son père est un commerçant en maroquinerie et sa mère enseigne le piano.

Les parents de Mandelstam sont juifs, mais peu pratiquants. A la maison, il est éduqué par des tuteurs et des gouvernantes.

A Saint-Pétersbourg, il suit les cours de la prestigieuse école Tenishev (1900-1907), puis à la Sorbonne à Paris (1907-1908) et en Allemagne (1908-1910), où il étudie la littérature française ancienne à l’Université de Heidelberg (1909-1910). De 1911 à 1917 il étudie la philosophie à l’Université de Saint-Pétersbourg. Mandelstam est membre de la Guilde des poètes à partir de 1911. Ses premiers poèmes paraissent en 1910 dans la revue Apollon.

Il se lie avec Boris Pasternak (lors des funérailles de Lénine).

[modifier] L'acméisme

Avec Anna Akhmatova et Mikhaïl Kouzmine, il est l'une des principales figures de l'école acméiste fondée par Nikolaï Goumilev et Sergueï Gorodetsky.

En définissant l'acméisme comme « la nostalgie de la culture universelle », il nous la clef de sa propre poésie, qui actualise par la musique du mot l'univers intemporel de la culture pérenne où celui-ci plonge ses racines.

Il rejette le symbolisme russe. C'est pourquoi dans son oeuvre une place centrale est accordée au mot considéré comme phénomène acoustique et aussi comme réalité architecturale : les mots sont des pierres, «voix de la matière» autant que matière de la voix.

Ses nombreux textes en prose gravitent autour des trois recueils qu’il a écrit : Pierre "Karem" , avec lequel il obtient la reconnaissance, paru en 1912 ; Tristia en 1922, qui confirmera son statut de poète, dont les poèmes annoncent avec une ironie tragique, par la référence à Ovide, l’exil au cours duquel il écrira en 1935 et 1937 les Cahiers de Voronèj, son œuvre ultime.

Dans la 4éme prose, il réplique de façon virulente à une accusation de plagiat dont il est victime. À travers son accusateur Arkadi Gornfeld, c'est l'establishment littéraire stalinien qui est visé. Mandelstam exprime ses convictions les plus profondes sur la nature du travail littéraire avec un style tournoyant où le sens poétique décomplexé scrute à la surface une prose surprise.

L'œuvre de Mandelstam a influencé de nombreux poètes, parmi lesquels Paul Celan qui lui dédie son recueil La Rose de personne; ou André du Bouchet et Philippe Jaccottet.

[modifier] Contre-révolutionnaire ?

Ossip Emilievitch Mandelstam, malgré toutes les circonstances malheureuses, ne cessa jamais d’être poète.

Dans les années 1920, Mandelstam pourvoit à ses besoins en écrivant des livres pour enfants et en traduisant des œuvres d'Upton Sinclair, de Jules Romains, de Charles De Coster, entre autres. Il ne compose plus de poèmes de 1920 à 1925, et se tourne vers la prose.

Mandelstam se voit comme un outsider et établit un parallèle entre son sort et celui de Pouchkine. La préservation de la culture traditionnelle prend pour lui un rôle central, et les autorités soviétiques mettent en doute – à raison – sa loyauté vis-à-vis du régime bolchevique.

Quelques années plus tard, alors qu'il est de plus en plus suspecté « d'activité contre révolutionnaire », il part en Arménie (Voyage en Arménie) et revient à la poésie après un silence de cinq ans.

Il poursuit une œuvre douloureusement solitaire et courageusement novatrice dans un climat très hostile et de plus en plus dangereux, comme pour Meyerhold .

À l'automne 1933, il compose un bref poème (une épigramme) contre Staline, Le Montagnard du Kremlin : Et chaque massacre réjouit / L’Ogre Ossète ou bien Nous vivons, sourds au pays en dessous de nous, Dix marches plus bas personne n’entend nos paroles, Mais si nous tentons la moindre conversation Le montagnard du Kremlin y prend part.

Mandelstam fut arrêté pour la première fois en 1934 pour l'épigramme écrite à propos de Staline.

Mandelstam fut exilé à Tcherdyne. Après une tentative de suicide, la sentence fut commuée en exil à Voronej, jusqu’en 1937. Dans son Carnet de Voronej (1935-1937), Mandelstam écrit Il pense en os et ressent avec ses sourcils / Et tente de reprendre forme humaine.

Après trois ans d'exil, Mandelstam est arrêté pour activités contre-révolutionnaires en mai 1938, et condamné à 5 ans de travaux forcés. Après avoir subi les pires humiliations, il meurt de faim et de froid, du côté de Vladivostok pendant le voyage qui le conduit dans un camp de transit aux portes de la Kolyma, après avoir subi de multiples privations. Son corps est jeté dans une fosse commune.

Cet immense poète ne sera pleinement connu et enfin reconnu internationalement que dans les années 1970, plus de vingt ans après sa mort, quand ses œuvres sont publiées en Occident et en Union soviétique.

Sa veuve Nadejda Mandelstam publie ses propres mémoires, Espoir contre espoir (1970) et Fin de l’espoir (1974), qui décrivent leur vie et l’ère stalinienne. Cela Contre tout espoir comme l’écrira Nadejda, il aura opposé sa voix, car "il ne vivait pas pour la poésie, il vivait par elle. Il lui était donné de savoir avant de mourir que la vie c’était l’inspiration".

[modifier] Citations

  • C’est qu’un poème s’adresse toujours à quelqu’un, à un «destinataire inconnu».
  • En me privant des mers, de l’élan, de l’envol, Pour donner à mon pied l’appui forcé du sol, Quel brillant résultat avez-vous obtenu, Vous ne m’avez pas pris ces lèvres qui remuent.
  • L'amour et la peur ne connaissent pas d'issue.
  • Il n'est pas rare d'entendre dire : Bon, mais tout cela c'est d'hier. Or je dis que cet hier n'est pas encore venu, qu'il n'a pas réellement existé.

[modifier] Œuvres

  • Tristia
  • Pierre
  • De la poésie
  • Tristia et autres poèmes
  • Le Timbre égyptien
  • Poésie Vol.5, Les cahiers de Voronej
  • Poèmes
  • Lettres
  • Les cahiers de Voronej Vol.2
  • Le bruit du temps
  • Les cahiers de Voronej Vol.3
  • Voyage en Arménie
  • Le Bruit du temps
  • La quatrième prose

[modifier] Liens externes