Orion (mythologie)

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Orion (en grec ancien ????? / Ôríôn) est un chasseur géant de la mythologie grecque, réputé pour sa beauté et sa violence. En dépit de ses remarquables prouesses, c'est un héros à la destinée mythologique modeste. Aucune grande œuvre ne lui a été consacrée dans l'antiquité.

Sa légende comporte trois principaux épisodes : une naissance insolite ; la cécité du géant ; la mise à mort d'Orion et sa transformation en constellation. Ils ne sont pour ainsi dire jamais réunis dans la même œuvre.

Délaissée par la littérature depuis l'antiquité, la figure d'Orion a longtemps dû sa célébrité relative à un tableau de Nicolas Poussin. Depuis le début du XXe siècle elle connaît un regain d'intérêt inattendu auprès des écrivains (Paul Claudel, Blaise Cendrars, René Char, André du Bouchet, Claude Simon...), des musiciens (André Boucourechliev, Claude Vivier, Gérard Manset, Kaija Saariaho, Philip Glass, Metallica...) et des plasticiens.

Sommaire

[modifier] Le mythe d'Orion

[modifier] Naissance du chasseur géant

Hyriée, le fondateur de la cité d'Hyria, en Béotie, n'avait jamais rencontré une femme mais souhaitait néanmoins avoir un héritier.

Un jour, Zeus, Hermès et Poséidon lui rendirent visite dans son palais. Pour eux, Hyriée sacrifia le plus beau bœuf de son troupeau.

Plus tard, il leur demanda comment il pouvait faire pour avoir un descendant sans qu'il soit obligé de se marier. Pour cela, Zeus lui fit apporter la peau du bœuf qu'Hyriée leur avait sacrifié et il lui demanda d'uriner dessus. Alors Hyriée s'exécuta. Puis les trois dieux enterrèrent la peau dans le jardin du palais et prirent congé.

Neuf mois plus tard, à l'endroit où la peau avait été enterrée parut un garçon auquel Hyriée donna le nom d'Orion. Celui-ci viendrait du grec « ouria » : urine. Alexis Binay, de l'Université de Tours, estime par contre qu'il viendrait d'un mot plus ancien et signifierait "l'estival"[1]. Lorsqu'il eut atteint l'âge adulte, il était si grand qu'il pouvait marcher au fond de la mer tout en gardant la tête et les épaules hors de l'eau.

[modifier] Orion aveugle

C'est ainsi qu'il gagna l'île de Chios. Accueilli à la cour d'Œnopion qui régnait sur Chios, Orion tomba amoureux de Mérope, la fille du roi. Œnopion voulait se débarrasser de ce prétendant encombrant. Il décida donc de promettre la main de sa fille à Orion, à condition que celui-ci débarrassât Chios de tous les fauves qui s'attaquaient aux hommes et aux troupeaux ! Le roi était persuadé que celui-ci n'y parviendrait pas. Mais Orion qui était un excellent chasseur n'eut aucun mal à remplir ladite condition. Lorsqu'il revint demander la main de Mérope, Œnopion renia ses promesses, l'amoureux se fâcha et saccagea le palais. Celui-ci fut ligoté tant bien que mal par l'armée lancée par le roi.

Pour le punir, Œnopion l'aveugla et l'abandonna sur le rivage. Orion marcha alors droit devant lui à travers la mer jusqu'à l'île de Lemnos et fut attiré par les forges d'Héphaistos qui accepta de lui prêter Cédalion, son assistant. Le géant guidé par l'enfant rentra dans la mer et marcha vers l'est face au soleil. C'est le sujet d'un tableau de Nicolas Poussin (1658) aussi célèbre qu'énigmatique. Pendant sa marche, Orion recouvra miraculeusement la vue.

[modifier] Mort d'Orion et catastérisme

Image d'Orion représenté dans le ciel
Image d'Orion représenté dans le ciel

Il retourna à l'île de Chios pour se venger d'Œnopion, mais Artémis lui demanda d'oublier sa vengeance et lui proposa de chasser avec elle. Mais le frère d'Artémis, Apollon, qui avait quelques craintes pour sa sœur, envoya un monstrueux scorpion à sa poursuite. Orion tenta de le combattre mais il n'y parvint pas. Pour échapper au monstre, il s'enfonça dans la mer qui formait une barricade naturelle. Alors Apollon désigna le géant et dit à Artémis de le tuer, le faisant passer pour un méchant. Comme le géant était trop loin, Artémis ne put le reconnaître et lui lança donc une flèche. Elle alla à la nage récupérer le cadavre, mais lorsqu'elle s'aperçut que c'était Orion, elle plaça son image parmi les étoiles en compagnie de son chien, Sirius. On donne à cet épisode le nom de catastérisme.

C'est pour cela que les constellations de Orion et du Grand Chien (qui compte l'étoile Sirius, l'astre le plus brillant du ciel en dehors des éléments du système solaire) sont proches l'une de l'autre, et que le Scorpion fut placé de l'autre côté sur la voûte céleste, le héros et le monstre se poursuivant sans cesse sans jamais se rattraper…

[modifier] Autre version de la mort d'Orion

Une autre version de la mort d'Orion existe : fort de ses talents exceptionnels de chasseur, Orion ne cessait de se vanter de ses prouesses. Cette arrogance déplut fortement à Héra qui, pour donner une leçon d'humilité à Orion, commanda à un scorpion de s'embusquer en attendant le passage du chasseur. Dissimulé par les feuillages, le scorpion patienta et le moment venu il piqua Orion qui mourut foudroyé par le venin de ce petit animal, lui qui avait terrassé les bêtes les plus féroces. Il fut transformé en constellation, mais Héra n'oublia pas de porter également au ciel le scorpion qui l'avait si loyalement servie pour que le combat continue. Mais Zeus intervint et fit en sorte qu'Orion et le Scorpion ne puissent jamais s'atteindre ; c'est pour cela que lorsqu'Orion se lève à l'horizon Est, le Scorpion se couche à l'horizon Ouest.


[modifier] Troisième version de la mort d'Orion

Celle-ci dit qu'Orion et Artémis avaient l'habitude de chasser ensemble. Un jour, Orion, qui était amoureux de la déesse, essaya de l'embrasser. Artémis, indignée, fit apparaître un scorpion et lui ordonna de piquer le géant. En le voyant mourir, Artémis, émue, transforma Orion en constellation, et réserva le même sort au scorpion qui l'avait fidèlement servi.

[modifier] Orion dans l'antiquité

[modifier] Orion chez les modernes

[modifier] Peinture

  • Nicolas Poussin, Paysage avec Diane et Orion, 1658. New York, Metropolitan Museum of Art.

[modifier] Littérature, théâtre

Profond aujourd'hui (1917), in Aujourd'hui (1931). Denoël, coll. "Tout autour d'aujourd'hui", tome 11, 2005.
Feuilles de route (1924), in Du monde entier au cœur du monde. Paris, Poésie/Gallimard, 2006.
Le Lotissement du ciel (1949). Denoël, coll. "Tout autour d'aujourd'hui", tome 12, 2005.
  • René Char, Aromates chasseurs. Paris, Gallimard, 1975.
  • Paul Claudel, Le Soulier de Satin (1929).
  • Tristan Derème, Le Zodiaque ou les étoiles sur Paris. Paris, Émile-Paul, 1927.
  • Christian Doumet, Trois villes dans l'œil d'Orion. Cognac, Le Temps qu'il fait, 1998.
  • André du Bouchet, L'Emportement du muet. Paris, Mercure de France, 2000.
  • Maurice Fombeure, avec Jean-Pierre Grenier, Orion le tueur. Paris, Bordas, 1946.
  • Jean Giono, Un de Baumugnes. Paris, Grasset, 1929.
  • Patrick Grainville, La Diane rousse. Paris, Le Seuil, 1978.
L'Atlantique et les amants. Paris, Le Seuil, 2002.
  • Olivier Py, L'Apocalypse joyeuse. Arles, Actes Sud-Papiers, 2000.
  • Orion Scohy, Volume. Paris, POL, 2005.
  • Claude Simon, Orion aveugle. Skira, coll. "Les sentiers de la création", 1970.
Les Corps conducteurs. Paris, Éditions de Minuit, 1971.

[modifier] Musique

[modifier] Sur le mythe d'Orion

  • Jeannie Carlier, "Orion", in Dictionnaire des mythologies (dir. Yves Bonnefoy). Paris, Flammarion, 1981.
  • Paola Capponi, I nomi di Orione. Le parole dell'astronimia tra scienza e tradizione. Venezia, Marsilio, "Crisis", 2005.
  • Martine Créac'h, Poussin pour mémoire. Bonnefoy, du Bouchet, Char, Jaccottet, Simon. Presses universitaires de Vincennes, 2004.
  • Jacques Derrida, Mémoires d'aveugle. L'autoportrait etautres ruines. Paris, Réunion des musées nationaux, Louvre, 1990.
  • Jean Duffy, "Inscription et description, image et écriture : Poussin vu à travers les romans de Simon", in Lectures de "Histoire". Minard-Lettres modernes, série "Claude Simon" n° 3, Paris-Caen, 2000.
  • Camille Flammarion, Astronomie populaire (1880).
  • Ernst Gombrich, "Le sujet de l'Orion de Poussin" (1944).
  • Robert Graves, Les mythes grecs (1958). Le Livre de Poche, coll. "Pluriel".
  • Pierre Grimal, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine. Paris, PUF, 1951.
  • Danièle Leclair, Lecture de René Char : Aromates chasseurs et Chants de la Balandrane, Minard, Archives des lettres modernes, n° 233, 1988.
  • Claude Leroy, "Orion manchot". NRF, n° 421, février 1988.
La main de Cendrars. Villeneuve-d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 1996.
—"Morionvagine", in Sous le signe de Moravagine, Caen, Minard-Lettres modernes, série "Blaise Cendrars" n° 6, 2006.
  • Marie Miguet, "Le mythe d'Orion dans le théâtre de Claudel", in Mythes claudéliens, Minard-Lettres modernes, série "Paul Claudel", n° 14, Paris-Caen, 1985.
—"Le mythe d'Orion", in Dictionnaire des mythes littéraires (dir. Pierre Brunel), Monaco, Éditions du Rocher, 1988.
  • Clélia Nau, Le temps du sublime. Longin et le paysage poussinien, coll. "Æsthetica". Presses Universitaires de Rennes, 2005.
  • Edmond Nogacki, René Char, Orion pigmenté d'infini ou de l'écriture à la peinture. Presses universitaires de Valenciennes, 1992.
  • Jean-Michel Renaud, Le mythe d'Orion : sa signification, sa place parmi les autres mythes grecs et son apport à la connaissance de la mentalité antique. Liège, CIPL, 2004.
  • Pierre Rosenberg et Renaud Temperini, Poussin "Je n'ai rien négligé". Paris, Gallimard, coll. "Découvertes"/Réunion des musées nationaux, 1994.
  • Jacques Thuillier, Poussin. Paris, Flammarion, 1994.

[modifier] Liens internes

[modifier] Références

  1. http://kubaba.univ-paris1.fr/colloques/renaud.pdf

[modifier] Liens externes