Ordre Teutonique

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L’ordre de la Maison de sainte Marie des Teutoniques (Ordo Domus Sanctæ Mariæ Teutonicorum), plus connu sous le nom d’ordre des Chevaliers teutoniques (Deutscher Ritterorden ou Deutschritter-Orden en allemand), d’ordre Teutonique ou de maison des chevaliers de l'hôpital de sainte Marie des Teutoniques à Jérusalem (Haus der Ritter des Hospitals Sankt Marien der Deutschen zu Jerusalem, en allemand), est un ordre militaire chrétien issu du Moyen Âge.

Croix teutonique
Croix teutonique

Sommaire

[modifier] Fondation en Terre Sainte

L’ordre Teutonique est fondé en Terre Sainte à Saint-Jean-d'Acre en 1190 lors de la troisième croisade, après la prise de Jérusalem par Saladin. Il est dénommé ainsi car composé pour l’essentiel de chevaliers allemands ou teutons. À l’origine simple communauté charitable venant en aide aux pèlerins chrétiens, il est réorganisé en ordre militaire vers 1192 et obtient la reconnaissance officielle du pape Innocent III en 1198.

Le premier grand maître Heinrich Walpot est élu en Terre sainte où il fait bâtir une église et un hôpital.

Un siècle plus tard, en 1291, la prise d’Acre par les Mamelouks oblige les croisés à quitter la Terre sainte et contraint l’ordre à reconsidérer sa mission.

[modifier] L’habit

L’habit des chevaliers teutoniques est un manteau blanc frappé d’une croix noire. Certaines unités de chevaliers portaient un casque orné pour terrifier leurs rivaux.

Les « frères sergents », membres non-nobles de l’Ordre, portaient un manteau gris.

[modifier] Croisades baltes

Les chevaliers décident de se replier sur leurs possessions de Prusse et de Livonie, où ils luttent déjà contre les populations païennes d'Europe orientale[1]. En effet, les chevaliers de Dobrin se sont révélés impuissants à christianiser les Vieux prussiens (ou "Borusse") des peuplades de langue balte. En 1226, Conrad, duc de Mazovie et de Cujavie propose alors à Hermann von Salza, quatrième grand maître de l’Ordre, les provinces de Culm et de Livonie en échange de son aide.

Hermann von Salza, quatrième grand maître de l’Ordre
Hermann von Salza, quatrième grand maître de l’Ordre
La confédération de Livonie en 1260
La confédération de Livonie en 1260

Innocent III lance alors une croisade, et en un an, les chevaliers conquièrent les provinces de Warmie, de Nantangie et de Bartie et convertissent leurs populations. Au fil de leur avance, ils bâtissent de nouvelles villes telles que Toruń (Thorn, 1231), Königsberg (aujourd'hui Kaliningrad, 1255) ou encore Malbork (Marienburg, 1280) dont ils font leur nouvelle capitale en 1309.

Valdemar III roi du Danemark leur vend la province d'Estin et les villes de Nerva et Wassamberg.

Frédéric II de Hohenstaufen, alors empereur romain germanique et plus intéressé par leur action politique que religieuse, octroie aux Teutoniques tous les privilèges des princes d’Empire, dont le droit de souveraineté sur les territoires nouvellement conquis. Ils sont de surcroît renforcés par leur fusion avec les chevaliers porte-glaives en 1237. Ainsi, malgré une défaite face aux Russes d’Alexandre Nevski en 1242, l’ordre étend rapidement sa domination sur la majeure partie des pays baltes, régnant sur la Prusse, la Courlande (en Lettonie), la Livonie (Lettonie) et l'Estonie, sans compter un grand nombre d’établissements de toutes sortes essentiellement localisés en Allemagne (Empire romain germanique). Vers la fin du XIVe siècle, l'Ordre teutonique est à l'apogée de sa puissance.

Bannière de l'État teutonique
Bannière de l'État teutonique

À l'apogée de la puissance de l'Ordre, le grand maître qui résidait alors à Mariendal (aujourd'hui Bad Mergentheim dans le Land de Bade-Wurtemberg en Allemagne), avait sous ses ordres un grand-commandeur ou grand-maréchal qui résidait à Königsberg, et un grand-hospitalier résidant à Elbing. Le drapier et trésorier vivaient à la cour du grand maître. Plusieurs autres commandeurs vivaient à Thorn, Culm, Brandebourg, Königsberg, ...


Selon certaines sources, l'ordre aurait compté jusque 28 commanderies, 46 châteaux, 81 hospitaliers, 35 maîtres de couvents, 40 maîtres d’hôtels, 37 pourvoyeurs, 95 maîtres de moulins, 700 frères chevaliers, 162 frères de cœur ou prêtres et 6 200 serviteurs.

Les armes de l’ordre sont constituées d'une croix de sable, chargée d’une croix potencée au champ d’argent. Saint Louis permit d’y adjoindre quatre fleurs de lys d’or.

[modifier] Déclin de l'Ordre

Le château Marienbourg, capitale de l'ordre, résiste au siège de 1411
Le château Marienbourg, capitale de l'ordre, résiste au siège de 1411

La consolidation et l'émergence au sud du royaume de Pologne, christianisé et uni depuis 1386 au grand-duché de Lituanie par mariage dynastique, menace directement la suprématie des chevaliers dans la région.

Le tournant est atteint lorsque la crise larvée entre les deux ennemis héréditaires éclate en 1410. La bataille de Grunwald (ou de Tannenberg) voit une coalition lituano-polonaise dirigée par le roi Ladislas II Jagellon écraser l'armée des Teutoniques. La bataille fait plus de 13 000 morts dans les rangs de l’Ordre, parmi lesquels le grand maître Ulrich von Jungingen. La situation est cependant sauvée par le commandeur de Schwetz, Henri de Plauen qui, en s’enfermant dans le château de Marienbourg, va résister à toutes les attaques des Polonais. Le traité de Thorn (Toruń, en polonais) restaure le statu quo ante bellum (même situation qu'avant la guerre).

Une guerre civile se produit au début de la deuxième moitié du XVe siècle. Les adversaires des chevaliers se tournent vers le roi Casimir IV de Pologne en 1454. Marienbourg est définitivement prise par les Polonais cette même année. Le grand maître se réfugie alors à Königsberg, qui devient ainsi la nouvelle capitale. À l’issue de la guerre de Treize Ans, le second traité de Thorn (1466) cède la Prusse royale (partie ouest) et la ville de Dantzig (Gdańsk) à la Pologne, et fait de l’État teutonique un vassal de cette dernière. Les chevaliers ne disposent plus à ce moment que de la Prusse originelle (partie est), sur laquelle ils ne sont plus souverains, puisque vassaux des Polonais. Ce dernier revers ne fait que confirmer l’inéluctable décadence de l'ordre.

[modifier] Fin de l’État teutonique

Au début du XVIe siècle, un nouveau séisme secoue profondément ses fondements éprouvés. Depuis 1520, le vent de la Réforme souffle sur les États allemands. Bien que l’organisation relève de l’autorité directe du pape, le grand maître Albert de Brandebourg tranche en 1525 en faveur de Luther. Il se convertit au protestantisme, ce qui au passage lui permet d’épouser la fille de Frédéric Ier de Danemark, de séculariser ses possessions et après avoir négocié avec son oncle Sigismond Ier, roi de Pologne de transformer la Prusse de l’Ordre-État teutonique (Ordensstaat Preußen) en duché héréditaire (Erbherzogtum Preußen).

Toutefois certains chevaliers, restés catholiques, décident d’élire leur propre grand maître, Walter de Cronberg et intentent un procès contre Albert de Brandebourg qui est mis au ban de l'Empire. Ils transfèrent leur siège à Mergentheim en Franconie et se réimplantent dans le Saint Empire. L’agonie de l’ordre n’en est que prolongée.

En 1805, dans le traité de Presbourg, Napoléon accorde à l’empereur d’Autriche François Ier d'Autriche le droit de nommer comme grand maître un prince de sa famille, à qui reviennent tous les revenus de l’organisation. Le 24 avril 1809, à Ratisbonne, l’empereur des Français prononce sa dissolution. Désormais, seules subsistent quelques commanderies isolées en Autriche et à Utrecht. Un semblant d’ordre est rétabli en 1834, mais il reste exclusivement sous tutelle autrichienne. Les œuvres qui se perpétuent de nos jours sont exclusivement de nature charitable et hospitalière ; elles opèrent essentiellement en Franconie.

[modifier] Ordre teutonique contemporain

[modifier] Notes et références

  1. Avant les croisades baltes, les Teutoniques ont déjà emporté des victoires sans lendemain sur des peuplades situées en Hongrie

[modifier] Voir aussi

[modifier] Les chevaliers teutoniques dans les arts

  • Les Chevaliers teutoniques, adaptation cinématographique d'Aleksander Ford de 1960


Histoire de la Prusse

[modifier] Bibliographie

  • Henry Bogdan, Les Chevaliers teutoniques, Perrin, 1995
  • Éric Christiansen, La Baltique et la frontière catholique, 1100-1525, Alenon, Lorient, 1996
  • Alain Demurger, Chevaliers du Christ, les ordres religieux-militaires au Moyen Âge, Seuil, 2002, ISBN 2-02-049888-X
  • Kristjan Toomaspoeg, Les Chevaliers teutoniques, Flammarion, 2001
  • Sylvain Gouguenheim, Les Chevaliers teutoniques, Tallandier, 2007

[modifier] Sources partielles

  • Encyclopédie méthodique, ou par ordre de matières, par une société de gens de lettres, de savants et d'artistes ..., Panckoucke, Paris, Plomteux, Liège, 1782-1832, OCLC : 4173175
  • Conrad Malte-Brun, Précis de la géographie universelle ou Description de toutes les parties du monde sur un plan nouveau, 1833, p. 79
  • Étienne Jean Delécluze, Jean Bodel, Lancelot, Firdawsī, Antar, Roland ou La chevalerie, 1845, p. 98

[modifier] Documents audiovisuels

  • Les chevaliers teutoniques [1] sur France Inter, émission "2000 ans d'histoire" avec Danielle Buschinger, septembre 2007

[modifier] Liens internes

[modifier] Voir aussi

commons:Accueil

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[modifier] Liens externes


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