Olivier de Serres

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Cet article concerne Olivier de Serres. Pour l’école Olivier de Serres, voir École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d'art.
Olivier de Serres

Naissance 1539
à Villeneuve-de-Berg
Décès 1619 (à 80 ans)
Nationalité France France
Profession Agronome

Olivier de Serres (1539-1619) est un autodidacte français qui fut l’un des premiers à étudier de manière scientifique les techniques agricoles et à en rechercher l’amélioration de manière expérimentale. De ce point de vue, on peut le considérer comme le père de l’agronomie.

Sommaire

[modifier] Biographie

Né à Villeneuve-de-Berg dans le Vivarais (aujourd’hui département de l’Ardèche), Olivier de Serres est issu d’une famille protestante aisée, ayant fait fortune dans le commerce du drap. La position de sa famille permet à Olivier de bénéficier des meilleurs enseignements et d’un précepteur privé. Il complète sa formation par de nombreux voyages en France, Italie, Allemagne et Suisse.

Très tôt, il fait preuve d’une curiosité intellectuelle proche de celle des humanistes de la Renaissance. À 19 ans, il acquiert le domaine du Pradel, dont il fait une ferme modèle qui sera le théâtre de nombreuses expérimentations pratiques. Son but est de faire partager son savoir, tant aux paysans pour leur permettre d’obtenir de meilleures récoltes, qu’aux propriétaires pour faire fructifier leurs domaines. Reconnu et respecté par ses pairs, il est ami de Claude Mollet (1563-1650), le jardinier d’Henri IV qui réalisa les jardins de Saint-Germain-en-Laye, de Fontainebleau, des Tuileries et de Blois.

On lui doit l’introduction de nombreuses autres plantes, telles que la garance, le houblon et le maïs. Il fut le premier à travailler à l’extraction du sucre à partir de la betterave, mais sans arriver à un processus rentable.

En 1628, durant les guerres de religion, sa propriété, située au Pradel, où il avait toutes ses plantations expérimentales, fut rasée sur ordre de Richelieu.

La reconnaissance de l’importance de son œuvre n’arrive que tardivement. Ainsi, ce n’est qu’en 1804 qu’un monument est érigé à sa mémoire dans sa ville de Villeneuve-de-Berg.

[modifier] Développement de la soie

C’est grâce à lui que la production de la soie fut introduite en France, via le développement de plantations de mûriers dont les vers à soie se nourrissent. Ainsi, 20 000 pieds de mûriers seront plantés aux Tuileries et 10 000 à Saint-Germain-en-Laye. Avec François de Traucat, jardinier de Nîmes, il développe intensément le mûrier dans le midi de la France. Quatre millions de plants sont cultivés en Provence et Languedoc. En 1602, une ordonnance royale impose à chaque paroisse de posséder une pépinière de mûriers et un magnanerie.

Il fait paraître en 1599 son Art de la cueillette des vers à soie.

[modifier] Œuvres

Il publie en 1600 Le théâtre d’agriculture et mesnage des champs, Paris, Jamet-Métayer, ouvrage qui peut être considéré comme le premier cours d’agriculture et d’économie rurale et scientifique écrit en France. Extrait de la préface :

« Il y en a qui se mocquent de tous les livres d’Agriculture, et nous renvoyent aux paysans sans lettres, lesquels ils disent estre les seuls juges compétans de ceste matière, comme fondés sur l’expérience, seule et seure reigle de cultiver les champs. Certes, pour bien faire quelque chose, il la faut bien entendre premièrement. Il couste trop cher de refaire une besogne mal faicte, et surtout en l’agriculture, en la quelle on ne peut perdre les saisons sans grand dommage. Or, qui se fie à une générale expérience, au seul rapport des laboureurs, sans savoir pourquoi, il est en danger de faire des fautes mal réparables, et s’engarer souvent à travers champs sous le crédit de ses incertaines expériences. »

Le livre est divisé en huit lieux où sont analysées les différentes activités agronomiques, depuis la description et l’organisation du domaine jusqu’à la dépense des biens par le propriétaire. L’expression « Mesnage des champs » dévoile le cœur même de sa réflexion. L’objet de son discours concerne l’économie domestique, l’ordre et la dépense de la maison des champs. On trouve également dans son ouvrage de nombreuses descriptions d’espèces, comprenant outre les descriptifs habituels, des conseils de culture et d’entretien, ainsi que des plans d’aménagement, comme les broderies de buis. Il divise le jardin en quatre parties : le potager, le jardin bouquetier, le jardin médicinal et le verger.

L’ouvrage est une commande du roi Henri IV (1553-1610), qui se faisait lire chaque jour un chapitre, et avait beaucoup d’estime pour Olivier de Serres.

[modifier] Publications

  • Théâtre d’agriculture et Ménage des champs... Où l’on voit avec clarté et précision l’art de bien employer et cultiver la terre, en tout ce qui la concerne, suivant ses différentes qualités et climats divers, tant d’après la doctrine des Anciens que par l’expérience. Remis en français par Anselme-Marie Fouquet de Gisors. Paris, Meurant, an XI, 1802 ; 4 volumes. Il fut publié pour la première fois en 1600. L’ouvrage est divisé en huit parties : choix des terres, labourage, vigne, bétail, poulailler, garenne, étangs, abeilles, potagers et fruitiers, eaux et bois, usage des aliments.

[modifier] Bibliographie

  • Henry Vaschalde (1886), Olivier de Serres, seigneur du Pradel, Éditions Plon (Paris)
  • Pierre Nepveu (1940), Olivier de Serres, revue La Nature n° 3052 du 1er Juillet 1939.
  • Fernand Lequenne (1942), La vie d’Olivier de Serres, Éditions Julliard (Paris) : 397 p.
  • Antonio Saltini (1984), Storia delle scienze agrarie, t. II, Dalle origini al Rinascimento, Edagricole (Bologna) : pp. 403-500
  • Henri Gourdin (2001), Olivier de Serres, Sciences, expérience, diligence, en agriculture au temps de Henri IV, Éditions Actes Sud (Arles)
  • Jean Boulaine et Richard Moreau (2002), Olivier de Serres et l’évolution de l’agriculture, Éditions L’Harmattan, coll. "Les Acteurs de la Science" (Paris)
  • Dominique Margnat (2004), Le livre de raison d’Olivier de Serres, Presses Universitaires de Grenoble (Grenoble)

[modifier] Liens externes

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