Nigel Mansell

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Nigel Mansell en 1991.
Nigel Mansell en 1991.

Nigel Mansell est un pilote automobile anglais né le 8 août 1953 à Upon-on-Severn (une petite ville du comté anglais du Worcestershire). Il a notamment pris le départ de 187 GP de F1, récolté 482 points, remporté 31 victoires, décroché 32 pole positions et gagné le championnat du monde de Formule 1 en 1992. Il a également triomphé dans le championnat CART en 1993.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Des débuts difficiles

Nigel Mansell sur Lotus 95T à Dallas en 1984
Nigel Mansell sur Lotus 95T à Dallas en 1984

Nigel passe la majeure partie de son enfance et ses années adolescentes et jeune adulte à Hall Green et à Birmingham. Il est écolier à l'école Roselyn, puis au Bilatéral de Hall Green, avant d'aller étudier la technologie au collège Matthew Boulton.

Il commence tout doucement sa carrière de pilote, utilisant ses propres deniers pour grimper les échelons. Grâce à une bonne saison de Formule 3 britannique 1979, il parvient à obtenir un test avec l'équipe Lotus, la plus prestigieuse des écuries britanniques de l'heure. Le test s'avère suffisamment concluant pour que Colin Chapman, le directeur de Lotus, fasse de Mansell le pilote d'essai de l'équipe pour la saison 1980. Particulièrement satisfait du travail de Mansell, Chapman va même plus loin et lui permet de prendre par deux fois le départ d'un GP cette année-là au volant d'une troisième Lotus (les pilotes titulaires étant Elio de Angelis et Mario Andretti). Sa première course, en Autriche, tourne d'ailleurs au gag, une fuite d'essence lui occasionnant d'insupportables brûlures aux fesses.

Titularisé à partir de la saison 1981, Mansell ne peut se mettre en évidence tant les Lotus sont loin de leur lustre d'antan. La situation devient encore plus délicate à partir de décembre 1982 et la mort de Colin Chapman. Chapman tenait Mansell en très haute estime, tandis que la nouvelle direction de Lotus ne cache pas sa préférence pour l'autre pilote de l'écurie, l'élégant pilote romain Elio de Angelis, dont le style de pilotage tout en finesse contraste avec celui plus en force de Mansell. En 1984, pour sa dernière année chez Lotus, et grâce à l'apport du moteur Renault V6 Turbo, Mansell réalise quand même quelques jolis coups d'éclat, comme à Monaco sous le déluge, où il prend la tête du Grand Prix en mystifiant Alain Prost avant de partir à la faute, ou à Dallas où il signe sa première pole position et mène le GP avant de s'effondrer (au sens propre comme au sens figuré) en vue de l'arrivée.

[modifier] De succès en succès

Au volant de la Williams-Honda lors du GP d'Allemagne 1985.
Au volant de la Williams-Honda lors du GP d'Allemagne 1985.

En 1985, Frank Williams l'appelle pour qu'il conduise aux côtés de Keke Rosberg dans l'écurie Williams. Au volant d'une voiture en progrès constants tout au long de la saison, Nigel termine deuxième au GP de Belgique, puis signe sa première victoire en 72 départs à Brands Hatch au Royaume-Uni. Il enlève dans la foulée une seconde victoire à Kyalami en Afrique du Sud. Alors que le petit monde de la F1 avait longtemps considéré Mansell comme un pilote de second plan, ces succès contribuent à infléchir positivement son image. Confirmation en 1986, où il prend l'ascendant sur son nouvel équipier Nelson Piquet (pourtant plus réputé que lui) et manque d'un souffle le titre mondial. Il s'en faut d'une crevaison à 19 tours de l'arrivée de l'ultime Grand Prix de la saison en Australie pour que Mansell laisse échapper à Prost un titre qui lui semblait acquis. Mansell n'est guère plus heureux en 1987, où malgré des performances souvent supérieures, il est battu par Piquet, plus régulier que lui. Dans un ultime effort pour rattraper son retard au championnat sur Piquet, Mansell est même victime d'une grave sortie de piste lors des essais de l'avant-dernier GP de la saison au Japon, qui l'oblige à déclarer forfait pour la fin de saison.

En 1988, Williams perd le bénéfice du Honda V6 Turbo et doit se rabattre sur un moteur Judd CV V8 atmosphérique. S'ensuit logiquement une saison morne au cours de laquelle Nigel ne termine que deux courses sur les quatorze où il est engagé, une varicelle lui en ayant fait rater deux autres. Cependant, il décroche sous la pluie une magnifique seconde place et le tour le plus rapide lors du Grand Prix de Grande Bretagne.

En 1989, Mansell devient le dernier pilote Ferrari à avoir été personnellement sélectionné par Enzo Ferrari. Chez Ferrari, où les tifosi le surnomment « il leone » (le lion) en raison de son style de pilotage agressif et flamboyant, Mansell s'impose dès sa première apparition au Brésil. Mais le reste de la saison est marqué par d'innombrables problèmes de boîte de vitesses (Ferrari était en train de développer une révolutionnaire boîte de vitesse semi-automatique) et même par une disqualification suivie d'une suspension d'une course à l'issue du GP du Portugal. Ce jour-là, disqualifié pour une manœuvre illicite dans les stands (une marche-arrière), Mansell ignora superbement le drapeau noir agité par les commissaires avant de s'en aller accrocher Ayrton Senna. Mais il termine tout de même quatrième au championnat grâce à une seconde victoire en Hongrie, succès obtenu malgré une lointaine douzième place sur la grille de départ, position normalement rédhibitoire sur un tracé aussi tortueux que le Hungaroring.

La saison 1990 est plus délicate. Régulièrement dominé par son nouvel équipier Alain Prost, Mansell est dépité et va même jusqu’à annoncer sa retraite sportive à l'issue du GP de Grande-Bretagne, marqué par un cruel abandon. Mais le Britannique renonce rapidement à ses velléités de retrait et ne résiste pas à l'appel du pied de son ancienne écurie Williams.

[modifier] La consécration

Nigel Mansell pilote la Williams-Renault dans les rues de Monaco, le 12 mai 1991. Il se classe 2e derrière Ayrton Senna.
Nigel Mansell pilote la Williams-Renault dans les rues de Monaco, le 12 mai 1991. Il se classe 2e derrière Ayrton Senna.

Sa seconde collaboration avec Williams sera encore plus fructueuse que la première. De retour dans la familière voiture marquée du numéro 5 rouge, Mansell remporte cinq victoires en 1991, dont la plus mémorable est celle obtenue en Espagne à l'issue notamment d'une célèbre ligne droite avalée roue contre roue avec Ayrton Senna. Mais cela n'empêche pas Senna de remporter en fin d'année un troisième sacre mondial, et Mansell de devoir se contenter pour la troisième fois du titre honorifique de vice-champion du monde. Mansell prend sa revanche de la plus éclatante des façons en 1992. Au volant d'une Williams-Renault il est vrai largement supérieure à la concurrence (notamment grâce à des aides au pilotage particulièrement sophistiquées), il remporte 9 courses (un record à l'époque), décroche 14 poles positions (un autre record, qui tient toujours) et s'adjuge le titre mondial dès le mois d'août au GP de Hongrie, du jamais vu en Formule 1.

Mais malgré cette saison parfaite, ses rapports avec son équipe tournent à l'orage. À tel point que vexé de devoir subir une réduction de salaire (un comble pour un nouveau champion du monde) ainsi que l'arrivée à ses côtés d'Alain Prost (un mauvais souvenir pour Mansell, Prost l'ayant dominé en 1990 chez Ferrari), il claque purement et simplement la porte de la Formule 1 à l'issue de la saison

[modifier] Exil et retour

En 1993, dans le championnat CART sur la monoplace du Newman/Haas Racing.
En 1993, dans le championnat CART sur la monoplace du Newman/Haas Racing.

Mansell trouve refuge en 1993 dans le championnat CART en Amérique du Nord, au sein de l'écurie Newman/Haas Racing. Il ne tarde pas à se mettre en évidence, remportant la première course de la saison sur le tracé urbain de Surfer's Paradise en Australie. Malgré une première expérience douloureuse (un crash très violent à Phoenix), Mansell se fait également une spécialité des courses disputées sur tracé ovale et passe proche de la victoire aux 500 Miles d'Indianapolis. Avec cinq victoires dans la saison, il remporte le championnat pour sa toute première participation.

La saison 1994 s'avère plus délicate, en raison d'un matériel moins performant. À cela s'ajoute une certaine dispersion puisque Mansell est rappelé par le monde de la Formule 1 après la mort de Senna. À la demande pressante de Renault et de Bernie Ecclestone, Mansell reprend le volant de la Williams à l'occasion du GP de France, puis remporte le dernier GP de la saison en Australie. Mais malgré ce succès, Williams préfère miser pour la saison 1995 sur le jeune Britannique David Coulthard, également auteur de performances probantes sur la Williams.

Pour la saison 1995, Mansell signe avec l'écurie McLaren. Mais l'affaire tourne à la farce lorsque l'équipe annonce en début de saison que le pilote britannique est trop corpulent pour se glisser dans la voiture. Après avoir dû faire l'impasse sur le début de saison, Mansell reprend du service au GP de Saint-Marin, au volant d'une monoplace modifiée, mais après deux courses calamiteuses, il met fin à sa collaboration avec McLaren.

Nigel Mansell en 2007
Nigel Mansell en 2007

Mansell tente vaguement un nouveau come-back en décembre 1996 en participant à des essais privés pour le compte de l'écurie Jordan-Peugeot en vue d'un éventuel engagement pour la saison 1997. Mais compte tenu des chronos décevants signés par l'ancien champion du monde, l'affaire en reste là. Il effectue un bref retour à la course en 1998 aux 24 heures de Chamonix (course sur glace) puis dans le British Touring Car Championship au volant d'une Ford Mondeo, pour 6 apparitions.

Depuis 2005, il est de retour sur les pistes, en disputant le tout nouveau Grand Prix Masters, en compagnie d'anciennes gloires de la F1. Il a d'ailleurs remporté la manche d'ouverture de ce championnat, à Kyalami (Afrique du Sud), ainsi que la manche suivante au Qatar.

[modifier] Résultats en F1

Année Ecurie Châssis Moteur Pneus GP disputés Points Classement
1980 Lotus 81B Cosworth V8 Goodyear 2 0 n.c.
1981 Lotus 81B
87
Cosworth V8
Cosworth V8
Michelin
Goodyear
13 8 14e
1982 Lotus 87B
91
Cosworth V8 Goodyear 13 7 14e
1983 Lotus 92
94T
Cosworth V8
Renault V6 turbo
Pirelli
Pirelli
15 10 12e
1984 Lotus 95T Renault V6 turbo Goodyear 16 13 9e
1985 Williams FW10 Honda V6 turbo Goodyear 15 31 6e
1986 Williams FW11 Honda V6 turbo Goodyear 16 72 2e
1987 Williams FW11B Honda V6 turbo Goodyear 14 61 2e
1988 Williams FW12 Judd V8 Goodyear 14 12 9e
1989 Ferrari 640 Ferrari V12 Goodyear 15 38 4e
1990 Ferrari 641 Ferrari V12 Goodyear 16 37 5e
1991 Williams FW14 Renault V10 Goodyear 16 72 2e
1992 Williams FW14B Renault V10 Goodyear 16 108 Champion
1994 Williams FW16
FW16B
Renault V10 Goodyear 4 13 9e
1995 McLaren MP4/10B Mercedes V10 Goodyear 2 0 n.c.

[modifier] Victoires en Championnat du monde de Formule 1

# Année Manche Grand Prix Circuit Écurie Voiture
1 1985 14/16 Europe Brands Hatch Williams-Honda FW10
2 1985 15/16 Afrique du Sud Kyalami Williams-Honda FW10
3 1986 05/16 Belgique Spa-Francorchamps Williams-Honda FW11
4 1986 06/16 Canada Montréal Williams-Honda FW11
5 1986 08/16 France Le Castellet Williams-Honda FW11
6 1986 09/16 Grande-Bretagne Brands Hatch Williams-Honda FW11
7 1986 14/16 Portugal Estoril Williams-Honda FW11
8 1987 02/16 Saint-Marin Imola Williams-Honda FW11B
9 1987 06/16 France Le Castellet Williams-Honda FW11B
10 1987 07/16 Grande-Bretagne Silverstone Williams-Honda FW11B
11 1987 10/16 Autriche Zeltweg Williams-Honda FW11B
12 1987 13/16 Espagne Jerez Williams-Honda FW11B
13 1987 14/16 Mexique Mexico Williams-Honda FW11B
14 1989 01/16 Brésil Jacarepagua Ferrari 640
15 1989 10/16 Hongrie Hungaroring Ferrari 640
16 1990 13/16 Portugal Estoril Ferrari 641
17 1991 07/16 France Magny-Cours Williams-Renault FW14
18 1991 08/16 Grande-Bretagne Silverstone Williams-Renault FW14
19 1991 09/16 Allemagne Hockenheim Williams-Renault FW14
20 1991 12/16 Italie Monza Williams-Renault FW14
21 1991 14/16 Espagne Barcelone Williams-Renault FW14
22 1992 01/16 Afrique du Sud Kyalami Williams-Renault FW14B
23 1992 02/16 Mexique Mexico Williams-Renault FW14B
24 1992 03/16 Brésil Interlagos Williams-Renault FW14B
25 1992 04/16 Espagne Barcelone Williams-Renault FW14B
26 1992 05/16 Saint-Marin Imola Williams-Renault FW14B
27 1992 08/16 France Magny-Cours Williams-Renault FW14B
28 1992 09/16 Grande-Bretagne Silverstone Williams-Renault FW14B
29 1992 10/16 Allemagne Hockenheim Williams-Renault FW14B
30 1992 14/16 Portugal Estoril Williams-Renault FW14B
31 1994 16/16 Australie Adelaide Williams-Renault FW16

[modifier] Palmarès

  • Champion du monde de Formule 1 1992.
  • Vainqueur du championnat CART en 1993.

[modifier] Divers

  • Mansell a remporté le prix de la personnalité sportive de l'année attribué par la BBC à deux reprises, en 1986 et 1992. Il est l'une des trois personnes à avoir reçu deux fois cet honneur.
  • Nigel est marié avec sa femme Rosanne depuis 1975. Le couple a eu trois enfants dont deux garçons (Leo et Greg) qui ont entamé en 2006 une carrière dans le sport automobile. Ils piloteront en 2008 en Champ Car Atlantic.

[modifier] Anecdotes

Nigel Mansell est aussi un pilote plein d'humour et de gaffes hors de la voiture, ce qui lui donne une certaine célébrité dans le domaine.

  • Au grand prix d'Autriche en 1987, en se rendant sur le podium il s'assomme avec une barre métallique.
  • Au grand prix du Brésil en 1989, alors qu'il a gagné la course, il s'entaillera un doigt avec sa coupe.
  • Indigné par les questions parfois idiotes de certains journalistes qui lui demandent le type de pneus qu'il avait choisis, il répond « Ronds et noirs ».
  • Il lui arrivera plusieurs fois de poursuivre des journalistes en courant.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Lien externe

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