Nicolas II de Russie

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Nicolas II de Russie
Nikolaï Aleksandrovitch Romanov
Dynastie Romanov
Naissance 6 mai 1868
Tsarskoïe Selo
Décès 17 juillet 1918 (50 ans)
Iekaterinbourg
Pays Russie impériale
Titre Empereur et autocrate de toutes les Russies
(1894 - 1917)
Grade militaire
Arme
Service de {{{débutdecarriere}}} à {{{findecarriere}}}
Couronnement 26 mai 1896
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Investiture
Prédécesseur Alexandre III
Successeur
Conflits
Commandement
Faits d'armes
Distinctions
Hommage
Autres fonctions
Enfant de Alexandre III
et de
Dagmar de Danemark
Conjoint Alexandra Feodorovna
Enfants Olga Nicolaïevna
Tatiana Nikolaïevna
Maria Nicolaïevna
Anastasia Nicolaïevna
Alexis Nicolaïevitch
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Nicolas II de Russie (Nikolaï Aleksandrovitch Romanov, en russe : Николай Александрович Романов), de la dynastie des Romanov, né le 6 mai 1868 à Tsarskoïe Selo, exécuté le 17 juillet 1918 à Iekaterinbourg, fut le dernier tsar couronné en Russie de 1894 à 1917. Son titre complet était « Nicolas II, empereur et autocrate de toutes les Russies » (Божию Милостию, Император и Самодержец Всероссийский).

Sommaire

[modifier] Jeunesse

Nicolas II est le fils de l'empereur Alexandre III, auquel il succéde le 1er novembre 1894 et de Dagmar du Danemark (1847-1928) (fille de Christian IX roi du Danemark).

Le 26 novembre 1894, il épouse la princesse Alexandra de Hesse-Darmstadt (1872-1918), de son vrai prénom Alix, fille de Louis IV de Hesse-Darmstadt et d'Alice de Saxe-Cobourg et Gotha(morte en 1878). Alix de Hesse-Darmstadt était la petite-fille de la reine Victoria et d'Albert de Saxe-Cobourg et Gotha. Elle est connue en Russie sous le nom russifié d'Alexandra Fedorovna.

Nicolas II et Alexandra Feodorovna ont cinq enfants : un fils, le tsarévitch Alexis Nicolaïevitch (1904-1918) et quatre filles, Olga Nicolaïevna (1895-1918), Tatiana Nikolaïevna (1897-1918), Maria Nicolaïevna (1899-1918) et Anastasia Nicolaïevna (1901-1918).

Mal préparé à assumer ses fonctions, Nicolas II est généralement considéré par les historiens comme un homme faible, sans volonté, subissant constamment l'influence de son épouse (à laquelle il voue un amour sans faille) ou de ses conseillers, ou encore de son entourage plus large (comme Raspoutine). Jugé entêté comme tous les faibles, incapable de refus, il est trop délicat et bien élevé pour se déterminer grossièrement et, plutôt que refuser, préfère se taire.

Son épouse, Alexandra, est méprisée par les Russes en raison de ses origines allemandes mais aussi de l'amitié qu'elle voue à un moine débauché, Raspoutine, qui devient l'intime de la famille impériale : capable de guérir les crises d'hémophilie dont souffre le tsarévitch Alexis, Raspoutine acquiert une très grande influence sur le Tsar et sur son épouse avant d'être finalement assassiné par une conjuration de hauts-dignitaires en décembre 1916 (le député Pourichkevtch et le prince Youssoupov, époux d'une nièce du tsar).

Profondément marqué par l'assassinat de son grand-père le tsar libérateur Alexandre II quand il avait 13 ans, il se veut, comme son père, conservateur. Nicolas II se considérait comme le maître absolu de la terre russe et entendait dès son avènement poursuivre la politique menée par son père, fondée sur le maintien de l'autocratie ; autocratie qu'il avait juré lors de son couronnement de défendre.

[modifier] Le maintien affirmé de l'autocratie

À son avènement, Nicolas II révoque les ministres de son père à l'exception du ministre des Finances, Serge Witte, qu'il charge d'achever la réforme financière engagée sous le règne d'Alexandre III afin d'assurer la parité monétaire. Malgré leurs divergences de caractère, Nicolas II approuve la politique de développement économique intensif menée par son ministre.

Le 3 janvier 1897, le rouble-or est restauré. La principale pièce d'or est l’impérial (d'une valeur de 15 roubles) ; on frappe aussi un demi-impérial (7 roubles cinquante kopecks). Cette remise en ordre du système financier donna une nouvelle impulsion au développement de l'industrie, particulièrement l'industrie lourde.

Les progrès réalisés dans le domaine du développement économique, sans réel souci du sort des ouvriers, entraïnent logiquement des mouvements sociaux, ainsi qu'un essor de la culture russe traditionnelle qu'inspire au peuple et aux artistes la peur du changement. Nicolas II refuse de voir les conséquences de la politique économique qu'il soutient et s'efforça de maintenir les fondements de son pouvoir absolu.

[modifier] Politique intérieure

Sur le plan intérieur, Nicolas II ne s'écarta pas de la politique conservatrice de son père, Alexandre III : sa première déclaration publique, lors de son avènement, condamna les zemstvos tolérés par Alexandre III.

En 1897, il envoya le général Golitsyne russifier les provinces du Caucase ; en 1898, il nomma gouverneur général de Finlande Nikolaï Bobrikov, qui entreprend de russifier la population.

En 1902, Nicolas II confia au comte Plehve le ministère de l'Intérieur. Bien qu'il éprouvât de la sympathie pour les idées constitutionnelles, Plehve développa une politique très conservatrice.

[modifier] La révolution de 1905

[modifier] La situation conflictuelle

La Russie est depuis le début du XXe siècle dans un état de révolte permanente. L'agitation paysanne est endémique à partir de 1902 mais les émeutes ne virent jamais à l'insurrection : elles ont pour but de faire peur aux nobles afin qu'ls cèdent la terre à bas prix. Les grèves ouvrières comencent relativement tard, en 1903 : elles obéissent au début à des motivations économiques puis deviennent politiques par suite de l'encouragement des S.R.

De son côté, le terrorisme bat son plein avec les assassinats des ministres de l'Intérieur Sipiaguine (1902) et Plehve (1904) ainsi que du grand-duc Serge, oncle du tsar (1905).

[modifier] Le Dimanche rouge et ses conséquences

Le 22 janvier 1905, la police ouvre le feu sur une immense manifestation ouvrière, faisant entre 800 et 1 000 morts. L'ironie veut que le meneur de la manifestation, le pope Gapone, est en réalité membre d'un syndicat policier destiné à noyauter le mouvement ouvrier et l'orienter dans la direction voulue par les autorités. Les ouvriers qui convergent vers le Palais d'Hiver - ils ignorent que Nicolas II est absent de la capitale - portent des icônes et des portraits du tsar et viennent en sujets fidèles ou plutôt comme des enfants devant leur père pour le supplier de soulager leur misère.

Le Dimanche rouge marque la début d'un engrenage révolutionnaire.

[modifier] L'échec de l'Empire pseudo-constitutionnel

[modifier] Le Manifeste d'octobre 1905 et les Lois fondamentales d'avril 1906

Portrait de Nicolas IIpar Boris Koustodiev (1915)
Portrait de Nicolas II
par Boris Koustodiev (1915)

Les événements de l'année 1905 contraignent Nicolas II à des concessions, même si elles lui sont arragées son son ministre Serge Witte.

Icône de détail Article détaillé : Révolution russe de 1905.

Le Manifeste du 17 octobre.

Nicolas II promulgue le Manifeste du 17 octobre (le non officiel est Manifeste sur le perfectionnement de l'ordre de l'État) par lequel :

  • sont garanties les libertés fondamentales (liberté d'expression, liberté de la presse, liberté de réunion et d'association.
  • est annoncée l'institution d'une Douma d'Empire (assemblée) élue au suffrage censitaire qui aurait le pouvoir d'approuver les lois (la Douma est le nom emprunté à l'ancien conseil des tsars moscovites, afin de signifier que l'organe créé en 1905 ne repose que sur la volonté du tsar).
  • est proclamée une amnistie pour tous les délits" et "crimes" commis avant la proclamation du Manifeste
  • est promise aux populations allogènes le respect des libertés et le droit pour chaque nationalité le droit d'utiliser sa propre langue.

Les Lois fondamentales (avril 1906).

Nicolas II n'a cédé qu'à contre-cœur en octobre 1905. Il limite au maximum les concessions octroyées dans les Lois fondamentales (ce qui évite d'utiliser le terme honni de constitution) promulguées en avril 1906, la veille du jour où doit se réunir la première Douma.

L'empereur conserve le titre d'autocrate (article 4) et garde le contrôle de l'exécutif (les ministres ne sont pas responsables devant la Douma et relèvent uniquement du souverain), des forces armées, de la politique étrangère (et notamment du droit de déclarer la guerre et de faire la paix) et convoque les sessions annuelles de la Douma (article 9).

Le pouvoir législatif de la Douma est officiellement restreint : elle n'a pas l'initiative des lois et les lois qu'elle a acceptées passent ensuite devant l'ancien Conseil d'État transformé en Conseil d'Empire et qui tient lieu de chambre haute (article 44). Le gouvernement a la possibilité de légiférer par oukases dans l'intervalle des sessions, à charge de les faire ratifier ensuite par la Douma.

[modifier] La période semi-constitutionnelle (1905-1907)

La première Douma ou Douma cadette (mai-juillet 1906).

Les élections réellement libres sont un succès pour le parti Kadet et le centre gauche. Beaucoup parmi les nouveaux élus prennent leurs fonctions à coeur et s'aliènent immédiatement la couronne en cherchant à établir un régime parlementaire et à imposer une réforme agraire jugée inacceptable par la noblesse tandis que Goremykhine, éphémère premiere ministre d'avril à juillet 1906, refuse tout contact avec la Douma. Stolypine, nommé nouveau premier ministre par Nicolas II, obtient la dissolution de la Douma. Les députés libéraux et socialistes modérés répliquent en lançant l'appel de Vyborg appellant à la résistance passive par le refus de l'impôt et de la conscription : les signataires de l'appel sont condamnés à la prison et déclarés inéligibles non seulement à la future Douma mais aussi aux zemstvos.

La deuxième Douma ou Douma rouge (février-juin 1907).

Le gouvernement s'est assuré tous les moyens de pression pour s'assurer des résultats favorables mais la deuxième Douma s'avère encore plus ingouvernable que la première. Les partis de gauche qui ont renoncé au boycott progressent aux dépens des cadets dont les leaders sont inéligibles et s'opposent à Stolypine par tous les moyens : ce dernier obtient de nouveau de l'empereur la dissolution de la Douma suite à un prétendu complot fomenté par les socio-démocrates.

[modifier] Le gouvernement Stolypine (1906-1911)

En 1906, Nicolas II nomme Piotr Stolypine président du Conseil des ministres. Celui-ci se donne deux objectifs : rétablir l'ordre et mettre en œuvre un programme de réformes.

La modification de la loi électorale et l'élection de la Troisième Douma.

La modification de la loi électorale a pour but de faire élire une Douma prête à coopérer avec le gouvernement : la représentation paysanne est diminuée de près de moitié, celle des ouvriers réduite de façon draconnienne; le nombre de députés de la noblesse augmente de façon tout à fait disproportionnée étant donné le faible nombre de ses électeurs. Le gouvernement trouve enfin une Douma coopérative (l'extrême-droite et les Octobristes sont majoritaires).

Contrairement à ce qui s'est passé pour les deux premières Doumas qui n'ont duré que quelques mois, la troisième reste en fonction jusqu'au terme légal de la législature, c'est-à-dire jusqu'en 1912. La quatrième Douma dure également cinq ans, de 1912 à la révolution de 1917.


La lutte contre le terrorisme.

L'arrivée au pouvoir de Stolypine correspond à une reprise du terrorisme. Les S.R. décident en 1906 de frapper un grand coup : la résidence où vit le premier ministre est l'objet d'un attentat particulièrement sanglant (plus de trente victimes, dont deux enfants de Stolypine, sont grièvement blessés). Stolypine est indemne mais est convaincu de la nécessité de sévir sur le champ. Il décide la constitution de cours martiales ambulantes composées d'officiers sans formation juridique qui procèdent à l'instruction immédiate des dossiers : les jugements sont rendus et exécutés par des militaires, les accusés sont privés d'avocat et du droit d'interjeter appel.

Cette justice expéditive qui fonctionne jusqu'au printemps 1907 prononce des milliers de condamnations à mort (la "cravate de Stolypine) ou aux travaux forcés (le "wagon de Stolypine).


Une réelle tentative de réforme agraire.

Stolypine estime qu'il faut changer radicalement de politique agraire. Il est convaincu que le mir est devenu un ferment de socialisme qui va à l'encontre du droit de propriété et ne permet plus de maintenir l'ordre dans les campagnes. Il entend par conséquent constituer une classe de petits propriétaires privés qui élargirait la base sociale du régime et briserait l'unité corporative de la paysannerie (en calquant l'Occident où les paysans soutiennent politiquement les partis conservateurs).

Les oukases de 1906, 1910 et 1911 facilitent la dissolution des mirs afin de permettre le passage de la propriété collective à la propriété individuelle. La législation agraire de Stolypine, quoique critiquée, est la seule à tenter une modification en profondeur des campagnes et de la condition du peuple russe. Leur résultat est très controversé (les statistiques divergent et vont de 16 à 54% de paysans sortis du mir selon les auteurs).

  • les libéraux estiment que cette politique résolue était en train de sauver l'Empire et, avec les années, la réforme aurait atteint son but aec la transformation et la stabilisation des campagnes.
  • le marxistes pensent que cette réforme a eu une portée très limitée car elle pèche par l'étroitesse de son champ d'application (Stolypine est décidé à ne pas confisquer de terres à la noblesse et invite les paysans à repartager les terres qu'ils possèdent déjà), son aspect coercitif et l'accentuation des diiférenciations sociales au sein de la masse paysanne.

[modifier] Une impression de fin de règne (1911-1914)

Le 5 septembre 1911, Stolypine est assassiné à Kiev par un étudiant juif probablement manipulé par la police. Sa mort marque la reprise des troubles révolutionnaires et des grandes grèves telle celle sur la Léna à partir de février 1912.

Nicolas II, par incompétence ou paresse, est incapable de faire face à la situation. Il confie le pouvoir à des réactionnaires convaincus (Kokovtsev de 1911 à 1913), Goremykhine de 1913 à 1916) et écoute constamment les conseillers qui lui affirment que la moindre concession risque d'encourager l'opposition à réclamer toujours davantage. Il laisse en outre sa femme, l'impératrice Alexandra, s'enticher du moine débauché Raspoutine à qui la rumeur publique attribue une forte emprise sur la famille impériale et le déclare responsable de la nomination des ministres. Insousciant, il célèbre en 1913 le tricentenaire de la dynastie des Romanov et les acclamations orchestrées de la foule le convainquent de sa popularité.

[modifier] Une politique étrangère aventureuse et finalement périlleuse

[modifier] 1894-1905 : des rèves de paix universelle à la guerre avec le Japon

Déterminé à conquérir des ports sur les mers chaudes, Nicolas II engagea la Russie dans une politique expansionniste, qui s'exprima tout d'abord au détriment de l'Empire ottoman et du Japon :

  • En 1896, il recommanda à son ambassadeur à Constantinople d'envisager l'annexion du Bosphore par la Russie, expédition à laquelle il renonça ensuite sous l'influence de Witte. Nicolas II, poursuivant probablement le vieux rêve de reconquérir l'Empire byzantin songeait à prendre Constantinople - ce que l'état de l'homme malade de l'Europe (l'Empire ottoman) lui aurait sans doute permis - et à ouvrir ainsi à la Russie un port sur la Méditerranée.
  • Il chercha ensuite à étendre la Russie vers l'Extrême-Orient, afin notamment d'acquérir un accès aux mers chaudes du Pacifique. Ainsi fut-il favorable à un partage de la Chine par les puissances occidentales qui dépeçaient lentement l'empire du Milieu (Guerre des boxers) et de la Corée, afin d'acquérir un port qui ne soit pas pris dans les glaces et qui pourrait permettre à la flotte russe de sillonner le Pacifique. Cette ambition inquiétait le Japon qui, le 7 février1904, attaqua l'escadre russe amarrée à Port-Arthur : c'est le début de la Guerre russo-japonaise, qui s'acheva par la défaite de la Russie en 1905.
  • Au point de vue religieux, assimilant les coptes à des orthodoxes, il s'intéressa à l'Éthiopie : en 1893, les Églises orthodoxes et coptes signaient des accords et, en 1900, le général Leonteov était nommé protecteur général des possessions équatoriales de l'Éthiopie.

[modifier] 1905-1914 : la rivalité avec l'Autriche-Hongrie dans les Balkans

L'annexion de la Bosnie-Herzégovine par l'Autriche-Hongrie et le recul russe (1908).

Lorsque l'Autriche-Hongrie annexe la Bosnie-Herzégovine en 1908, la Russie refuse de s'incliner mais, mal soutenue par la France qui estime que les intérêts vitaux de la Russie ne sont pas en jeu et menacée par un ultimatum secret allemand, elle doit accepter le fait accompli.


La Russie et les guerres balkaniques (1912-1913).

Les querelles balkaniques ne sont pas perçues comme un danger pour la paix mais comme une possibilité de revanche pour une Russie humiliée en 1904-1905 puis en 1908 : elle acquiert la certitude qu'un jour l'un des deux Empires devra céder devant l'autre. Ellle entend de ce fait tirer profit d'un éventuel démembrement de l'Empire ottoman dans les Balkans pour s'assurer des positions révées et patronnne la création d'une alliance entre les États balkaniques qui attaquent la Turquie en 1912 et soutient la Serbie dans toutes ses entreprises.


La Russie et la crise de juillet 1914.

Lorsque l'héritier du trône d'Autriche-Hongrie est assassiné à Sarajevo par des nationalistes serbes et que le gouvernement austro-hongrois a fait parvenir àla Serbie un ultimatum jugé inacceptable par Belgrade, le gouvernement russe décide de soutenir la Serbie, faute de quoi il ne lui restera qu'àenregistrer une nouvelle défaite.

[modifier] Le régime impérial à l'épreuve de la Première guerre mondiale

En juillet 1914, après l'attentat de Sarajevo et l'ultimatum adressé à la Serbie par l'Autriche-Hongrie, Nicolas II décréta la mobilisation générale afin de se préparer, au nom du panslavisme et des accords de défense, à se porter au secours de la Serbie, peuple slave et orthodoxe. L'engrenage des alliances conduisit la Russie à entrer dans la Première Guerre mondiale aux côtés de la France et de l'Angleterre, contre l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie et l'Empire ottoman. Elle inspire confiance à ses alliés :

  • financièrement au moyen des emprunts russes souscrits par plus d'un million et demi de petits épargnants français.
  • militairement par le nombre considérable d'hommes qu'elle peut aligner face aux armées des Empires centraux (le fameux "rouleau compresseur russe").

[modifier] Les défaites militaires

Pour répondre aux demandes de l'état-major français en difficulté sur la Marne, l'armée russe attaque début août 1914 en Prusse orientale et en Galicie : elle est écrasée fin août pat les Allemands commandés par Hinderburg à la bataille de Tannenberg et à la bataille des Lacs Mazures mais elle obtient quelques succès face aux Autrichiens en occupant la Galicie orientale puis sur l'armée ottomane battue dans le Caucase.

En 1915, une contre-offensive austro-allemnade balaie ces conquêtes en quelques semaines : les Russes reculent, abandonnant la Pologne, la Lituanie et une partie de la Lettonie.

Le bilan de l'année 1916 est très contrasté : depuis le début de l'année, la Russie peut compter sur un afflux de matériel de guerre étranger, fourni par les Alliés, ce qui améliore notablement les capacités de combat des troupes russes, confrontées jusque là à une terrible pénurie de moyens militaires. Pendant que les Alliés attaquent sur la Somme, les Russes lancent une vaste offensive en Galicie : les armées autrichiennes, retenues sur le Trentin, sont rapidement hors de combat et leur effondrement paraît si complet que l'Allemagne doit envoyer plusieurs divisions à leur secours pour les maintenir dans la guerre.

Malgré l'insuffisance de l'armement, la faiblesse du commandement et les désastres militaires qui se soldent par des milliers de tués, de blessés et de prisonniers, ce n'est pas le front russe qui s'effondre : c'est l'arrière qui ne tient plus.

[modifier] La crise matérielle

Le dégré de développement du pays est insuffisant pour faire face aux besoins d'une guerre moderne et en même temps assurer les besoins de l'arrière. La conversion de l'industrie pour faire face aux besoins de la guerre permet de fabriquer les équipements nécessaires à la défense du pays mais entraîne l'asphyxie économique des autres secteurs de l'économie d'autant que la Russie est isolée de ses principaux partenaires européens. Au boût de quelques mois, l'arrière manque de biens de consommation et les prix des denrées de base augmente considérablement. De plus, la désorganisation des transports perturbe le ravitaillement du front et de l'arrière, notamment dans les centres urbains où l'afflux des réfugiés accroît la précarité de l'approvisionnement. Les campagnes sont également touchées par la mobilisation massive d'hommes pour l'armée, les réquisitions de cheptel et de céréales.

[modifier] La désagrégation du pouvoir

En août 1914, Nicolas II, invoquant la défense de la Sainte-Russie, a obtenu autour de sa personne l'Union Sacrée. Il profite du péril militaire pour gouverner sans jamais réunir la Douma (les députés dénoncent un coup d'État constitutionnel) et, en 1915, décide d'assurer en persone le commandement de l'armée : il se trouve rapidement discrédité par les défaites dont il porte la responsabilité, laissant le pouvoir aux mains de l'impératrice Alexandra Feodorovna et de Raspoutine.

Il devient manifeste que l'autocratie n'est plus capable de gouverner en temps de guerre. Partout dans l'Empire s'organisent des comités (de zemstvos ou autres) qui prennent en charge la gestion du quotidien que l'État est incapable d'assumer (soins aux blessés sans cesse plus nombreux, ravitaillement).

Une opposition de plus en plus virulente se manifeste à la Douma : une majorité se rassemble derrière les Octobristes pour dénoncer l'incompétence des ministres et l'influence de Raspoutine. Même l'extrême-droite nationaliste se joint à l'opposition : Raspoutine est finalement assassiné en décembre 1916 par des ultra-monarchistes menés par le prince Youssoupoff, parent par alliance de l'empereur et l'un des aristocrates les plus riches de Russie.

Cette opposition modérée n'est pas doublée par une opposition révolutionnaire : presque tous les dirigeants socialistes sont en exil ou en prison et n'ont de ce fait qu'une connaissance limitée de ce qui se passe en Russie.

[modifier] De l'abdication au massacre de la famille impériale

[modifier] La chute du régime impérial

Icône de détail Article détaillé : Révolution russe de 1905.
Nicolas II en mars 1917.Dernière photo du tsar, prise alors qu'il était prisonnier à Tobolsk.
Nicolas II en mars 1917.
Dernière photo du tsar, prise alors qu'il était prisonnier à Tobolsk.

La Révolution de février 1917 sonne le glas du régime impérial. Dominé par l'impératrice Alexandra Feodorovna (elle-même détestée en raison de ses origines allemandes), le gouvernement perdit le soutien du peuple russe, qui se révolta à Pétrograd de lui-même, faisant 1 300 morts.

Le 10 février 1917, le président de la Douma remet à Nicolas II un rapport faisant état de l'impossibilité de gouverner l'Empire, en soulignant la nécessité de former un gouvernement responsable devant la Douma. Les commandants en chef des armées se prononcent, officieusement, en faveur de l'abdication du tsar, qu'ils jugeaient incapable de mener les armées russes à la victoire.

Ne pouvant se résoudre à se séparer de son fils le tsarévitch Alexis Nicolaïevitch qui n'avait que 13 ans, et souffrant d'hémophilie, était incapable de régner, Nicolas II abdique le 2 mars 1917 du calendrier julien ou 15 mars 1917 du calendrier grégorien, en faveur de son frère, le grand-duc Michel (Mikhail Alexandrovich Romanov), qui, surpris, finit par refuser le pouvoir. Nicolas II est arrêté par le gouvernement provisoire le 10 mars.

[modifier] Le massacre de la famille impériale

En mars 1917, Nicolas II et sa famille sont emmenés à Tobolsk (Sibérie occidentale). En avril 1918, les bolcheviks les conduisent dans l'Oural, à Iekaterinbourg. Nicolas II et toute sa famille sont exécutés sans aucun jugement dans les caves de la villa Ipatiev (propriété d'un industriel de cette dernière ville : Nicholaï Ipatiev), le 17 juillet 1918, par un groupe de bolcheviks commandé par Iakov Sverdlov et Iakov Yourovsky, dont fait partie Imre Nagy, peut-être sur l'ordre de Lénine : les Bolchéviques craignaient que le symbole même de l'autocratie en Russie, le tsar, ne soit libéré par les Blancs, alors aux portes de la ville.

Les corps de la famille impériale sont chargés sur un camion puis transférés dans une forêt proche de Iekaterinbourg. Ils sont jetés dans un puits de mine d'où ils sont, quelques jours plus tard, retirés pour être ensevelis sous un chemin forestier.

[modifier] Les controverses quant au sort de certains membres de la famille

Le sort de la famille impériale resta pendant longtemps sujet à controverses : si le juge Nicolas Sokolov, dépêché par l'amiral Koltchak, conclut immédiatement au massacre collectif et à l'incinération des corps, divers historiens - s'appuyant en cela sur des rumeurs répandues dans la région d'Iekaterinbourg - contestèrent ses conclusions. Ainsi l'historienne Marina Gray, fille du général Dénikine, tenta de démontrer la survie d'une partie de la famille impériale.

D'aprés Summers et Mangold, les femmes de la famille n'auraient pas été exécutées le 17 juillet, mais évacuées vers Perm. En effet, leur "qualité" de princesses allemandes faisaient d'elles une monnaie d'échange avec l'ennemi (des terroristes bolcheviques étaient encore emprisonnés en Allemagne et auraient pu être échangés avec elles). Elles auraient été vues en octobre 1917 à Perm ; à cette même période, Anastasia aurait réussi à s'évader et à regagner l'Allemagne aprés une érrance de plusieurs années. Cette théorie, relayée par l'historienne Marina Gray, fut contestée par certains historiens et se trouve aujourd'hui écartée.

La controverse fut principalement alimentée par l'affaire Anna Anderson : le 17 février 1920, un officier allemand repêche, dans un canal de Berlin, une jeune femme qui venait de s'y jeter. Refusant de parler, elle fut internée dans un asile d'aliénés où elle finit par déclarer son identité avec la grande-duchesse Anastasia, dernière fille de Nicolas II.

Connue sous les noms successifs de Anna Tchaîkovsky puis Anna Anderson, elle fut au centre d'une longue énigme largement médiatisée, ponctuée de nombreux procès intentés à la famille impériale Romanov afin de se faire reconnaître comme Anastasia. Elle fut définitivement déboutée par la Cour de cassation de Karlsruhe, le 17 février 1970. Mariée au médecin américain John Manahan, elle mourut le 12 février 1984 à Charlottesville, aux États-Unis.

Les analyses ADN ont démontré qu'Anna Anderson ne pouvait être la grande-duchesse Anastasia : ces mêmes analyses démentent également l'hypothèse longtemps admise selon laquelle Mme Anderson était une ouvrière polonaise nommée Franziska Schanzkowska.

[modifier] Confirmation et inhumation

En 1990, les corps de la famille impériale ont été retrouvés et exhumés, puis identifiés par une analyse ADN. Deux corps manquent, celui du tsarévitch Alexis Nicolaïevitch, 14 ans, et celui de l'une des filles Anastasia Nicolaïevna, 17 ans : d'après le rapport de Yourovsky, qui dirigea l'exécution, ces deux corps furent brûlés. Selon certaines sources, ce serait le corps de Maria Nicolaïevna, 19 ans, (et non celui d'Anastasia) qui manquerait.


Le 17 juillet 1998, Nicolas II a été inhumé avec sa famille (sauf les deux corps non retrouvés) dans la Cathédrale Pierre-et-Paul à Saint-Petersbourg, ainsi que le docteur Ievgueni Botkine, médecin de la famille impériale, et leurs domestiques : Anna Demidova, Ivan Kharitonov et Alexeï Trupp. Ils furent inhumés en présence de plus de cinquante membres de la famille Romanov et de leurs proches parents, en particulier le grand duc Nicolas Romanovitch de Russie, chef de la maison impériale de Russie.

Furent également présents aux funérailles de Nicolas II de Russie : Constantin Melnik (petit-fils du docteur Ievgueni Botkine), H. Kharitonov (petit-fils du cuisinier Ivan Kharinotov, Natalia Demidova (petit-nièce de la femme de chambre Anna Demidova).


En 2007, les corps auparavant introuvables des deux enfants du dernier tsar, Maria Nicolaievna, 19 ans et Alexis Nicolaievitch, 14 ans, ont étés retrouvés et vont être inhumés prochainement. [1].

[modifier] Canonisation

Icône de détail Article détaillé : Canonisation des Romanov.

Le 14 août 2000, Nicolas II et sa famille ont été canonisés par l'Église orthodoxe de Russie, qui les considère comme morts martyrs, il est également inscrit dans le martyrologe de l'Église orthodoxe russe. Saint-tsar Nicolas est vénéré le 17 juillet, le lieu de pélerinage est situé à Iekaterinbourg en l'église nouvellement bâtie sur le lieu où furent massacrés Nicolas II de Russie et sa famille en 1918.

[modifier] Miracles attribués à Nicolas II de Russie

En 1917, quatre-vingt-dix huit personnes, dont vingt-deux Cosaques Ataman furent coupés de leur régiment, piégés au milieu d'un marécage, ils furent encerclés par l'Armée rouge. Sur le conseil du père Nektarios Serfes, aumônier du régiment des Cosaques Ataman, les cosaques adressèrent une prière au Tsar-martyr et à son fils, le tsarévitch Alexeï Nicolaïevitch de Russie soldat d'honneur du régiment des gardes impériaux cosaques Ataman. Marchant dans l'eau jusqu'aux genoux, jusqu'à la taille, cinquante civils, vingt-deux cosaques, sept blessés, un prêtre et trente et un chevaux purent fuir par les marais. Les soldats de l'Armée rouge n'entendirent aucun bruit lors de leur passage. Le lendemain matin les traces du passage des fuyards avaient disparu.

A Iekaterinbourg, un homme innocent fut emprisonné, le détenu adressa une prière au saint-tsar Nicolas, quelques jours plus tard, son innocence fut reconnu, il retrouva la liberté.

[modifier] Divers

[modifier] Anecdote

Cousins germains par leurs mères, Nicolas II de Russie et son cousin George V du Royaume-Uni se ressemblaient à un tel point qu'ils étaient souvent confondus l'un avec l'autre. À noter que Michael de Kent ressemble également beaucoup à Nicolas II de Russie.

Ainsi, au lendemain de la Révolution russe et de l'exécution de la famille impériale, un jour que le roi Georges V parut dans la pièce où se trouvait la grande-duchesse Xenia Alexandrovna, sœur de Nicolas II, entourée de ses serviteurs, ces derniers se méprirent sur l'identité de la personne, ils se jetèrent aux pieds du souverain anglais croyant que Nicolas II de Russie était ressuscité.

[modifier] Généalogie

Nicolas II de Russie appartient à la première branche de la Maison d'Oldenbourg-Russie (Holstein-Gottorp-Romanov), issue de la première branche de la Maison d'Holstein-Gottorp, elle-même issue de la première branche de la Maison d'Oldenbourg.


[modifier] Notes

[modifier] Liens internes

[ La Reine Victoria d'Angleterre et Impératrice des Indes (arrière grand-mère maternel)]

[modifier] Bibliographie

  • A. d'Anjou, Moi,Alexis,arrière-petit-fils du tsar, Fayard, 1982.
  • T. Botkine, Anastasia retrouvée, Grasset, Paris, 1985.
  • Hélène Carrère d'Encausse, Nicolas II, la transition interrompue, Perrin.
  • Marc Ferro, Nicolas II, Payot, Paris, 1991, 276 p.
  • M. Gray, Enquête sur le massacre des Romanov, Perrin.
  • Michel Heller, Histoire de la Russie et de son Empire, Flammarion.
  • P.Kurth, The riddle of Anna Anderson, Little,Brown & Co., Boston, 1983.
  • Pierre Lorrain, La Fin tragique des Romanov, Bartillat, 2005.
  • L.Mary, " les derniers jours des Romanov" , l'Archipel, 2008.
  • M.Summers & Mangold, Le Dossier Romanoff, Albin MIchel, Paris, 1980.
  • Maurice Paléologue, "Le crépuscule des Tsars", Mercure de France, 2007.
  • Jean Rolland, Alexis, prince des neiges, Téqui. (ISBN 274030756X)
  • Henri Troyat, Nicolas II, le dernier tsar, Perrin.

[modifier] Articles connexes

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