Neuengamme

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Situation de Hambourg en Allemagne
Situation de Hambourg en Allemagne

Le camp de concentration (Konzentrationslager en allemand, abrégé KZ) de Neuengamme a été établi le 13 décembre 1938 , au sud-est de Hambourg sur le fleuve Elbe, d'abord comme camp extérieur du camp de Sachsenhausen puis transformé en 1940 en camp de travail indépendant (213 000 m³) avec plus de 90 camps extérieurs annexes[1]. Il sera "vidé" de toute sa population et du maximum de traces des exactions faîtes par les SS fin avril 1945, et donc liberé seulement le 4 mai 1945.

Il y eut 106 000 déportés parmi lesquelles on dénombra à la libération 55 000 morts (soit 52 %).

Sommaire

[modifier] Le camp de concentration

Vue aérienne du camp prise par l'aviation britannique le 16 avril 1945.
Vue aérienne du camp prise par l'aviation britannique le 16 avril 1945.

Les prisonniers devaient effectuer un travail forcé pour la production d'une briqueterie-tuilerie qui se trouvait sur son terrain, et plus tard dans l'industrie de l'armement ainsi qu'à la construction d'installations militaires (Friesenwall). Jusqu'en 1945, 106 000 personnes des pays occupés par l'Allemagne, de 28 nationalités différentes, ont été déportées et internées dans ce camp, avec des conditions de vie et de travail inhumaines. Environ 55 000 en sont mortes. Cela correspondait au slogan de ce camp : « épuisement par le travail ». En outre, les premiers essais d'assassinats de déportés avec le gaz Zyklon B ont été réalisés dans le camp de Neuengamme puis poursuivis dans le camp d'Auschwitz-Birkenau consacré à l'extermination de masse.

A Neuengamme sévissait le docteur SS Kurt Heißmeyer qui effectua des expériences sur des déportés avec le bacille de la tuberculose. Dans la nuit du 20 au 21 avril 1945, quelques jours avant la fin de la guerre, dans la cave de l'école de Bullenhuser Damm, un bâtiment qui servait de camp extérieur depuis octobre 1944, 20 enfants juifs, tous âgés de moins de 12 ans, avec leurs infirmiers et 24 déportés soviétiques, furent pendus. Avec cette action, ils voulaient camoufler ces recherches sur l'humain avant l'arrivée rapide des troupes britanniques.

Après que les prisonniers de Buchenwald le 11 avril 1945, furent libérés par l'armée américaine, les SS ont commencé, le 18 avril 1945, à faire évacuer le camp de Neuengamme pour échapper à la reddition et empêcher le transfert des déportés aux Alliés. Avec ces Marches de la mort à la fin de la guerre, plusieurs milliers de prisonniers complètement exténués ont été abattus par les SS. L'ensemble des kommandos dépendant du camp central de Neuengamme ont été libéré par l'avancée britanno-américaine (dont la 82e division aéroportée américaine commandée par James M. Gavin) le 4 mai 1945, l'armée russe se trouvant encore à 10 km. Neuengamme a été ainsi le dernier camp de concentration à avoir été libéré du joug nazi. La reddition sans condition fut signée par les Nazis avec les Alliés le 7 mai 1945 à Reims, et une nouvelle fois avec les Russes le 8 mai 1945 à Berlin.

[modifier] Une tragédie maritime mondiale occultée

Peu avant la fin de la guerre, plus de 7 000 déportés sont morts noyés le 3 mai 1945 avec le bombardement britannique du Cap Arcona et de deux autres navires dans lesquels on les avait enfermés. Le lendemain, le 4 mai 1945, les troupes britanniques pénétrèrent dans le camp de Neuengamme, complètement vide.

[modifier] Dénombrement des déportés de 1938 à 1945

Pays Hommes Femmes Total
Union soviétique 28 450 5 900 34 350
Pologne 13 000 3 900 16 900
France 11 000 500 11 500
Allemagne 8 800 400 9 200
Pays-Bas 6 650 300 6 950
Belgique 4 500 300 4 800
Danemark 4 800 - 4 800
Hongrie 1400 1 200 2 600
Norvège 2 200 - 2 200
Yougoslavie 1 400 100 1 500
Tchécoslovaquie 800 580 1 380
Grèce 1 250 - 1 250
Italie 850 - 850
Espagne 750 - 750
Autriche 300 20 320
Luxembourg 50 - 50
Autres pays 1 300 300 1 600
Totaux 87 500 13 500 101 000
Non inscrits dans les registres - - 5 000
Total final - - 106 000
Morts en déportation - - 55 000

Ainsi parmi l'ensemble des personnes ayant transitées à Neuengamme, 52 % d'entres elles sont décédées dans l'ensemble des kommandos dépendant du camp de Neuengamme entre le 13 décembre 1938 et le 4 mai 1945.

[modifier] Après-guerre

Après la guerre, ce camp servit aux Alliés de camp d'internement pour des membres de la SS et des responsables nationaux-socialistes jusqu'à ce qu'il ait été rendu à la ville de Hambourg en 1948.

La même année, pour se rappeler ce passé, un « institut pédagogique » fut construit sur l'ancien terrain du camp, mais aussi l' « établissement pénitentiaire du Vierlande ».

En 1953, d'anciens déportés de Neuengamme, firent construire un premier mémorial à l'intérieur du camp. En 1965, un mémorial officiel y fut installé. Un établissement pénitentiaire pour la jeunesse fut construit en 1970 sur le secteur de ce camp. Depuis 1981, on travaille à la réaffectation de ce camp pour en faire un site de réflexion et de documentation ; on commença par la construction du centre de documentation. En 1984, les restes des bâtiments de ce camp ont été placés sous la protection des Monuments Historiques. Depuis 1989, il était prévu de déplacer l'établissement pénitentiaire n° 12, ce qui a été réalisé au milieu de l'année 2003. Sur le site de l'ancien Tongruben, un autre établissement pénitentiaire n° 9 s'y trouve encore et qu'il n'a pas été prévu de déplacer.

En 2003, l'ancienne place d'Appel fut reconstruite. En même temps, dans les bâtiments en pierre se tient une exposition sur Neuengamme et il existe un centre d'études.

[modifier] Kommandos

Liste des Kommandos de Neuengamme

[modifier] Gardiennes SS

Pendant l'été 1944, Neuengamme reçut beaucoup de déportées venus d'Auschwitz ainsi que quelques gardiennes SS ou Aufseherin. Aujourd'hui plusieurs gardiennes sont connues par leurs noms. Ainsi, il y eut Kaethe Becker, Erna Dickmann, Johanna Freund, Angelika Grass, la Kommandofuhrerin Loni Gutzeit (qui servit aussi à Hamburg-Wandsbek et que les déportées surnommèrent « Le Dragon de Wandsbek »), Gertrud Heise, Frieda Ignatowitz, Gertrud Moeller qui servit aussi dans le camp extérieur de Boizenburg, Lotte Johanna Radtke, la chef Annemie von der Huelst, Inge Marga et Marggot Weber. Beaucoup de ces femmes furent dispersées plus tard dans des camps extérieurs féminins à travers toute l'Allemagne du nord. Ces gardiennes ont été affectées ensuite dans les camps annexes de Neuengamme comme celui de Braunschweig SS-Reitschule, Hambourg-Sasel, Hambourg-Wandsbek, Helmstedt-Beendorf, Neugraben, Obernheide, Salzwedel et Unterluss. Quelques-unes ont été jugées pour crimes de guerre comme Susanne Hille (qui était à la tête des gardiennes à Unterluss) et Anneliese Kohlmann (qui était l'une des six gardiennes à Neugraben).

[modifier] Personnalités déportées liées au camp de Neuengamme

[modifier] Monuments dans les sites du souvenir du camp de Neuengamme

La tour de la mémoire à Neuengamme
La tour de la mémoire à Neuengamme

Sur le terrain des sites commémoratifs, se trouvent un grand nombre de monuments dont ceux qui suivent :

[modifier] L'espace du souvenir

La Maison du souvenir est un espace commémoratif des sites du camp de Neuengamme.

Le bâtiment fut construit en 1981 et dans lequel sont intégrés une exposition ainsi que des bureaux pour les employés. La Maison du souvenir a été d'abord une maison de la documentation. En 1995, la place pour une exposition fut trouvée dans l'ancien Walther-Werke.

Aux murs de la galerie pendent des rouleaux avec les noms des victimes triés par date. Soit environ 20 000 noms et dont les autres n'ont pas encore été retrouvées; celles-là sont dans un espace particulier avec encore de nombreux rouleaux vides sous l'inscription « Nous pensons aux victimes inconnues ».

Au centre de la maison se trouvent deux maquettes de la totalité des installations du camp : celle qui après 1945 donne une vue d'ensemble et qui a été bricolé par les coupables nazis en captivité ainsi qu'une maquette architecturale moderne de la situation en 1995.

Dans une salle annexe est conservé dans une vitrine le livre original qui recensait les morts du camp et qui est encore lisible. Près de cette vitrine, la vue à travers l'étroite fenêtre débouche sur la pelouse, là où étaient déposées les cendres des morts utilisées comme engrais pour le jardin horticole du camp. Quelques cyprès donne à ce lieu une atmosphère de cimetière.

[modifier] Stèles commémoratives internationales

Le Mémorial international est le monument central des sites du souvenir du camp de Neuengamme.

Dès 1953, le président de l'Amicale Internationale de Neuengamme, un survivant du camp de Neuengamme, le français Jean Dolidier, fit réaliser une première colonne commémorative sur le terrain de l'ancien jardin horticole du camp, le Lagergärtnerei; un lieu sur lequel les SS faisaient répandre comme engrais les cendres de la combustion du four crématoire. Autour de cette colonne commémorative de cette époque, rien n'a été modifié.

En 1965, un autre mémorial se composant d'une stèle, un mur du souvenir avec les nationalités gravées en tablette et la sculpture plus grande que nature « Le détenu mourant » furent érigés. Les sites du souvenir furent complétés en 1981 par une maison de la documentation qui depuis 1995 devint la « Maison du souvenir » immédiatement à côté du Mémorial international.

[modifier] Le désespoir de Meensel-Kiezegem

Ce monument fut érigé le 29 août 1998 en souvenir des habitants assassinés de Meensel-Kiezegem. Ces victimes innocentes de la razzia de Meensel-Kiezegem le 1er et 11 août 1944 furent emmenés par des nazis et leurs collaborateurs. Du petit village de Meensel-Kiezegem en Belgique, 61 habitants furent déportés dans le camp de Neuengamme, seulement 8 des leurs revinrent chez eux.

[modifier] Le monument du souvenir des victimes néerlandaises de Putten

La pierre Het drama van Putten fut érigée en souvenir de plus de 600 Hollandais âgés de 15 ans et plus, de Putten dans la région de Veluwe (Pays-Bas) qui ont été victimes d'une razzia effectuée sur ordre du commandement de la Wehrmacht, le 1er octobre 1944.

Le 2 octobre 1944, ils furent amenés dans le camp d'Amersfoort (Pays-Bas) et de là dans le camp de Neuengamme. Des 600 seulement 49 retournèrent chez eux, les autres périrent dans le camp de Neuengamme ou dans d'autres camps de concentration.

[modifier] En souvenir des déportés de l'insurrection de Varsovie de 1944

Le monument En souvenir des déportés de l'insurrection de Varsovie de 1944 se trouve sur le site du camp de Neuengamme.

Il fait référence à l'Insurrection de Varsovie en 1944, s'ensuivit une répression de la part de la Wehrmacht : 10 000 membres de l'Armia Krajowa furent déportés dans les camps de concentration allemands.

Environ 6 000 de ces déportés furent transférés dans le camp de Neuengamme et ses Kommandos.

Le chiffre total des détenus polonais du camp Neuengamme et de ses camps extérieurs s'élèvent à environ 17 000 femmes, hommes et enfants, dont beaucoup de juives et de juifs. Le total de ces victimes est estimé à 7 500. Les premiers arrivèrent dès 1940, en 1941/1942 ils représentaient la nationalité la plus nombreuse.

[modifier] Monument des victimes russes

Le Monument pour les victimes russes de Neuengamme est un monument qui fait partie des sites commémoratifs du camp de Neuengamme mais il se situe sur le terrain du cimetière de Hambourg-Bergedorf. La plus grande partie des victimes soviétiques du camp Neuengamme reposant dans le cimetière de Bergedorf, c'est pourquoi l'initiative a été prise d'y installer le mémorial (plus grand que nature).

[modifier] Autres monuments

Wagon (reconstruit à l'identique) du mémorial de Neuengamme et dans lequel on acheminait les déportés durant la Seconde Guerre mondiale
Wagon (reconstruit à l'identique) du mémorial de Neuengamme et dans lequel on acheminait les déportés durant la Seconde Guerre mondiale
  • Monument des victimes homosexuelles


  • Danske i tysk koncentrationslejr


  • Wagon de marchandises


  • Chemin des déportés


  • Maison préfabriquée

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • "Un médecin français en déportation" du Docteur Paul Lohéac, éditions Bonne Presse
  • Mémorial des Français et des Françaises déportés au camp de concentration de Neuengamme et dans ses Kommandos, Fondation pour la Mémoire de la Déportation et Amicale de Neuengamme et de ses Kommandos
  • Récit d'un résistant-déporté, par Jean Le Corre, Arkae, 2004 ISBN 2-9520223-1-3
  • Des universités aux camps de déportations - témoignage strasbourgeois, ISBN 2-86820-714-6
  • Les jours de notre mémoire (1940-1945) Neuengamme. Quatre survivants témoignent : Paul Kern - Marcel Angles - Maurice Choquet - Pierre Brunet , éd. La Pensée Universelle
  • Potence et pots de fleurs. Journal d'un déporte de Neuengamme, écrit par E. M. Reynaud, éd. Defontaine
  • L'exode de la Lorraine. Itinéraire de Charles Bourrat, préfet de la République, de Metz à Neuengamme en passant par Montauban, par Jean-Guy Bourrat 2006 ISBN 2-904255-63-X
  • Le livre de la déportation. La vie et la mort dans les 18 camps de concentration et d'extermination, par Marcel Ruby, éd. Robert Laffont, 1995 ISBN 2-221-07849-7
  • L'Empreinte du Silence, récit de la déportation de F. Legros par Didier Robert, Ed. FDeville, Bruxelles 2005, ISBN 296005250-1

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes