Naxi

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Femmes Naxi (en noir et bleu) précédées par une femme bai (en blanc et rouge), portant leurs tuniques traditionnelles (Lijiang, 2002)
Femmes Naxi (en noir et bleu) précédées par une femme bai (en blanc et rouge), portant leurs tuniques traditionnelles (Lijiang, 2002)

Le peuple Naxi[1] (en caractères simples : 纳西族 ; en caractères traditionnels : 纳西族 ; en pinyin : nàxī zú, littéralement « l'éthnie adoptée par l'ouest ») est l'une des nombreuses minorités ethniques de la Chine, d'origine tibétaine, qui vit dans le Yunnan, principalement dans les préfectures de Lijiang et de Diqing.

Sommaire

[modifier] Histoire

Le peuple Naxi est issu de l’ancienne tribu Qiang, peuple de pasteurs nomades des confins du Tibet, qui habitait au nord-ouest de la Chine les vallées du Fleuve jaune et du Huangshui. Selon diverses sources chinoises, durant la dynastie impériale des Qin (221-206 av. J.-C.), les premiers Naxi ont dû fuir devant les troupes de Qin Shihuangdi, et au terme d’une migration nomade constante, se sont finalement installés dans les régions occidentales de la Chine du Sud, situées en amont du fleuve Jinsha. Aujourd’hui, environ 300 000 Naxi vivent dans une zone très montagneuse à la jonction des provinces du Yunnan, du Sichuan et de la région autonome du Tibet[2].

Le roi de Li Jiang (actuellement appelé Lijiang et précédemment intégré au royaume de Nanzhao) et dans le Yunnan ayant entendu parler des enseignements du 8e Karmapa, Mikyö Dorje, a invité le jeune Karmapa à visiter son pays. Le troisième jour du quatrième mois de l'année de rat de feu 1516 Karmapa rencontra le roi du Jiang qui vint à sa rencontre à la frontière du Tibet.
Le 10e Karmapa, Chöying Dorje, fut lui aussi reçu par le roi du Li Jiang an 1645. Le 10e Karmapa voyagea beaucoup à travers le Népal, la Birmanie, jusqu'au nord du Yunnan et il construisit plusieurs monastères dans les régions qu'il traversa. Ainsi, par exemple, Ogmin Namling à Lashiba, fut le premier monastère bouddhiste construit dans cette région du Yunnan peuplé de Naxi. Ce monastère fut fondé par le 10e Karmapa, Chöying Dorje. Les pierres religieuses de Mani peuvent être aussi trouvées dans certains foyers Naxi, surtout parmi le sous-groupe Mosuo [3].

[modifier] Culture

Panneau en écriture dongba, sinogrammes et anglais demandant de protéger les resources en eau dans les rues de Lijiang
Panneau en écriture dongba, sinogrammes et anglais demandant de protéger les resources en eau dans les rues de Lijiang

Comme cette ancienne culture se fondait sur la religion et que ses prêtres étaient appelés « Dongba », elle prit le nom de « culture Dongba » et sa religion celui de « religion Dongba ». Le culte de la nature, et plus particulièrement celui des eaux et des montagnes, est un des fondements de la religion dongba des Naxi.

Dans les légende dongba, Cong s'est marié avec la déesse Cheng, ils sont tous deux les ancêtres des Bai, des Naxi et des Zang (ethnie majoritaire du plateau du Tibet).

Les Naxi sont une des rares minorités chinoises possédant leur propre écriture (écriture dongba). Ce qui ne cesse de surprendre et conduit à considérer cette culture comme remarquable, c’est que les ancêtres des Naxi aient pu créer un système d’écriture de plus de deux mille caractères, en utilisant des pictogrammes spéciaux pour exprimer leurs coutumes et transcrire leurs écrits. L'écriture naxi est considérée comme la seule écriture hiéroglyphique encore en usage en Chine. Comme en égyptien ancien, chaque caractère équivaut à un mot. La plupart des mots représentés sont en rapport avec le mode de vie ancestral des Naxi et concernent l'agriculture, la religion ou la guerre. Mais l'écriture chinoise a évolué pendant des millénaires, à partir de pictogrammes et d'idéogrammes originels, pour devenir un système d'idéo-phonogrammes complexe, dont il est la plupart du temps très difficile de deviner l'origine. L'écriture naxi, elle, est restée originelle. Elle utilise un système de représentation simple, permettant de deviner le sens de nombre de pictogrammes sans trop d'efforts, car ils sont purement descriptifs : ainsi, le caractère « arbre » ressemble à un arbre, le caractère « homme » à un homme, etc.

Les Naxi parlent une série de dialectes probablement plus proches des langues qianguiques ou lolo-birmanes que des autres branches de la famille tibéto-birmane. Le naxi est une langue isolante à quatre tons.

Les Naxi du nord (région de Yongning 永宁) sont connus pour avoir une société matriarcale (voir bibliographie). Les femmes vivent avec leurs frères, et n'ont pas de maris stables. Les hommes rendent visite aux femmes chez elles, la nuit, et les relations sont libres. Les enfants ne connaissent donc que rarement leurs pères, ce qui fait de leur système familial un système matrilinéaire. Pour les Naxi, les caractères héréditaires sont contenus dans les os, et sont transmis par les femmes.

Écriture Naxi sur de vieux manuscrits conservés à Lijiang
Écriture Naxi sur de vieux manuscrits conservés à Lijiang

Les Naxi de Lijiang (丽江) ont une écriture pictographique servant à noter les récits mythologiques de la religion traditionnelle Dongba, qui est une survivance de la religion pré-Bouddhiste Bonpo du Tibet. La religion Dongba est une sorte de paganisme lamaïsé, une forme d'animisme chamanique, dans laquelle la foi tire son nom de ses prêtres, que l'on appelle précisément « Dongba ». La culture naxi est en effet influencée à la fois par les cultures tibétaine et chinoise.

Au début du XXe siècle, un linguiste et botaniste autrichien, Joseph Rock, a rédigé le premier dictionnaire naxi, contribuant beaucoup en cela à la préservation et à la diffusion de la culture naxi, notamment à travers le magazine National Geographic.

Comme toute culture minoritaire, la culture dongba tend à se disperser et à disparaître lentement. Il ne reste plus que quelques maîtres capables de lire les écrits de cette culture.

C'est pour ces raisons, afin de sauvegarder ce patrimoine rare et non reproductible de l’humanité, que la collection des derniers « manuscrits littéraires Dongba » des Naxi, rescapés des autodafés de la grande révolution culturelle de 1966, (durant laquelle des millions d'ouvrages irremplaçables furent stupidement détruits par les gardes rouges comme toute les œuvres culturelles), a été inscrite sur la « Liste Mémoire du monde » de l'Unesco, en 2003, lors de la 6è réunion de l'IAC (International Advisory Committes) pour le Programme Mémoire du monde de cette organisation, qui s'est tenue à Gdańsk, en Pologne.

Aujourd'hui, l'Institut de recherche sur la culture dongba de Lijiang est chargé de faire des recherches et de conserver les traces de cette culture. Près de Lijiang, un village naxi est protégé, utilisé par les Naxi et servant à conserver et montrer la culture Naxi (religion et rituels, tissage, fabrication de papier, d'alcool, etc...). On peut également voir dans la les vieux quartier de Lijiang, des maisons artisanales utilisant les méthodes traditionnelles naxi. He Pinzheng (和品正), un chercheur de cet institut, d'éthnie Naxi, a notamment compilé un dictionnaire de l'écriture et la langue dongba naxi (voir Bibliographie pour les références).

Les panneaux indicateurs de Lijiang sont à la fois en écriture dongba, en chinois, et souvent en anglais.

[modifier] Notes et références

  1. prononcer Nachi
  2. 308 839 exactement selon le recensement de 2000 : (en)(zh) China Statistical Yearbook 2003, p. 48
  3. en:Nakhi

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • Cai Hua, Une société sans père ni mari : les Na de Chine, PUF, 2001
  • Alexis Michaud, Three extreme cases of neutralisation : nasality, retroflexion and lip-rounding in Naxi, Cahiers de Linguistique - Asie Orientale 35:1, 2006, pp. 23-55. (et références citées)
  • Annie Reffet, Chine inconnue — Peuples Naxi du Yunnan, 196 p., Éditions Soline, 2006 — ISBN 2-87677-519-0
  • Jean Dif, Un voyage au Yunnan, 203 p., Éditions Le Manuscrit, 2006 — ISBN 2-7481-7980-3
  • Christine Mathieu, A History and Anthropological Study of the Ancient kingdoms of Southwest China: Naxi and Mosuo, Edwin Mellen Press, 2003.
  • Michael Oppitz and Elizabeth Hsü (eds.), Naxi and Mosuo Ethnography, Völkerkundermuseum, Zürich, 1998.
  • Naiqun Weng, « La femme comme mère, l'homme comme fils. Le genre et la notion de personne chez les Nazé du Sud-Ouest de la Chine » dans Nicole-Claude Mathieu (dir.), Une maison sans fille est une maison morte. La personne et le genre en sociétés matrilinéaires et/ou uxorilocales, Maison des sciences de l'homme, 2007

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes


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