Miklós Horthy

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Miklós Horthy en 1921
Miklós Horthy en 1921

L'Amiral Miklós Horthy de Nagybánya (1868 à Kenderes, en Hongrie - 1957 au Portugal) est un ancien chef militaire austro-hongrois et Régent du Royaume de Hongrie de 1920 à 1944.


Amiral de la flotte austro-hongroise dont il est nommé commandant en chef en 1918, gravement blessé durant la Première Guerre mondiale, Horthy de Nagybánya est un déçu du partage de l'Autriche-Hongrie. Nationaliste, il est ministre et chef des forces armées dans le gouvernement contre-révolutionnaire de Szeged qui fait face à la République des Conseils du communiste Béla Kun. Chef des forces armées contre-révolutionnaires, Horthy décide de préserver ses troupes alors que ses alliés des forces armées roumaines entrent dans Budapest le 6 août 1919, déserté par le gouvernement de Kun. C'est l'époque de la "terreur blanche", organisée par l'armée roumaine et les forces contre-révolutionnaires dirigées contre les communistes en déroute.

L'amiral, profitant du retrait roumain le 14 novembre 1919, prend le pouvoir. Les troupes roumaines évacuent définitivement le pays le 25 février 1920.

En mars 1920, l'assemblée nationale de Hongrie rétablit la monarchie mais choisit de ne pas faire appel au prétendant légitime Charles IV de Habsbourg), dernier empereur d'Autriche-Hongrie. Elle proclame Horthy, amiral sans flotte, régent d'un royaume sans roi pour une période indéfinie.

La Hongrie ne connaît pas pour autant un vent de libéralisme soudain, mais subit l'autoritarisme du régent. Très conservateur, Horthy installe une dictature autoritaire qui sympathise avec les régimes fascisants environnants. A partir des années 30, il nommera dans son ministère des militants du parti d'inspiration fasciste, les Croix Fléchées.

Profitant alors de ses puissants alliés italiens et allemands, la Hongrie va bénéficier de l'arbitrage de Vienne en 1938 pour récupérer des territoires perdus comme la Ruthénie, récupérée de la Slovaquie puis la Ruthénie des Carpathes après le dépècement de la Tchécoslovaquie.

En 1938, sous l'influence de l'Allemagne nazie, les premières lois antisémites sont promulguées, restreignant d'abord à 20% du total le nombre de juifs dans certaines professions, dans l'administration et le commerce. Par la suite, le pourcentage est réduit à 5%. D'autres lois interdisent les mariages inter-raciaux ou retirent leur nationalité hongroise à 250 000 juifs.

Durant la guerre, la Hongrie reste relativement éloignée de la sphère d'influence de l'Allemagne (contrairement à la Slovaquie par exemple, satellisée à l'extrême). (Voir l'article Hongrie pendant la Seconde Guerre mondiale).

En 1940, la Hongrie s'apprête à envahir la Roumanie pour s'emparer de la province perdue de Transylvanie. Hitler intervient pour éviter une guerre entre alliés et partage la province entre les deux pays.

En avril 1941, la Hongrie intègre l'Axe et participe au côté de l'Allemagne et de la Bulgarie à l'invasion de la Yougoslavie.

Le premier massacre de 20 000 juifs réfugié de la Hongrie par des troupes SS intervient à l'automne 1941.

En 1942, Horthy entame des négociations secrètes avec les alliés anglo-américains. La délégation hongroise conduite par Albert Szent-Györgyi rencontre en secret les Britanniques à Istambul. Elles sont cependant ébruitées.

En janvier 1942, sur ordre des officiers Ferenc Feketehalmy-Czeidner, József Grassy, László Deák et Márton Zöldy, des civils serbes et juifs sont massacrés en Vojvodine dans la région de Backa et leurs corps jetés dans le Danube et la Tisa. Après l'enquête diligentée par Horthy en personne sur ce massacre , les officiers responsables hongrois se réfugient en Allemagne, protégés par le régime nazi.

En février 1942, le fils de l'Amiral Horthy, István Horthy, est élu vice-régent (sans droit de succession à son père) pour seconder son père dans sa fonction. Les nazis voient cette élection d'un mauvais oeil (Joseph Goebbels note dans son journal que cette élection était "un grand malheur" car "le fils est encore plus philosémite que le père"). Le 20 août 1942, l'avion de István Horthy s'écrasa peu après son envol, probablement saboté par les nazis.

En 1944, l'armée rouge parvient aux frontières de la Hongrie. Les nazis s'emparent de Horthy et le séquestrent à Klessheim. Le 19 mars 1944, la Wehrmacht occupe la Hongrie et nomme un gouvernement hongrois à sa solde. Les officiers hongrois responsables du massacre de Backa rentrent alors dans leur pays. Ensuite le pouvoir était dans la main d' Edmund Veesenmayer.

C'est à ce moment que les juifs, jusque là relativement épargnés par le régime de Horthy, sont déportés en masse sur ordre du gouvernement de Budapest dirigé par Döme Sztójay.

Horthy, encore régent, suspend la déportation des juifs de Budapest au mois de juin 1944. Il dissout le gouvernement et entame des négociations avec les Soviétiques. Les Allemands interviennent alors de nouveau. Le commando d'Otto Skorzeny kidnappe le fils d'Horthy (Miklós Horthy) le jour où le régent déclare la fin des hostilités. Il est alors obligé de revenir sur cette déclaration avant d'abdiquer, renversé par les Croix fléchées, soutenues par Hitler.

Horthy passe la fin de la guerre en état d'arrestation en Bavière. Il est ensuite arrêté par les Américains en mai 1945.

Sur les 825 000 juifs hongrois d'avant guerre, seuls 260 000 d'entre eux survécurent (565 000 ont péri). Horthy n'a jamais participé directement à l'holocauste (il a tenté d'arrêter les déportations) et il est vrai que la majeure partie des déportations et des massacres eurent lieu durant le gouvernement fantoche de Döme Sztójay.

Après la guerre, la Yougoslavie demanda à ce que Horthy soit jugé comme criminel de guerre. Les Alliés refusèrent. Il fut au contraire relâché. Il s'exila au Portugal à Estoril, où il mourut à 89 ans en 1957.

Il écrivit ses mémoires Ein Leben für Ungarn (Une vie pour la Hongrie) durant son exil. Il y raconte n'avoir jamais eu confiance en Hitler et justifie sa démarche concernant la Hongrie par les amputations décidées par le Traité de Trianon (perte de plus de 70% du territoire hongrois, attribués à l'Autriche, la Tchécoslovaquie, la Roumanie et la Yougoslavie).

Horthy eut quatre enfants (Miklós, István, Magda et Paula). Seul Miklós lui survécut.

En 1993, les restes de Horthy furent rapatriés à Kenderes en Hongrie, conformément à ses dernières volontés.

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