Michel Aoun

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Michel Aoun
Michel Aoun

Michel Aoun, (ميشال عون) né le 18 février 1935 à Harat Hurayk (banlieue sud de Beyrouth). Il est chef des armées libanaise (1984-1988) puis chef du gouvernment intérimaire libanais de 22 septembre 1988 au 13 octobre 1990. Il est le président du Courant Patriotique Libre depuis 1992.

Sommaire

[modifier] Formation

Chrétien maronite, de famille modeste (son père est boucher) et imprégnée de religiosité, il fréquente des écoles catholiques. Aoun termine ses études en 1956 et s'engage à l'Académie militaire comme officier cadet. Trois ans plus tard, il obtient le grade d'officier d'artillerie au sein de l'armée libanaise. Il reçoit ensuite des formations complémentaires à l'Ecole d'application d'artillerie de Châlons-sur-Marne, en France (1958-1959), puis à Fort Sill, dans l'Oklahoma aux États-Unis (en 1966) et à l'École supérieure de guerre, en France (1978-1980).

[modifier] Son rôle dans la guerre du Liban

[modifier] De l'opération "Paix en Galilée" aux accords de Taef

En 1980, il est de retour durablement au Liban pour devenir chef d'une brigade de Défense. Il est posté le long de la Ligne Verte qui ont séparé l'Ouest et l'Est Beyrouth. Lors de l'invasion du Liban par Israël en 1982, Aoun, alors lieutenant-colonel, mobilise un bataillon armé pour défendre le palais présidentiel de Baabda et gagne la confiance d'Amine Gemayel. Puis, lors de la guerre civile libanaise, en septembre 1983, la 8e brigade d'Aoun combat les milices du psp (de Walid Joumblatt), palestiniennes et syriennes et la bataille de Souq el-Gharb se finit victorieusement pour son camp. En juin 1984, Aoun est nommé Commandant des Forces armées libanaises.

En septembre 1988, le président sortant Amine Gemayel désigne Michel Aoun comme premier ministre jusqu'à la tenue de nouvelles élections. Cette nomination est cependant d'une validité incertaine, en contradiction avec le Pacte national de 1943 qui réserve le poste de Premier ministre à un musulman sunnite. Gemayel justifie ce choix par le fait que le Pacte national réserve la fonction de président à un chrétien maronite et comme le choix d'un nouveau président est impossible, le premier ministre deviendrait président par intérim.

Michel Aoun peut alors compter sur l'appui de 40% de l'armée libanaise comprenant toute l'artillerie lourde, sur la milice des "Forces libanaises" dirigée par Samir Geagea, le "Parti national libéral" et son leader Dany Chamoun, le "Parti des Druzes Libres" et son leader Farid Hamadé. L'ex premier ministre, Salim El-Hoss, décide finalement de conserver son poste. Deux gouvernements s'installent, un gouvernement pro-syrien dirigé par El-Hoss à Beyrouth-Ouest, et un gouvernement consitutionnel dirigé par Aoun à Beyrouth-Est. Ce dernier gouvernement contrôle ainsi l'est de Beyrouth et les zones limitrophes périphériques. Mais en février 1989, les "Forces libanaises" se rebellent quand l'armée se lance dans une opération pour mettre fin à leur contrôle des ports. En faisant face aux Forces libanaises, Aoun tente de s'attirer à la fois la partie maronite qui souhaite la paix, de donner des gages à ces adversaires et de rétablir l'impôt d'Etat.

En parralèle, l'armée syrienne commence à bombarder la dernière zone non-occupée du Liban et le Genéral Aoun réplique en lançant la "guerre de libération" contre l'armée syrienne le 14 mars 1989. Aoun critique alors le soutien américain à la Syrie et se rapproche de l'Irak de Saddam Hussein pour recevoir des armes. En mai 1989 il est visé par un attentat lors d'un déplacement à Chypre.

[modifier] Des accords de Taef à l'échec final de la guerre de "libération nationale"

Le 15 Octobre 1989 à Taef, des membres de l'Assemblée nationale libanaise se rencontrent en vue d'établir mettant fin au conflit libanais. Cette assemblée prend la décision (jugée non constitutionelle par ses opposants) de s'assembler dans un pays étranger : l'Arabie Saoudite. Cet accord instutionalise un système confessionnel. Aoun refuse d'y prendre part, dénonçant certains points ambigus de l'accord, notamment au sujet de l'occupation syrienne, ainsi que la représentativité des parlementaires (qui ont été élus en 1972). Il promulgue un décret qui dissout l'Assemblée Nationale avant la rencontre de Taëf mais les députés lui dénient le droit constitutionnel de pouvoir le faire. En fait, la moitié de ces députés n'ont pas participé à la rencontre de Taëf pour raison de mort ou surtout d'opposition au résultat anticipé de ces accords. L'appel de Michel Aoun ne trouve pas d'écho parmi les grandes puissances mondiales. Le 24 Octobre 1989, une manifestation de très grande ampleur est organisée à l'appel de Michel Aoun.

En novembre 1989, René Moawad est élu, par l'Assemblée nationale, président de la République. Sa présidence ne tient que 17 jours jusqu'à son assassinat. Elias Hraoui est alors élu à sa place. Hraoui désigne le général Émile Lahoud comme commandant de l'armée et somme Michel Aoun de quitter le Palais présidentiel. Aoun rejette son éviction et l'armée qu'il commande fait face aux assauts de la milice des Forces libanaises qu'il accuse de négocier secrètement avec le gouvernement pro-syrien de Salim El-Hoss (janvier à mai 1990).

La position de Aoun se détériore lorsque Saddam Hussein lance l'invasion du Koweït le 2 août 1990. Les États-Unis recherchent le soutien des pays arabes pour légitimer leur intervention et le président syrien Hafez el-Assad se range alors à leurs côtés. En retour, les États-Unis acceptent tacitement que la Syrie prenne le contrôle du Liban. Le 13 octobre 1990, Hafez el-Assad, allié depuis le mois d’août des Américains, des Britanniques et des Français dans le conflit du Golfe, lance ses troupes à l’assaut des régions libres contrôlées par Aoun et du Palais Présidentiel. Le Général Aoun, tombe aux premières heures de la matinée dans un traquenard à l’ambassade de France, lance un appel au cessez-le-feu. Il est désormais sous la protection de René Ala[1], l’ambassadeur de France à Beyrouth au même titre que son fidèle allié le leader druze modéré Farid Hamadé et sa famille . Exfiltré par Philippe Rondot (DGSE), dix mois plus tard, il part en exil en France.

[modifier] De la fin de la guerre au retour au Liban

[modifier] Le combat pour le départ des troupes syriennes (1992-2005)

En échange de la protection française, Aoun ne peut y exercer d'activité politique. Il lance par procuration en 1992, un parti politique, le Courant patriotique libre qui a comme objectif le retrait des troupes syriennes du Liban et l'instauration d'un État de droit.

En septembre 2004, Les États-Unis et la France soutiennent la résolution 1559[2] qui demande le retrait syrien. Le 29 janvier 2005, Aoun déclare qu'il pourrait revenir au Liban pour se joindre à l'opposition au gouvernement pro-syrien. Le 14 février 2005, un attentat à l'explosif tue l'ancien premier ministre du Liban Rafik Hariri. Les services de renseignements syriens sont montrés du doigt par l'opposition. Cet assassinat marque le début de ce que certains appellent la Révolution du cèdre, qui conduit au départ de la totalité des troupes syriennes fin avril 2005, au retour du général Aoun au Liban et à la sortie de prison de Samir Geagea.

Aoun se rend à Beyrouth le 7 mai 2005 après 15 ans d'exil en France. D'autres compagnons de combat ne pourront plus jamais y retourner, ils seront enterrés à Paris. Michel Aoun rencontre Samir Geagea à sa sortie de prison. Le 14 juin 2005, il est élu député de Kesrouan du Mont-Liban. Son bloc parlementaire comporte 21 députés après les élections. Lors de l'élection parlementaire de 2005, les listes Aoun bénéficient de l'appui de 70% des Libanais chrétiens. Il forme un groupe parlementaire appelé Bloc du changement et de la réforme. Les relations entre le CPL et ses alliés anti-syriens se tendent et le Bloc du Changement et de la Réforme s'engage dans l'opposition au gouvernement du premier ministre Fouad Siniora.

[modifier] La nouvelle stratégie de Michel Aoun (2006 à aujourd'hui)

Le 6 février 2006, et après plusieurs mois de négociations entre le CPL et le Hezbollah, le général Michel Aoun rencontre Hassan Nasrallah (secrétaire général du Hezbollah) pour signer un document d'entente de 10 points concernant directement l'avenir du Liban [3]. Le 1er décembre 2006, Michel Aoun, en qualité de porte parole de l'opposition (Hezbollah, CPL, etc.) appelle à la démission du gouvernement Siniora lors d'une manifestation réunissant plus de 800 000 personnes [4].

Après l'assassinat de Pierre Amine Gemayel, Michel Aoun soutient Camille Khoury contre Amine Gemayel, le père du défunt député (juillet 2007). Khoury défait l'ancien Président lors de cette élection législative locale où le siège est réservé à un Maronite (région principalement Chrétienne de Metn). Ses adversaires soutiennent l'idée que cette victoire étriquée (51%) ressemble à une diminution de la popularité d'Aoun alors que d'autres voient cette élection comme un grand succès dans "une bataille impossible" contre un ancien président et une des figures importante du mouvement du 14 mars.

Michel Aoun se présente officiellement à l'élection présidentielle de septembre 2007. Il lance le 19 juillet 2007 sa chaîne de télévision : OTV. Son logo est d'ailleurs orange comme celui de son propre parti (le CPL).

[modifier] Références

  1. Daniel RONDEAU, Chronique du Liban rebelle, 1988-1990, Paris, Grasset et Fasquelle, 1991, 192 pages.
  2. Résolution 1559
  3. Le Document d’Entente Mutuelle Entre le Hezbollah et le Courant Patriotique Libre
  4. Le discours du 1er décembre, Jerusalem Post

[modifier] Bibliographie

  • Michel AOUN, Une certaine vision du Liban, Paris, Fayard, 2007, 240 pages (contexte historique : Ce livre, qui reprend une phrase du général de Gaulle, a été écrit pour le public français).
  • Salvatore LOMBARDO, Retours à Beyrouth : Au Liban avec le Général Aoun, Paris, Transbordeurs, 2006, 182 pages (contexte historique : S. Lombardo est un journaliste proche de Michel Aoun).
  • Jean-Paul BOURRE, Génération Aoun, Paris, Robert Laffont, 1990, 239 pages (contexte historique : ce livre est un document destiné à promouvoir la personne de Michel Aoun).
  • Daniel RONDEAU, Chronique du Liban rebelle, 1988-1990, Paris, Grasset et Fasquelle, 1991, 192 pages (Daniel Rondeau est journaliste, grand reporter au Nouvel Observateur. Il écrit régulièrement sur le Liban dans le journal Libération - simple homonyme de Philippe Rondot).

[modifier] Liens externes



Précédé par
Salim El-Hoss
Premier ministre
du Liban
Suivi par
Salim El-Hoss