Metropolis (film, 1927)

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Metropolis
Titre original Metropolis
Réalisation Fritz Lang
Durée 210 minutes
Sortie 10 janvier 1927
Langue originale Allemand
Pays d'origine Allemagne Allemagne

Metropolis est un film de science-fiction produit pendant la courte période de la République de Weimar. Réalisé en 1927 par le réalisateur autrichien Fritz Lang, le film est muet et en noir et blanc.

Sommaire

[modifier] Synopsis

L'androïde
L'androïde

Metropolis est une mégalopole divisée en deux : la ville haute, où vivent les familles dirigeantes, dans l'oisiveté, le luxe et le divertissement, et la ville basse, où les travailleurs font fonctionner la ville.

Maria (Brigitte Helm), une femme de la ville basse, essaie de promouvoir l'entente entre les classes, et emmène clandestinement des enfants d'ouvriers visiter la ville haute ; le groupe se fait repousser par les forces de l'ordre, mais Freder Fredersen (Gustav Fröhlich), le fils du dirigeant de Metropolis, tombe amoureux d'elle. En descendant dans la ville basse pour la retrouver, il voit un ouvrier épuisé défaillir à son poste de travail, le rythme imposé par les machines étant trop important, une explosion se produit ; le monstre machine dévore les ouvriers.

Freder va voir son père, Johhan « Joh » Fredersen (Alfred Abel), pour l'alerter sur les conditions extrêmement pénibles dans lesquelles travaillent les ouvriers et lui demande d'améliorer cela. Johhan, voyant qu'il ne peut convaincre son fils des bienfaits de cette société ségrégatrice, le fait suivre par un espion.

Freder retourne dans la ville basse où, voyant un ouvrier au bord de l'épuisement, il décide de le remplacer. Après une journée pénible de travail, il se rend à une réunion secrète dans un souterrain en suivant un plan qu'il a trouvé dans la poche du vêtement qu'il a échangé avec l'ouvrier qu'il a remplacé. Là, il découvre Maria en train de s'adresser aux ouvriers et d'annoncer l'arrivée d'un messie qui apportera l'égalité entre les habitants des villes haute et basse.

Entre temps, Joh reçoit des plans trouvés dans les poches de certains ouvriers. Il se rend chez Rotwang, l'inventeur du monstre machine qui fait fonctionner toute la ville : celui-ci lui indique qu'il s'agit du plan qui mène aux catacombes où se tient la réunion secrète. Joh surprend la réunion sans pour autant reconnaître son fils parmi la foule. Sentant la menace venir, Joh ordonne à Rotwang de donner le visage de Maria à un robot pour qu'il détruise l'œuvre de la vraie Maria. Mais ce que Joh ne sait pas, c'est que Rotwang a d'autres plans…

[modifier] Fiche technique

[modifier] Effets spéciaux

  • Prise de vue spéciales : Konstantin Tschetwerikoff
  • Peintures : Erich Kettelhut
  • Sculpture : Walter Schultze-Mittendorf
  • Effets combinés : Eugen Schüfftan
  • Trucages photos : Günther Rittau
  • Assistant trucages photos : H.O. Schulze
  • Décors : Otto Hunte, Erich Kettelhut, Karl Vollbrecht

[modifier] Distribution

  • Alfred Abel : Joh Fredersen
  • Brigitte Helm : Maria / L'androïde
  • Gustav Fröhlich : Freder Fredersen
  • Rudolf Klein-Rogge : Rotwang, l'inventeur
  • Theodor Loos : Josephot / Joseph
  • Fritz Rasp : Le grand échalas
  • Erwin Biswanger : Georgy, n°11811
  • Heinrich George : Grot
  • Hanns Leo Reich : Marinus
  • Heinrich Gotho : Le maître de cérémonie

[modifier] Autour du film

La tour de Babel de MetropolisSource : UNESCO
La tour de Babel de Metropolis
Source : UNESCO

Le film connut de nombreux problèmes. Thea von Harbou, la femme de Fritz Lang et co-scénariste, était déjà proche des nazis et influença le scénario, notamment en l'orientant plus vers une « collaboration de classes » que vers une « lutte des classes ». Puis, le film subit diverses censures selon les pays. De 210 minutes initialement (3h30), il ne restait plus que 80 minutes (1h20) lorsque le compositeur Giorgio Moroder décida de le ressortir en 1984, colorisé et accompagné d'une nouvelle bande son à laquelle participent des groupes célèbres comme Queen ou Adam and the Ants ; certains crièrent au scandale devant ce « massacre » de l'œuvre.

Un grand travail de recherche fut fait, en rassemblant les diverses versions (dont certaines retrouvées dans des collections particulières), et une version noir et blanc rénovée de 153 minutes (2h33), avec une bande son neuve mais plus classique, sortit en 1995 pour les cent ans du cinéma. Cette version contient quelques photographies de tournage recadrées pour combler des scènes manquantes.

Suite à une nouvelle restauration du film en 2001, initié par la Fondation Friedrich Wilhelm Murnau, Metropolis fut le premier film inscrit sur le Registre de la Mémoire du monde de l’UNESCO.

[modifier] Brève analyse

Le réalisateur met en scène un monde rempli d’oppositions. Premièrement celui des classes sociales (les dirigeants et les dirigés), le plaisir et le travail, le pouvoir et l’obéissance, etc. « Métropolis » ne sera jamais un film dépassé car il traite de la question sociale, celles des inégalités. Fritz Lang illustre l’échelle sociale, dans la mégapole, plus on se trouve haut, plus on est puissant et vice versa. Il s’aide en parallèle de l’histoire de la tour de Babel. Le spectateur est amené à se poser des questions telles que: « Métropolis tombera-t-elle comme la tour de Babel? Subira-t-elle le même sort?» Fritz Lang comme dans d’autres de ses films use de la méthode du clair/obscur, nous indiquant ainsi les moments les plus sombres du film. Une scène est assez spectaculaire à ce chapitre-là et c'est sur le plan dramatique; la poursuite dans les catacombes de Maria par Rotwang, le savant fou. Le jeu des ombres accentue la peur de la jeune femme et le niveau dramatique. Pour lui la gestuelle de ses personnages est très importante, ça nous aide à différencier les deux Maria. Ce qui fait la différence entre la vraie Maria et la fausse, ce sont les mouvements saccadés de cette dernière, son maquillage sombre autour des yeux. C’est ce qui fait ressortir la démence du personnage. Il y a dédoublement de la personnalité, la pureté et la démence. Présence du thème de la folie, quand à la fin, le savant ne fait plus la différence entre Maria et Hel (son ancien amour). La foule a aussi une importance primordiale, sans elle rien ne fonctionnerait mais il est impossible de se passer des dirigeants. A l’inverse d’Eisenstein qui lui, montre bien qu’à la fin de sa révolution des peuples il n’y a pas de conciliation entre les ouvriers et le gouvernement au pouvoir. La fin de Métropolis s’arrête sur la conciliation entre les deux opposants. C’est plutot « une collaboration de classes » qu’une « lutte des classes ».

[modifier] Metropolis : une superproduction

  • Environ 7 million de Marks soit 15 millions de francs (valeur en francs 1926) furent nécessaires pour réaliser Metropolis.
  • Environ 620 kilomètres de pellicule furent utilisés.
  • Une cinquantaine d'automobiles
  • 25 000 hommes
  • 11 000 femmes
  • 250 enfants

Le nombre de figurants est énorme. La plupart d'entre eux étaient des chômeurs.

[modifier] Influences...

Metropolis est un des premiers films de science-fiction, dont l'histoire et les images ont influencé toute la production ultérieure.

  • Le commissariat de Blade Runner est la copie conforme (angle de vue compris) d'une des tours de Metropolis.
  • Le dessin animé Le Roi et l'Oiseau fourmille de références à Metropolis, notamment l'oppression du peuple de la ville basse et la présence d'un robot.
  • Dans l'univers de Superman, la ville principale se nomme Metropolis.
  • On reconnaîtra les ouvriers qui descendent vers les machines dans les écoliers à la chaîne de Pink Floyd The Wall
  • Fritz Lang représente des voitures volantes (bien avant Retour vers le futur ou Le Cinquième Élément), ainsi qu'un androïde (robot humanoïde). Le design de C-3PO dans La Guerre des étoiles possède un troublante ressemblance avec celui-ci.
  • De même la séquence où Rotwang, l'inventeur, donne au robot l'apparence de Marie a été recyclée par le Rocky Horror Picture Show.
  • La scène de fin au sommet de la cathédrale a été reprise par Tim Burton pour son premier Batman avec le combat entre le héros et le Joker.
  • Les développeurs de BioShock, jeu vidéo plébiscité par la critique, se sont fortement inspirés de l'œuvre de Lang pour créer leur ville sous-marine, Rapture.
  • Pour la petite histoire, Fritz Lang s'est lui-même inspiré du film soviétique de science-fiction Aelita de Yakov Protazanov, sorti en 1924, qui n'est autre que l'adaptation d'un roman d'Alexei Tolstoï.
  • La série de manga de Yukito Kishiro Gunnm, reprend cette dialectique : Zalem (correspondant à la ville haute) la cité supérieure où vit l'élite dans le luxe et une insouciance sous contrôle et, au pied de cette cité volante, Kuzutetsu (correspondant à la ville basse) où l'intrigue se met en place dans ses bas-fonds.
  • Dans un autre genre, le clip musical Que sera de Wax Tailor reprend les scènes de Metropolis.

[modifier] ... et différences

  • Ne pas confondre avec Metropolis, film d'animation japonais de Rintaro, adapté d'un manga d'Ozamu Tezuka, qui se veut un hommage à l'œuvre de Fritz Lang. Pour réaliser son manga, Tezuka s'inspirera directement des photogrammes du film.

[modifier] Bandes originales

Nonobstant la musique originale de Gottfried Huppertz, de nombreux artistes ont voulu donner leur propre vision musicale de Metropolis. Ces bandes originales alternatives peuvent être jouées live ou enregistrées et diffusées avec une édition spéciale du film :

[modifier] Bibliographie

  • DVD Metropolis (MK2 éditions)

[modifier] Médias

Extraits vidéos: (en)

[modifier] Liens externes