Menahem Begin

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Menahen Begin à Camp David en 1978.
Menahen Begin à Camp David en 1978.

Menahem Volfovitz Begin (en hébreu : מנחם בגין) (né le 16 août 1913 à Brest-Litovsk - décédé le 9 mars 1992 à Jérusalem) était un homme politique israélien. Il devint le sixième Premier ministre d'Israël de mai 1977 à août 1983.

Begin, qui avait toujours été considéré comme un faucon de la politique israélienne, négocia les accords de paix de Camp David avec le Président égyptien Anouar el-Sadate, sous la médiation américaine du Président Jimmy Carter. Il fut alors convenu du retrait de Tsahal de la péninsule du Sinaï, restituée à l'Égypte. Ces accords, qui concrétisèrent le principe diplomatique d'échange "Territoires contre Paix", valurent aux deux négociateurs le Prix Nobel de la paix en 1978. Les négociations continuèrent jusqu'à la signature du Traité de paix israélo-égyptien de 1979 qui mit un terme définitif aux menaces militaires égyptiennes aux frontières de l'État d'Israël.

Sommaire

[modifier] Jeunesse

Né à Brest-Litovsk à une époque où la vie des juifs y était très dynamique, Begin reçut une éducation combinant l'étude religieuse traditionnelle de la Torah et des études laïques. Il conserva toute sa vie l'application des principes religieux et resta proche du judaïsme rabbinique orthodoxe. Cela lui valut d'ailleurs le pseudonyme de "Rabbi Haim Sussover" des années plus tard lorsqu'il luttait au sein de l'Irgoun contre le pouvoir britannique en Palestine. Le père de Menahem Begin était un leader de sa communauté et un sioniste convaincu, admirateur de Théodore Herzl. Les parents de Begin périrent au cours de la Shoah.

Begin finit ses études de droit à Varsovie en 1935. Mais le grand tournant de la vie de Begin fut sa rencontre avec Vladimir Zeev Jabotinsky, le fondateur du Sionisme révisionniste anti-socialiste et du mouvement de jeunesse Betar. Jabotinsky marqua beaucoup le jeune Begin. Begin intègrera le Betar dès sa création en 1928 puis en prendra la tête en 1939, malgré quelques désaccords avec Jabotinsky. Ce dernier décédera en 1940. Cela marqua les débuts de l'engagement politique de Begin. En 1939 il s'enfuit à Vilnius en Lituanie suite à l'invasion de la Pologne par l'Allemagne nazie. Le 20 septembre 1940 il est arrêté par le NKVD qui l'accuse d'être un agent de l'impérialisme britannique, il est condamné à 8 ans de goulag au camp de travail de Pechora en Sibérie toutes ces expériences seront racontées plus tard dans l'autobiographie qu'il publiera libéré après la signature des accords Sikorski-Mayski en août 1941 il s'engage dans l'armée polonaise en URSS. Il déserte en 1943 en compagnie d'autres soldats juifs lorsque leur unité stationnait en Palestine.

[modifier] Avant 1948

Rapidement, il s'opposa aux groupes sionistes à idéologie socialiste menés par David Ben Gourion car il les trouvait trop complaisants avec la puissance coloniale britannique. Il milita pour le Sionisme révisionniste. En 1943, Begin rejoignit l'Irgoun et en prit le commandement en 1947. De 1944 à la création de l'État d'Israël, Begin vivra dans la clandestinité. Il n'aura de cesse de dénoncer les mesures prises contre l'immigration juive en Palestine et de lutter pour que le gouvernement britannique retire ses troupes et tienne la promesse que constituait la Déclaration Balfour.

Pourtant, malgré le traitement réservé aux Juifs pendant le Seconde Guerre mondiale et l'afflux des réfugiés des camps d'extermination de la Shoah, les britanniques maintinrent fermées les frontières de la Palestine. Begin en fut outré et accusa les britanniques d'appliquer des mesures pro-arabes. Il appela aux armes et l'Irgoun déclencha une rébellion qui visait les installations et les positions britanniques. Il planifia notamment le dynamitage du luxueux hôtel King David à Jérusalem qui tua 91 personnes, militaires et civils. Begin continua à échapper aux services britanniques et à l'Agence Juive qui le pourchassaient et à commander depuis ses cachettes une armée de milliers de combattants, jusqu'au retrait britannique en 1948.

En 1948, Begin était à bord du bateau Altalena qui apportait des armes à l'Irgoun, et il survécut lorsque David Ben Gourion ordonna son torpillage par la troupe menée par le jeune Yitzhak Rabin. La même année, Begin fut considéré responsable de l'épisode tragique qui s'était déroulé le 9 avril quand les commandos de l'Irgoun et du Lehi attaquèrent le village arabe de 750 habitants de Deir Yassin, situé dans le corridor entre Tel Aviv et Jérusalem. Cette attaque fit plus de 100 morts. Cet épisode est toujours très débattu. Le plan Dalet avait prévu de démanteler ce village et d'évacuer ses habitants. Begin a toujours répété que les habitants avaient été prévenus et devaient en partir.

[modifier] Engagement politique après 1948

Dans les jours qui suivirent la Déclaration d'Indépendance de l'État d'Israël du 14 mai 1948, Begin fit un discours diffusé par la radio pour appeler ses hommes à rendre les armes. Les Israéliens entendaient alors sa voix pour la première fois. Lors de parades de ses troupes, il renouvela sa demande de rendre les armes et de rejoindre la Haganah afin de constituer les nouvelles "Forces de Défense d'Israël", Tsahal.

Les actions de l'Irgoun et du groupe clandestin Lehi (également connu sous la dénomination de "Groupe Stern") furent dénoncées par la gauche israélienne qui les considérait comme relevant d'actes terroristes. Ces deux organisations furent dissoutes en 1948 pour éviter tout risque de guerre civile, même si Begin s'engagea alors dans un combat politique pendant les trente années suivantes.

Begin fonda son propre parti politique, le Herout ("Liberté") en 1948, à la droite de l'échiquier politique israélien, et en marge de l'ancien parti révisionniste déclinant qui avait été fondé par Jabotinsky lui-même. Aux élections de 1949, le Herout gagna 18 sièges au Parlement de la Knesset. Le parti révisionniste sans représentant à l'Assemblée fut alors dissout et Begin devint ainsi l'unique leader du courant révisionniste.

De 1948 à 1977, le Herout représenta la principale alternative au parti travailliste dominant à la Knesset et la tension était grande entre Menahem Begin et David Ben Gourion. Le public était à l'époque surpris par l'apparence de Begin et ses manières qui semblaient d'une autre époque. Par exemple, Begin, qui avait été diplômé en Droit en Pologne, continuait de préférer le costume et la cravate, là où les socialisants préféraient des tenues informelles.

Refusant l'accord d'indemnisation des victimes de la Shoah que Ben Gourion négociait avec le chancelier allemand Konrad Adenauer, Begin fut accusé d'être l'un des commanditaires d'un attentat raté commis envers le chancelier (de fait, les commanditaires pensaient que le colis piégé n'atteindrait pas sa cible, mais un policier fut tué) [1].

L'engagement de Begin eut particulièrement d'écho auprès des citoyens défavorisés et notamment des nouveaux immigrants d'origine séfarade, plutôt religieux dans leur ensemble, et qui fuyaient les pays arabes. Ils étaient pleins de ressentiment envers l'élite israélienne ashkénaze hautaine, majoritairement athée et politiquement (très vaguement) proche du communisme soviétique.

Begin accepte de participer au gouvernement d’union nationale en 1967 et influe sur le déclenchement de la guerre des 6 jours.

Les messages anti-socialistes, anti-élitistes et empreints de signification religieuse que formulait Begin attirèrent ainsi cette base populaire qui lui accorda systématiquement ses voix aux élections et finit par le porter au pouvoir en mai 1977. Pour cela, Begin avait accepté en 1973 le plan du Général Ariel Sharon de former une coalition plus large des partis de l'opposition, en s'alliant au Parti libéral, au Parti du centre et à d'autres groupes plus petits pour constituer le Likoud ("consolidation").

Begin parvint à réaliser ce qui paraissait impensable jusque-là: remporter les élections contre le parti travailliste, ce qui était une première dans la courte histoire de l'État d'Israël. Il devint alors Premier ministre.

[modifier] Premier Ministre

[modifier] De 1977 à 1980

Le Likoud gagna les élections de 1977 mais fut loin des 60 sièges sur 120 nécessaires pour appuyer un gouvernement sur une majorité parlementaire. Afin d'exclure le parti travailliste du futur gouvernement, il dut compter sur les 15 sièges du DASH ("Mouvement Démocratique pour le Changement") fondé un peu plus tôt par des personnalités comme le Général Yigal Yadin, le Professeur Amnon Rubenstein, Shmuel Tamir et Meir Amit. Yadin jouera un rôle important lors des négociations israélo-égyptiennes. Les 5 représentants du parti religieux Agoudat Israel se joignirent également à cette majorité de centre-droite. Moshe Dayan, ancien Ministre « travailliste » de la Défense de 1967 à 1973, devint Ministre « Likoud » des Affaires Étrangères.

Menahem Begin, Jimmy Carter et Anouar el-Sadat célébrant les accords de Camp David (1978)
Menahem Begin, Jimmy Carter et Anouar el-Sadat célébrant les accords de Camp David (1978)

Les principales réalisations du mandat de Menahem Begin furent les Accords de Camp David et le Traité de paix israélo-égyptien. Il procéda au retrait israélien du Sinaï, comme demandé partiellement par la controversée Résolution 242 (1967) qui avait formulé la nécessité qu'Israël se retire « de(/des) territoires » après la guerre des six jours pour mettre fin au conflit israélo-arabe. (Voir les articles qui y sont consacrés, notamment pour une explication sémantique des termes de la résolution de l'ONU).

Les bases militaires du Sinaï furent réimplantées dans le Néguev, avec des aides financières et des garanties politiques des États-Unis. La démolition de colonies de peuplement israéliennes dans le Sinaï (notamment la ville de Yamit) suscita une opposition interne dans le Likoud qui menaça de scinder le parti.

[modifier] 1981 et la menace irakienne

Begin prit très au sérieux l'anti-sionisme et l'antisémitisme menaçants de Saddam Hussein. Israël discuta avec la France pour ne pas fournir à l'Irak son réacteur nucléaire de Osirak. Puis en 1981, Begin ordonna le bombardement et la destruction du réacteur nucléaire de Tamnuz par l'aviation israélienne. "À aucun prix, Israël ne permettra à un ennemi de développer des armes de destruction massive qu'il pourrait utiliser contre notre peuple" est connu comme la 'Doctrine Begin'. Cette opération fut dénoncée par de nombreux gouvernements étrangers dont les États-Unis par le biais d'une lettre de protestation de Ronald Reagan, et la Résolution 487 de l'ONU la condamna. La gauche israélienne condamna également l'opération, mais plutôt pour des raisons électorales car l'attaque s'était déroulée à 3 semaines de nouvelles élections.

[modifier] 1982 et l'invasion du Liban

En 1982, Begin autorisa Tsahal à envahir le Liban pour en déloger l'OLP qui pilonnait la Galilée à partir de la frontière nord d'Israël. L'opération israélienne au sud-Liban dura 3 ans puis se prolongea dans une moindre mesure avec une présence israélienne jusqu'en 2000.

[modifier] Dernières années

Begin fut très déçu par la campagne du Liban. Il avait souhaité établir la paix avec Béchir Gemayel mais celui-ci fut assassiné. Aussi, il regrettait les nombreuses pertes israéliennes. Il fut enfin très affecté par la mort de sa femme Aliza Begin survenue en Israël alors qu'il était en voyage officiel à Washington. Begin, déprimé, se retira de la politique en août 1983 et passa les commandes du gouvernement à son ancien camarade d'armes du groupe Lehi, Yitzhak Shamir.

Begin quitta rarement son appartement au cours de ses dernières années, sauf pour se rendre sur la tombe de son épouse pour y réciter la traditionnelle prière du Kaddish. Begin s'est éteint à Jérusalem en 1992. Il a été enterré sans grande cérémonie au Mont des Oliviers.

En février 2005, 32,8% des Israéliens considéraient que Begin avait été le "plus grand leader israélien".

[modifier] Certaines de ses positions politiques

Les principales idées de Begin allaient:

  • à l'encontre de la partition de Jérusalem qui "doit rester éternellement la capitale du peuple juif".
  • dans le sens d'un droit historique inaliénable du peuple juif sur la totalité de la "Terre d'Israël" (incluant les dits territoires palestiniens occupés).
  • dans le sens d'une expansion des valeurs de Liberté dans le monde.
  • dans le sens du droit du peuple juif à se défendre.
  • à l'encontre de la prolifération des armes de destruction massive chez les ennemis du peuple juif.
  • dans le sens de l'échange "Territoires contre Paix".

[modifier] Références

  1. Le Monde 15 juin 2006
Chronologie des 13 Premiers ministres de l'État d'Israël
1948 1954 1955 1963 1969 1969 1974 1977 1983 1984 1986 1992 1995 1996 1999 2001 2006 . . .
David
Ben Gourion
M.
S.
David
Ben Gourion
Levi
Eshkol
Y.
A.
Golda
Meir
Yitzhak
Rabin
Menahem
Begin
Y.
S.
Shimon
Peres
Yitzhak
Shamir
Yitzhak
Rabin
S.
P.
Benyamin
Netanyahou
Ehud
Barak
Ariel
Sharon
Ehud
Olmert
M.S. : Moshé Sharett, Y.G. : Ygal Allon, Y. S. : Yitzhak Shamir, S.P. : Shimon Peres