Mascaret

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Un mascaret en Alaska.
Un mascaret en Alaska.

Le mascaret , mot occitan passé au français[1], est un phénomène de brusque surélévation de l'eau d'un fleuve ou d'un estuaire provoquée par l'onde de la marée montante lors des grandes marées. Il se produit dans l'embouchure et le cours inférieur de certains fleuves lorsque leur courant est contrarié par le flux de la marée montante. Les mascarets les plus spectaculaires s'observent aux embouchures du Qiantang (Chine), de la Severn (Angleterre) et de l'Amazone (au Brésil).

Sommaire

[modifier] Explications

Ce phénomène se caractérise par une vague, plus ou moins haute, qui remonte le cours du fleuve et dont la puissance varie en fonction de la hauteur de la marée, du débit du fleuve à ce moment et de la topographie (profondeur et largeur du lit, bancs de sables, méandres, déclivité etc.). L'aménagement du fleuve peut le faire s'atténuer ou disparaitre comme pour la Seine. C'est une vague, déferlante ou non, remontant le cours d'eau, s'accentuant généralement lorsque son lit se resserre.

Physiquement, le mascaret correspond à la propagation d'un ressaut le long du cours d'un fleuve ou d'un canal. On peut observer ce même ressaut fixe et circulaire dans l'évier lorsque le robinet coule. Ce ressaut finit par se décomposer en plusieurs ondes car les vagues se déplacent plus vite lorsqu'elles sont longues. Il se termine généralement en amont en un soliton. Ce même phénomène équivalent existe en optique : le soliton.

[modifier] Amérique du Nord

Mascaret sur la rivière Petitcodiac
Mascaret sur la rivière Petitcodiac

La baie de Fundy (Canada) a le record des plus hautes marées au monde, condition favorable à la formation de mascarets. Plusieurs touristes ont d'ailleurs été surpris dans les estuaires de rivières donnant sur la baie et ont perdu la vie. Deux cours d'eau se jetant dans le fond de la baie sont connue pour leur mascaret  :

En Alaska, un mascaret remonte la section le bras de mer Turnagain du Golfe de Cook à 20 km/h et atteint 2 mètres de hauteur.

[modifier] Asie

Le plus puissant mascaret du monde (une vague de près de 9 mètres de haut remontant la baie à 40 km/h) a lieu dans la Baie de Hangzhou, au sud de Shanghai. Particulièrement dangereux, il a causé la mort de plusieurs personnes dans les dernières années, en particulier des surfeurs ou des spectateurs venant contempler le phénomène.

[modifier] France

En Gironde, il est particulièrement visible sur :

En basse Seine se produisait un puissant mascaret jusqu'aux années 1960. Le mascaret à Caudebec-en-Caux était réputé, mais il a disparu suite aux aménagements apportés au fleuve (dragage).

En Basse-Normandie et en Bretagne, ce phénomène est visible dans la baie du Mont-Saint-Michel lors de coefficient supérieur à 90; coté Normand, l'observation du phénomène est garanti à la pointe du Grouin, et bien entendu depuis le Mont-Saint-Michel; et de moindre ampleur mais visible tout de même, posté sur le pont de Pontaubault lorsqu'il remonte dans la Sélune.

[modifier] Utilisation et dangerosité

Il permet à des surfeurs de se livrer à des concours de distance de parcours sur la vague. Le mascaret peut être un phénomène dangereux pour la navigation et particulièrement pour les péniches et les bacs qui ne sont pas conçus pour affronter les vagues, ainsi que pour les personnes qui se tiennent sur les berges, parfois pour le contempler les jours de grandes marées.

[modifier] Littérature

Un phénomène de mascaret est au cœur de l'intrigue du roman de Maurice Leblanc mettant en scène Arsène Lupin, La barre y va.

"Mascarets" est le titre d'un recueil de nouvelles d'André Pieyre de Mandiargues Editions Gallimard collection "Le Chemin" 1971: Et partout à la façon du mascaret, "l'amour sort du futur avec un bruit de torrent et se jette dans le passé pour le laver de toutes les souillures de l'existence".

[modifier] Anecdotes

On dit que c'est un mascaret qui a emporté Léopoldine, la fille de Victor Hugo, pour laquelle, inconsolable, il écrivit le poème « Demain, dès l'aube... » (Les Contemplations). Cependant, la ville de Villequier proche de Caudebec-en-Caux possède dans la maison Vacquerie (du nom du gendre de Victor Hugo, marié à Léopoldine) transformée en musée Victor Hugo, la coupure de presse relatant le drame du naufrage le 4 septembre 1843 sur la Seine au lieu dit « dos d'âne » et faisant état d'un fort coup de vent soudain et imprévu, et non le mascaret, qui aurait couché l'embarcation chargée de 4 personnes et dont le lest mal assujetti rajouté au dernier moment aurait contribué au naufrage[2].

[modifier] Notes et références

  1. Joan de Cantalausa Diccionari general occitan
  2. Le drame de Villequier

[modifier] Liens externes

wikt:

Voir « mascaret » sur le Wiktionnaire.