Manoir Taschereau
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Le manoir Taschereau, construit en 1809, est la résidence touristique la plus connue dans la ville de Sainte-Marie dans la province de Québec au Canada. Il est l'un des plus prestigieux témoins de l'époque seigneuriale en Beauce.
Sommaire |
[modifier] Le manoir Taschereau aujourd'hui
Les interventions de la deuxième moitié du XXe siècle n’ont pas réduit l’allure majestueuse du manoir Taschereau. C’est d’ailleurs sous son apparence actuelle qu’il est devenu le symbole de la municipalité de Sainte-Marie. De plus, sa réputation comme fleuron du patrimoine régional est bien établie dans toute la Beauce. Sa valeur symbolique comme témoin de l’histoire de la région est soulignée dans nombre de dépliants promotionnels et guides touristiques publiés par la municipalité, le comté et le gouvernement du Québec. La nouvelle vocation du manoir Taschereau insufflée par son nouveau propriétaire, Jasmin Belle-Isle, soit celle d’une résidence de tourisme, ne fera qu’accroître son rayonnement.
De 1809 à 2007, le manoir Taschereau a appartenu à la famille Taschereau jusqu'à sa toute dernière descendante, Myriam Taschereau. En 2007, le manoir Taschereau a été acheté par un homme d'affaires québécois, Jasmin Belle-Isle, pour être rénové et devenir une résidence touristique.
[modifier] Histoire du manoir
Jean-Thomas Taschereau (père) construisit entre 1809 et 1811 le manoir Taschereau, sur les terres que lui céda son père, Gabriel-Elzéar Taschereau, seigneur de Sainte-Marie de Beauce. Le manoir devint le chef-lieu de la famille Taschereau à Sainte-Marie. Jean-Thomas Taschereau (père), lui-même seigneur en titre et droit honorifique du fief et seigneurie de Linière, fut également député de Dorchester et de Gaspé, député-adjudant-général de la milice du Bas-Canada, juge de la Cour du Banc du Roi pour le district de Québec et conseiller législatif.
Jean-Thomas Taschereau (père) et son épouse, Marie Panet, eurent six enfants, dont Jean-Thomas Taschereau, avocat et juge de la Cour Suprême du Canada à partir de 1875. En 1893, Léon XIII le nomma Commandeur de l’Ordre de Saint-Grégoire le Grand, en récompense des services éminents qu’il avait rendu à l’Église. Jean-Thomas Taschereau (fils) acheta en 1876 la propriété dont ses sœurs avaient hérité et dont elles gardèrent l’usufruit. Parmi les héritières, Elizabeth-Suzanne Taschereau (1812-1888) était l’épouse de Henri-Elzéar Juchereau Duschesnay, membre du premier sénat canadien de 1867. Jean-Thomas Taschereau (fils) acquit l’année suivante des terres léguées à son frère Elzéar-Alexandre Taschereau, alors archevêque de Québec.
Le 17 février 1820, Marie Panet donna également naissance dans le manoir Taschereau à Elzéar-Alexandre Taschereau, futur archevêque de Québec et premier cardinal canadien. Il participa à la fondation de l’Université Laval et en devint recteur en 1860. Le cardinal Taschereau consacra l’actuelle chapelle Sainte-Anne le 20 octobre 1892. Œuvre de l’architecte Georges-Emile Tanguay, elle fit suite à une longue tradition religieuse sur le domaine des Taschereau. La première chapelle, faite de bois, fut construite près du manoir en 1778.
Jean-Thomas Taschereau (fils) eut de sa deuxième épouse, Marie-Joséphine Caron, sept enfants, dont Louis-Alexandre Taschereau qui, bien qu’il ne fût pas né dans le manoir et qu’il n’y vécût jamais de façon continue, n’est pas sans lien avec ce dernier. Premier ministre du Québec de 1920 à 1936, il y séjourna régulièrement et, en tant qu’exécuteur testamentaire de son père, dut s’occuper de la propriété de Sainte-Marie lors du règlement de la succession.
Suite au décès de Jean-Thomas Taschereau (fils), le manoir passa aux mains de diverses branches de la famille. Chacun des propriétaires apporta des transformations à la propriété selon ses intérêts ou ses goûts. Ainsi, au tournant du siècle, Antoine-Caron Taschereau expérimenta avec diverses cultures et fit construire de grandes serres. Pour sa part, dans les années 1940, Rémy-Georges Taschereau revêtit les façades principales du manoir pour lui donner l’apparence néoclassique d’influence américaine qu’il a encore aujourd’hui.
L’hommage que rendit Wilfrid Laurier à la famille Taschereau lors d’un discours prononcé à l’occasion du jubilé sacerdotal du cardinal Taschereau est un signe de l’impact qu’eût cette famille sur la société canadienne du XIXe et du début du XXe siècle. « Le plus beau nom de la race française au Canada», proclama-t-il, « c’est le nom de cette noble famille dans laquelle le talent, le caractère, l’honneur, la force, le travail sont héréditaires : qui à toutes les générations, depuis cent ans, a fourni des patriotes et des travailleurs dont l’empreinte a été marquée sur les hommes et les choses de leur temps; qui au début de ce siècle, avait l’honneur de compter un martyr dans les prisons du Gouverneur Craig; qui a donné cinq juges à la magistrature, un archevêque à l’Église du Canada, un cardinal à l’église universelle. » Le site du manoir Taschereau porte les traces des activités, des goûts, des intérêts et des ambitions de ses propriétaires et occupants. Il évoque également le rayonnement de leur influence sur la société de leur époque.
