Maladie hollandaise

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La maladie hollandaise (ou mal hollandais, ou syndrome hollandais) est un phénomène économique qui relie exploitation de ressources naturelles et déclin de l'industrie manufacturière locale.

Inspiré du cas des Pays-Bas des années 1960, le terme maladie hollandaise est utilisé par extension pour désigner les conséquences nuisibles provoquées par une augmentation significative des exportations de ressources naturelles par un pays.

Sommaire

[modifier] Origine

Le terme apparaît pendant les années 1960 quand les revenus commerciaux des Pays-Bas ont considérablement augmenté à la suite de la découverte de grands gisements de gaz dans la province de Groningue, puis dans le reste du pays et en mer du Nord.

Suite à l'accroissement des recettes d'exportations, la devise hollandaise s'est appréciée, ce qui a nui à la compétitivité-prix des exportations non-gazières du pays.

[modifier] Utilisation du terme

Bien que touchant principalement les pays pétroliers, le phénomène peut être comparé avec toute surévalution du taux de change liée à une entrée massive de devises (exemples : mise en valeur de ressources naturelles, hausse marquée des prix d'une matière première, flux massifs d'investissements directs étrangers entrants, aide étrangère massive).

Dans les modèles commerciaux simples, un pays se spécialise dans les industries où il a un avantage comparatif. Les pays riches en matières premières s'y spécialisent donc, au détriment de leur secteur manufacturier.

[modifier] Modèlisation

[modifier] Modèle structurel

Les conséquences structurelles d'une "augmentation de la richesse" d'un pays furent étudiées par W. Max Corden et J. Peter Neary, qui mettent volontairement de côté l'effet sur le taux de change[1].

Dans ce modèle, l'économie est divisée en trois secteurs : un secteur « très compétitif » soumis à la concurrence internationale (par exemple la production de pétrole), un secteur peu compétitif soumis également à la concurrence internationale et un troisième secteur non exposé à la concurrence internationale (commerce de détail, services à la personne, construction, …).

Une hausse de la rentabilité de la production du secteur très compétitif (liée à une hausse du prix de vente, de découverte de nouvelles ressources, etc.) affecte cette économie de deux façons :

  • déplacement de la main-d'œuvre vers le secteur très compétitif, où les rémunérations augmentent du fait d'une demande plus élevée : cela se fait au détriment des autres secteurs (désindustrialisation directe). Cet effet est tout de même généralement assez faible, car les industries extractives emploient généralement peu de monde.
  • « effet revenu » : les revenus supplémentaires à la disposition des agents économiques du pays (l'État par exemple) vont accroître la demande de biens, importante principalement pour le secteur non exportateur (construction d'infrastructures par ex.), et provoquer une hausse générale des prix dans le pays (et une hausse du taux de change réel). Cette hausse des prix se fera au détriment du secteur exportateur le moins compétitif, qui devra payer ses fournisseurs et ses employés plus cher (désindustrialisation indirecte). Les prix à l'exportation de celui-ci augmenteront, alors que ceux des secteurs exportateurs resteront fixés par le marché international.

Le secteur peu compétitif soumis à la concurrence internationale est donc touché, et donc se réduit.

[modifier] Effets sur le taux de change

La hausse des exportations de matières premières se traduit, dans un premier temps, par une hausse des exports globaux, donc par une appréciation de la monnaie locale (dégradation des termes de l'échange), qui pénalise l'industrie locale soumise à la concurrence internationale (perte de parts de marché), jusqu'à atteindre un nouvel équilibre où les flux d'import sont de nouveaux approximativement égaux aux flux d'export.

[modifier] Fin de la rente

Lorsque la rente des matières premières diminue (épuisement, baisse des cours, ...), les industries soumises à la concurrence internationale, dont les capacités de production ont diminué, ne se reconstituent que lentement.

[modifier] Exemples historiques de maladie hollandaise

[modifier] Situation courante

[modifier] Notes et références

  1. cf. page 1 de Corden, Neary
  2. (en) Russian manufacturing and the threat of "Dutch disease" - A comparison of competitiveness developments in Russian and Ukrainian industry, OCDE, janvier 2007
  3. (en) « Dutch Disease Hits Russia », journial Russia if Global Affairs, 2005
  4. (en) Serious Risk of Dutch Disease, étude de COMPAS Inc., 2005
  5. lexique, revue canadienne Le Multilatéral

[modifier] Sources

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Dutch disease ».